Les Galiciens en Suisse. « Aventure solitaire » ou migration collective ? - article ; n°2 ; vol.1, pg 39-47
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Description

Espace, populations, sociétés - Année 1983 - Volume 1 - Numéro 2 - Pages 39-47
Galicians in Switzerland: «individual adventure» or collective migration?
In Switzerland Galicians make up a permanent work-force numbering about 60 000. A study of their migration would suggest a majority or individual moves depending on the way they were recruted. Yet a closer observation of the migrants as they arrive in Switzerland or leave their original parishes reveals that once he has a permanent job, a Galician invites his family, friends and neighbours to join him thus reconstructing his former family and parochial patterns.
Les Galiciens en Suisse constituent une main-d'œuvre permanente d'environ 60 000 personnes. L'observation de leur migration au départ suggère une prépondérance des déplacements individuels, une aventure solitaire, conséquence des modes de recrutement. Cependant l'examen de la migration à l'arrivée en Suisse ou dans les paroisses de départ montre que le Galicien qui obtient un emploi stable, fait venir sa famille, ses amis et voisins, reconstituant leur système familial et paroissial de migration.
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 36
Langue Français

Extrait

Jean-René Bertrand
Les Galiciens en Suisse. « Aventure solitaire » ou migration
collective ?
In: Espace, populations, sociétés, 1983-2. L'immigration étrangère en Europe occidentale. pp. 39-47.
Abstract
Galicians in Switzerland: «individual adventure» or collective migration?
In Switzerland Galicians make up a permanent work-force numbering about 60 000. A study of their migration would suggest a
majority or individual moves depending on the way they were recruted. Yet a closer observation of the migrants as they arrive in
Switzerland or leave their original parishes reveals that once he has a permanent job, a Galician invites his family, friends and
neighbours to join him thus reconstructing his former family and parochial patterns.
Résumé
Les Galiciens en Suisse constituent une main-d'œuvre permanente d'environ 60 000 personnes. L'observation de leur migration
au départ suggère une prépondérance des déplacements individuels, une aventure solitaire, conséquence des modes de
recrutement. Cependant l'examen de la migration à l'arrivée en Suisse ou dans les paroisses de départ montre que le Galicien
qui obtient un emploi stable, fait venir sa famille, ses amis et voisins, reconstituant leur système familial et paroissial de migration.
Citer ce document / Cite this document :
Bertrand Jean-René. Les Galiciens en Suisse. « Aventure solitaire » ou migration collective ?. In: Espace, populations, sociétés,
1983-2. L'immigration étrangère en Europe occidentale. pp. 39-47.
doi : 10.3406/espos.1983.912
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/espos_0755-7809_1983_num_1_2_912POPULATIONS SOCIÉTÉS 1983-11 pp. 39-50 ESPACE
LES GALICIENS EN SUISSE,
«AVENTURE SOLITAIRE» OU
MIGRATION COLLECTIVE ?
les pays. emplois La C'est migration une pénibles migration des de Galiciens la construction, de main-d'œuvre en Suisse de constitue l'industrie non qualifiée la et moitié de d'un l'hôtellerie du pays flux méditerranéen espagnol d'un pays vers industvers ce
rialisé... La Suisse a succédé à d'autres pays européens, (France, République Fédérale
d'Allemagne...) comme principale destination des emigrants de Galice. Comme toute
émigration, les départs vers la Suisse sont difficilement et douloureusement ressentis
dans le pays de départ, par les problèmes sociaux et familiaux qu'ils posent... Ces
problèmes sont perçus en Espagne comme plus graves lorsqu'il s'agit de la Suisse. Ce
peut être lié à la grande fréquence des travaux saisonniers proposés et à la stricte
réglementation du travail et du séjour des migrants.
L'isolement du travailleur espagnol en Suisse est fréquemment évoqué (*1) et
déploré. Les sources qui permettent, en Espagne, de mesurer l'émigration officielle le
suggèrent ou le prouvent pour une partie du flux. D'autres sources et mesures, en
Espagne même, pennettent de nuancer les vues pour les Galiciens, et de retrouver dans
leur flux des filières et structures paroissiales et familiales (*2).
La migration des Galiciens vers la Suisse.
Les migrations des travailleurs espagnols en Europe peuvent être étudiées à partir
de deux séries de sources : celles des pays d'accueil et celles de l'Instituto Espaâol de
Emigracion (*3). Les renseignements qu'elles contiennent s'avèrent le plus souvent très
disparates, les sources espagnoles ne se référant qu'à la seule émigration officielle,
assistée. Mais la distorsion est réduite lorsque l'on étudie la migration à destination de
la Suisse car la Confédération Helvétique présente, parmi les pays européens d'immig
ration, l'originalité de contingenter et de réglementer très précisément les entrées et
séjours des travailleurs étrangers (*4). Les seules rectifications à apporter aux statist
iques d'émigration concernent les migrations des épouses et enfants non-actifs au départ
de l'Espagne.
La Suisse constitue également un champ d'observation privilégié des migrations
des travailleurs espagnols. C'est en effet le seul pays de l'Europe industrialisée qui a
maintenu une politique d'immigration continue de 1960 à 1980, non sans avoir réduit
les contingents d'entrées après 1974. La Confédération Helvétique est ainsi devenue la
principale destination des travailleurs migrants espagnols et plus spécialement Gali
ciens. EVOLUTION DE L EMIGRATION
VERS LA SUISSE
Nombre
d emigrants
5000»
ESPAGNE
toooo
5000
1000
500 — ' —
:oo
1965 1970 1975 1980 Année ESPACE POPULATIONS SOCIÉTÉS 1983-11 41
Les emigrants galiciens ne se sont tournés que tardivement vers la Suisse à la suite
des réductions des offres de travail en République Fédérale d'Allemagne et en France.
Le flux des Galiciens ne s'étoffe qu'après 1969 pour atteindre son maximum en 1973
(19.000 emigrants assistés). L'essor de la migration vers la Suisse s'est effectué dans une
période où les autres destinations possibles se réduisaient ou disparaissaient. La Suisse,
destination marginale des Galiciens avant 1960, secondaire avant 1970, est ainsi deve
nue le réceptacle quasi exclusif des travailleurs migrants de Galice après 1974.
En outre, la progression de la migration galicienne vers la Suisse s'est opérée au
détriment des autres flux espagnols (figure 1). En valeur relative surtout, le flux issu de
Galice n'a cessé de progresser. Au début des années 1960, les Galiciens ne consti
tuaient que le quart de la migration espagnole vers la Suisse. Vers 1970, ils formaient le
tiers du total espagnol et après 1977, ils représentent plus de la moitié (58 % en 1980
pour 8.000 emigrants galiciens.
La progression des sorties de Galiciens vers la Suisse est accompagnée d'un essor
parallèle des résidents. En effet, la plupart des emigrants galiciens bénéficient de
contrats et de permis de séjour annuels, et régulièrement renouvelés, alors que les
autres travailleurs espagnols n'obtiennent que des permis saisonniers (*5). Comme le
nombre d'Espagnols résidant en Suisse est relativement stable après 1969 (100.000
personnes environ, soit 10 % de la population étrangère résidant en Suisse), la part des
Galiciens dans le total espagnol doit être de l'ordre des deux tiers.
La part croissante des Galiciens dans le flux espagnol vers la Suisse tient à l'excel
lente réputation des ouvriers galiciens et à une stabilité assez exceptionnelle dans les
emplois. C'est ce que révèlent les migrations multiples et les fiches des émigrés. Ainsi,
un ouvrier de Villagarcia (Pontevedra) reste 6 années dans le même emploi à Chur,
deux frères de Moraâa sont employés à Genève, dans les travaux publics,
l'un 6 ans, l'autre 4 ans... Cette stabilité est d'autant plus remarquable que les entre
prises suisses pratiquent un recrutement annuel à côté des demandes de main-d'œuvre
saisonnière. Le migrant doit donc se faire réembaucher chaque année et obtenir son
permis de résidence annuel. Apparemment, les Galiciens y parviennent... Une fois
embauché, le Galicien a toute chance de conserver son emploi 5 à 10 ans, sauf ennuis
de santé ou licenciement collectif.
En Suisse, les migrants galiciens se répartissent dans les principales zones d'emploi
industriel du pays. Leur distribution géographique épouse étroitement le réseau urbain
et les grands axes de peuplement du canton de Genève à Saint-Gall. La prépondérance
des actifs non qualifiés destinés à des emplois industriels dans le flux galicien com
mande les localisations. Toutefois, la répartition des Galiciens en Suisse se distingue
légèrement de celle de l'ensemble des Espagnols (figure 2). Les Galiciens sont moins
nombreux que leurs compatriotes dans nombre de cantons à vocation touristique affi
rmée (Valais, Tessin, Neuchâtel, Lucerne). Cela tient à la plus grande stabilité d'emploi
des Galiciens pour lesquels les emplois saisonniers sont rares que pour les autres
espagnols. Inversement les Galiciens sont mieux représentés dans le canton de Vaud
(presque le quart du flux galicien). Cela s'explique pour partie par l'importance des
emplois féminins des services médicaux et de l'hôtellerie occupés par les femmes gal
iciennes avec des contrats à l'année ou saisonniers. Le canton de Vaud accueille ainsi un
tiers des migrantes de Galice, c'

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