Mots et expressions - article ; n°1 ; vol.3, pg 487-500
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Description

Mélanges de la Casa de Velázquez - Année 1967 - Volume 3 - Numéro 1 - Pages 487-500
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 34
Langue Français
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Extrait

M. Robert Ricard
Mots et expressions
In: Mélanges de la Casa de Velázquez. Tome 3, 1967. pp. 487-500.
Citer ce document / Cite this document :
Ricard Robert. Mots et expressions. In: Mélanges de la Casa de Velázquez. Tome 3, 1967. pp. 487-500.
doi : 10.3406/casa.1967.969
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/casa_0076-230X_1967_num_3_1_969VARIÉTÉ
MOTS ET EXPRESSIONS
I. «La loca de la casa»
II m'est arrivé de m'intéresser à l'expression «la loca de la casa» *. De
nouvelles lectures et de nouvelles recherches ont renforcé ma conviction
que l'histoire de cette expression est beaucoup moins simple qu'on ne
pourrait le penser. Voyons donc ce qu'il en est — avec cette seule réserve
qu'on ne peut prétendre épuiser un problème de ce genre.
1. On croit généralement que c'est sainte Thérèse qui a appliqué cette
expression à l'imagination. Il n'en est rien, et, pour s'en apercevoir, il
suffit de se reporter aux textes. Les passages de sainte Thérèse auxquels
on peut se référer sont au nombre de trois, les ch. 17 et 30 de la Vida et
le ch. 31 (texte de Valladolid) ou 53 (texte de l'Escorial) du Camino de per
fection. Que disent-ils? Voici le premier, qui porte en effet sur l'imaginat
ion: «El postrer remedio que he hallado a cabo de haverme f atigado hartos
»aflos, es lo que dije en la oraciôn de quietud: que no se haga caso de ella
»mâs que de un loco, sino dejarla con su tema, que solo Dios se la puede
»quitar...» (Vida, ch. 17). Voici le second, qui porte sur l'entendement,
assimilé à l'imagination: «este entendimiento esta tan perdido que no
»parece sino un loco furioso que nadie le puede atar ni soy sefiora de hacerle
»estar quedo un credo» (Vida, ch. 30). Dans ces deux passages, il s'agit
donc d'un loco, et non d'une loca, et le mot casa n'apparaît nulle part.
Le texte du Camino de perfection est beaucoup plus long et plus expli
cite, et il associe, bien que tardivement, les deux éléments de l'expression
traditionnelle. Le voici à son tour: «... acaece quedar el alma con grandisima
»quietud y andar el entendimiento o pensamiento tan remontado, que
»no parece que es en su casa aquello que pasa: y asi lo parece entonces, que
»no esta sino en casa ajena por huésped y buscando otras posadas adonde
»estar, que aquélla no le contenta, porque sabe poco que cosa es estar en
»un ser... no puedo remediar esta variedad del entendimiento. Otras veces
Cf. Vie et langage (Paris), n° 100, juillet 1960, p. 387-389, et Bulletin hispanique,
LXIV, 1962, p. 65-66 (à la 1. 9 de la n. 1, ajouter «de la Vidât» après «chapitre 30»).
On n'examinera pas ici l'expression française parallèle, «la folle du logis», dont le
créateur n'est pas Malebranche, mais, semble-t-il, Fénelon, et que j'ai brièvement
étudiée dans mon article de Vie et langage. 488 ROBERT RICARD
»parece hacer asiento en su casa y acompàna à là voluntad; que cùâhdo
»todas très potencias se conciertan, es una gloria... Asi que la voluntad,'
»cuando se ve en esta quietud, no haga caso del entendimîento — o pensà-
»miento o imaginaciôn, que no se lo que es — mâs que de un locô...» (Caminô
de perfection, texte de Valladolid, ch. 31) 1.
Ce qu'il est aisé de remarquer, dans ce troisième texte de sainte Thérèse,'
c'est le voisinage du mot casa et du mot loco. Mais à aucun endroit ne se
trouve l'alliance loca de la casa, et rien n'autorise â penser que sainte Thé
rèse a inventé cette expression métaphorique pour l'appliquer à l'imagi
nation.
2. A défaut de l'expression la loca de là casa, là comparaison de l'ima
gination avec un fou apparaît chez d'autres auteurs spirituels. On rappellera1
par exemple le témoignage de Louis de Grenade sur Son maître Jean d'Avila;
Celui-ci lui expliquait que la raison consistait en «afectos de la voluntad»
plutôt que en «especulaciôn del entendimiento»: «antes me dijo él una vez
» — continue Louis de Grenade — que lo ataba como a loco para que no
»fuese parlero en la oraciôn» 2. Ici encore, donc, un loco, mais qui n'est pas
associé à une casa. Dans un texte de Falconi (1596-1638), au contraire, ce
loco est associé sinon à une casa, tout au moins à une tôrre. Il ne sera sans
doute pas inutile de citer une seconde fois ce bref passage, déjà allégué ail
leurs 3: «Considéra a una persona — écrit Falconi - — qùè esta dentro de uhà
»torre cerradas puertas y ventanas, y que por de fuerà hacèn mucho ruido,
»tiran piedras, dan golpes, y vocean; pero ella siempre Se esta ttentrô pôT
»mâs que hagan ese ruido: asi tu corazôn y aima esta encerrado en Dîôs, y
»tu voluntad queriendo estarse con El; por lo cual, aunque pof defuerâ d£
»voces la imaginaciôn como una loca, con mil pensamientos y desatinos, y
»aunque mâs golpeen y tiren piedras de tentaciones, seqùedades e inquie
tudes, no por eso dejas tu de estar encerrado con Dios, con tu voluntad
»y deseo»4. L'image demeure ici banale, mais elle se montre sous un jour
tout particulier: ce n'est pas dans le logis — tour ou maison — que l'imagi
nation fait la folle, s'agite et pousse des cris, c'est au dehors. Le système
de métaphores et de comparaisons, d'ailleurs très cohérent, employé par
Falconi est tout à fait dissemblable de celui qu'implique l'expression la
loca de la casa: Ce qu'il faut surtout retenir chez lui, c'est le féminin loca,
que nous trouvons pour la première foie;
1 Le texte de l'Escorial, ch: 53; né donne que des variantes de forme, et, en outre,
à la fin de la citation, il ne contient pas l'intéressante précision «del entendimiento
— o pensamiento o imaginaciôn; que no se lo que es».
2 Ce passage est cité par Luis Mufîoz à la fin du ch. 14 du Liv. II i de sa biographie de
Jean d'Avila (cf; Fray Luis de Granada, O. P. — Licenciado Luis Munoz, Vidas
del Padre Maestro Juan de Avila, Col. Espirituales espafloles, n° 14, Barcelone; 1964,
, P- 487):
8 Cf. l'article du Bull: hisp: cité plus haut.
* Juan Falconi, Camino derccho para el cielo, Liv. III, ch. 32, Col. Espirituales espa1-
holes, n° 3; Barcelone; 1960; p. 270; MOTS ET EXPRESSIONS 4&9
3. On a réédité dernièrement la Escuelâ de perfection (Saràgosse, 1675)
du Carme chaussé Pàblo Ezquerra (1626-1696) 1. Ezquerra distingue dans'
l'esprit humain quatre facultés, potericias, deux «potencias apetitivas»,
concupiscible et irascible, et deux1 «potencias cognoscitivas», qui sont
l'imagination et l'entendement. ïl continue: «La imàginaciôn (que es là!
»mâs baja de ellas) es una de las potencias de nùestra anima que mâs
»desmandada ha quedado por el pecado y menés sujeta a la razôn. De donde
»naèe que muchas veces se nos va de casa como esclavo fugitive y primerof
»da una vuelta al mundo que echemos de ver a donde esta:» Vers la fin de
son ouvrage, il revient sur les méfaits de l'imagination «que como' lttcà1 y
>>necia en todo se quiere poner». Ainsi, casa d'un côté et loca de l'autre;
La casa reparaît encore dans un passage proche du premier, mais beaucoup1
moins caractéristique, et dans un contexte différent: quand la raison s'effor
ce de dominer la chair et la sensualité qui l'entraînent; «veis aquf ël rùidtf
en casa», écrit notre auteur.
4. Parmi les textes sur les Exercices spirituels de saint Ignace rassemb
lés récemment par le P. Miguel Lop figurent des Avisbs du P. Pereyra (1562)
où l'imagination est associée une fois de plus à l'idée de casa, à propos des
distractions dans l'oraison: «... la naturaleza quedô por el pecado tan des-
»ordenada, que las potencias y fuerzas inferiores no obedezean perfecta-
»mente a la parte superior del alma, que es la razôn y voluntad, y de aqui
»viene que la imàginaciôn se va sin licencia de casa sin que lo echemo's
»de ver...»2. On remarque que, dans ce passage, le mot loco n'est pas em
ployé à côté de casa. D'une façon générale, on constate que, si l'association
imaginaciôn-loco(a) et imagthacWn-casa paraît fréquente, nulle part on
ne relève l'association bàs

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