Méthodes nouvelles pour le diagnostic du niveau intellectuel des anormaux - article ; n°1 ; vol.11, pg 191-244
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Description

L'année psychologique - Année 1904 - Volume 11 - Numéro 1 - Pages 191-244
54 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1904
Nombre de lectures 47
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Alfred Binet
Th. Simon
Méthodes nouvelles pour le diagnostic du niveau intellectuel des
anormaux
In: L'année psychologique. 1904 vol. 11. pp. 191-244.
Citer ce document / Cite this document :
Binet Alfred, Simon Th. Méthodes nouvelles pour le diagnostic du niveau intellectuel des anormaux. In: L'année psychologique.
1904 vol. 11. pp. 191-244.
doi : 10.3406/psy.1904.3675
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1904_num_11_1_3675XII
METHOPES NOUVELLES POUR LE DIAGNOSTIC
DU NIVEAU INTELLECTUEL DES ANORMAUX
Avant d'exposer ces méthodes, rappelons exactement les
termes du problème dont nous cherchons la solution.
Notre but est, lorsqu'un enfant sera mis en notre présence,
de faire la mesure de ses capacités intellectuelles, afin de savoir
s'il est normal ou si c'est un arriéré. Nous devons à cet effet
étudier son état actuel, et cet état seulement. Nous n'avons à
nous préoccuper ni de son passé ni de son avenir ; par conséquent négligerons son étiologie, et notamment, nous ne ferons
pas de distinction entre l'idiotie acquise et l'idiotie congénitale;
à plus forte raison, écarterons-nous toutes les considérations
d'anatomie pathologique qui pourraient expliquer son déficit
intellectuel. Voilà pour le passé. En ce qui concerne l'avenir,
même abstention ; nous ne cherchons point à établir ou à pré
parer un pronostic, et nous laissons sans réponse la question de
savoir si son arriération est curable ou non, améliorable ou non.
Nous nous bornons à recueillir la vérité sur son état présent.
En outre, dans la définition de cet état nous devons faire
quelques restrictions. La plupart des enfants anormaux, surtout
ceux des écoles, sont habituellement rangés en deux catégories :
les arriérés de l'intelligence et les instables; ces derniers, que
certains aliénistes appellent des imbéciles moraux, ne présen
tent pas nécessairement une infériorité de l'intelligence; ils
sont touchés surtout dans leur caractère; ils sont turbulents,
vicieux, rebelles à toute discipline, ils manquent d'idées de
suite, et probablement de force d'attention. Il est extrême
ment délicat de faire la distinction entre les instables et les
enfants dont le caractère est difficile. Nous avons insisté ailleurs
sur la nécessité pour les instituteurs de ne pas traiter en ins
table, c'est-à-dire en malade, tout enfant dont le caractère ne
sympathise pas avec le leur. 11 faudra de longues études, pro
bablement très difficiles, pour établir les signes différentiels qui
séparent l'instable et l'indiscipliné. Pour le moment, dans la
ï 192 MÉMOIRES ORIGINAUX ,S
préséîfte étude, nous ne nous en occuperons pas. Nous lai
ssons de côté les instables, et nous indiquerons seulement ce
qui a trait aux arriérés de l'intelligence.
Ce n'est pas notre seule limitation du sujet. Les états infé
rieurs de l'intelligence présentent plusieurs types différents. Il
y a le type de la démence ou de la déchéance intellectuelle, qui
consiste dans une perte progressive de l'intelligence antérieure
ment acquise. Bien des épileptiques, qui souffrent d'attaques
fréquentes, progressent vers la démence. Il serait possible et
probablement très important de pouvoir faire la distinction
entre les déments, les déchéants d'une part et les inférieurs de
l'intelligence d'autre part. Mais, comme nous tenons à limiter
aussi de ce côté notre domaine d'études, nous en exclurons
rigoureusement les formes de démence et de déchéance. Nous
croyons du reste qu'elles se présentent rarement dans les écoles,
et n'ont pas un intérêt bien grand pour le fonctionnement des
établissements nouveaux qu'on destine aux anormaux
Une autre distinction est à faire entre les inférieurs de l'i
ntelligence et les dégénérés. Ces derniers sont des sujets chez
lesquels il se produit des phénomènes épisodiques très nets,
comme les impulsions, les obsessions, les délires. Nous élimi
nons les dégénérés aussi bien que les déments.
Enfin, nous devons dire un mot sur notre manière d'étudier
ceux que la plupart des aliénistes appellent des idiots, et que
nous appelons ici des inférieurs de l'intelligence. On ignore la
nature exacte de cette infériorité, et très prudemment on refuse
aujourd'hui de l'assimiler, sans autre preuve, à un arrêt dans
le développement normal. Il semble bien que l'intelligence de
ces êtres a subi un certain arrêt; mais il ne s'ensuit pas que cet
arrêt, c'est-à-dire la disproportion entre leur degré d'intelligence
et leur âge, soit la seule caractéristique de leur état. Il y a aussi,
probablement, dans beaucoup de cas, une déviation dans le déve
loppement, une perversion. Tel idiot de quinze ans qui en est
encore aux premières ébauches verbales d'un bébé de trois ans ne
peut pas être assimilé complètement à un eniant de trois ans;
car ce dernier est normal, et l'idiot est un infirme; il existe donc
entre eux, nécessairement, des différences, apparentes ou
cachées. L'étude attentive des idiots montre, chez quelques-uns
du moins, que tandis que certaines facultés sont presque nulles,
d'autres sont mieux développées. Ces êtres ont donc des apti-
itudesTLes uns ont uneTxmne mémoire auditive ou musicale,
mPlilet de voix juste, et tout un répertoire de chansons; BINET ET SIMON. — DU NIVEAU INTELLECTUEL DES ANORMAUX 193
d'autres ont des dispositions pour le calcul, ou pour la méca
nique. Si on les examinait tous avec soin, on trouverait proba
blement beaucoup d'exemples de ces aptitudes partielles.
Notre but n'est nullement d'étudier, d'analyser et de dégager
les aptitudes des inférieurs de l'intelligence. Ce sera l'objet d'un
t, travail ultérieur. Ici, nous nous bornerons à apprécier, à doser
I leur intelligence en général; nous fixerons leur niveau intellec-
^ tuel; et pour donner une idée de ce niveau, nous le comparerons
à celui d'enfants normaux de même âge, ou de niveau analogue.
Les réserves que nous avons faites plus haut sur la vérité de la
conception d'un arrêt de développement ne nous empêcheront
pas de trouver de grands avantages à faire une comparaison
méthodique entre l'inférieur de l'intelligence et le normal.
A quelle méthode devons-nous recourir pour faire notre
diagnostic de niveau intellectuel?
Il n'existe pas une méthode unique, il en existe plusieurs y-
qu'on doit employer cumulativement, car la question est tràs
difficile à résoudre, et demande une collaboration de méthodes.
Il faut armer le praticien de telle manière qu'il ne se serve
qu'accessoirement des renseignements donnés par les parents
de l'enfant, qu'il puisse toujours contrôler ces renseignements
et au besoin s'en passer. Dans l'état actuel, c'est tout juste le
contraire qui a lieu. Quand des parents amènent l'enfant au
médecin, celui-ci écoute beaucoup les parents et interroge peu
l'enfant, il le regarde à peine; on se laisse guider par une très
forte présomption en faveur de son infériorité intellectuelle ; et
si, par un hasard qui ne se produit guère, mais qu'il serait bien
curieux de provoquer un jour, le médecin était soumis à une
expérience cruciale, qui consisterait à lui présenter un pêle-
mêle de normaux et d'anormaux, il éprouverait certainement
bien des difficultés et commettrait bien des erreurs, surtout
dans les cas légers.
Les méthodes à organiser sont d'autant plus importantes que
lorsque les Écoles de perfectionnement (pour anormaux) fonc
tionneront, on devra se méfier de l'attitude des parents. Leur
sincérité ne vaudra pas grand'chose, si elle est en conflit avec
leur intérêt. Quand les parents voudront que leur enfant reste
à l'école ordinaire, ils ne tariront pas sur son intelligence :
« Mon enfant comprend tout », diront-ils, et ils se garderont
bien de donner sur lui des renseignements significatifs. Si, au
contraire, ils veulent le faire admettre dans un internat de per-
l' année psychologique, xi. 13 MEMOIRES ORIGINAUX 194
fectionnement

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