Les Indiens Tunebos et Pedrazas - article ; n°1 ; vol.11, pg 513-524
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Description

Journal de la Société des Américanistes - Année 1919 - Volume 11 - Numéro 1 - Pages 513-524
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1919
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Père H. Rocheraux
Les Indiens Tunebos et Pedrazas
In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 11, 1919. pp. 513-524.
Citer ce document / Cite this document :
Rocheraux H. Les Indiens Tunebos et Pedrazas. In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 11, 1919. pp. 513-524.
doi : 10.3406/jsa.1919.3859
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1919_num_11_1_3859INDIENS TUNEBOS ET PEDRAZAS LES
Par le Père H. ROGHERAUX.
Quelques tribus de Tunebos et de Pedrazas, isolées du groupe impor
tant qui se trouve à l'est du Gocuy, errent sur les rives du Gubugon.
Chargé par le gouvernement colombien d'une exploration dans la
région du haut Arauca (ou Sarare), nous en avons profité pour faire une
brève étude de ces tribus. (Une partie des observations, que nous consi
gnons dans ces quelques notes, est due au lieutenant Parra, second de la
mission.)
I. Indiens Tunebos.
Situation géographique.
Nous ignorons s'il existe des cartes exactes et corrigées du Haut
Arauca, celles que nous avions à notre disposition étaient complètement
fausses et donnent bien peu l'idée de cette région, aussi avons-nous dû en
dresser nous-mêmes la topographie.
Le rio. Chitaga, qui prend successivement les noms de rio Margua, de
rio Sarare et de rio Arauca, reçoit, à 10 à 12 lieues de Toledo, le rio Nula,
affluent de gauche, que les cartes locales mettent faussement après le rio
Oira (limite de la Colombie et du Venezuela). Dans l'angle formé par
ces deux rivières, le Margua et le Nula, vivent les Indiens Pedrazas.
Sur la rive droite du Margua vivent un certain nombre de Tunebos,
dont les coutumes et même la langue diffèrent beaucoup de ceux qui se
sont établis au pied de la Sierra Nevada du Cocuy ; il est assez difficile
de savoir leur nombre, car ils vivent par familles et ne se réunissent pas
en village, et leur méfiance des blancs est telle, qu'il est extrêmement
difficile de découvrir leurs cases. Si leur maison a été vue, ils n'hésitent
pas à l'abandonner et ils construisent de faux chemins pour égarer ceux
qui les cherchent.
Société des Améncanistes de Paris. 33 SOCIÉTÉ DES AMÉRICAN1STES DE PARIS 514
Relations avec les blancs.
Les Tunebos ont quelques relations avec les blancs, et certains entre
prennent des voyages assez longs pour vendre de la cire, des filets, du .
caoutchouc, de l'otoba (latex d'un arbre employé comme remède, le
Myristica sebifera) et acheter du sel, des ponchos ou ruanas, des
machetes.
On ne peut dire cependant que leurs relations avec les blancs sont
excellentes. Ces malheureux Indiens sont souvent volés et maltraités, et
nous avons dû communiquer de tristes détails à l'autorité compétente.
Nous pûmes cependant les attirer pur une série de cadeaux, et en sup
portant sans mauvaise humeur leurs petites tracasseries, mais nous n'en
revîmes plus un seul, du jour où quelques blancs, étrangers à notre mis
sion, vinrent se joindre à nous.
Type physique, caractère.
Les Tunebos sont, en général, assez laids, bien que leur expression de
figure soit douce et triste. Les hommes ont une taille moyenne de lm 50
et les femmes de lm 40 (fig. 1, 2). Le teint est cuivré, presque noir,
le front étroit, l'angle facial peu aigu, le nez un peu aquilin, aplati à
l'extrémité et les narines largement ouvertes, la bouche négroïde, les
cheveux épais, durs, noirs et huileux; ils les coupent au niveau des
épaules, d'une façon très simple et très curieuse. Ils les réunissent
au-dessus de la tête, les placent sur un billot et un autre indien les coupe
d'un seul coup de machete.
Ces indiens n'ont pas de barbe, les formes du corps sont harmonieuses
chez les hommes, et quelques-uns présentent une belle musculature ; ils
sont doux, se traitent bien entre eux, et ne semblent pas avoir d'instincts
guerriers ; le caractère manque de générosité et d'élévation. Ils ne donnent
rien et vendent tout. S'il leur arrive de faire quelque don, ils ne tardent
pas à venir en demander le prix.
Un autre trait de leur caractère est le caprice. Il est souvent imposs
ible d'obtenir qu'ils échangent un objet pour un autre de réelle valeur,
et, quelques instants après, ils le changeront pour une poignée de sel.
Ils sont aussi très quémandeurs, toute la journée nous les avions au
campement, tournant et retournant les objets et nous demandant cont
inuellement de leur faire des cadeaux. Ils ne se gênent pas non plus pour
voler.
Ils semblent très jaloux les uns des autres ; les premiers que nous vîmes
ne voulaient pas attirer leurs compatriotes, afin de ne pas partager avec
eux le bénéfice de notre présence.
t - LES INDIENS TUNEBOS ET PEDRAZAS 515
Costume et parure.
La partie essentielle du costume est la « cacda », bande de linge très
étroite qui leur passe entre les jambes (fig. 1).
Fig. 1. — Indien Tunebo (borgne). Fig. 2. — Indienne Tunebo.
Quand ils sortent ou vont chez les blancs, ils ajoutent un poncho. Ces
indiens ne saVent pas tisser.
Tous portent un petit sac (fïg. 3 d) qui contient les objets suivants :
1° un peu de cire noire pour fixer lés pointes de flèche dans leur bois,
et faire que celui-ci adhère bien à la corde de l'arc ; SOCIÉTÉ DES AMÉRICAN1STES DE PAK1S 516
Fig. 3. — Objets des Indiens Tunebos. LES INDIENS TUNEBOS ET PEDRAZAS 517
2° une petite calebasse fermée par un morceau de macana, qui plonge
jusqu'au fond (macana, palmier, la Guilielma speciosa). Dans cette cale
basse, ils mettent de la chaux qu'ils absorbent continuellement (fig. 3 Л) ;
3° un tube de roseau pour absorber la chaux;
4° des feuilles d'ayo ou coca [Erythroxylon coca) pour les mâcher;
o° tout l'attirail nécessaire pour absorber une certaine poudre alcaline
dont nous parlerons plus loin.
Comme parure, les enfants portent un collier de dents de pécari
(fig. 3/>),de perles de verre achetées aux blancs, de coquillages, etc.. Les
hommes n'en portent pas, mais se traversent le lobe de l'oreille par deux
petits bois de trois ou quatre centimètres de long.
Le costume des femmes est des plus simples. C'est une simple ruana
dont elles cousent l'ouverture centrale. Elles se la mettent du côté gauche,
et la ferment du côté droit, en deux endroits, au-dessus de l'épaule et à
la hauteur des cuisses, de façon que ce côté reste découvert. Cette ouver
ture leur sert de poche par derrière (fig. 2 ).
Cette manière d'attacher le vêtement vers le milieu des cuisses a deux
effets, celui de faire que leurs jambes paraissent très courtes, et de ne les
laisser marcher qu'avec peine. • ♦
Comme les hommes, elles se traversent le lobe de l'oreille avec de
petits bois ; elles portent deux espèces de colliers, l'un d'eux sous la
ruana, l'autre par-dessus ; le premier se compose de dents d'animaux, de
perles et de coquillages et elles s'en séparent avec difficulté. L'autre se
compose le plus généralement d'os longs d'oiseaux, tel que le hocco
à casque, quelquefois aussi d'aiguilles et d'autres objets (fig. За).
Armes. — Chasse et pêche.
L'arme principale de l'indien est l'arc de macana et la flèche de cinq
types distincts.
Il y a la flèche à longue pointe barbelée pour tuer de grands oiseaux,
tels que les hoccos et les pénélopes (fig. 4 a, h).
La flèche à trois pointes, chacune de la même forme que dans le type
précédent, mais beaucoup plus petites, pour tuer de petits oiseaux (fig. 4 с).
La flèche terminée par une boule ou une surface plane, pour chasser
les oiseaux sans en répandre le sang (fig. 4 f).
La flèche terminée par une boule qui présente trois pointes courtes
(fig. 4 e).
La flèche en fer pour tuer les pécaris et se défendre contre les jaguars ;
ils en fabriquent la pointe avec de vieux machetes (fig. 4 d).
Ils ignorent l'usage des armes à feu, mais s'en effrayent peu. Un fusil
est pour eux un « grand sorcier » et un revolver un « petit sorcier ». SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES DE PARIS 518
Pour chasser, ils guettent les oiseaux en se cachant dans de petites
cabanes de branchages au faîte des grands arbres ; ils font également des
pièges qui sont de trois sortes :
Premier Type. — Dans un espace limité par une claie se trouve 1 ap
pât ; à l'entrée un nœud coulant immobilisé par un petit morceau de bois,
qui maintient courbée

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