Les troubles de Maurétanie - article ; n°2 ; vol.128, pg 372-393
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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1984 - Volume 128 - Numéro 2 - Pages 372-393
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Maurice Euzennat
Les troubles de Maurétanie
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 128e année, N. 2, 1984. pp. 372-
393.
Citer ce document / Cite this document :
Euzennat Maurice. Les troubles de Maurétanie. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres, 128e année, N. 2, 1984. pp. 372-393.
doi : 10.3406/crai.1984.14173
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1984_num_128_2_14173COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 372
COMMUNICATION
LES TROUBLES DE MAURÉTANIE,
PAR M. MAURICE EUZENNAT,
CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE
II est arrivé assez souvent, depuis un quart de siècle, qu'on ait cru
pouvoir récrire l'histoire de l'Afrique romaine, à défaut de pouvoir
la refaire, en prenant simplement à contre-pied celle qui était préc
édemment admise, marquée peut-être selon le cas par les défauts de
son temps, mais fondée sur le travail patient, scrupuleux et souvent
trop modeste de trois ou quatre générations de savants singulièr
ement qualifiés de coloniaux ou à tout le moins considérés comme
académiques : « pour qui se mêle d'histoire africaine, une part non
négligeable du métier consiste à détecter les lacunes, les erreurs ou
les partis-pris des générations précédentes1 ».
La démarche pourrait être pertinente, encore qu'elle confonde
l'histoire telle qu'elle a été écrite et l'usage qui a pu en être fait2, si
elle ne se limitait en général à remplacer des vérités premières par
d'autres, tout aussi suspectes de présupposés : le sous-développe
ment, le colonialisme, la résistance permanente des peuples asservis8,
1. M. Benabou, « Quelques paradoxes sur l'Afrique romaine, son histoire et
ses historiens ». Actes du 2e Congrès international d'étude des Cultures de la Médit
erranée occidentale. Malte 1976, II (Alger, 1978), p. 139, thème déjà exploité par
M. Sali, Décoloniser l'histoire, Paris, 1965 et par A. Laroui, L'histoire du Maghreb.
Un essai de synthèse, Paris, 1970.
2. On lira avec intérêt à ce propos J. Dejeux, « De l'Éternel Méditerranéen à
l'Éternel Jugurtha. Mythes et Contre-Mythes », Studi magrebini XIV, 1982,
p. 67-162.
3. Abondante littérature, dont on retiendra A. Deman, « Matériaux et
réflexions pour servir à une étude du développement et du sous-développement
dans les provinces de l'Empire romain », ANRW, II, 3 (1975), p. 17-83 ;
P. Leveau, « La situation coloniale de l'Afrique romaine », Annales ESC,
XXXIII, 1978, p. 89-92 ; Id., Préface à N. Benseddik, Les troupes auxiliaires de
l'armée romaine en Maurétanie césarienne, Alger, 1979, p. 5-9 ; M. Benabou,
« Résistance et romanisation en Afrique du Nord sous le Haut-Empire », Assimil
ation et résistance à la Culture gréco-romaine dans le monde ancien. Travaux du
6e Congrès international d'Études classiques. Madrid, 1974, Bucuresti-Paris,
1976, p. 367-375 ; Id., La résistance africaine à la romanisation, Paris, 1976. Là
encore, il s'agit d'un vieux thème polémique, développé dès 1927 par A. T. Al-
Madani, Tâ'rikh chamâl Ifrïkyya aw Kartajinna fi arba'a 'usûr, Tunis, 1927 et
auquel on pourrait opposer selon le cas J. M. Lassère, « Rome et le " sous-déve
loppement " de l'Afrique », RE A, LXXXI, 1979, p. 37-53 ; Id., « Diffusion et
persistance des traditions latines dans le Maghreb médiéval », La latinité hier,
aujourd'hui, demain. Actes du Congrès international, Avignon, mai 1978 (1981),
p. 277-285 ; B. D. Shaw, « Fear and Loathing », L'Afrique romaine : les conférences
Vanier 1980, C. M. Wells éd., Ottawa, 1982, p. 33-35 ; M. P. Speidel, « Africa and LES TROUBLES DE MAURÉTANIE 373
projection incertaine d'un passé récent dans le passé ancien qui ne
saurait être au mieux qu'une hypothèse de travail. Certains préfé
reront privilégier les oppositions sociales ou les conflits de classes4 ;
d'autres, par réaction, douter du poids de l'insécurité sinon en nier la
réalité5. Pour peu que le discours soit repris de seconde main et par
là même accrédité, cette histoire, fourvoyée plutôt qu'inversée ou
décolonisée, risque d'être fixée en l'état et figée pour longtemps6.
Il m'a paru intéressant, pour pallier ce risque, d'analyser le
processus des seuls conflits certains entre le pouvoir et les Africains
que nous connaissions dans l'Afrique romaine constituée, tumultus,
bellum, inruptiones, qui ont opposé les Romains aux Maures, aucun
autre peuple, groupe ou tribu, à l'exception des Garamantes sous
Vespasien et des Nasamons sous Domitien, n'ayant eu la même
qualité affirmée d'adversaire. La documentation la plus fournie se
réfère à la Maurétanie tingitane. C'est donc sur l'histoire de cette
province que je m'appuierai, en élargissant le débat chaque fois que
la possibilité se présentera.
Les indications que donnent les auteurs, essentiellement celles
de l'Histoire Auguste, sont succinctes et il est le plus souvent imposs
ible de déterminer si elles intéressent la Maurétanie de l'Est ou la
Maurétanie de l'Ouest. L'épigraphie au contraire est très riche7.
L'exceptionnelle série de diplômes militaires trouvés au Maroc, trente
jusqu'à présent, fournit en particulier des renseignements de premier
ordre. Même si l'on hésite à revenir, comme certains historiens sont
aujourd'hui tentés de le faire, à l'opinion de Domaszewski que ces
Rome : continuous Résistance ? », The Proceedings of the African Classical Assoc
iation, XIII, 1975, p. 36-38 ; C. R. Whittaker, JRS, LXVIII, 1978, p. 190-192.
On trouvera une bibliographie élargie dans M. Euzennat, «La frontière d'Afrique,
1976-1983 », 13. Internationaler Limeskongress. Aalen 1983 (sous presse).
4. Y. Thébert, « Romanisation et déromanisation en Afrique : histoire déco
lonisée ou histoire inversée ? », Annales ESC, XXXIII, 1978, p. 64-82 ;
E. Gozalbes, « Propiedad territorial y luchas sociales en la Tingitana durante el
Bajo Imperio », Memorias de Historia Antigua (Oviedo), II, 1978, p. 125-130.
5. P. A. Février, « Quelques remarques sur troubles et résistances dans le
Maghreb romain », CT, XXIX, 1981, p. 23-40; Id., « A propos des troubles de
Maurétanie (villes et conflits au me s. »), ZPE, 43, 1981, p. 143-148; R. Rebufïat,
« Enceintes urbaines et insécurité en Maurétanie tingitane », MEFRA, 86, 1974,
p. 501-522 ; E. Frézouls, « Rome et la Maurétanie tingitane : un constat
d'échec ? », Antiquités africaines, 16, 1980, p. 65-93 ; Id., « La résistance armée
en Maurétanie de l'annexion à l'époque sévérienne : un essai d'appréciation »,
CT, XXIX, 1981, p. 41-69.
6. Histoire générale de l'Afrique, II. Afrique ancienne, G. Mokhtar éd., Paris,
1980, p. 501-538 ; R. Sheldon, « Romanizzazione, acculturazione e resistenza »,
Dialoghi di Archeologia, n.s. 1, 1982, p. 102-106 ; E. W. B. Fentress, « La vendetta
del Moro. Recenti ricerche sull'Africa romana », ibid., p. 107-112 et même J. Gas-
cou, « Tendances de la politique municipale de Claude en Maurétanie », Ktêma,
6, 1981, p. 238.
7. Inscriptions antiques du Maroc, 2. Inscriptions latines, recueillies et prépar
ées par M. Euzennat et J. Marion, publiées par J. Gascou avec le concours de
Y. De Kisch, Paris, 1982, cité ci-dessous IAM 2. 374 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
diplômes étaient délivrés ob uirtutem, il paraît bien établi qu'on ne
libérait pas de vétérans en période de crise8. On dispose ainsi de toute
une série de dates qui s'échelonnent entre 88 et 160 ca, auxquelles
s'ajoutent celles que donnent les trésors monétaires9 et les observa
tions faites à l'occasion des fouilles, qui sont loin d'être négligeables.
Ces repères chronologiques complètent et souvent éclairent les
informations tirées des inscriptions majeures, comme les « traités
baquates » étudiés à plusieurs reprise

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