Maraîcher à Khartoum : entre intégration et marginalisation - article ; n°185 ; vol.47, pg 39-55
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Tiers-Monde - Année 2006 - Volume 47 - Numéro 185 - Pages 39-55
Alice Franck - Market gardeners in Khartoum : Between integration and marginalization.
The study of Khartoum's market gardeners sheds new light on the thinking about the integrating capacity of urban agriculture. The uncontrolled urbanization now at work in the Sudanese capital, causing unprecedented competition for property, points to the limits on the potential integration of farm-workers in the downtown. The fact that this activity is strictly commercial and exercised by a mainly migrant population makes the analysis that much more interesting.
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2006
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Alice Franck
Maraîcher à Khartoum : entre intégration et marginalisation
In: Tiers-Monde. 2006, tome 47 n°185. pp. 39-55.
Abstract
Alice Franck - Market gardeners in Khartoum : Between integration and marginalization.
The study of Khartoum's market gardeners sheds new light on the thinking about the integrating capacity of urban agriculture.
The uncontrolled urbanization now at work in the Sudanese capital, causing unprecedented competition for property, points to the
limits on the potential integration of farm-workers in the downtown. The fact that this activity is strictly commercial and exercised
by a mainly migrant population makes the analysis that much more interesting.
Citer ce document / Cite this document :
Franck Alice. Maraîcher à Khartoum : entre intégration et marginalisation. In: Tiers-Monde. 2006, tome 47 n°185. pp. 39-55.
doi : 10.3406/tiers.2006.5649
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_2006_num_47_185_5649MARAICHERS A KHARTOUM :
ENTRE INTÉGRATION
ET MARGINALISATION
Étude des capacités întégratrices de l'agriculture urbaine
Alice Franck *
L'étude des maraîchers de Khartoum éclaire la réflexion
sur les capacités întégratrices de V agriculture urbaine. Le
contexte d'urbanisation forcenée que connaît la capitale
soudanaise, source d'une concurrence foncière sans précé
dent, révèle les limites des possibilités d'intégration urbaine
pour les travailleurs agricoles du centre-ville. Le fait que cette
activité soit strictement commerciale et majoritairement
exercée par une population migrante renforcera l'intérêt de
cette analyse.
L'agriculture urbaine se place aujourd'hui au centre de nombreux débats :
sécurité alimentaire et approvisionnement des villes, gestion des ressources natur
elles, création d'emplois. Son cadre d'étude s'élargit et les chercheurs lui recon
naissent un potentiel qui s'étend au-delà de l'économie de survie et des populat
ions les plus défavorisées, dont elle est, dans la plupart des cas, l'apanage
(Schilter, 1991 ; Chaléard, 1998). C'est la dynamique d'intégration que confère
aujourd'hui le monde scientifique à l'agriculture urbaine qui nous intéresse tout
particulièrement. Quelles possibilités de vie en ville offre l'agriculture urbaine à
ses travailleurs ? Le corpus bibliographique aborde cette question sous l'angle
économique en valorisant les qualités de l'agriculture urbaine, dans ce qu'elle
donne à voir en termes d'insertion économique et sociale - accès à une activité
rémunérée pour des populations jusque-là exclues du marché du travail, second
revenu pour des familles en difficulté économique, travail des femmes (Moustier,
Mbaye, 2000)-, mais aussi en termes d'insertion d'une activité au sein du système
global de la ville-marché (Cirad, 1995). Si les activités agricoles s'insèrent en ville,
qu'en est-il de ses travailleurs ? Exercent-ils une activité en ville et/ou participent-ils
Laboratoire Géotropique, Université Paris X, et CEDEJ, Le Caire.
1 -Je tiens à remercier tout particulièrement Marie Morelle pour avoir été à l'initiative de ce projet
sur la marginalité, pour l'avoir porté avec tant de cœur et sans qui cet article n'aurait vu le jour.
№ 185 - MARS 2006 - p. 39-56 - REVUE TIERS MONDE 39 Franck Alice
à la vie urbaine ? Sont-ils citadins (Gervais-Lambony, 1994) ou en marge de la vie
urbaine (Baron, 1999) ? Si on considère le mode de vie des agriculteurs de la
capitale soudanaise, on a de cesse de questionner et de composer avec les notions
d'intégration urbaine et de marge en ville. C'est cet « entre-deux » dans la vie
urbaine des agriculteurs qui constituera le fil directeur de cet article.
L'étude de l'agriculture urbaine dans l'agglomération du Grand Khartoum 2, et
en particulier celle des cultures maraîchères, apporte un éclairage nouveau à cette
réflexion sur l'intégration urbaine des travailleurs agricoles, et ce à différents
points de vue. En premier lieu, cette activité agricole n'est pas née dans la capitale
soudanaise en réaction à la crise urbaine bien qu'elle ait été largement dynamisée
par cette dernière, ou plus exactement par l'explosion démographique du Grand
Khartoum 3. L'antériorité des cultures sur le développement urbain 4, en autori
sant l'analyse historique de l'agriculture urbaine dans la capitale soudanaise, et la
différenciation des vagues de migrants ayant joué un rôle dans cette activité, nous
permettent d'observer avec recul l'évolution du rôle intégrateur de la pratique
d'une activité agricole en ville. Le contexte actuel d'urbanisation forcenée et de
forte concurrence foncière de l'agglomération du Grand Khartoum, qui donne
lieu à des transformations et requalifications extrêmement rapides de certains
espaces agricoles, dévoile les limites actuelles des « capacités génératrices urbai
nes » (Oestereich, 1996) que l'on confère à l'agriculture. En outre, la culture
maraîchère dans l'agglomération du Grand Khartoum est une agriculture strict
ement commerciale, confiée à des travailleurs spécialisés, et non l'expression d'une
initiative populaire poussée par une nécessité économique, voire alimentaire.
Mais surtout, loin d'être exclusivement réservé à une population citadine ancie
nnement installée, le travail de la terre - à distinguer ici de la propriété de la terre -
dans la capitale soudanaise semble être aujourd'hui davantage l'apanage d'une
population migrante fraîchement arrivée. Le fait que l'immense majorité des
travailleurs ne soit pas originaire de la capitale renforce l'intérêt d'un questionne
ment autour des modes d'insertion et d'adaptation en ville induits par la pratique
d'une activité agricole en milieu urbain 5.
Afin d'analyser les mécanismes opérant dans l'insertion ou non en ville des
travailleurs agricoles, nous avons choisi d'explorer plus avant un exemple précis,
celui des maraîchers du centre-ville. Trois quartiers centraux ont été étudiés 6 :
2 - Omdurman, Khartoum, Khartoum Nord, établies de part et d'autre de la confluence des Nil, ont
évolué jusqu'à ne plus constituer qu'une seule entité urbaine, devenue capitale du Soudan. Afin
d'éliminer toute confusion dans l'usage du terme Khartoum, et bien que celui-ci désigne, dans le
langage courant, soit la capitale soudanaise, soit l'une des trois villes, il ne sera employé ici que dans son
sens le plus strict, désignant l'ensemble urbain délimité par le Nil Blanc à l'ouest et par le Nil Bleu au
nord et à l'est. On utilisera le terme de Grand Khartoum pour désigner l'ensemble de la conurbation.
Cf.Cane
3 - Le Grand Khartoum compte aujourd'hui plus de 5 millions d'habitants. L'objet n'est pas ici de
déterminer dans quelle mesure l'explosion démographique participe de la crise urbaine ou si elle en est
seule responsable, cf. Denis, 2005.
4 - qui s'explique en partie par la situation particulière de la ville au confluent des Nil Bleu et Blanc
5 - Une enquête par questionnaires menée dans les champs urbains auprès d'un échantillon de 74
travailleurs révèle que 84 % d'entre eux ne sont pas nés dans la capitale soudanaise (les enquêtes se
sont déroulées de 2001 à 2003)
6 - L'échantillon de 74 maraîchers provient de ces trois quartiers centraux : 20 maraîchers de Touti,
24 d'Abu Seïd, et 30 de Mougran.
40 REVUE TIERS MONDE - № 185 - MARS 2006 Maraîchers à Khartoum
Mougran, Touti et Abu Seïd. Ils illustrent, en effet, la plus grande part des
contraintes et des facteurs déterminant l'installation pérenne ou non de l'activité
agricole mais aussi de ses travailleurs en milieu urbain.
La structure de cet article reflète volontairement la démarche de terrain, en
prenant comme point de départ les champs en ville, les premières observations et
les impressions ou hypothèses qu'elles nous ont suggérées, pour ensuite soumett
re celles-ci à une analyse plus approfondie. Ainsi, une première phase descriptive
soulignera la particularité du statut de ces espaces agricoles, et fera apparaître un
groupe de travailleurs maraîchers, majoritaires, qui se distingue par son

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