Mariage, divorce et régime de filiation en Nouvelle-Bretagne - article ; n°4 ; vol.19, pg 479-496
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Revue française de sociologie - Année 1978 - Volume 19 - Numéro 4 - Pages 479-496
Michel Panoff : Mariage, divorce et régime de filiation en Nouvelle-Bretagne.
Chez les Maenge, ethnie mélanésienne de Papouasie-Nouvelle-Guinée, le divorce est peu fréquent par comparaison avec d'autres sociétés dites primitives. Plusieurs facteurs expliquent cette stabilité du mariage : la résidence adoptée par les conjoints, la force des liens de solidarité dans le groupe villageois et les relations de « clientèle ». A l'inverse, le divorce, quand il survient, semble être favorisé par la polygamie et l'absence de fiançailles. Tous ces faits montrent combien est inadéquate l'hypothèse classique qui associe la plus ou moins grande stabilité du mariage au régime de filiation en vigueur dans la société considérée. On profite de cette occasion pour mettre en lumière les implications théoriques et idéologiques des interprétations qui privilégient le rôle de la filiation dans la vie des sociétés étudiées par l'ethnographie.
Michel Panoff: Marriage, Divorce, and Filiation Structure in New Britain.
Divorce among the Maenge, a Melanesian people of Papua-New Guinea, is infrequent in comparison to other so-called primitive societies. Several factors account for such stability of marriage: the couples' place of residence; the strength of ties of solidarity among the village people; and client relationships. On the other hand, when divorce does occur it seems to be encouraged by polygamy and the lack of formal betrothal. All these facts show the extent to which the classical hypothesis associating the greater or lesser stability of marriage to the filiation structure within the society under consideration is inadequate. That becomes the basis for a consideration of the theoretical and ideological implications of analyses that give filiation a major role in the lives of the societies ethnographers study.
Michel Panoff : Ehe, Ehescheidung und Abstammungssystem in Neubrittanien.
Bei den Maengen, einem melanesischen Volksstamn in Papouasie — Neu Guinea, ist die Ehescheidung selten in Vergleieh zu anderen sogenannten primitiven Gesellschaf ten. Diese Stabilitat der Ehe ist mehrf ach erklärbar : durch den Wohnsitz der Ehepartner, die Kraft der Solidaritätsbindung innerhalb der Dorfgruppe und der Klientelverbindungen. Die Ehescheidung hingegen, wenn sie eintritt, wird offenbar von der Polygamie und das Fehlen der Verlobung beeinflusst. Diese Tatsachen zeigen, dass die herkommliche Annahme unangemessen ist, die mehr oder weniger grosse Stabilität der Ehe mit dem Abstammungssystem der betreffenden Gesellschaft in Verbindung bringt. Die Gelegenheit wird benutzt, die theoretischen und ideologischen Auswirkungen der Interpretation zu unterstreichen, die die Rolle der Abstammung ini Leben der von der Ethnographie betrachteten Gesellschaften bevorzugen.
Michel Panoff : Matrimomio, divorcio y regimen de filiación en Nueva- Bretaña.
Entre los Maenge etnia melanesiana de Papuasia-Nueva-Guinea esta poco frecuente el divorcio respecte de otras sociedades llamadas primitivas. Explican varios factores esa estabilidad del matrimonio : la residencia que adoptan los cónyuges la fuerza de la solidaridad dentro del grupo aldeano y las relaciones de « clientela ». Al revés cuando occurre el divorcio parece ser favorecido por la poligamia y la carencia de esponsales. Ensefian todos esos hechos como es inadecuada la hipótesis clásica que asocia la mayor o menor estabilidad del matrimonio con el régimen de filiación observado en la sociedad considerada. Se aprovecha esa ocasión para subrayar las implicaciones teóricas y ideológicas de las interpretaciones que privilegian el papel de la filiación en la vida de las sociedades estudiadas por la etnografia.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 51
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Michel Panoff
Mariage, divorce et régime de filiation en Nouvelle-Bretagne
In: Revue française de sociologie. 1978, 19-4. pp. 479-496.
Citer ce document / Cite this document :
Panoff Michel. Mariage, divorce et régime de filiation en Nouvelle-Bretagne. In: Revue française de sociologie. 1978, 19-4. pp.
479-496.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsoc_0035-2969_1978_num_19_4_6647Résumé
Michel Panoff : Mariage, divorce et régime de filiation en Nouvelle-Bretagne.
Chez les Maenge, ethnie mélanésienne de Papouasie-Nouvelle-Guinée, le divorce est peu fréquent par
comparaison avec d'autres sociétés dites primitives. Plusieurs facteurs expliquent cette stabilité du
mariage : la résidence adoptée par les conjoints, la force des liens de solidarité dans le groupe
villageois et les relations de « clientèle ». A l'inverse, le divorce, quand il survient, semble être favorisé
par la polygamie et l'absence de fiançailles. Tous ces faits montrent combien est inadéquate
l'hypothèse classique qui associe la plus ou moins grande stabilité du mariage au régime de filiation en
vigueur dans la société considérée. On profite de cette occasion pour mettre en lumière les implications
théoriques et idéologiques des interprétations qui privilégient le rôle de la filiation dans la vie des
sociétés étudiées par l'ethnographie.
Abstract
Michel Panoff: Marriage, Divorce, and Filiation Structure in New Britain.
Divorce among the Maenge, a Melanesian people of Papua-New Guinea, is infrequent in comparison to
other so-called "primitive" societies. Several factors account for such stability of marriage: the couples'
place of residence; the strength of ties of solidarity among the village people; and "client" relationships.
On the other hand, when divorce does occur it seems to be encouraged by polygamy and the lack of
formal betrothal. All these facts show the extent to which the classical hypothesis associating the
greater or lesser stability of marriage to the filiation structure within the society under consideration is
inadequate. That becomes the basis for a consideration of the theoretical and ideological implications of
analyses that give filiation a major role in the lives of the societies ethnographers study.
Zusammenfassung
Michel Panoff : Ehe, Ehescheidung und Abstammungssystem in Neubrittanien.
Bei den Maengen, einem melanesischen Volksstamn in Papouasie — Neu Guinea, ist die
Ehescheidung selten in Vergleieh zu anderen sogenannten primitiven Gesellschaf ten. Diese Stabilitat
der Ehe ist mehrf ach erklärbar : durch den Wohnsitz der Ehepartner, die Kraft der Solidaritätsbindung
innerhalb der Dorfgruppe und der Klientelverbindungen. Die Ehescheidung hingegen, wenn sie eintritt,
wird offenbar von der Polygamie und das Fehlen der Verlobung beeinflusst. Diese Tatsachen zeigen,
dass die herkommliche Annahme unangemessen ist, die mehr oder weniger grosse Stabilität der Ehe
mit dem Abstammungssystem der betreffenden Gesellschaft in Verbindung bringt. Die Gelegenheit wird
benutzt, die theoretischen und ideologischen Auswirkungen der Interpretation zu unterstreichen, die die
Rolle der Abstammung ini Leben der von der Ethnographie betrachteten Gesellschaften bevorzugen.
Resumen
Michel Panoff : Matrimomio, divorcio y regimen de filiación en Nueva- Bretaña.
Entre los Maenge etnia melanesiana de Papuasia-Nueva-Guinea esta poco frecuente el divorcio
respecte de otras sociedades llamadas primitivas. Explican varios factores esa estabilidad del
matrimonio : la residencia que adoptan los cónyuges la fuerza de la solidaridad dentro del grupo
aldeano y las relaciones de « clientela ». Al revés cuando occurre el divorcio parece ser favorecido por
la poligamia y la carencia de esponsales. Ensefian todos esos hechos como es inadecuada la hipótesis
clásica que asocia la mayor o menor estabilidad del matrimonio con el régimen de filiación observado
en la sociedad considerada. Se aprovecha esa ocasión para subrayar las implicaciones teóricas y
ideológicas de las interpretaciones que privilegian el papel de la filiación en la vida de las sociedades
estudiadas por la etnografia.R. franc, sociol., XIX, 1978, 479-496
Michel PANOFF
Mariage, divorce et régime de filiation
en Nouvelle-Bretagne*
L'étude statistique du mariage et de sa dissolution dans des sociétés
qui ne procèdent pas à l'enregistrement systématique de ces événements
par des moyens administratifs spécialisés (état civil, greffe des tribunaux,
etc.) pose de redoutables problèmes de méthode ou, plus humblement, de
technique. Malgré leur intérêt ces problèmes ne recevront ici qu'un
minimum d'attention. On se contentera de les évoquer au moment oppor
tun pour indiquer comment ont été recueillis les matériaux utilisés et
quel crédit leur accorder. C'est que le sujet a déjà été traité de manière
approfondie par plusieurs auteurs, Barnes (1949) notamment, auxquels
il suffit de se reporter pour voir dans le détail les difficultés du travail et
les précautions à prendre (1).
Le problème qui est à l'origine de cet article est tout autre : il s'agit,
une fois obtenus les chiffres des mariages et des divorces, de rechercher
les facteurs sociologiques qui peuvent rendre compte de la stabilité ou
de la fragilité du mariage dans une société particulière. Il existe, en effet,
une vigoureuse tradition anthropologique, particulièrement chez les
Anglais, qui postule la fécondité de la mise en corrélation de la stabilité
conjugale avec le régime de filiation en vigueur dans les sociétés
archaïques. C'est ainsi qu'on a longtemps soutenu, à partir de considérations
purement logiques, que les sociétés matrilinéaires étaient organisées de
telle manière que la précarité du couple y était nécessairement plus
grande que dans les sociétés patrilinéaires. L'article de Gluckman (1950)
reste le texte de référence à cet égard. Telle est l'hypothèse qui a inspiré
nombre de travaux ultérieurs et que l'on entend discuter ici en dégageant
les présupposés idéologiques qui sont implicites dans la façon de poser
le problème. Les matériaux nécessaires seront empruntés à une société
mélanésienne peu connue de Nouvelle-Guinée et ce sera donc aussi une
occasion de publier des données médites.
* Les matériaux utilisés pour le pré- cherche scientifique (Paris) et l'Austra-
sent article ont été recueillis au cours lian National University (Canberra),
de quatre missions effectuées de 1966 à (1) Les références bibliographiques se
1970 et en 1977. Le financement en a été trouvent en fin d'article,
assuré par le Centre national de la re-
479 Revue française de sociologie
II sera question des Maenge, population de 5.000 personnes environ
parlant une langue austronésienne et vivant dans l'île de Nouvelle-Bretag
ne, pour les deux tiers sur le bord de mer et pour un tiers dans la mont
agne à une ou deux journées de marche de la côte. A ces deux faciès
écologiques correspondent quelques différences dans l'organisation des
clans, la pratique de la magie et la culture matérielle. Bien que ces parti
cularités locales soient peu marquées et ne cessent d'ailleurs de s'estomper
avec l'unification progressive de la région accomplie par le cargo cuit
(Panoff, 1969), seuls seront pris en considération les habitants de la côte
afin d'éviter tout risque d'hétérogénéité dans la population étudiée. Econo
mie d'auto-subsistance reposant sur la culture de tubercules et l'élevage
du cochon, deux tâches essentiellement féminines, tandis que la pêche,
la chasse et les activités de cueillette restent marginales : voilà caractérisé
en une phrase le mode de vie des Maenge. Il faut ajouter que, hormis la
division du travail par sexe, il n'existe pas de spécialisation des fonctions
techniques qui exempterait certains individus des tâches productives pour
leur permettre de se consacrer au commandement, à la coordination des
efforts quotidiens, à l'accomplissement des rites magiques ou religieux, à
l'élaboration d'un savoir et à sa transmission. Il n'y a pas de chefs, et les
Maenge voient leur société comme égalitaire, même s'ils reconnaissent
bien parmi eux la présence de big men (pour employer la désignation en
usage dans la littérature ethnographique comme dans la langue verna-
culaire). C'est le village q

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