Les manuels d histoire chinois vus du Japon - article ; n°1 ; vol.39, pg 3-25
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Les manuels d'histoire chinois vus du Japon - article ; n°1 ; vol.39, pg 3-25

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Ebisu - Année 2008 - Volume 39 - Numéro 1 - Pages 3-25
Depuis plusieurs années, les manuels d'histoire japonais sont à l'origine de frictions diplomatiques entre le Japon et ses voisins, en particulier la Chine et la Corée du Sud. Suite à la parution, en 2001, du manuel révisionniste édité par la Société pour la rédaction de nouveaux manuels d'histoire (Atarashii rekishi kyôkasho o tsukuru-kai), le gouvernement chinois exigea du ministère de l'Éducation japonais qu'il modifie certains passages du manuel jugés « incorrects ». Ces « ingérences » provoquèrent une riposte des milieux proches du Tsukuru-kai, qui s'empressèrent de dénoncer les déficiences des manuels d'histoire chinois. Si de nombreuses études ont été consacrées aux manuels japonais, peu d'attention a été accordée comparativement aux manuels chinois et à la façon dont ils sont perçus au Japon. Cet article a pour objectif d'examiner les principales critiques qui leur sont adressées et d'évaluer le bien-fondé de l'idée sous-jacente dans nombre d'ouvrages parus au Japon sur ce sujet, selon laquelle les manuels d'histoire chinois contribueraient à exacerber les sentiments anti-japonais en Chine.
Japanese history textbooks have for some time caused diplomatic strains between Japan and its neighbors, particularly China and South Korea. Following the publication in 2001 of the revisionist textbook edited by the Japanese Society for History Textbook Reform (Atarashii rekishi kyôkasho o tsukuru-kai), the Chinese government requested the Japanese Ministry of Education to revise passages considered incorrect. This interference sparked reactions among scholars close to the Tsukuru-kai fr L V >ggiffcf4 !f £ if- § zx , who in their turn denounced the shortcomings of Chinese history textbooks. While many studies have been devoted to Japanese history textbooks, few attention has been paid comparatively to their Chinese counterparts and the way they are perceived in Japan. This article examines some of the main criticisms directed at Chinese textbooks and assesses the validity of the idea that often underlies related studies published in Japan, according to which Chinese history textbooks would contribute to foster anti-japanese sentiments in China.
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2008
Nombre de lectures 27
Langue Français
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Extrait

Samuel Guex
Les manuels d'histoire chinois vus du Japon
In: Ebisu, N. 39, 2008. pp. 3-25.
Citer ce document / Cite this document :
Guex Samuel. Les manuels d'histoire chinois vus du Japon. In: Ebisu, N. 39, 2008. pp. 3-25.
doi : 10.3406/ebisu.2008.1497
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ebisu_1340-3656_2008_num_39_1_1497Résumé
Depuis plusieurs années, les manuels d'histoire japonais sont à l'origine de frictions diplomatiques entre
le Japon et ses voisins, en particulier la Chine et la Corée du Sud. Suite à la parution, en 2001, du
manuel révisionniste édité par la Société pour la rédaction de nouveaux manuels d'histoire (Atarashii
rekishi kyôkasho o tsukuru-kai), le gouvernement chinois exigea du ministère de l'Éducation japonais
qu'il modifie certains passages du manuel jugés « incorrects ». Ces « ingérences » provoquèrent une
riposte des milieux proches du Tsukuru-kai, qui s'empressèrent de dénoncer les déficiences des
manuels d'histoire chinois. Si de nombreuses études ont été consacrées aux manuels japonais, peu
d'attention a été accordée comparativement aux manuels chinois et à la façon dont ils sont perçus au
Japon. Cet article a pour objectif d'examiner les principales critiques qui leur sont adressées et
d'évaluer le bien-fondé de l'idée sous-jacente dans nombre d'ouvrages parus au Japon sur ce sujet,
selon laquelle les manuels d'histoire chinois contribueraient à exacerber les sentiments anti-japonais en
Chine.
Abstract
Japanese history textbooks have for some time caused diplomatic strains between Japan and its
neighbors, particularly China and South Korea. Following the publication in 2001 of the revisionist
textbook edited by the Japanese Society for History Textbook Reform (Atarashii rekishi kyôkasho o
tsukuru-kai), the Chinese government requested the Japanese Ministry of Education to revise passages
considered "incorrect". This "interference" sparked reactions among scholars close to the Tsukuru-kai fr
L V >ggiffcf4 !f £ if- § zx , who in their turn denounced the shortcomings of Chinese history textbooks.
While many studies have been devoted to Japanese history textbooks, few attention has been paid
comparatively to their Chinese counterparts and the way they are perceived in Japan. This article
examines some of the main criticisms directed at Chinese textbooks and assesses the validity of the
idea that often underlies related studies published in Japan, according to which Chinese history
textbooks would contribute to foster anti-japanese sentiments in China.n" 39, Printemps- Été 2008 Ebisu
L /ES MANUELS D'HISTOIRE CHINOIS VUS DU
JAPON
Samuel GUEX
Université de Genève
Introduction
Lorsque l'on évoque de nos jours la « question des manuels d'histoire »
en Asie, c'est le plus souvent pour parler des manuels japonais. En effet,
depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, ces derniers ont été à plusieurs
reprises au centre de controverses, d'abord limitées au Japon même (Procès
Ienaga)1, avant de prendre dès le début des années 1980 une dimension
internationale2 et de devenir, depuis la parution du manuel de la Société
' II s'agit des procès intentés contre l'État japonais entre 1965 et 1993 par Ienaga
Saburô ^^cHÈP, alors professeur à l'Université Normale de Tokyo (Tôkyô kyôiku
daigaku ^gClfcffA^). À l'origine de cette action en justice se trouve le refus par le
ministère de l'Education, au début des années 1960, d'homologuer le manuel d'histoire
de l'enseignement secondaire dirigé par Ienaga, en raison notamment de mentions aux
crimes de guerre jugées trop explicites. Sur le caractère anticonstitutionnel du système
d'homologation des manuels scolaires, au centre des revendications d'Ienaga, celui-ci ne
put obtenir gain de cause. En revanche, plusieurs décisions de tribunal, notamment celle
de 1970 (Sugimoto hanketsu fé^fj^i), jugèrent l'interdiction du manuel d'Ienaga illégale
et anticonstitutionnelle. Cela conduisit le ministère de l'Éducation nationale à assouplir
progressivement ses critères d'homologation au cours de la décennie 1970.
2 Lors du processus des nouveaux manuels d'histoire en 1982,
les journaux japonais rapportèrent des tentatives du ministère de l'Éducation visant à
édulcorer la réalité de l'agression japonaise en Chine, en incitant notamment les rédacteurs
à remplacer le terme d'« invasion » (shinryaku ftB§) par « avancée » (shinshutsu Mtii). Les
protestations virulentes de la Chine et de la Corée contraignirent le gouvernement de
Suzuki Zenkô Ïp^H^ à présenter ses excuses ; il assura qu'à l'avenir, la nécessité de
préserver la « compréhension et l'harmonie internationales » serait prise en considération.
Concrètement, cette décision déboucha sur l'ajout de la clause des pays limitrophes
[kinrin shokoku jôkô àfiPHlIIsfeïI) parmi les critères d'homologation. Samuel GUEX
pour la rédaction de nouveaux manuels d'histoire (Atarashii rekishi
kyôkasho o tsukuru-kai ft L V^H^t^H^^ < 6Û, ou Tsukuru-kai)3 en
2001, une des principales pommes de discorde entre le Japon et ses voisins
asiatiques, en particulier la Chine et la Corée.
Le mécontentement de ces deux pays est légitime car les tendances
révisionnistes du manuel Tsukuru-kai sont bien réelles, reflétant en cela
la vision historique défendue par l'aile droite conservatrice, qui pose
notamment les guerres du Japon contemporain comme défensives ou qui
souligne les effets globalement positifs de ces guerres, de la colonisation de
Taiwan, et de l'annexion de la Corée4. . .
Cependant, en fustigeant la dérive nationaliste de certains manuels
japonais, la Chine et la Corée du Sud, où les protestations sont les plus
virulentes, semblent parfois vouloir s'ériger en juges, condamnant telle
interprétation, dénonçant telle omission. Ainsi, après que le manuel du
Tsukuru-kai eut été homologué en avril 2001s, ces deux pays assortirent
leurs protestations officielles d'une liste de passages qu'ils souhaitaient
voir modifier6. Le ministère de l'Éducation japonais rejeta ces demandes,
arguant du fait qu'aucune erreur n'avait été constatée lors du processus
d'homologation.
Ces critiques provoquèrent une riposte au Japon, en particulier parmi
les membres du Tsukuru-kai, excédés par ces « ingérences » et décidés
à dévoiler les déficiences des manuels coréens et chinois pour prouver
que le Japon n'avait pas à recevoir de leçons de ses voisins7. Certes, les
motivations de certains auteurs sont parfois discutables lorsque, à travers
3 Atarashii rekishi kyôkasho o tsukuru-kai (éd.). Atarashii rekishi kyôkasho ff L^
ffi ÏLfi^Ilt, Tokyo, Fusôsha îfeUtt, 2001. Ce manuel est destiné à l'enseignement de
l'histoire au secondaire.
4 Pierre Lavelle, « La Société pour la rédaction de nouveaux manuels d'histoire :
Renouveau ou déclin du nationalisme ? », Cipango, n° 10, 2003, p. 14.
11 La Commission d'homologation des matériaux d'enseignement (Kyôka-yô
tosho kentei chôsa shingi-kai lfcf4fflEllït^Ai!ifS1iriilx) du ministère de l'Éducation
nationale exigea des rédacteurs du Tsukuru-kai la modification de plus de cent trente
passages, soit environ quatre fois plus que pour les manuels des sept autres éditeurs.
Voir Arnaud Nanta, « Débats et enjeux autour des scolaires », dans Jean-Marie
Bouissou (dir.), Le Japon contemporain, Paris, Fayard, 2007, p. 209-213 ; Arnaud Nanta,
« Le débat sur l'enseignement de l'histoire au Japon », Matériaux pour l'histoire de notre
temps, Paris, Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC),
n°88, octobre-décembre 2007, p. 13-19.
6 La demande de la Corée du Sud, adressée le 7 mai 2001, concernait vingt-cinq
passages du manuel. Quelques jours plus tard, le 16 mai 2001, la République populaire
de Chine exigeait à son tour la modification de huit passages.
Katsuoka Kanji WfW^?K, Kankoku, Chûgoku « rekishi kyôkasho » o tettei hihan
sum : waikyoku sareta tai-Nichi kankei-shi $IH • ^H rE£fScÊHtj £ficl£îtffiT£— 3?ft
(Critique radicale des « manuels d'histoire » chinois et coréens : histoire manuels d'histoire chinois vus du Japon Les
leurs critiques

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