Les noms des villes russes : la mode grecque - article ; n°3 ; vol.16, pg 214-235
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Les noms des villes russes : la mode grecque - article ; n°3 ; vol.16, pg 214-235

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Description

Revue des études slaves - Année 1936 - Volume 16 - Numéro 3 - Pages 214-235
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1936
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Boris Unbegaun
Les noms des villes russes : la mode grecque
In: Revue des études slaves, Tome 16, fascicule 3-4, 1936. pp. 214-235.
Citer ce document / Cite this document :
Unbegaun Boris. Les noms des villes russes : la mode grecque. In: Revue des études slaves, Tome 16, fascicule 3-4, 1936. pp.
214-235.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1936_num_16_3_7625LES
NOMS DES VILLES RUSSES
LA MODE GRECQUE,
PAR
BORIS UNBEGAUN.
Un certain nombre de villes russes portent des noms qui sont
grecs, soit entièrement, comme Chersoń ou Sevastopoľ, soit par
tiellement, comme Elisavetpoľ ou Oľgopoľ. Presque tous ces noms
datent du xviii0 siècle. Quelques-uns seulement d'entre eux sont
d'origine accidentelle : la plupart, formant un groupe limité dans
le temps et dans l'espace, s'expliquent par ce qu'on pourrait appeler
la «mode grecque» dans la toponymie russe, mode qui prend sa
source dans certaines manifestations de l'esprit russe durant le
dernier quart du xviii' siècle.
Ce phénomène de о toponymie dirigée » est ignoré pendant la
période moscovite, où la dénomination des villes nouvellement con
struites se faisait en quelque sorte spontanément, c'est-à-dire sans
être soumise à aucune politique ni à aucune idée générale. Il a
fallu les bouleversements violents qu'a subis la vie russe au
xviii* siècle pour que la toponymie officielle sortît de son ornière
traditionnelle. Toutes sortes de « modes » qui agitaient à cette
époque la société russe atteignent alors la toponymie , et cela d'au
tant plus facilement que la construction en masse de villes nou
velles sollicitait constamment l'ingéniosité du gouvernement en
matière de nomenclature. Le nombre des noms à donner augment
ait considérablement aussi du lait que ce siècle, plein de mépris
Revue des Etude» »lave», t. XVI, 19З6, fasc. 3-й. LA MODE GRECQUE. 215
pour toute tradition, introduisait une habitude déplorable et
inconnue à l'époque moscovite, celle de changer les noms des villes
déjà existantes.
La première mode qui se laisse constater dans la toponymie russe
du xviii* siècle est une mode hollandaise et germanique. C'est à
elle que l'on doit les noms de villes tels que Saint-Pétersbourg
(i7o3)(1), Peterhof (171 1), Ranenburg (=Oranienburg, i 70З),
Ekaterinburg ( 1 7 2 3 ), Orenburg (1735), etc. Elle a été remplacée ,
dans la seconde moitié du xvine siècle, par une mode slavonne,
moins frappante peut-être, mais non moins caractéristique^.
Vient ensuite la mode « grecque ». Les noms de villes qu'elle a
engendrés, et que nous nous proposons d'étudier dans le présent
article, n'ont rien d'énigmatique au point de vue de leur format
ion. Aussi bien nous nous attacherons à établir non pas leur
etymologie, qui est limpide dans la plupart des cas, mais leur
raison d'être historique et leur extension géographique^.
Avant 1775 l'élément grec n'apparaît dans la toponymie
W Voir sur ce nom ma notule dans la Revue des Etudes slaves, IX, 1929,
pp. 272-373.
С Sur cette mode, voir : B. Unbegaun, «Les noms des villes russes : la mode
slavonne» , Revue des Etudes slaves, XVI, 19З6, pp. 66-75.
's) Nous avons puisé notre information principalement dans les dictionnaires
géographiques de l'Empire russe. Il en existe quatre : i" Kedor Polunin, Гсогра-
фичєскій лексиконъ Россійскаго государства. . ., изъ достопамятныхъ извъттш
собранный... ©едоромъ Полунинымъ, а съ поправленіями и пополнениями
для пользы общества вь печать изданный трудами и съ предисловіемь. . .
Герарда Фридерика Миллера, иь Москв-Ь, 1 77^5 — 2° Новый и полный
геограФическій словарь Россійскаго государства, или лексиконъ..., I-VI,
Москва, 1788-1789 (c'est une nouvelle édition du dictionnaire précédent; l'au
teur en est Lev Maksimovič); — 3° Afanasij Ščekatov, Словарь геограФическій
Россійскаго государства, І— VII, Москва, 1801-1809 (troisième édition du diction
naire de Polunin, faite en collaboration avec Lev Maksimovič); — 4° P. Semenov,
ГеограФичсско-статистическій словарь Россійской Имперіи í I-V, Спб. , 1 863-
і885. Tous ces dictionnaires, y compris le dernier, sont loin d'être parfaits; la
partie historique surtout y est peu développée et peu sûre. Certains actes concer
nant la fondation et la dénomination de villes se trouvent dans le Полное собраніе
законовъ Россійской Имперіи, I-XLI1I, Соб., і83о. Il faut dire cependant que
le nombre de ces actes y est relativement restreint; pour la plupart, les décisions
fixant les noms de villes (par exemple, celles de Crimée) n'ont laissé aucune
trace dans le Recueil complet des lois. Dans l'état actuel des études toponymiques ,
il n'est pas encore possible de dresser pour chaque ville un acte de naissance,
c'est-à-dire de préciser la date exacte et les motifs immédiats de la dénomination
(voir ce qui est dit, p. з зз, à propos de Nikopoľ). D'autre part, les recherches de
ce genre, pour autant qu'elles ont été amorcées, sont consignées généralement
dans des publications provinciales, presque introuvables hors de Russie, et de
valeur fort inégale d'ailleurs. Mais, au point de vue où nous nous plaçons, la ques
tion de savoir, par exemple, si la ville de Grigoriopoľ a été fondée en 1793 ou en 216 LES NOMS DES VILLES RUSSES.
russe que tout à fait exceptionnellement. Le nom de Saint-Péter
sbourg pouvait se présenter, à l'occasion, dans des documents part
iculièrement solennels, sous la forme de Petropol, et cela dès
l'époque de Pierre le Grand W.
Un nom d'allure grecque avait été créé pour la première lois
pendant la guerre contre la Perse, en 1726 ou 1727, pour
dénommer une forteresse construite par les Russes en territoire
persan, à 55 verstes au nord de Rešt : Ekaterinopoľ ; ce nom devait
sans doute perpétuer celui de l'impératrice Catherine I, mais la
forteresse n'a eu qu'une existence éphémère, et son nom a disparu
sans laisser de traces (2).
La première ville, dont le nom grec ait survécu jusqu'à nos
jours, est StavropoV (sur la Volga, dans le gouvernement de
Samara). Cette ville, primitivement une forteresse, étuit destinée à
abriter un prince kalmouk, Pierre Tajša qui, vers les années Зо,
avait embrassé, avec un certain nombre de ses compatriotes, la
foi orthodoxe. Le prince mourut avant la construction de la ville, et
c'est sa veuve, la princesse Anne, qui y fut installée en 1738. Un
décret du Sénat, du îU mai 1 7З9 , attribua à la ville le nom de
Stavropoľ («Ville de la Croix »)^. Il était légitime que la ville,
fondée à l'occasion du baptême des Kalmouks, portât un nom
faisant allusion à cet événement (n'oublions pas qu'en russe, et
en général en slave, le moť signifiant «baptême» dérive du nom
de la «croix»). Néanmoins, le recours à une forme grecque est
isolé à cette époque. On est tenté de rapprocher cette forme du
titre que portaient, au xviii8 siècle, les évêques d'Astrachan', à
savoir епископъ астраханскій и ставропольскій, surtout si l'on
songe que les Kalmouks convertis avaient appartenu primitivement
au diocèse de cet évêque. Quant à l'épilhète ставропольскій,
figurant dans le titre de l'évêque, elle n'apparaît pour la première
fois qu'entre 1716 et 172З; avant cette époque, le titre était
астраханскій и терскій. A partir de 180З, l'évêque d'Astrachan',
élevé au rang d'archevêque, est appelé архієпископа астра-
179З et si elle doit son nom à Saint Grégoire, patron des Arméniens, ou au prince
Grégoire Potemkin (voir p. 339), n'a qu'une importance secondaire : l'essentiel
pour nous est que ce nom d'allure grecque apparaisse à une époque déterminée
el dans une zone géographique limitée. ,
С Voir B. Unbcgaun, t Le nom de Saint-Pétersbourg», Revue de» Etude» »lave»,
IX, 1939, p. «73. •
№ P. G. Butkov, Матеріали для новой исторіи Кавказа съ 1799 по 180З
годъ, Спб., 1869 1 I, рр- 86-87.
(ї) Полное собраніе законовъ, X, пв 7800, р. 77^- LA MODE GRECQUE. 217
ханскій и кавказскій W. F. Polunin veut qu'il ait existé dans l'an
tiquité, sur les bords de la mer Caspienne, au sud d'Astrachan',
une terre appelée Stavropoľ, d'où le

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