Les méthodes de l esthétique expérimentale.  - article ; n°1 ; vol.6, pg 144-190
48 pages
Français

Les méthodes de l'esthétique expérimentale. - article ; n°1 ; vol.6, pg 144-190

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
48 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

L'année psychologique - Année 1899 - Volume 6 - Numéro 1 - Pages 144-190
47 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1899
Nombre de lectures 9
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

J. Larguier des Bancels
Les méthodes de l'esthétique expérimentale.
In: L'année psychologique. 1899 vol. 6. pp. 144-190.
Citer ce document / Cite this document :
Larguier des Bancels J. Les méthodes de l'esthétique expérimentale. In: L'année psychologique. 1899 vol. 6. pp. 144-190.
doi : 10.3406/psy.1899.3112
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1899_num_6_1_3112Ill
LES MÉTHODES DE L'ESTHÉTIQUE EXPÉRIMENTALE
FORMES ET COULEURS
L'esthétique expérimentale reconnaît incontestablement
Fechner pour son fondateur; sans doute, avant lui, on avait
observé, et, sans parler des théoriciens qui fondent leurs cons
tructions tout au moins sur quelques faits, bien des artistes
s'étaient appuyés sur l'étude directe des œuvres — les leurs, le
plus souvent — pour composer des traités pratiques de leur
art, ou même pour échafauder des théories qu'ils croyaient
confirmées par leur expérience. Mais personne n'eut autant que
le créateur de la pychophysique, une vue nette des problèmes
qu'il convenait de résoudre, ni ne sut les poser avec la correc
tion et la précision nécessaires. On avait beaucoup spéculé ;
on avait inventé des systèmes susceptibles de tout expliquer,
cherché des principes si éloignés des faits qu'ils semblaient
s'adapter à tous, ou retrouvé trop ingénieusement dans la na
ture ce que suggéraient des vues à priori : Fechner suivit une
route opposée; il partit, comme il disait, « d'en bas», sans
espoir comme sans souci d'établir, dès l'abord, une doctrine
définitive. Eviter scrupuleusement les idées préconçues; aller
droit aux faits ; poser les questions en termes précis ; se rendre
compte des solutions qu'elles comportent d'après ces termes
mêmes; enfin, ne se départir jamais d'une méthode rigoureu
sement expérimentale : telle est la voie nouvelle qu'il voulut
ouvrir. Il s'y engagea lui-même et s'il est vrai qu'il n'apporta
qu'un petit nombre de résultats définitifs, il faut se rappeler
que ses travaux avaient pour objet premier et essentiel de fixer
les méthodes et d'en éprouver la sûreté et la souplesse. Quels
qu'ils soient, ces résultats n'en composent pas moins une bonne
partie des connaissances positives que nous possédons aujour
d'hui et les quelques mémoires publiés depuis la mort de
Fechner, assez pauvres en faits nouveaux, ont surtout pour LARGUIER DES BANCELS. — L'ESTHÉTIQUE EXPÉRIMENTALE 145 J.
intérêt de permettre la comparaison et la critique des procédés
d'investigation.
On a voulu tirer parti de cette stérilité relative pour mettre
en doute la valeur de la méthode expérimentale dans le do
maine esthétique. C'est être fort injuste. Assurément, on a
beau jeu pour insister sur l'incertitude des résultats, pour
relever les contradictions des différents auteurs, contradic
tions qui souvent, du reste, n'ont pas l'importance qu'on
leur altribue. Mais, en vérité, il serait singulier qu'il en fût
autrement. Qu'on songe à la masse imposante de faits et
d'expériences qu'il a fallu accumuler ailleurs, dans l'étude des
sensations, par exemple, pour établir des conclusions quelque
peu assurées, et qu'ensuite, on compare à ces recherches aux
quelles ont collaboré les psychologues, les physiologistes, les
cliniciens, les rares travaux consacrés aux sentiments esthé
tiques. Pour que dans ces conditions, la connaissance en fût
très avancée, il faudrait que ceux-ci fussent particulièrement
faciles à étudier, et l'on sait assez qu'il n'en est rien. On se
trouve, en effet, en présence d'un problème très compliqué :
il s'agit d'observer des phénomènes délicats qu'il est indis
pensable d'isoler d'abord ; mais l'embarras vient justement
de l'extrême difficulté que l'on rencontre à les dissocier.
Ainsi, supposons qu'on présente à un sujet une série de
triangles et qu'on le prie de montrer celui qui lui plait le plus.
Il se peut fort bien qu'il soit guidé dans son choix par des
considérations tout à fait étrangères au plaisir spécial qu'on
cherche à surprendre. Un individu dont la sensibilité esthé
tique sera peu développée, pourra désigner telle ou telle forme
qui lui rappelle le toit d'un bâtiment connu, la flèche d'une
église. En réalité, aucune ne lui est particulièrement agréable.
Mais pressé de choisir, il se servira de la première indication
qui se présentera à son esprit, et de très bonne foi, répondra
tout naturellement dans les termes mêmes où la question lui
aura été posée. De sorte que si l'on s'adresse à l'expérience, il
faut s'entourer de précautions spéciales pour ne pas troubler
l'état qu'on cherche à développer et ne pas gêner l'apparition de
sentiments généralement faibles; et si l'on s'en tient à l'obser
vation des œuvres d'art, l'extrême complexité de celles-ci rend
très difficile toute mesure et toute comparaison précises.
Ce sont là quelques-unes des difficultés que l'on est exposé
à rencontrer; sont-elles insurmontables? Il faut, tout au moins,
essayer de les résoudre et si l'on estime que les auteurs qui se
l'année psychologique, vi. 10 MÉMOIRES ORIGINAUX 146
sont attaqués au problème esthétique ont échoué, il convient
en tout cas de rechercher la cause de leur insuccès. Il peut
donc être utile d'exposer l'ensemble des travaux parus jusqu'ici.
Je le ferai d'un point de vue critique, en m'attachant surtout
à la question des méthodes : je tâcherai d'en montrer la
valeur relative et d'étudier les développements dont elles sont
susceptibles.
I
II ne saurait être question et il n'entre pas dans notre plan
de présenter ici une histoire même abrégée des doctrines
esthétiques avant Feehner. Nous nous bornerons à dire ce qui
est nécessaire pour expliquer l'origine de ses recherches et
pour mettre en lumière la nouveauté de ses essais. On verra,
d'autre part, que nous laissons de côté bien des ouvrages que
leur titre, tout au moins, semblerait désigner particulièrement
à notre étude; ce résumé, en nous donnant l'occasion de crit
iquer des attitudes d'esprit, des habitudes, des procédés, que
nous estimons fâcheux, servira à justifier les exclusions.
L'esthétique expérimentale a pour origines lointaines, d'un
côté, les observations et les remarques des artistes, de l'autre,
les travaux des esthéticiens purs, qui cherchèrent dans une
étude attentive des faits, les confirmations de leurs vues.
L'opinion des artistes est d'un grand intérêt, cela va sans
dire; mais elle ne vaut le plus souvent qu'à titre individuel.
Un peintre qui écrit sur son art, écrit l'histoire de ses goûts,
de ses procédés, de ses préventions; il se confesse, il enseigne.
Il nous instruit avant tout sur lui-même et si son œuvre est
d'une importance exceptionnelle pour qui veut connaître l'ar
tiste, elle est d'une utilité beaucoup moindre à l'esthéticien.
Le traité de la peinture nous éclaire sur lès tendances de
Léonard de Vinci. L'opinion de Vinci, celle de Goethe ou d'un
autre théoricien seront précieusement recueillies dans telle ou
telle enquête spéciale; elles fourniront des documents pour
étudier la psychologie de l'artiste. Mais au point de vue de
l'esthétique générale, il importe beaucoup moins de savoir que
le peintre italien recommandait de placer le bleu et le vert côte
à côte ; et si nous apprenons que Ruskin aimait également cette
combinaison et que d'autres la rejettent, nous ne savons quelle
conclusion positive et générale on en pourrait tirer. Bien plus,
pour la psychologie individuelle même, ces matériaux n'ont pas LARGÜIER DES BANCELS. — L'ESTHÉTIQUE EXPÉRIMENTALE 147 J.
toujours la solidité qu'on leur attribue quelquefois. Un auteur
récent se demandait s'il était un plus beau spécimen de psychol
ogie individuelle que « les confessions spontan

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents