Les réactions motrices dans les crises dues à l émotion - article ; n°1 ; vol.22, pg 143-166
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Les réactions motrices dans les crises dues à l'émotion - article ; n°1 ; vol.22, pg 143-166

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Description

L'année psychologique - Année 1920 - Volume 22 - Numéro 1 - Pages 143-166
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1920
Nombre de lectures 31
Langue Français
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Extrait

Henri Wallon
IV. Les réactions motrices dans les crises dues à l'émotion
In: L'année psychologique. 1920 vol. 22. pp. 143-166.
Citer ce document / Cite this document :
Wallon Henri. IV. Les réactions motrices dans les crises dues à l'émotion. In: L'année psychologique. 1920 vol. 22. pp. 143-166.
doi : 10.3406/psy.1920.4425
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1920_num_22_1_4425Ill
LES REACTIONS MOTRICES
DANS CRISES DUES A L'ÉMOTION
Par Henri Wallon.
Sous l'influence des neurologistes la distinction de l'orga
nique et du fonctionnel domine le classement des affections
nerveuses. Bien vite leur souci presque exclusif de localisa
tions exactes a fait d'organique le synonyme d'imputable à
des lésions du névraxéou des nerfs, tout ce qui ne leur semblait
pas anatomiquement définissable se trouvant rejeté parmi les
accidents fonctionnels. Or ce qu'ils désignent ouvertement par
là c'est l'hystérie, dont le concept, longtemps assez trouble,
s'est trouvé, par l'utile définition de Babinski, réduit au
pithiatîsme, c'est-à-dire à des effets de suggestionna des manif
estations d'origine essentiellement imaginaire, illusoire, à
une croyance sans fondement réalisant les troubles dont elle
représente l'idée. L'opposition des deux termes leur semblait
exclure la possibilité de phénomènes qui ne se rapporteraient
ni à l'un ni à l'autre et se développeraient selon des conditions
différentes et comme sur un autre terrain.
Il y a bien paru à la résistance de nombre d'entre eux,
quand Babinski lui-même et Froment ont signalé ces troubles
trophiques, circulatoires, moteurs et sensitifs pour lesquels
faute de pouvoir les ranger ni parmi des effets de lésions
siégeant dans le système nerveux, ni parmi des manifestations
pithiatiques, ils s'avisèrent de chercher une place intermédiaire
et proposèrent la dénomination de troubles physiopathiques.
Cette brèche dans le système laissait entrevoir l'importance
d'effets impliquant certains modes d'irritabilité organique, de
modifications physiologiques, de répercussions à distance, de
réactions plus ou moins diffuses qui ne répondent pas au type
de relations dont l'appareil cérébro-spinal est l'instrument. MÉMOIRES ORIGINAUX 144
Mais la découverte, pour si conforme qu'elle soit à certains
progrès récents de la biologie, est restée d'une application des
plus restrictives, comme en témoigne la répugnance qui per
siste chez beaucoup à classer les crises nerveuses autrement
qu'en effets d'une lésion cérébrale plus ou moins nettement
localisée bu en manifestations purement pithiatiques : pas de
tierce affection entre les crises épileptiques et l'hystérie. Quant
à l'espèce de modifications organiques dont l'épilepsie dépen
drait toujours, ceux des accidents de guerre qui auraient le
privilège exclusif de la provoquer servent à les caractériser :
s'il ne s'agit pas nécessairement d'une blessure directe par pro
jectile ou corps étranger entamant la substance cérébrale et les
méninges, il semble du moins indispensable qu'il y ait eu
contusion, c'est-à-dire lésion du tissu nerveux, que le méca
nisme invoqué agisse par choc direct ou contre-coup; dans un
cas par dépression locale du crâne, dans l'autre par reflux du
liquide ventriculaire et arachnoïdien, l'impulsion sur les parties
molles et la transmission hydrostatique jusque dans les centres
des ébranlements aériens produits par une explosion pouvant
y déterminer des zones de dilacération. A défaut de ces causes
il paraît obligatoire, soit d'attribuer toute la réalité de l'épilepsie
à des prédispositions, qui peuvent fort bien ne jamais avoir
été reconnues, soit de purement et simplement la nier.
Aussi l'embarras a-t-il été grand pour interpréter des crises
qui s'offrent sous des traits jusque-là considérés comme carac
téristiques du mal comitial et que n'explique aucune circon
stance capable de causer mécaniquement une lésion des
organes, mais dont au contraire il était établi que le début
remontait à un choc paraissant d'ordre purement fonctionnel
voire psychique, par exemple à une émotion.
Il arrive err effet qu'une émotion excessive se traduise par
des effets qui par degré semblent rejoindre la crise d'aspect
nettement épileptique, et nous avons indiqué comment « les
phénomènes spasmodiques et surtout asynergiques qui s'expr
iment par le tremblement, le dérobement des jambes, le bégaie
ment, l'aphonie et chez certains par de l'incontinence d'urine
et des convulsions, font une suite de transitions qui permet
tent de concevoir la transformation du saisissement émo
tionnel en crise comitiale1 ». Confirmant cette continuité
d'aspects, Piéron disait qu'ayant assisté au cours de la guerre
.1. Émotion et Epilepsie. J. de Psych., 1920, n° 4, p. 373. WALLON. — LES RÉACTIONS MOTRICES 145
à plusieurs centaines de crises, il avait « été frappé de voir
qu'entre les types extrêmes il y avait toutes lés transitions,
certaines crises étant scientifiquement inclassables et consi
dérées alternativement comme comitiales ou pithiatiques 1 ».
La même constatation est faite par Le Savoureux dans une
étude plus récente sur les Rapports des commotions de guerre
et de la constitution émotive 2 : « Ce qu'il est nécessaire de
retenir encore, dit-il, c'est que l'on rencontre tous les interméd
iaires entre la crise nettement émotive et la crise épilepti-
forme, et que l'on retrouve dans le type morphologique et
dans les caractères antérieurs du sujet un éclaircissement sur
ces modes personnels de réactions convulsives. Les deux
extrêmes étant représentés par la constitution émotive et la
constitution épileptique 3. » Le mécanisme qu'il étudie n'im
plique donc pas que des paroxysmes émotifs puissent, ainsi
que nous le supposons, « frayer la voie aux crises comitiales » :
il admet la nécessité de prédispositions qui ne sont qu'activées
par la commotion, c'est-à-dire par l'état de stupeur totale
qu'un choc, en particulier cßlui d'une explosion, détermine
instantanément, sans émotion intercalaire ni lésions orga
niques. Mais de la sorte, la suite continue qu'il observe dans
les crises a pour condition la continuité des constitutions qui
font passer progressivement de l'émotive à l'épileptique.
Si l'émotion ne paraît communément capable de causer que
des troubles imaginaires, c'est que chacun ne connaît imméd
iatement d'elle qu'un état de conscience; et son importance
est mise en suspicion par ceux-là mêmes qui, faisant profession
de tout rapporter à des conditions objectivement vérifiables,
devraient prendre à tâche de ne rien laisser, fût-ce de simples
faits psychiques, en dehors de leurs explications. Mais elle
n'est pas simple objet d'introspection, à l'observation exté
rieure aussi elle se révèle par des réactions et modifications
organiques de l'intensité la plus apparente. Réflexes vaso-
moteurs, impulsions ou inhibitions motrices, décharges endo
criniennes, rencontrant certaines aptitudes morbides, peuvent
bien sans doute en certains cas faire surgir Tépilepsie, mais
elle a des effets pathologiques qui. lui sont propres, et leurs
raisons de se produire, de se répéter, de se perpétuer, ne sont
pas qu'une simple illusion du malade.
1. J. de Psych., 1920, n° 4, p. 374.
2. Ann. Méd. psych., 1921, n0' 1 et 2.
3. Ibid., n° 2, p. 107. MEMOIRES ORIGINAUX 146
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Quelle que soit l'influence des prédispositions ou mieux de
la constitution particulière à chacun ^sur les conséquences
pathologiques d'une émotion, l'analyse des faits montre que
les circonstances et le moment où elle se produit sont aptes à
déterminer la forme et la nature des troubles consécutifs. Un
caractère propre aux manifestations émotives est d'ailleurs la
reproduction fidèle de la crise initiale par les suivantes l.
Si par exemple les cas d'épilepsie post-émotive que nous
avons é

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