Les sensations olfactives, leurs  combinaisons et leurs compensations - article ; n°1 ; vol.5, pg 202-225
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Description

L'année psychologique - Année 1898 - Volume 5 - Numéro 1 - Pages 202-225
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1898
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

H. ZwaardemaKer
Les sensations olfactives, leurs combinaisons et leurs
compensations
In: L'année psychologique. 1898 vol. 5. pp. 202-225.
Citer ce document / Cite this document :
ZwaardemaKer H. Les sensations olfactives, leurs combinaisons et leurs compensations. In: L'année psychologique. 1898 vol.
5. pp. 202-225.
doi : 10.3406/psy.1898.3051
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1898_num_5_1_3051IX
LES SENSATIONS OLFACTIVES
LEURS COMBINAISONS ET LEURS COMPENSATIONS
L'odorat, sens supérieur déjà dans la classe des Vertébrés
inférieurs ', domine la l'onction cérébrale d'une partie des
mammifères, c'est-à-dire des osmotiques 2. Chez l'homme, il a
été relégué au second plan, cédant la place à la vue.
Cependant le plus ancien3 de nos sens joue encore chez nous
un rôle qui n'est pas sans importance, comme il résulte de l'e
xtrême acuité v de l'odorat. Un sens en désuétude se serait bien
vite émoussé. Néanmoins nous n'avons pas conscience de son
usage fréquent. Gela tient, je crois, à une cause psychologique.
Ce n'est pas seulement le matérialiste qui sent en mangeant
ou en buvant, c'est aussi le flâneur dans les champs, la
mère de famille entourée de ses enfants; de même le fabriquant
qui circule dans ses magasins pleins de tissus récemment sortis
des métiers, l'ouvrier dans son atelier, à l'arrivée de nouveaux
matériaux. Tous, sans le savoir, ressentent le charme produit
dans leur organe olfactif. Eh bien, en faisant attention, on
remarque qu'une odeur, quelque faible qu'elle soit, fait rar
ement défaut; l'eau dans son conduit, les pierres dans nos rues,
l'air dans nos chambres, tout a une odeur particulière. Nous
vivons dans un monde d'odeur, comme dans un monde de
(1) Bufïon, plus récemment Edinger se fondant sur de nouvelles recherches
en majeure partie originales {Ab h. der Senckenberger Natur forschenden
Gesellschaft in Frankfort am Main. Bd. XIX, p. 313. Separatabdrukc,
Uebersi cht der Resultate.)
(2) E. Zuckerkandl. lieber das Riechcentrum. Stuttgart, 1887.
(3) G. Retzius. Biologische Untersuchungen. N. F. IV, 49, 1892.
(4) Fischer et Penzoldt. Biolog. Cbt. Bd VI, p. 61, 1886. ZWAARDEMAKER. — LES SENSATIONS OLFACTIVES 203 H.
lumière et de bruit. Mais l'odorat ne nous donne pas des idées
distinctes qui se groupent en ordre régulier et moins encore
se fixent dans la mémoire en discipline grammaticale. Les
sensations olfactives éveillent des perceptions vagues et à
moitié comprises, qui sont accompagnées d'une très forte émot
ion. Cette émotion nous domine, mais la sensation qui en a été
la cause reste inaperçue.
On commence à tenir compte de cette puissance émotionn
elle en littérature et nombre d'auteurs ne considèrent év
idemment leurs descriptions comme achevées, qu'après avoir
déterminé le plus exactement possible les odeurs émanant
d'une personne, d'un appartement, d'un jardin, etc. '. Les
odeurs ont leur rôle dans l'action dramatique où elles apparais
sent comme ayant une grande influence sur les penchants, sur
les faits et gestes des personnages2. Et jusqu'à un certain point
ils ont raison, car les perceptions olfactives sont capables de
produire de grands changements dans les dispositions d'esprit.
Qui, dit Cloquet3 quelque part sa Osphrésiologie, n'a
éprouvé comme J.-J. Rousseau une sorte de bien-être spirituel
et physique en humant dans le grand air le parfum des fleurs,
et, pour citer un auteur moderne, Joal '* ne vient-il pas de réunir
une série de contes charmants qui prouvent l'influence du par
fum des fleurs et des odeurs sur la voix de quelques chanteurs
contemporains? De nos jours où la psychologie expérimentale a
acquis une grande importance comme base scientifique de bien
des problèmes, il n'est guère étonnant de voir la doctrine des
sentiments attirer toute notre attention. De même, dans de
pareilles conditions, l'étude de l'organe que nous a légué le
règne animal et sur lequel le sentiment se produit si fort
ement ne pouvait être négligée.
Giessler 5 a tâché d'élaborer une psychologie de l'odorat.
Si la moisson n'a pas été très riche, rien d'étonnant pour
quiconque sait que le champ de la de l'odorat
reste encore à défricher. Avant d'aborder l'étude de la per-
— (1)Cabanes. L. Bernard. Gazette Les des odeurs hôpitaux, clans les 1894, romans p. 425. de Zola, — F. Montpellier, Nique. Anosmies. 1889.
Thèse Lyon, 1897.
(2) Göthe, Faust, voy. pour plusieurs exemples Al. Nordau Entartung.
2 Aufl. Berlin, 1893, II, p. 449.
(3) Cloquet. Osphrésiologie, Paris, 1821, p. 112.
(4) Joal. Revue de laryngologie, 1894, n» 2a.
(b) C.-M. Giessler. Psychologie des Geruches, Hamburg, 1894. 204 MÉMOIRES ORIGINAUX
ception il faudra qu'on connaisse le fonctionnement de l'o
rgane périphérique. On devra savoir contrôler, non seul
ement l'intensité, mais aussi la qualité de l'excitant. Il est
donc nécessaire que des observations physiologiques pré
cèdent.
Les perceptions que notre organe olfactif saisit sont toujours
liées à la présence directe d'odeurs proprement dites. La per
ception n'est possible que lorsque ces odeurs sont amenées
dans la cavité supérieure du nez par l'air atmosphérique dans
un état de division extrême. Cependant la présence de molé
cules odoriférantes ne peut être démontrée chimiquement que
dans des cas exceptionnels.
Pour l'ammoniaque et l'acide sulfhydrique, la chose est cepen
dant possible *, mais ces odeurs sont relativement faibles. Par
contre, la dilution dans les parfums peut être tellement ample,
qu'il est impossible de constater leur présence si ce n'est par
l'organe olfactif. Or, pour expliquer certains faits, nous
devons bien admettre la présence de molécules odoriférantes.
Jadis, par exemple, l'odeur aromatique des épices était percept
ible en pleine mer à mille lieues des Moluques. Haller 2 nous
certifie la même chose par rapport à Geylan et à l'Arabie,
et aujourd'hui encore, on reconnaît des phénomènes analogues
pour le voisinage de certaines fabriques de produits chimi
ques. Et la fumée provenant des mottes de bruyère, mises en
feu, ne se sent elle pas à une distance de plusieurs journées?
Tous ces phénomènes ne sont explicables qu'en admettant que
les particules odoriférantes nous sont amenées par le vent après
s'être détachées d'une manière quelconque des objets odo
rants 3. Pour les parfums artificiels et la plupart de nos bois
sons et de nos aliments, cela se fait simplement par evaporat
ion 4, mais dans la nature les procès se compliquent. Quant
aux fleurs, par exemple, l'oxygène de l'air joue souvent un
rôle à cet égard (l'expérience célèbre de Huygens et de Papin).
(1) Physiologie des Geruchs, traduite par le D<- A. Junker von Langegg,
Leipzig, W. Engelmann, 1895.
(2) Haller. Elem. physiologie, lib. XIV, sect. II, § 3.
(3) Longet. Physiologie, 2° édit., t. II, p. 192. L'exemple du musc dont
le poids ne diminue pas pendant des semaines en plein air, ne prouve rien
contre cette manière de voir, car Valentin, Phys., Bd. II, p. 539, démontra
que le musc est hygroscopique et ne se laisse pas peser sans séchage
préalable.
(4) C. Henry. Les odeurs. Conférence du 14 mars, 1891. Pans , 1892,
p. 40. ZSVAARDEMAKER. — LES SENSATIONS OLFACTIVES 205 H.
Beaucoup de médicaments végétaux et minéraux ne sentent que
lorsqu'ils sont humides.
Probablement qu'alors ont lieu des séparations hydrolytiques
par lesquelles les parties odoriférantes se dégagent et s'échap
pent1. Cependant, indépendamment de la manière dont ces
particules se produisent, on peut étudier par la simple voie
physiologique , les lois de l'affranchissement des particules
odoriférantes, et alors il est démontré que, céleris paribus, cet
affranchissement est en raison composée de la superficie et du
temps 2. Ainsi qu'une goutte d'encre s'écoule dans un verre
d'eau, ainsi les molécules odoriférantes, une fois libres, se dis
persent régulièrement dans l'air. Seulement, la vitesse de cette
diffusion varie beaucoup pour les différentes odeurs, comme la
pratique nous le dé

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