Les relations de l Etat et de l Eglise catholique en Pologne (1945-1955) vues par les Français - article ; n°3 ; vol.21, pg 65-83
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Les relations de l'Etat et de l'Eglise catholique en Pologne (1945-1955) vues par les Français - article ; n°3 ; vol.21, pg 65-83

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Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 1990 - Volume 21 - Numéro 3 - Pages 65-83
A French view of relations between the State and the Catholic church in Poland (1945-1955)
Since the end of the second world war, Poland has been the most significant point of conflict between the communist regime and the institutions of the Catholic church. This is the subject of the present article, in which the author, relying on French diplomatic reports, details the various stages of the conflict during the so-called Stalinist period, with consequences that are still making themselves felt to the present day.
The Catholic church, weakened by the losses suffered during the war, found itself alone facing the political forces, which tried by every means to destroy its unity, and by the same token, the unity of the nation. The two prelates who were at the head of the ecclesiastical hierarchy in Poland — Cardinal Hlond (who died in 1948) and Cardinal Wyszynski — were obliged to act in a situation which was unprecedented in the history of the Church, and for which she was, on an universal scale, unprepared.
It is against this backcloth of confrontation between the Church and the Polish state, that there emerged problems both for the Vatican, in determining its policy towards the communist regime, and the clergy in putting it into effect.
Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, la Pologne constitue le point d'impact le plus significatif entre le régime communiste et les institutions de l'Église catholique. C'est le sujet de cet article où l'auteur, à l'appui de rapports des diplomates français, relève les différents degrés de cet impact au cours de la période dite stalinienne, avec des conséquences qui se répercutent jusqu'à présent.
L'Église catholique, affaiblie par les pertes subies pendant la guerre, s'est trouvée seule face aux pouvoirs politiques qui tentèrent, par tous les moyens, de briser son unité et par là-même de briser l'unité nationale. Les deux prélats qui étaient alors à la tête de la hiérarchie ecclésiastique en Pologne — le Primat Hlond (mort en 1948) et le Primat Wyszynski — ont dû agir dans une situation sans précédent dans l'histoire de l'Église à laquelle, sur le plan universel, celle-ci n'était pas préparée.
C'est sur cette toile de fond d'une confrontation de l'Église et de l'État polonais que sont apparues les difficultés à surmonter, aussi bien par le Vatican — pour déterminer sa politique envers les régimes communistes — que par le clergé — pour l'appliquer.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 39
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Tadeusz Wyrwa
Les relations de l'Etat et de l'Eglise catholique en Pologne
(1945-1955) vues par les Français
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 21, 1990, N°3. pp. 65-83.
Citer ce document / Cite this document :
Wyrwa Tadeusz. Les relations de l'Etat et de l'Eglise catholique en Pologne (1945-1955) vues par les Français. In: Revue
d’études comparatives Est-Ouest. Volume 21, 1990, N°3. pp. 65-83.
doi : 10.3406/receo.1990.1462
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1990_num_21_3_1462Abstract
A French view of relations between the State and the Catholic church in Poland (1945-1955)
Since the end of the second world war, Poland has been the most significant point of conflict between
the communist regime and the institutions of the Catholic church. This is the subject of the present
article, in which the author, relying on French diplomatic reports, details the various stages of the conflict
during the so-called Stalinist period, with consequences that are still making themselves felt to the
present day.
The Catholic church, weakened by the losses suffered during the war, found itself alone facing the
political forces, which tried by every means to destroy its unity, and by the same token, the unity of the
nation. The two prelates who were at the head of the ecclesiastical hierarchy in Poland — Cardinal
Hlond (who died in 1948) and Cardinal Wyszynski — were obliged to act in a situation which was
unprecedented in the history of the Church, and for which she was, on an universal scale, unprepared.
It is against this backcloth of confrontation between the Church and the Polish state, that there emerged
problems both for the Vatican, in determining its policy towards the communist regime, and the clergy in
putting it into effect.
Résumé
Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, la Pologne constitue le point d'impact le plus significatif
entre le régime communiste et les institutions de l'Église catholique. C'est le sujet de cet article où
l'auteur, à l'appui de rapports des diplomates français, relève les différents degrés de cet impact au
cours de la période dite stalinienne, avec des conséquences qui se répercutent jusqu'à présent.
L'Église catholique, affaiblie par les pertes subies pendant la guerre, s'est trouvée seule face aux
pouvoirs politiques qui tentèrent, par tous les moyens, de briser son unité et par là-même de briser
l'unité nationale. Les deux prélats qui étaient alors à la tête de la hiérarchie ecclésiastique en Pologne
— le Primat Hlond (mort en 1948) et le Primat Wyszynski — ont dû agir dans une situation sans
précédent dans l'histoire de l'Église à laquelle, sur le plan universel, celle-ci n'était pas préparée.
C'est sur cette toile de fond d'une confrontation de l'Église et de l'État polonais que sont apparues les
difficultés à surmonter, aussi bien par le Vatican — pour déterminer sa politique envers les régimes
communistes — que par le clergé — pour l'appliquer.Les relations de l'État
et de l'Église catholique en Pologne
(1945-1955) vues par les Français
Tadeusz WYRWA*
Les pertes de l'Église catholique en Pologne pendant la deuxième guerre
mondiale ', la modification des frontières et le nouveau régime politique,
hostile à toute religion, ont posé à la hiérarchie ecclésiastique une grande
tâche à accomplir, et ce aussi bien sur le plan national qu'universel, car la
Pologne ne pouvait éviter la confrontation du catholicisme avec le commun
isme, de l'Etat totalitaire et sa doctrine matérialiste avec les institutions de
l'Église et ses systèmes de valeurs spirituelles.
En 1945, à la tête de la hiérarchie ecclésiastique polonaise il y avait deux
prélats : l'un était aux prises avec l'occupant en Pologne, et le deuxième
affrontait les conséquences de la guerre en Occident, à Rome, en France et
en Allemagne. Le premier, Adam Sapieha, archevêque de Cracovie depuis
1925 et cardinal en 1946, par son attitude ferme et courageuse face aux
hitlériens avait été surnommé le « prince inébranlable » et jouissait d'un
grand respect dans le pays. Né en 1867, il était, après la guerre, déjà trop
âgé pour jouer le rôle qui aurait dû être le sien s'il avait eu quelques années
de moins.
Le deuxième prélat, August Hlond (né en 1881), primat de Pologne
depuis 1926 et cardinal dès 1927, quitta le pays après l'invasion hitlérienne
et le 18 septembre 1939 arriva à Rome pour rendre compte au Vatican de
la situation en Pologne2. Au cours des mois suivants Mgr Hlond entreprit
* Directeur de recherche au C.N.R.S.
1. De tous les groupes socio-professionnels, le clergé connut le plus grand nombre de
victimes (sans tenir compte de la population juive). Selon les données statistiques,
toujours incomplètes, ont péri en Pologne occupée : 1 932 prêtres diocésains (dont
6 évêques), et clercs, 580 religieux et 289 religieuses. Dans certains diocèses les pertes
du clergé ont atteint 50 % des effectifs d'avant-guerre. D'après Histoire religieuse de la
Pologne. Ouvrage collectif sous la direction de Jerzy Kloczowski, Préface de Jacques Le
Goff, Paris, Ed. du Centurion, 1987, p. 477.
2. Cf. François Charles-Roux, Huit ans au Vatican 1932-1940, Paris, Flammarion,
1947, p. 344.
65 Tadeusz Wyrwa
des démarches, par l'intermédiaire du Vatican, pour retourner en Pologne
mais les Allemands ne le lui permirent pas. En même temps Mgr Hlond
œuvrait pour faire connaître les atrocités perpétrées en Pologne par les
occupants. Toutefois, l'atmosphère régnant alors à Rome ne favorisait pas
son activité et, comme le relate un auteur français, « le Primat, très isolé au
Vatican... finit par se réfugier en France au printemps 1940 » \ C'était aussi
l'impression de Wladimir d'Ormesson, Ambassadeur de France près le
Saint-Siège, qui, dans son rapport du 27 juin 1940, écrit : « Le Primat aurait
senti que le Saint-Siège ne considérait pas comme très désirable la prolon
gation de son séjour à Rome »4.
En France, Mgr Hlond habitait au palais episcopal à Lourdes. En 1942,
il tenta de quitter la France mais le gouvernement de Vichy, sous la pression
des Allemands, lui refusa son visa de sortie. En avril 1943, il devait se
réfugier à l'Abbaye de Hautecombe, en Savoie, tout en continuant à
maintenir des liens avec les milieux de la Résistance en France et en
Pologne5. Le 3 février 1944, Mgr Hlond fut arrêté par les Allemands et
emprisonné d'abord à Paris, interné ensuite à Bar-le-Duc, puis transféré en
Allemagne où l'armée américaine le libéra.
Après sa libération, le Primat Hlond se rend à Rome et le 30 avril 1945
est reçu par le Pape. Pie XII lui accorde les pouvoirs extraordinaires et le
20 juillet Hlond arrive en Pologne. Jacques Maritain, alors Ambassadeur
de France près du Saint-Siège, écrit dans son rapport du 20 juillet : « II est
probable que le Prélat a été chargé de se rendre compte des conditions de
la vie religieuse en Pologne. Si des garanties suffisantes sont données dans
ce domaine, la voie sera ouverte à la reconnaissance — peu prochaine en
tout cas, semble-t-il — du nouveau gouvernement polonais par le Saint-
Siège. Il est inutile d'insister sur l'importance que présenterait cette
décision pour l'avenir du catholicisme en Europe centrale et sur les
conséquences qu'elle pourrait avoir sur les relations entre l'Église et
l'U.R.S.S. Si l'on tient compte des sentiments manifestés par le Cardinal
Hlond à l'égard de la Russie pendant son séjour à Rome, on peut se
demander par ailleurs si les informations qu'il fournira au Saint-Siège
seront indemnes de toute idée préconçue » 6.
3. Jean Chélini, L'Église sous Pie XII. La Tourmente (1939-1945), Paris Fayard, 1983,
p. 132.
4. D'après les archives du Ministère des affaires étrangères à Paris, Série : Guerre
1939-1945, Z Vichy-Europe, Pologne, Dossier N° 909.
5. Le Primat Hlond rédigea en outre le numéro XIII-XIV des Cahiers du Témoignage
Chrétien, publié clandestinement en 1943.
6. Ce rapport, comme ceux cités dans cet article se trouvent dans les archives du
Ministère des affaires étrangères à Paris, Série : Z Europe 1944-1949, Pologne, Relations
avec le Saint-Siège. Question

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