Mémoire des mots - article ; n°1 ; vol.1, pg 1-23
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Description

L'année psychologique - Année 1894 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 1-23
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1894
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Alfred Binet
Victor Henri
Mémoire des mots
In: L'année psychologique. 1894 vol. 1. pp. 1-23.
Citer ce document / Cite this document :
Binet Alfred, Henri Victor. Mémoire des mots. In: L'année psychologique. 1894 vol. 1. pp. 1-23.
doi : 10.3406/psy.1894.1044
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1894_num_1_1_1044L'ANNÉE PSYCHOLOGIQUE
1894
PREMIÈRE PARTIE
TRAVAUX ORIGINAUX
LA MEMOIRE DES MOTS
I
La mémoire verbale i, qui offre à l'éducateur un intérêt spé
cial, parce que^c'est elle qui, à tort ou à raison, a été jusqu'ici le
principal fondement de l'instruction, la mémoire verbale com
prend toutes les formes du langage parlé ou écrit. Gomme il
faut commencer par les choses les plus simples, nous avons
examiné dans ce premier essai la mémoire des mots isolés,
réservant pour une seconde étude la des phrases. La
mémoire des mots isolés consiste à retenir, dans Tordre où on
les apprend, une série de mots, dont chacun présente un sens
défini, mais qui sont sans rapport les uns avec les autres ; tels
sont les mots : cheval, escalier, vertu, domicile, conjugais
on,... etc.
Nos expériences ont été faites sur 380 garçons, élèves des
écoles primaires de Paris, appartenant aux cours supérieur,
(1) La mémoire a fait l'objet de nombreuses recherches au laboratoire;
nous regrettons de ne pas pouvoir, faute de place, publier in extenso ces
recherches ; on en trouvera plus loin le résumé. Citons notamment : Binet
et Henri, Le développement de la mémoire visuelle; Binet, La psychologie
des grands calculateurs ; Binet et Henri Simulation de la mémoire des
chiffres.
ANNÉE PSYCHOLOGIQUE. I. 1 l'année psychologique. 1894 2
moyen et élémentaire, et âgés de 8 à 13 ans. Le genre
d'études que nous nous proposons de faire nous a permis de
procéder par expériences collectives, afin d'économiser du
temps. Le directeur de l'école, qui exerce en général une puis-
santé autorité sur ses élèves, était chargé de conduire l'expé
rience. Il se rendait avec nous, pendant la matinée, dans les
classes, faisait distribuer aux élèves une feuille de papier sur
laquelle chacun écrivait son nom, son âge, la classe et le nom
de l'école. Ensuite le directeur prenait la parole et expliquait
longuement et clairement ce qu'on allait faire. Il annonçait le
nombre de mots qu'il prononcerait ; il avertissait les élèves qu'ils
devaient écouter avec la plus grande attention, et ne prendre
la plume pour écrire que quand le dernier mot serait prononcé.
Vv. Nous-mêmes, nous exercions un contrôle sur les élèves, notant
ceux qui cherchaient à copier, ou arrivaient à le faire ; et nous
avons même dû, à notre grand regret, supprimer à deux
reprises les expériences de toute une classe, parce que le profes
seur ordinaire de la classe ne réussissait pas à empêcher les
élèves de copier. Dans le cours élémentaire, principalement, cette
petite fraude paraît assez commune, et il est curieux de voir les
procédés que les enfants emploient, leurs attitudes et leurs jeux
de physionomie pendant qu'ils accomplissent un acte qu'ils
savent être défendu. Quelques-uns, effrontés ou inconscients,
copiaient sous nos yeux, sans se gêner ; d'autres prenaient un air
détaché, semblaient regarder vaguement devan^eux, puis pro
menaient leur regard et le laissaient tomber de la façon la plus
naturelle sur la copie du voisin. Il y a aussi ceux qui se glissent
un mot à l'oreille en feignant de regarder ailleurs ou de
ramasser un objet ; ceux aussi qui épient obstinément le maître,
prêts à se tourner vers le voisin dès que le maître regardera
ailleurs ; la fixité de leurs regards suffit à indiquer clairement la
pensée qu'ils méditent.
Quelques élèves ont eu une idée assez ingénieuse pour se
rappeler un grand nombre de mots ; c'est d'écrire rapidement,
pendant la dictée, la première lettre de chaque mot ; ils n'au
raient pas eu le temps d'écrire les mots entiers, la dictée était
trop rapide ; mais la première lettre leur suffisait souvent pour
leur rappeler le mot entier. Nous avons supprimé les copies de
ces truqueurs.
Nous" devons signaler encore, parmi les causes d'erreurs de
ces expériences collectives, le manque de discipline de certaines
classes. C'est dans ces circonstances qu'on peut juger de l'auto- A. BINET ET V. HENRI. LA MEMOIRE DES MOTS
rite du maître. Il y a une classe où notre expérience a excité,
dèslede'but, un fou rire qui a complètement altéré les résultats,
au point que nous avons renoncé à tenir compte de cette expé
rience.
Par-dessus tout, il est important de remarquer que les expé
riences faites collectivement ne sont nullement équivalentes
aux expériences individuelles, où l'expérimentateur reste en
tête à tête avec son sujet ; les différences qu'on peut prévoir
entre ces deux ordres d'expérience sont extrêmement nomb
reuses, et il sera intéressant, quand l'occasion s'en présentera,
d'étudier cette question de près.
Nous avons également fait des expériences sur la mémoire
verbale dans notre laboratoire sur des adultes dressées plus ou
moins à l'observation psychologique et capables de rendre compte
de leurs impressions. Cette seconde étude éclaire celle des écoles
en y ajoutant, comme complément d'information, le témoignage
des sujets. On ne saurait trop insister sur les avantages que
présente la combinaison de ces deux genres de recherches.
Nos expériences de laboratoire ont été faites sur une dizaine
de personnes, d'âge adulte, sept hommes et trois femmes. Elles
ont été faites en majorité par nous-mêmes. Nous avons adopté
un modèle type d'expériences, qui a été ensuite varié de diff
érentes façons pour mettre en lumière quelques particularités
psychologiques qu'on avait observées ou simplement soupçonn
été' la suivante : On lit devant une ées. L'expérience type a
personne une série de 7 mots, avec une rapidité moyenne de
2 mots pour 1 seconde ; puis on prie la personne de répéter
immédiatement les mots qu'elle a retenus, et dans l'ordre qui
lui convient; le nombre de mots étant inscrit, on lit de la
même façon une seconde série de 7 mots, puis une troisième,
et ainsi de suite, jusqu'à 7 séries. On lit donc à la personne
7 séries de 7 mots, soit 49 mots comme total ; et, entre chaque
série, le sujet en expérience cherche à répéter exactement les
mots de la série qu'il vient d'entendre. Quand la lecture et la
répétition des 7 séries sont terminées, on prie le sujet de dire
exactement quel est le nombre total de mots dont il se souvient.
Il existe donc, dans l'expérience, deux sortes d'actes de mémoire :
le premier est celui qui se produit lorsque le sujet essaye de
répéter une série de 7 mots immédiatement après l'avoir enten
due ; le second est celui de la répétition totale des 49 mots, répé
tition qui se fait plusieurs minutes après la première audition.
Comme l'expérience, dans son ensemble, dure environ cinq à six l'année psychologique. 1894
minutes, il se produit donc un intervalle de cinq à six minutes
entre l'audition de la première série et la répétition totale ;
l'intervalle est d'autant moins grand que la série est plus
récente.
Dix personnes, avons-nous dit, ont été soumises à cette forme
type de l'expérience ; mais elles n'y ont pas été soumises un
nombre égal de fois. Voici le relevé : M. B... 11 expériences;
M. C... 7; Mmo B... 6; M. H... 7; Mrae L... 5; M. Ph... 6;
MUe Bi... 4; M. Mi... 1 ; M. Mur... 1, et plusieurs autres per
sonnes, 1.
Ceci fait un total de 50 expériences, et si l'on tient compte du
nombre de mots répétés chaque fois, nous obtenons le total de
près de 5,000 mots, qui nous a paru suffisant pour servir de
base à une interprétation psychologique. Aussitôt après l'expé
rience, chaque personne qui venait de servir de sujet était inter

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