Les fondements de la tripartition sociale chez Adalbéron de Laon - article ; n°4 ; vol.33, pg 683-702
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Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1978 - Volume 33 - Numéro 4 - Pages 683-702
In the poem to king Robert Adalberon of Laon, we find hidden, behind a rigorous rhetorical structure, a whole ideological and mythical background. The pairwise opposition of social groups -clerics and serfs, warriors and monks, serfs and warriors- rests on symbolic and fantasmatic categories : the clothed and the naked, the orator and the mute, the bestial and the divine, the pure and the impure, etc. In short, «those who pray» are separated from the laity by their rejection of the world of the genus, that is, of sexuality and the family. Among the laity, serfs and warriors share the universe of the genus ; the latter possess the noble portion of it with the use of the potestas, while the former are at once the ill-born and the dominated. This tripartite representation of society can exist only by means of subterfuge which permits Adalberon to integrate the monks in the group of the clerics. This transposition is necessary in order to strengthen the mythical image of royal power which is in trouble by reviving an ancient conception of sovereignty of Indo-European origin.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 156
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Claude Carozzi
Les fondements de la tripartition sociale chez Adalbéron de
Laon
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 33e année, N. 4, 1978. pp. 683-702.
Abstract
In the poem to king Robert Adalberon of Laon, we find hidden, behind a rigorous rhetorical structure, a whole ideological and
mythical background. The pairwise opposition of social groups -clerics and serfs, warriors and monks, serfs and warriors- rests
on symbolic and fantasmatic categories : the clothed and the naked, the orator and the mute, the bestial and the divine, the pure
and the impure, etc. In short, «those who pray» are separated from the laity by their rejection of the world of the genus, that is, of
sexuality and the family. Among the laity, serfs and warriors share the universe of the genus ; the latter possess the noble portion
of it with the use of the potestas, while the former are at once the ill-born and the dominated. This tripartite representation of
society can exist only by means of subterfuge which permits Adalberon to integrate the monks in the group of the clerics. This
transposition is necessary in order to strengthen the mythical image of royal power which is in trouble by reviving an ancient
conception of sovereignty of Indo-European origin.
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Carozzi Claude. Les fondements de la tripartition sociale chez Adalbéron de Laon. In: Annales. Économies, Sociétés,
Civilisations. 33e année, N. 4, 1978. pp. 683-702.
doi : 10.3406/ahess.1978.293963
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1978_num_33_4_293963IDEOLOGIES ET CULTURES
LES FONDEMENTS DE LA TRIPARTITION SOCIALE
CHEZ ADALB RON DE LAON
Le Poème au roi Robert ïAdalbéron de Laon est surtout connu pour exposé
il contient de la tripartition sociale Cette théorie issue de la vieille idéologie
indo-européenne trouve là son expression la plus complète en Occident Ce est
pas un hasard si elle apparaît ainsi sous cette forme très élaborée entre 1027 et
1030 Les travaux de Jean-Fran ois Lemarignier ont clairement démontré que
cette époque marque un tournant dans la conception du pouvoir royal2 Par bien
des aspects le Carmen en est une des expressions littéraires partir du vieux
thème origine païenne Adalbéron construit une théorie chrétienne de ordre
social dont le pivot est une conception qui se veut traditionnelle de la royauté
est urgence de ce il interprète comme une crise qui le pousse tenter la
fusion de ces deux éléments hétérogènes une expression païenne de la
souveraineté et une tradition chrétienne des rapports entre loi divine et loi
humaine Il réussit apparemment au moyen une architecture rhétorique
savante dont on peut décomposer la structure Mais on soup onne assez vite que
cette virtuosité cache tout un système de représentation beaucoup moins
directement lié la conjoncture politique
Le poème se divise en quatre parties Dans la première Adalbéron nous
explique que le roi possède tous les attributs de juventus il est beau il est fort
et il est doté une énergie morale Ces qualités inhérentes sa fonction lui
permettent de séduire les rustres de imposer aux nobles dont il est le premier et
de appuyer sur les sages Mais une nouvelle loi celle des Crotoniates est-à-dire
les clunisiens et les promoteurs du mouvement de paix mis le monde envers
tat et glise sont bouleversés et les moines se transforment en milites
moins que ce ne soit inverse Cette subversion totale Adalbéron la traduit par
une épopée bouffonne où on voit les clunisiens conduits par abbé Odilon
former une sorte armée de carnaval qui se fait écraser par les Sarrasins La
royauté dans sa fonction de guide de ia.juventus donc fait faillite et le désordre
est installé dans le pays La seconde partie du poème se place sous invocation
de la sagesse la sapientia dont le roi possède les attributs Il doit en servir pour
reconstruire son royaume image de la Jérusalem céleste La connaissance de la
loi divine lui permettra de maintenir ordre des clercs écart du monde des
683 ID OLOGIES ET CULTURES
serfs De même la loi humaine lui prescrit de séparer la condition des nobles de
celle des serfs Le jeu de ces deux lois entraîne donc une division tripartite ceux
qui prient oratores) ceux qui combattent bellatores et ceux qui travaillent
laboratores La troisième partie du poème légitime emploi par Adalbéron de la
dialectique et de la rhétorique On pourrait la laisser de côté si elle ne laissait
transparaître en dernier lieu une image de gouvernement idéal où le roi devenant
orator celui qui détient la parole siège au milieu du conseil des sages et des
anciens En prenant appui sur leurs délibérations et leurs sentences il dit la loi La
conclusion finale construite elle aussi comme un discours indépendant est placée
dans la bouche du roi Elle décrit grands traits le tableau idyllique de la paix
retrouvée dans la concorde des ordres
Au premier abord il ne agit là que une le on de morale politique écrite
dans un style mi-satirique mi-didactique Tout semble articuler logiquement
autour des mots clés du vocabulaire social de époque ordo status conditie
genus On peut donc en tenir une analyse philosophique et rhétorique comme
Adalbéron nous invite dans sa troisième partie Mais cette lecture laisse
insatisfait et surtout insistance avec laquelle Adalbéron nous entraîne vers cette
interprétation rationnelle de son uvre paraît la longue suspecte où le désir
aller au-delà de voir ce qui reste on épuisé toutes les explications
rationnelles Autrement dit passer de la pure histoire des idées histoire des
mentalités et substituer analyse de intrigue celle des personnages
Le jeu
Tout au long du Carmen en effet Adalbéron fait défiler devant nous des
catégories sociales caractérisées par des qualificatifs des situations des costumes
des postures Jamais il analyse vraiment il campe plutôt des personnages
représentatifs états de vie Pour mieux les mettre en évidence il les oppose en
général deux deux serfs et évêques milites et moines clercs et serfs. On se
trouve ainsi placé devant un jeu de contrastes et de reflets qui permet de discerner
non pas un organigramme statique de la société du temps mais une image
dynamique où chaque groupe ne se définit pas de lui-même mais toujours par
opposition ou affinité avec les autres
Un bon exemple nous est fourni par les vers 37 42 qui ouvrent la narratio
du monde envers
Ce paysan paresseux difforme et complètement vil il soit orné une
couronne aux mille pierreries Que les gardiens du droit portent des coules ils
prient ils inclinent se taisent et gardent le visage impassible Les pontifes
tout nus ont suivre sans fin la charrue en chantant aiguillon la main
les chants de notre premier parent
Dès le départ Adalbéron distribue donc les cartes avec lesquelles il va mener son
jeu Il comporte trois contrastes majeurs les clercs représentés par les pontifes
les évêques) opposent aux serfs les guerriers les gardiens du droit aux moines
et les serfs aux guerriers En revanche clercs et guerriers apparaissent que très
furtivement antagonistes jamais moines et serfs Quant aux clercs et aux moines
leurs relations ne sont indirectement évoquées
684 CAROZZI LA TRIPARTITION SOCIALE
Clercs et serfs
est une des oppositions majeures affirmée continuellement Dans le passage
que nous venons de lire éveque victime du monde renversé se retrouve tout
nu aiguillon la main derrière une charrue chantant sans fin le chant Adam
Si on rétablit le monde endroit le pontife apparaît par contraste celui qui est
vêtu et même sans nul doute orné De plus ce chant du premier parent qui nous
renvoie aux temps primitifs de humanité nous fait du même coup sortir du
temps de histoire Il nous plonge dans éternel Le paysan suit sine fine sa
charrue aiguillon la main éternellement il chante le chant de la malédiction de
la Chute Les vers 287 296 le planctus sur le sort du serf prolongent cette
impression Le serf rien sans douleur ses travaux et ses peines sont
innombrables Le fixe infini innombrable et le primitif constituent son
domaine Le champ de son activité est exclusion de histoire au centre de
laquelle se dresse évidemment le pontifex
Restons dans le monde envers La grande affaire du pouvoir est
justement le choix des évêques Suivant le nouveau cours des choses on choisira
un berger ou un marin il est connu que glise selon les Pères est un
troupeau ou un navire vers 44 Le candidat devra être totalement ignorant ne
pas connaître les canons les critures avoir fait aucune

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