Les grands quotidiens français sont-ils dépolitisés ? - article ; n°2 ; vol.23, pg 296-334
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1968 - Volume 23 - Numéro 2 - Pages 296-334
39 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1968
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Francis Balle
Les grands quotidiens français sont-ils dépolitisés ?
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 23e année, N. 2, 1968. pp. 296-334.
Citer ce document / Cite this document :
Balle Francis. Les grands quotidiens français sont-ils dépolitisés ?. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 23e année,
N. 2, 1968. pp. 296-334.
doi : 10.3406/ahess.1968.421911
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1968_num_23_2_421911CHRONIQUE DES SCIENCES SOCIALES
Les grands quotidiens français
sont-ils dépolitisés ?
Rarement un concept de science politique a connu une fortune
comparable à celui de « dépolitisation » ces dernières années. En lan
çant ce néologisme en 1958, les journalistes allaient donner à l'Asso
ciation Française de Science Politique la matière d'une Table Ronde
qui se réunit en novembre 1960 sous la présidence de Georges Vedel.
Si fécondes qu'aient été les analyses auxquelles la nouvelle notion
donna lieu, elles n'aboutirent pourtant qu'à en souligner « le flou et la
subjectivité ». Souhaité, contesté ou incriminé, le phénomène devait
être confronté, avec l'accord de tous, à l'influence des grands moyens
d'information. Plus précisément devait-on imputer la dépolitisation
de la société française à celle, non moins abusivement postulée, de la
grande presse. A l'instar de la littérature, du cinéma ou de toute autre
manifestation culturelle, la presse quotidienne exprime en effet autant
qu'elle la façonne, la société à laquelle elle s'adresse. Mais elle en offre
un reflet brouillé, une image plus ou moins falsifiée par une réfraction
dont il importe précisément de connaître les lois.
Si l'on s'interroge sur la nature exacte de cette dépolitisation imput
ée, à tort ou à raison, à la grande presse, le problème peut se poser
en des termes simples. Il s'agit en effet de savoir si le phénomène
vise un ensemble de constatations aisément observables et vérifiables
auquel il pourrait se réduire ou bien s'il constitue un mythe élaboré
au moins partiellement par des idéologies politiques toutes occupées
à s'exclure l'une l'autre.
Une elucidation liminaire de ce phénomène montre en réalité qu'il
recouvre un certain nombre d'assertions plus ou moins hypothétiques
venues nourrir un mythe qui s'est durci peu à peu en dogme politique. Le
concept en est incertain et le terme qui l'exprime particulièrement
dangereux. Ses incertitudes sont imputables en premier lieu à l'histo
ricité de l'objet étudié et partant, à celle des critères de références
que nous lui appliquons. Qui dit dépolitisation suggère de prime abord
une diminution au sein des journaux des considérations politiques par
rapport à celles qui ne le sont pas. Le terme postule également une
296 QUOTIDIENS FRANÇAIS
comparaison avec une époque que l'on prend pour terme de référence.
Ainsi, les critères selon lesquels se répartissent les différentes parties
de la matière rédactionnelle sont tout à la fois datés et localisés. Nous
sommes donc condamnés à trancher sur certaines définitions concer
nant les limites du domaine politique et à appliquer à une longue
période, et pour des nouvelles concernant des pays différents, des
distinctions qui ne sont valables qu'à un moment donné et pour un
seul pays. Il n'y a pas de définition éternelle ou acceptable par tous
de l'entreprise politique.
Cette incertitude de définition entraîne, sinon des doutes, du moins
des limites pour notre étude. Pour distinguer les nouvelles politiques
ou aisément politisables de celles qui ne le sont pas, nous nous sommes
référés à la définition normalement admise dans le cadre de la démoc
ratie pluraliste et semi-directe que connaît la France à l'heure actuelle.
Il y a donc une première incertitude à vouloir appliquer à des journaux
de 1946 une distinction entre le politique et le non politique qui ne leur
est pas contemporaine. Moins apparente, la seconde incertitude n'en
est pas moins essentielle : elle relève de l'obligation pratique d'appli
quer à des régimes économico-politiques différents des distinctions
entre les différents secteurs de l'activité humaine qui ne sont pas les
leurs. C'est donc omettre la variété des conceptions du domaine poli
tique que de discriminer le contenu des « nouvelles de l'étranger »
en fonction de critères qui ne leur sont pas forcément applicables.
A la nécessité d'adopter des termes de comparaison identiques
à propos d'une réalité changeante s'ajoute immanquablement le subjec-
tivisme d'un parti pris idéologique. C'est déjà prendre parti que d'accept
er, pour analyser le contenu des colonnes, les critères les plus banaux,
ceux-là même qu'utilisent les journalistes. Il s'agit donc de ne pas
hasarder de conclusions abusives à partir des résultats obtenus. Au
demeurant, il faut se garder de croire à l'innocence parfaite de toutes
les rubriques ainsi classées hors du champ de l'activité politique.
Enfin, il paraît légitime d'inclure dans l'information générale certains
événements concernant l'activité proprement politique, tant il est
vrai que celle-ci peut être « banalisée » au gré des grands informateurs
quotidiens.
Ces réserves émises, l'examen de l'évolution de la répartition des
rubriques à travers quatre quotidiens représentatifs de l'éventail
idéologique de la grande presse ne manque cependant pas d'intérêt.
De 1946 à 1965, les surfaces des différentes catégories de rubriques
du Monde, du Figaro, de France-Soir et de VHumanité furent comptées
en nombre de pages par semaine. La troisième semaine d'octobre, égale
ment éloignée des vacances d'été et de celles de fin d'année, fut choisie
pour être « politiquement ». la plus banale Encore fallait-il définir ce
que l'on entendait exactement par « nouvelles politiques » ; les pré-
297
Annales (23* année, marm-avril 1968, a* S) f ANNALES
occupations et les actions humaines ont aujourd'hui de telles chances
de devenir « politiques » qu'il nous a paru opportun d'adopter une
définition franchement restrictive du politique. Nous n'avons en effet
tenu pour politiques que les informations relatives au fonctionnement
des institutions, aux agissements des hommes qui les incarnent lors
qu'ils relèvent des fonctions dont ils sont titulaires et aux décisions,
possibles ou effectives, des organismes d'État.
Les quatre quotidiens et les nouvelles politiques.
Seule l'Humanité publie en 1964 une surface hebdomadaire de nouv
elles politiques plus faible en valeur absolue qu'en 1946 (tableau I).
Le Monde et le Figaro enregistrent une augmentation substantielle de
cette surface, tandis que France- Soir plafonne autour des mêmes chiffres
depuis 1949. Il est à noter que l'augmentation du nombre des pages poli
tiques du Monde se fait surtout en 1949, enregistrant une hausse de
6 pages par rapport à l'année précédente ; en revanche, l'ascension est
régulière pour le Figaro de 1946 à 1949 : 11 pages et demie en 1946,
15 pages en 1947 et 19 pages et demie en 1948, après quoi les nouvelles
politiques oscilleront entre 20 et 25 pages de 1948 à 1965, sans jamais
dépasser 26 pages et demie en 1950, époque du réarmement de l'All
emagne de l'Ouest. Hormis le retard du Monde par rapport au Figaro,
dans l'immédiate après-guerre, les deux journaux offrent chacun une
vingtaine de pages politiques par semaine en 1948. Après le bond en
avant, de 1955 au profit des nouvelles politiques le Monde, se séparera
désormais du Figaro. Au demeurant, ce surcroît de nouvelles politiques
va de pair avec l'entrée en lice du drame algérien dans la politique
française. On sait que, de 1957 à la fin de l'année 1962, ce quotidien
consacre une page entière puis deux, aux problèmes de l'Afrique du
Nord. L'augmentation de son information politique en octobre 1956
correspond aux événements de Suez : le canal fut bloqué du 6 octobre
au 6 no

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