Luttes de factions et intérêts économiques à Marseille, de 1598 à 1618 - article ; n°3 ; vol.27, pg 705-730
27 pages
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Luttes de factions et intérêts économiques à Marseille, de 1598 à 1618 - article ; n°3 ; vol.27, pg 705-730

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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1972 - Volume 27 - Numéro 3 - Pages 705-730
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

René Pillorget
Luttes de factions et intérêts économiques à Marseille, de 1598
à 1618
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 27e année, N. 3, 1972. pp. 705-730.
Citer ce document / Cite this document :
Pillorget René. Luttes de factions et intérêts économiques à Marseille, de 1598 à 1618. In: Annales. Économies, Sociétés,
Civilisations. 27e année, N. 3, 1972. pp. 705-730.
doi : 10.3406/ahess.1972.422533
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1972_num_27_3_422533Luttes de factions
et intérêts économiques à Marseille
de 1598 à 1618
Reconstituer, à partir des minutes notariales, et à l'aide de moyens mécanog
raphiques la structure sociale d'une communauté d'habitants de la France
moderne constitue, même lorsqu'il ne s'agit que d'une localité d'importance
moyenne, une tâche longue et difficile. Lorsqu'il s'agit d'une grande ville, elle
doit être le fait d'une équipe entraînée au dépouillement systématique des sources.
Mais il est également possible pour l'historien travaillant seul de discerner les
traits essentiels de la structure sociale d'une grande cité en utilisant un moyen
d'investigation plus rapide : l'étude des troubles et des mouvements insurrec
tionnels de toutes sortes dont elle s'est trouvée le théâtre au cours d'un groupe
d'années. De même qu'un organisme révèle certaines particularités de sa const
itution à travers les maladies qui l'affectent ou les crises qui le secouent, ainsi
l'étude des luttes intestines et des incidents divers qui ont agité une ville peut
être révélatrice de l'importance relative des différents groupes sociaux qui
composent sa population, de leur psychologie et de leurs rapports.
Aller des révoltes aux structures : telle a été notre démarche en étudiant
Marseille au lendemain des guerres de Religion г. Période obscure : on sait que
durant les vingt années qui suivent son ralliement à Henri IV la ville se trouve,
au moins épisodiquement, en proie à certaine agitation, mais les différentes
1. Nous avons été incité à cette recherche par M. Roland MOUSNIER, et nous en déve
loppons les résultats dans une thèse de doctorat d'État actuellement en voie d'achèvement :
Mouvements insurrectionnels et structure sociale en Provence de 1596 à 1715.
Un excellent exemple d'étude de la structure sociale d'une ville de la France moderne, à
partir des minutes notariales et à l'aide de moyens mécanographiques, est fournie par la thèse de
Marcel COUTURIER, Recherches sur les structures sociales à Châteaudun 1525-1789 (Paris,
E.P.H.E., 6e section, S.E.V.P.E.N., 1969, 296 pp.).
705 LES DOMAINES DE L'HISTOIRE
Histoires de Marseille se contentent d'y faire, tout au plus, quelques allusions 2.
Nous nous sommes donc efforcé, à partir des très rares sources imprimées, des
archives communales et des correspondances ministérielles de retrouver ces
différents mouvements, de discerner leur nature exacte, et surtout l'origine sociale
de leurs participants.
/. Les problèmes de Marseille au lendemain de la guerre civile
De même que les Provençaux estiment leur province unie au royaume « comme
un principal à un autre principal », et rattachée à lui uniquement par la personne
du souverain, les Marseillais affirment fréquemment que leur ville « n'est point
du corps du pays », c'est-à-dire qu'elle n'est pas exactement provençale. Jur
idiquement, en effet, elle ne fait pas partie de la province, mais d'un ensemble de
communautés périphériques, les Terres adjacentes. Et les. Marseillais entendent
dépendre directement du roi, dont ils se considèrent d'ailleurs bien moins comme
les sujets que comme les vassaux ou les alliés. Ils se retranchent fréquemment
derrière leurs privilèges, les Chapitres de paix de 1257, pour n'admettre que très
difficilement la moindre intervention de l'autorité royale dans la vie de leur cité.
Il existe bien, à Marseille, une sénéchaussée et une amirauté, qui comportent
chacune un lieutenant et plusieurs autres officiers. Mais tous sont Marseillais.
Et la ville n'admet pas, en vertu d'un privilège de non extrahendo, qu'une cause
quelconque soit jugée en appel par le Parlement d'Aix. En outre, les Marseillais
ne peuvent souffrir que leur ville soit assujettie à l'impôt direct, et c'est la raison
principale pour laquelle ils refusent obstinément de députer aux États ou aux
assemblées générales des communautés de la province. Même pour les loyalistes
qui l'ont ralliée à Henri IV en 1596, Marseille ne doit nullement faire partie int
égrante du royaume, et le roi doit se contenter de la savoir attachée à lui par un
lien unique — celui de la fidélité dans les domaines politique et militaire — lien
à la fois très solide quant à l'essentiel, et très souple quant aux détails, les ques
tions d'ordre fiscal étant évidemment rejetées parmi ces derniers. Le philosophe
Guillaume Du Vair, qui est alors Premier président du Parlement d'Aix conseille
à Henri IV, à plusieurs reprises, la prudence à l'égard de Marseille : « J'ai souvent
représenté à Votre Majesté que vous n'avez ni force, ni affidés serviteurs pour
l'établissement de vostre authorité (dans cette ville) et que je n'y voyois aucun
2. Antoine de RUFFI, Histoire de la ville de Marseille (Marseille, 1642, 459 pp.) se contente
de quelques allusions. On n'en trouve même pas l'équivalent dans Honoré BOUCHE, La choro-
graphie de la Provence (Aix, 1 674, 2 vol.). Et les histoires de Marseille ou de la Provence publiées
postérieurement sont pratiquement muettes en ce qui concerne la période 1598-1618.
La thèse d'Adolphe CRÉMIEUX, Marseille et la royauté pendant la minorité de Louis XIV
(Paris, 1917, XXII, 894 pp.) est utile à bien des égards pour l'étude des décennies antérieures,
en particulier pour la connaissance des institutions marseillaises. Pour la période qu'elle étudie,
elle est, à quelques pages près, strictement événementielle et politique.
Concernant la vie économique, on peut avoir recours au tome IV de ['Histoire du commerce de
Marseille (Paris, 1954, 683 pp.) où la période 1599-1660 est traitée par Louis BERGASSE.
La seule source imprimée utile pour l'histoire des troubles de Marseille de 1598 à 1618 est
constituée par l'ensemble des lettres de Guillaume Du Vair qui ont pu être publiées, dans
l'appendice de l'ouvrage de SAPEY (C.A.), Études biographiques pour servir à l'histoire de
l'ancienne magistrature française. Guillaume Du Vair. Antoine Le Maître (Paris, 1858, XXII,
496 pp.) et dans le recueil de TAMIZEY DE LARROQUE (Ph.), Lettres inédites de Guillaume
Du Vair (Paris, 1873, 78 pp.).
706 SEDITIONS A MARSEILLE R. PILLORGET
fondement que la bienveillance du peuple 3... » Bien que toute autorité leur soit,
en fait, refusée dans la ville, les cours souveraines et le gouverneur de la province
— le duc de Guise, fils d'Henri le Balafré — ne peuvent considérer avec détache
ment les événements ou même les incidents qui s'y déroulent. Ce serait manquer
à leur devoir, étant donné que des troubles graves pourraient porter atteinte non
seulement à la vie économique de la province, mais également à sa sécurité.
Or, les milieux dirigeants de Marseille attirent de plus en plus leur attention à
partir de 1598. Ils se trouvent divisés à partir d'un problème crucial : celui des
dettes de la communauté.
Si Marseille se trouve alors fortement endettée, la faute en incombe surtout
à ceux qui l'ont gouvernée durant les dernières années de la guerre civile. Alors
même que la plus grande partie de la province a reconnu Henri IV, Marseille est
demeurée soumise à la tyrannie de deux chefs ligueurs, Jacques Casaulx et
Louis d'Aix4. Durant leur dictature, qui a débuté à la fin de 1591, un problème
s'est posé à eux d'une manière permanente : celui du ravitaillement de leur ville.
Ils l'ont résolu en procédant à de massifs achats de blé à l'étranger, du moins
tant qu'ils l'ont pu. Puis, pour se procurer des fonds, ils ont emprunté, sans trop
se pr

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