Lettres d’un innocent
110 pages
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Description

Lettres d’un innocent
Alfred Dreyfus
1898
Texte sur une seule page, Format Pdf
SOMMAIRE
Introduction (p. 5)
Lettres de la prison du Cherche-Midi (p. 21)
Lettres de la prison de la Santé (p. 53)
Lettres de Saint-Martin de Ré (p. 81)
Lettres des îles du Salut (p. 107)
Appendice (p. 259)
Lettres d’un innocent : Introduction
Le Capitaine Alfred DREYFUS
――――――――――――
LETTRES
d’un
INNOCENT
――――――
Prix : 1 Franc
――――――
PARIS
ÉDITION DE “ L’AURORE ”
142, rue Montmartre, 142
――
1898
INTRODUCTION
――― HISTOIRE D’UNE ERREUR JUDICIAIRE
PAR UN TÉMOIN DE LA VÉRITÉ
I
Les pièces secrètes
Il y a six mois à peine, on n’aurait pas trouvé cent personnes, en France, qui
eussent osé élever la voix en faveur du capitaine Dreyfus. Aujourd’hui, c’est par
centaines de mille que se comptent les partisans de la revision du procès de 1894
et, malgré vents et marées, leur nombre augmente en une progression rapide.
D’où vient pourtant qu’une idée, qui a déjà vaincu tant de résistances, rencontre
encore tant d’adversaires acharnés ?
La raison en est simple. Les premiers ont connaissance des faits ; les seconds ne
paraissent pas les soupçonner. Quand ces derniers seront édifiés à leur tour, c’est
le pays tout entier qui sera conquis à la vérité.
Cette pénétration de la lumière est malheureusement ralentie par la conspiration du
mensonge ou du silence, qui semble avoir été organisée par une grande partie de
la presse.
La plupart des journaux laissent leurs lecteurs dans l’ignorance absolue de ce ...

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Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Extrait

Lettres d’un innocent
Alfred Dreyfus
1898
Texte sur une seule page, Format Pdf
SOMMAIRE
Introduction (p. 5)
Lettres de la prison du Cherche-Midi (p. 21)
Lettres de la prison de la Santé (p. 53)
Lettres de Saint-Martin de Ré (p. 81)
Lettres des îles du Salut (p. 107)
Appendice (p. 259)
Lettres d’un innocent : Introduction
Le Capitaine Alfred DREYFUS
――――――――――――
LETTRES
d’un
INNOCENT
――――――
Prix : 1 Franc
――――――
PARIS
ÉDITION DE “ L’AURORE ”
142, rue Montmartre, 142
――
1898
INTRODUCTION
―――HISTOIRE D’UNE ERREUR JUDICIAIRE
PAR UN TÉMOIN DE LA VÉRITÉ
I
Les pièces secrètes
Il y a six mois à peine, on n’aurait pas trouvé cent personnes, en France, qui
eussent osé élever la voix en faveur du capitaine Dreyfus. Aujourd’hui, c’est par
centaines de mille que se comptent les partisans de la revision du procès de 1894
et, malgré vents et marées, leur nombre augmente en une progression rapide.
D’où vient pourtant qu’une idée, qui a déjà vaincu tant de résistances, rencontre
encore tant d’adversaires acharnés ?
La raison en est simple. Les premiers ont connaissance des faits ; les seconds ne
paraissent pas les soupçonner. Quand ces derniers seront édifiés à leur tour, c’est
le pays tout entier qui sera conquis à la vérité.
Cette pénétration de la lumière est malheureusement ralentie par la conspiration du
mensonge ou du silence, qui semble avoir été organisée par une grande partie de
la presse.
La plupart des journaux laissent leurs lecteurs dans l’ignorance absolue de ce qui
pourrait les éclairer ou, s’ils leurs fournissent quelques renseignements, ils les
tronquent et les dénaturent. Que la force de l’évidence les contraigne à donner à
leurs informations plus d’exactitude, et tous les malentendus qui nous divisent
auront bientôt cessé.
C’est à hâter ce résultat que nous espérons travailler en leur enseignant ce qu’ils
auront à raconter le jour où ils voudront bien devenir sincères.
Dreyfus a été IRRÉGULIÈREMENT condamné sur la production, après
débat clos, de pièces secrètes.
Un premier fait est indéniable : c’est que Dreyfus a été condamné sur la production
de pièces secrètes communiquées au Conseil de guerre après la clôture des
débats.
Il suffit, pour l’établir, du silence gardé par le général Mercier, par le Ministre de la
guerre, par les membres du Gouvernement, toutes les fois qu’ils ont été appelés à
s’expliquer sur ce point. Une négation de leur part eût suffi pour que la question ne
leur fût plus posée ; mais ils n’ont pas voulu faire un aussi gros mensonge, ils se
sont tus ! Le refus de s’expliquer, quand ils pouvaient parier, équivaut à un aveu
formel.
Et comment, en effet, n’ayant pas le courage de reconnaître ouvertement l’illégalité
commise, auraient-ils eu l’audace de la nier ? On ne s’expose pas à se faire donner
les éclatants démentis qui se seraient élevés contre leur parole s’ils eussent essayé
de répondre « non » quand c’est un « oui » que la vérité commande.
Les témoins de ce « oui » désormais indiscutable sont déjà nombreux.
eC’est M Demange, avocat, qui a raconté, sous la foi du serment, comment son
confrère, M. Salle, en a un jour reçu la déclaration expresse d’un membre du
Conseil de guerre de 1894.
eC’est le secrétaire de M Demange qui confirme les souvenirs de ce dernier.
C’est l’éditeur Stock qui a recueilli, lui aussi, comme M. Salle, semblable aveu d’un
autre membre du même Conseil de guerre et qui a, en outre, pu spécifier, sans
recevoir un démenti, le nombre et la nature des pièces secrètes abusivement
communiquées.
C’est le lieutenant-colonel Picquart qui a fait connaître comment cettecommunication avait été préparée, par la remise aux mains du commandant du
Paty de Clam, en décembre 1894, du dossier secret.
C’est le récit de l’Éclair, dans son numéro du 15 septembre 1896.
Ce seront, enfin, tous les membres du Conseil de guerre, le jour où leur langue
voudra bien se délier en dehors des confidences particulières.
La preuve fournie sur ce point suffit à faire crouler tout entier le procès de 1894, car
le premier droit d’un accusé est de savoir ce dont on l’accuse et d’être mis en état
de se justifier, ainsi que M. le Procureur général de la Cour de cassation l’a pro
clamé dans l’intérêt de la loi.
Pour rassurer les esprits, M. le Ministre de la guerre n’avait pas craint de dire à la
Chambre que Dreyfus avait été régulièrement et légalement condamné.
C’est le contraire qui se trouve constaté. Le capitaine Dreyfus a été irrégulièrement
et illégalement condamné.
II
Dreyfus n’est pas l’auteur du bordereau qui lui a été attribué à tort en 1894 et qui
était l’unique chef d’accusation pouvant motiver sa condamnation.
Un rapide récit des faits est nécessaire.
Un jour, en 1894, un espion a apporté au Ministère de la guerre une lettre qu’il a dit
avoir été surprise à l’ambassade d’Allemagne et qui tendait à démontrer qu’un de
nos officiers livrait les secrets de la défense nationale à M. de Schwartzkoppen,
attaché militaire auprès de cette ambassade.
C’est cette lettre qui a été appelée le Bordereau, parce qu’elle contenait
l’énumération de documents qui venaient d’être communiqués à l’attaché militaire.
Trouver l’auteur du bordereau, c’était mettre la main sur le traître. Malheureusement,
on partit de cet a priori que la trahison devait avoir été commise dans les bureaux
mêmes de la Guerre. On prit, en conséquence, des spécimens d’écriture de tous
les employés du Ministère ; après comparaison, on en retint quelques-uns qui
offraient des traits plus ou moins éloignés de ressemblance avec la pièce dénon
ciatrice. Bientôt on n’en conserva qu’un seul : celui qui émanait du seul juif de la
maison, le capitaine Dreyfus, qui, dès qu’il se trouva directement accusé, apparut
comme devant être forcément coupable.
L’expert habituel du ministère, l’honorable M. Gobert, également expert du Parquet
et de la Banque de France, fut appelé à donner son avis. Il émit l’opinion qu’on
devait faire fausse route, mais on ne s’arrêta pas à un aussi gênant conseil ; on fit
de même pour M. Pelletier qui montra les mêmes scrupules, et l’on ne se tint pour
satisfait que lorsqu’on put enfin fortifier l’accusation des conclusions de MM.
Bertillon, Teyssonnières et Charavay. Que la bonne foi de ces trois derniers experts
ait été entière, il n’y a aucun intérêt à le contester ; mais leur appréciation choquait
les plus claires vraisemblances : c’est ce qui ressortait avec évidence des termes
mêmes de leur rapport.
Ils avaient été les premiers à constater, en effet, des dissemblances entre l’écriture
de Dreyfus et celle du bordereau, tout en les déclarant de même origine, et ces
dissemblances avaient dû être expliquées par eux. Or, ils n’avaient rien trouvé de
plus simple que de les déclarer a priori volontaires. D’après eux, Dreyfus avait sans
doute voulu détourner de lui les soupçons et il avait dû s’appliquer à changer, dans
une certaine mesure, la forme de ses lettres et ses habitudes de main.
La supposition était d’autant plus téméraire qu’elle était grosse d’absurdité.
Comment, si Dreyfus, écrivant le bordereau, eût craint d’être dénoncé par son
écriture, n’en eût-il pas complètement dénaturé le caractère et se fût-il contenté de
quelques changements insuffisants pour se mettre à l’abri de toutes suspicions ? Il
n’était pas permis de lui prêter une pareille sottise et toute l’expertise ne reposait
ainsi que sur un faux raisonnement. Les dissemblances d

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