Logique naturelle et construction des propriétés des objets - article ; n°1 ; vol.91, pg 103-120
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Description

L'année psychologique - Année 1991 - Volume 91 - Numéro 1 - Pages 103-120
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 34
Langue Français
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Extrait

Jean-Blaise Grize
Gilberte Piéraut-Le Bonniec
Logique naturelle et construction des propriétés des objets
In: L'année psychologique. 1991 vol. 91, n°1. pp. 103-120.
Citer ce document / Cite this document :
Grize Jean-Blaise, Piéraut-Le Bonniec Gilberte. Logique naturelle et construction des propriétés des objets. In: L'année
psychologique. 1991 vol. 91, n°1. pp. 103-120.
doi : 10.3406/psy.1991.29447
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1991_num_91_1_29447L'Année Psychologique, 1991, 91, 103-120
Université de Neuchâlel1*
Laboratoire de Psychobiologie de V enfant2**
LOGIQUE NATURELLE ET CONSTRUCTION
DES PROPRIÉTÉS DES OBJETS
par Jean-Biaise Grize*
et Gilberte Piéraut-Le Bonniec**
Comme son nom l'indique, la logique opératoire de Jean
Piaget porte sur les opérations de pensée et non pas tellement
sur des objets au sens usuel du terme. Toutefois « les opérations
élémentaires procèdent des actions » (Piaget, 1967, p. 384) et
les actions d'un sujet s'exercent nécessairement sur quelque
objet. Or un objet ne saurait être considéré comme immédiate
ment donné, de sorte que se pose le problème de la construction
des objets qu'ils soient concrets ou abstraits, qu'il s'agisse de ce
carré en bois qui est devant l'enfant ou du quadrilatère à côtés
égaux et à angles droits du géomètre. Bien évidemment, de telles
constructions vont dépendre du niveau opératoire auquel le
sujet a accès. C'est là un champ d'étude que François Bresson
a abordé à plusieurs reprises (Bresson, 1966, 1967, 1971). Nous
allons partir d'une de ses études, La genèse des propriétés d'objets
(Bresson, 1971), pour situer le problème dans le champ de la
logique naturelle.
OBJETS PHYSIQUES ET OBJETS DISCURSIFS
Bresson écrit :
Les propriétés d'un objet vont dépendre non seulement de ses carac
téristiques physiques, mais encore des actions et opérations que le sujet
peut appliquer, ou a pu appliquer, à cet objet (Bresson, 1971, p. 149).
1. Professeur à l'Université de Neuchâtel, Suisse.
2. lpbe, ephe, cnhs URA 315, 41, rue Gay-Lussac, 75005 Paris, 104 Jean-Blaise Grize ei Gilberte Piéraul-Le Bonniec
Ce qui est essentiel ici c'est le fait que, d'une part l'objet a
des qualités propres, ses « caractéristiques physiques » et que,
d'autre part, il ne les révèle qu'à travers les actions du sujet. La
situation la plus simple est représentable par le schéma :
(I)S-yX->E
où S désigne le sujet, la première flèche l'action de S sur l'objet X,
la seconde flèche la réaction de X et E l'effet observable qui
informe la connaissance de S. Nous aurons à revenir sur ce schéma
mais nous voudrions dès maintenant observer que, si Bresson
parle de « caractéristiques physiques », il ne se limite pas aux
objets concrets. Il passe immédiatement de l'élaboration des pro
priétés sensorimotrices à celle des propriétés « notionnelles au
niveau sémiotique » ; c'est pourquoi on peut penser, a priori,
qu'une réflexion sur le modèle qu'il propose présente de l'intérêt
pour une étude sur la construction des objets discursifs. Reste
qu'il nous faut transposer ce qui est dit des actions et des opéra
tions du sujet au plan de l'activité du locuteur. Pour cela nous
ferons deux postulats.
D'abord que l'analogue des « caractéristiques physiques » est
constitué par la base lexicale des mots. Il n'est pas physiquement
possible de saisir une gouttelette de mercure entre les deux
branches d'une brucelles, il n'est pas discursivement possible
de dire de la recherche tout ce qu'on peut dire de la science.
Ainsi, par exemple, la première peut être dirigée et les instances
politiques ne s'en privent pas, mais la science non. Renan déjà
remarquait que :
La science [...] se conduisant par la considération intrinsèque et
objective des choses, n'est pas libre elle-même d'obéir à qui veut lui
commander (Renan, 1949, p. 780).
Ensuite que l'analogue des « actions et opérations du sujet »
est fait des activités discursives du locuteur.
Nous commencerons par montrer ce que notre entreprise doit
à Bresson et en quoi néanmoins notre perspective se différencie
de la sienne, dans la mesure où c'est l'élaboration des objets du
discours qui nous intéresse ; nous caractériserons ensuite quelques
opérations discursives d'objets et nous en illustrerons l'usage sur
deux exemples.
Nous nous écartons de lui sur trois points : 1) Sa préoccupat
ion est d'ordre génétique et nous ne traitons que de l'adulte ;
2) II se centre bien plus sur l'organisation des actions du sujet à François Bresson 105 Hommage
que sur les détails de la construction des objets qui constitue le
centre de notre propos ; 3) Enfin, dans une perspective toute
piagétienne, il s'intéresse au concept général d'objet, tandis que
nous tentons de saisir ce en quoi un objet est spécifique par rap
port à tel autre.
Il est possible de distinguer deux situations de construction
d'objet. Dans la première, le sujet cherche à élargir sa connais
sance et ne se préoccupe pas de son interlocuteur. Ainsi, même
pour l'adulte, le schéma (1) est applicable en ce sens que le feed
back vient de l'objet. Au niveau discursif, ce n'est évidemment
pas l'objet lui-même qui envoie de l'information, mais bien la
cohérence du système dans lequel il est englobé. Dans la seconde,
la plus commune, il est question de communiquer avec un inter
locuteur et donc d'argumenter avec lui. La rétroaction, c'est-à-
dire le feed-back, est alors différente et il est possible de faire le
schéma suivant :
(II) S -> X -> S' -> E
S agit sur l'objet X qui provoque sur l'interlocuteur S' un effet E,
lequel effet sert de feed-back à S. Ceci présuppose évidemment
que S et S' sont en présence l'un de l'autre, que S peut juger sur
des réactions observables de l'effet que la présentation de X
exerce sur S'. Mais, dans tous les autres cas, lorsqu'il s'agit en
particulier de l'écrit, ce sont les représentations que le locuteur S
se fait de son interlocuteur S' et de ses réactions qui jouent ce
rôle.
Dans la première situation, enfant et adulte ont à élaborer de
nouvelles propriétés, ils ont à enrichir l'objet de leur préoccupat
ion de propriétés jusque-là ignorées. Dans la seconde il s'agit
de puiser, dans un certain répertoire supposé acquis, ce qui paraît
nécessaire à l'objectif voulu. C'est dans ce cadre que nous allons
procéder en nous situant, ici, d'emblée au niveau de l'adulte,
même si la méthode nous paraît utilisable dans une perspective
génétique.
OPÉRATIONS D'OBJETS
Personne ne parle, enfant ou adulte, sans dire quelque chose,
ce qui implique l'existence de tout un répertoire de connaissances.
Bien entendu celles-ci sont plus ou moins étendues, plus ou moins 106 Jean-Blaise Grize el Gilberle Piéraul-Le Bonniec
élaborées. L'organisation de celles de l'adulte diffère de celles de
l'enfant et encore, sauf en des petits domaines très spécifiques,
elles restent largement indéterminées, voire floues. A leur propos
Antoine Gulioli parle de notions primitives qu'il caractérise
comme :
des systèmes de représentations complexes de propriétés physicoc
ulturelles, c'est-à-dire des propriétés d'objet issues de manipulations
nécessairement prises à l'intérieur des cultures (Culioli, 1981, p. 65).
Si elles sont ainsi dites primitives, c'est qu'elles sont consi
dérées comme préalables et nécessaires à tout discours. Elles
sont donc, à proprement parler, indicibles : les dire serait déjà
se situer au plan discursif.
Mais le discours prend ancrage en elles et comme une logique,
fût-elle naturelle, ne peut se passer de distinguer entre ce que
Frege désignait par arguments et par fonction (Frege, 1971),
nous postulons l'existence de deux opérations de pensée, dont
l'une extrait des objets et l'autre des prédicats. Les premiers
sont entourés de to

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