Les pierres à gorge du Sahara - article ; n°1 ; vol.52, pg 69-94
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Description

Journal des africanistes - Année 1982 - Volume 52 - Numéro 1 - Pages 69-94
Résumé Les pierres à gorge sahariennes diffèrent largement les unes des autres par leurs dimensions et leur poids. Les plus légères, qui sont parfois ornées de sculptures, ont pu répondre à des besoins purement culturels ou esthétiques ; les plus lourdes dont le poids moyen est de 30 à 60 kg et qui se rencontrent généralement dans des aires privilégiées de la végétation spontanée du désert, ont été probablement pour les Epipaléolithiques et pour les Néolithiques, des poids morts utilisés à diverses fins et tout particulièrement à l'armement des pièges pour le gros gibier.
Abstract The groove-stones found in the Sahara Desert differ from each other in dimension and weight. The light ones, which are sometimes sculpted, may have been made for purely cultural or aesthetic purposes. The heavier ones, weighing from 30 to 60 kg, have usually been found in desert areas with some sort of spontaneous vegetation. Epipalaeolithic and Neolithic peoples probably used them as deadweights, particularly in fitting up big-game traps.
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

J. Morel
Les pierres à gorge du Sahara
In: Journal des africanistes. 1982, tome 52 fascicule 1-2. pp. 69-94.
Résumé Les pierres à gorge sahariennes diffèrent largement les unes des autres par leurs dimensions et leur poids. Les plus
légères, qui sont parfois ornées de sculptures, ont pu répondre à des besoins purement culturels ou esthétiques ; les plus
lourdes dont le poids moyen est de 30 à 60 kg et qui se rencontrent généralement dans des aires privilégiées de la végétation
spontanée du désert, ont été probablement pour les Epipaléolithiques et pour les Néolithiques, des poids morts utilisés à
diverses fins et tout particulièrement à l'armement des pièges pour le gros gibier.
Abstract
Abstract The groove-stones found in the Sahara Desert differ from each other in dimension and weight. The light ones, which are
sometimes sculpted, may have been made for purely cultural or aesthetic purposes. The heavier ones, weighing from 30 to 60
kg, have usually been found in desert areas with some sort of spontaneous vegetation. Epipalaeolithic and Neolithic peoples
probably used them as deadweights, particularly in fitting up big-game traps.
Citer ce document / Cite this document :
Morel J. Les pierres à gorge du Sahara. In: Journal des africanistes. 1982, tome 52 fascicule 1-2. pp. 69-94.
doi : 10.3406/jafr.1982.2124
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0399-0346_1982_num_52_1_2124JEAN MOREL
LES PIERRES A GORGE DU SAHARA
Inventaire provisoire et Essai d'interprétation
La dénomination de pierres à gorge conviendrait également bien à diver
ses sortes de pierres qui cependant différent par leur forme, leurs dimensions,
leur destination et leur ancienneté mais ont en commun la possession d'une
gorge, généralement située à égale distance de chaque extrémité et résultant
d'un travail humain.
Elles sont souvent assez petites pour être aisément maniables et leur poids
n'excède pas alors quelques kilogrammes. Certaines, façonnées en vue d'une
utilisation précise entrent dans des catégories bien connues et sont facilement
identifiables ; ce sont, par exemple, des haches, des broyeurs ou des molettes,
des maillets ou des casse-têtes* Ces objets qui ont été utilisés depuis les temps
préhistoriques jusqu'à nos jours, existent au Sahara comme dans tout l'Ancien
Monde, mais il en est d'autres dont la destination réelle est incertaine ou i
nconnue et au sujet desquelles diverses hypothèses peuvent être envisagées.
Deux de ces pierres, de petites dimensions, sont ornées de gravures in
cisées. L'une en roche cristalline, est conservée au Musée saharien d'Ouargla.
Subparallélépipédique, elle est longue de 0,58 m, large de 0,30, épaisse de
0,20 ; la gorge est large de 0,04 à 0,06 m, profonde de 0,02 à 0,03. Elle est
gravée à son sommet d'un cercle muni de 5 rayons inégalement espacés (fig. 1
et planche 1, fig. 7). Nous avons tout d'abord tenté d'y voir, comme l'avait fait
Frobénius (1937), une représentation solaire d'inspiration culturelle, d'autant
plus volontiers que cette pierre provient probablement de Tabelbalat, en bor
dure septentrionale du Tassili n'Ajjer, haut lieu de la pensée islamique où
ont été trouvées les fameuses «idoles» bétyles, sans bouche, sans nez, dont le
caractère anthropomorphe n'est plus attesté que par l'ovale du visage et qui
ont été étudiés par Mme Camps-Fabrer (1966). Toutefois, cette gravure peut
être interprétée plus simplement comme la représentation d'un piège à pointes
radiaires, bien que les rayons ne se rejoignent pas tout à fait en un point central
et respectent intentionnellement un petit méplat naturel de 2 cm de diamètre.
Le piège à pointes radiaires, encore communément utilisé au Sahara central,
a été bien décrit par Umberto Monterin (1935) et nous ne pouvons mieux
faire que de citer cet auteur : «en de nombreuses zones du Sahara, surtout
dans celles qui sont un peu pierreuses et à reg grossier, toute la surface est
sillonnée d'un réseau serré de sentiers très fréquentés qu'on a tout d'abord
du mal à s'expliquer. Ils ont été tracés par les mouflons et les gazelles. Grâce
/. des Africanistes, 52, 1-2, (1982) pp. 68-94 Planche 1. Fig. 1. piège à gazelles à pointes radiaires ? Peinture de tombe d'Hiérakoupo
(Haute Egypte). D'après Huard, 1965.
Fig. 2. Autruche capturée au piège à pointes radiaires. In Habeter. Fezzan.
D'après Frobénius 1937.
Fig. 3. piégée et entravée. Djebel Ouenat (désert libyque. D'après
Rhotert 1952 en Huard 1965.
Fig. 4. Equidé (?) et bovidé (?) piégés et entravés. Haute Egypte. D'après Winkler
1938, in Huard 1965.
Fig. 6. Girafes devant un piège à pointes radiaires ? In Habeter (Fezzan). D 'après
Frobénius 193 7.
Fig. 7. Cercle avec rayons ornant une pierre à gorge (Piège à pointes radiaires
ou figuration cultuelle ?). Musée d'Ouargla. Cf. Fig. 1 et 2.
Fig. 8. Animal (bovidé ?) piégé et entravé. Marhouma, Saoura, Sahara algérien.
D'après Alim 1954.
Fig. 9. Oryx piégé et entravé. Marhouma, Saoura. D'après Alimen 1954.
(Planche composée par J.-Ph. Le franc). LES PIERRES A GORGE DU SAHARA 7 1
à leur passage pendant des siècles au même endroit, soit pour se rendre d'un
oued à l'autre à la recherche de pâturages, soit pour aller s'abreuver au point
d'eau. Les Tebous en profitent en pratiquant au milieu du sentier un trou,
large d'environ 15 cm. A son embouchure, ils disposent, bien dissimulé, un
cercle de bois sur lequel a été fixée d'une manière concentrique, une série
ininterrompue d'épines de palmes. Au cercle est attaché une corde en fibres de
palme, reliés à l'autre bout à une grosse pierre ou à une branche. Le mouflon,
mettant l'une de ses pattes au milieu du cercle, s'y enfonce de telle sorte que les
épines pénètrent dans ses chairs. Ne pouvant plus se déplacer avec rapidité
il peut être facilement rejoint et égorgé...»1 .
Le piège à pointes radiaires est très vieux ; il est fréquemment représenté
sur les rupestres sahariens, à In Habater, par exemple, dans le Fezzan (Frobénius,
1937, pi. 14) et il n'a cessé d'être en usage. Il est figuré soit par un cercle muni
de rayons comme au Musée d'Ouargla, soit par deux cercles concentriques
reliés par des pointes internes et «qui correspondent l'un au bord du piège,
l'autre au bord de la fosse sur laquelle il est posé (pi. 1, fig. 1 , 2, 6). Le capitaine
Mercadier (1951) le décrit tel qu'il est utilisé dans PAdrar des Ifoghas pour
capturer les gazelles. Il est composé d'un cercle d'une quinzaine de centimètres
de rayon fait avec un djerid de palmier : «sur le cercle, sont ligaturés une cen
taine de Choukas, qui sont des épines prises à la base des palmes, longues, acé
rées et de même longueur... Ce piège se place, soit sous un arbre, soit sur un
sentier... Une gazelle y pose une patte. Son sabot glisse vers le centre, sur les
épines lisses, lesquelles n'étant maintenues qu'à la périphérie, s'incurvent légèr
ement vers le bas et s'ouvrent au centre... Dès qu'elle veut retirer sa patte, les
épines très vulnérantes ont tendance à reprendre leur place et pénètrent dans
le membre engagé d'autant plus profondément que les efforts faits par l'animal
pour se dégager sont plus grands...».
Pour empêcher la fuite de ranimai, il suffit de relier le piège à un poids
mort, lourde pièce de bois ou de pierre, comme le montrent des rupestres du
Djebel Ouenat dans le désert libyque (pi. 1, fig. 3) ou de Haute Egypte (pi. 1,
fig. 4, 5 et 8).
Ce poids mort est précisément une pierre à gorge dans une photographie
intitulée «Pièges à buffles en Oubangui» publiée dans le volume 2 de sont
Grand livre de la Faune Africaine et de sa chasse (pi. hors-texte n° 48, éd.
René Kis ter, Genève, 1957).
La seconde pierre décorée est la célèbre pierre d'Edrichinga (fig. 2) découv
erte par le lieutenant Gauthier, à demi-enfouie dans une dune, entre Sherda
et Fochi, dans le Borkou au Nord du Tchad (R. Capot-Rey, 1958). Elle est en
gr

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