Les périphéries européennes en voie de marginalisation ? la République d'Irlande et la C.E.E. à la croisée des chemins - article ; n°1 ; vol.151, pg 239-250

Laurent Carroué

Description

Norois - Année 1991 - Volume 151 - Numéro 1 - Pages 239-250
ABSTRACT
This paper analyses the most recent changes in Irish economy and industry from a geographical perspective. The space distribution of dynamic is continuously changing with the metropolization in this périphérie land of EEC.
RÉSUMÉ
Cet article présente les mutations les plus récentes de l'économie et de l'industrie irlandaise à partir d'une approche territoriale. La distribution spatiale de la dynamique se modifie profondément avec la metropolisation dans ce pays périphérique de la CEE.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: NOROIS
• Publié le: 01 janvier 1991
• Nombre de lectures: 30
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Laurent Carroué
Les périphéries européennes en voie de marginalisation ? la
République d'Irlande et la C.E.E. à la croisée des chemins
In: Norois. N°151, 1991. Juillet-Septembre 1991. pp. 239-250.
Abstract
ABSTRACT
This paper analyses the most recent changes in Irish economy and industry from a geographical perspective. The space
distribution of dynamic is continuously changing with the metropolization in this périphérie land of EEC.
Résumé
RÉSUMÉ
Cet article présente les mutations les plus récentes de l'économie et de l'industrie irlandaise à partir d'une approche territoriale.
La distribution spatiale de la dynamique se modifie profondément avec la metropolisation dans ce pays périphérique de la CEE.
Citer ce document / Cite this document :
Carroué Laurent. Les périphéries européennes en voie de marginalisation ? la République d'Irlande et la C.E.E. à la croisée des
chemins. In: Norois. N°151, 1991. Juillet-Septembre 1991. pp. 239-250.
doi : 10.3406/noroi.1991.6368
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/noroi_0029-182X_1991_num_151_1_6368o 7
Norois, 1991, Poitiers, t. 38, n° 151, p. 239-250
1992 : les périphéries européennes en voie
de marginalisation ?
La république d'Irlande et la C.E.E. à la
croisée des chemins
par Laurent CARROUE
Université Paris VIII.
Centre de Recherche CRIA - Paris I
191, rue Saint Jacques 75005
RÉSUMÉ
Cet article présente les mutations les plus récentes de l'économie et de l'industrie
irlandaise à partir d'une approche territoriale. La distribution spatiale de la dyna
mique se modifie profondément avec la metropolisation dans ce pays périphérique
de la CEE.
ABSTRACT
This paper analyses the most recent changes in Irish economy and industry
from a geographical perspective. The space distribution of dynamic is continuously
changing with the metropolization in this périphérie land of EEC.
Alors que la Communauté Européenne doit encore « digérer » son éla
rgissement à la Grèce, au Portugal et à l'Espagne, elle est aujourd'hui
confrontée à un défi bien plus grave: le basculement de son centre de
gravité vers l'Europe Centrale à travers l'unification allemande et l'effo
ndrement du bloc du Pacte de Varsovie. Ces mutations extrêmement rapides
apparaissent alors que le processus de mondialisation de l'économie et des
échanges ne cesse de se renforcer. Dans ce contexte ce sont les positions
relatives acquises par chaque pays ou chaque région qui sont remises en
cause d'une manière durable.
Si les régions centrales, économiquement les plus fortes et les plus
dynamiques, que sont les grandes métropoles européennes (Ile de France,
Londres, Munich, Turin/ Milan...) semblent tirer leur épingle du jeu et
renforcer leur emprise, les espaces périphériques sont confrontés à des
problèmes nouveaux d'une rare intensité. La capacité à s'inscrire dans la
nouvelle dynamique européenne pose une alternative claire pour les années
à venir : intégration renouvelée ou marginalisation? L'objet de cet article
est d'étudier comment un pays périphérique de petite taille et insulaire
comme la République d'Irlande tente d'y répondre et qu'elles sont les
conséquences de ces choix sur l'organisation territoriale du pays.
Mots clés : Irlande. CEE. Développement. Périphérie. i
Key words : Ireland. EEC. Development. Periphery. 240 LAURENT CARROUE
I. - L'INEGALE DYNAMIQUE ECONOMIQUE DU TERRITOIRE
A) LES DIFFICULTÉS ÉCONOMIQUES ET SOCIALES PERDURENT:
Avec une inflation maintenue à 3%, un taux de croissance de 3,7% en
1990 et de 3,2% en 1989, et un recul du chômage de 18,5% à 17% de la
population active entre 1988 et 1990, la situation économique de la Répub
lique d'Irlande peut sembler s'améliorer.
Ces données doivent être largement nuancées. En effet de 1981 à 1990
l'emploi salarié continue de reculer. Non seulement les défis démographiques
et sociaux ne se résorbent pas dans la dernière période, mais la situation
devient de plus en plus critique avec son cortège de déstructuration du
tissu social (chômage, drogue, délinquance, marginalisation et paupérisation
croissante d'une partie de la population...). Les grands équilibres entre
l'agriculture, l'industrie et les services se modifient sensiblement.
L'agriculture perd 9% de ses emplois, son poids relatif ne cesse de
diminuer (moins de 15% de la population active). On débouche sur le
paradoxe suivant : si l'Irlande est profondément rurale, elle est de moins
en moins agricole. Un tiers des actifs agricoles doivent exercer une activité
complémentaire non agricole pour survivre. Les contrastes de l'agriculture
irlandaise s'accentuent : au sud sont les exploitations les plus intensives et
les plus modernes alors qu'une partie non négligeable de l'Ile reste sur des
structures largement archaïques.
Malgré un indice de production de 162 en 1990 (base 100/ 1980) le recul
de l'emploi industriel est lui aussi considérable (-6 %), son poids relatif
tombe de 32% à 27,5%. Si l'industrie manufacturière résiste (-1,4%),
l'artisanat et surtout les industries les plus traditionnelles déclinent fortement
renforçant la structure duale entre « composantes modernes » et « compos
antes traditionnelles ».
C'est pourquoi l'émigration sert à nouveau de soupape de sécurité. En
1990 elle concerne 44000 personnes (1% de la population) et dépasse
l'accroissement naturel (+ 27000 personnes). Sur 10 ans un million de
jeunes quitte l'île sur une population totale de 3,5 millions d'habitants.
Contrairement au passé, cette remontée de l'émigration est une menace
pour le potentiel technologique et intellectuel de l'Eire. Ce sont les «jeunes
cerveaux» sortant des écoles et Universités Technologiques qui partent
vers la C.E.E. et les Etats-Unis.
B) LA PLACE CROISSANTE DES SERVICES : UNE MÉTROPOLISATION
ACCRUE
Dans ce contexte seuls les services connaissent une forte hausse des
emplois. Leur poids relatif ne cesse d'augmenter en passant de 51 à 57%
de la population active. Mais la croissance tertiaire est incapable de contre
balancer les pertes des autres secteurs économiques, et sa dynamique ultra
sélective débouche sur une accentuation des déséquilibres territoriaux:
marginalisation accrue des espaces périphériques et polarisations métrop
olitaines accentuées.
L'emploi de service est largement polarisé sur Dublin et son aggloméra- 1992 : LES PÉRIPHÉRIES EUROPÉENNES EN VOIE DE MARGINALISATION ? 24 1
tion (40 %). La capitale est si attractive que la région Est qui l'entoure est
sous-encadrée en service par rapport à la moyenne nationale (carte A),
tout comme les trois régions de sa périphérie que sont le Nord-Est, le
Midland et le Sud-Est. Ces différences sont symptomatiques du processus
de polarisation métropolitaine à l'œuvre dans cette portion du territoire
qui s'étend directement sur la moitié de l'île. Seule la région sud-ouest
avec Cork se rapproche de la moyenne nationale largement tirée vers le
haut par Dublin.
Au total trois régions (Dublin, Est et Sud-Ouest) cumulent 60% des
emplois de service de l'île et les 3/4 des emplois de service sont concentrés
dans le sud de 111e et sur les grandes métropoles.
C) UNE GÉOGRAPHIE INDUSTRIELLE DE PLUS EN PLUS DUALE
L'emploi industriel est lui aussi fortement polarisé sur Dublin et la
région Est qui dépasse le tiers de l'emploi national. Il suffit de trois
régions pour atteindre le seuil des 50 % et de 5 régions pour atteindre les
75%. Entre 1986 et 1990 sur 12.000 créations d'emplois, Dublin, Cork,
Limerick et Shannon en concentrent plus de 40 %.
Les secteurs technologiquement les plus avancés se concentrent sur les
grandes villes alors que l'agro-alimentaire ou les industries artisanales et
traditionnelles sont beaucoup plus dispersés. Seules les villes comme Galway
et Shannon, avec sa zone franche autour de l'aéroport, rééquilibrent à
l'ouest la forte polarisation dublinoise.
Aux déséquilibres territoriaux répondent des oppositions sectorielles
majeures. Toutes les activités industrielles traditionnelles (bois, papier,
imprimerie, textile, verre et ciment..) dominées par les firmes irlandaises,
le plus