Mourir à Paris (XVIe-XVIIe-XVIIIe siècles) - article ; n°1 ; vol.31, pg 29-50
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Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1976 - Volume 31 - Numéro 1 - Pages 29-50
This article outlines a research project currently being directed by the author on the attitudes of the inhabitants of Paris towards death in the 16th, 17th and 18th centuries. Three principal sources: post-mortem inventories, images volantes, wills contained in the Central Records of the Parisian Notaries (Minutier Central des Notaires parisiens). Ten thousand wills (out of nearly 450,000 preserved) were used. The study confirms the conclusions of Michel Vovelle for Provence and the analysis of Philippe Aries. In Paris, the reaction is more rapid than in Provence. Especially noteworthy are the abbreviated formulations of the Mérites du Christ in the invocation to the will (dominant from the end of the 16th to the beginning of the 18th century) and the importance of the Church's deductions on inheritances, around 10% for the middle of the 18th century, at the height of the Catholic Reformation.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 41
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Pierre Chaunu
Mourir à Paris (XVIe-XVIIe-XVIIIe siècles)
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 31e année, N. 1, 1976. pp. 29-50.
Abstract
This article outlines a research project currently being directed by the author on the attitudes of the inhabitants of Paris towards
death in the 16th, 17th and 18th centuries. Three principal sources: post-mortem inventories, "images volantes", wills contained
in the Central Records of the Parisian Notaries (Minutier Central des Notaires parisiens). Ten thousand wills (out of nearly
450,000 preserved) were used. The study confirms the conclusions of Michel Vovelle for Provence and the analysis of Philippe
Aries. In Paris, the reaction is more rapid than in Provence. Especially noteworthy are the abbreviated formulations of the
"Mérites du Christ" in the invocation to the will (dominant from the end of the 16th to the beginning of the 18th century) and the
importance of the Church's deductions on inheritances, around 10% for the middle of the 18th century, at the height of the
Catholic Reformation.
Citer ce document / Cite this document :
Chaunu Pierre. Mourir à Paris (XVIe-XVIIe-XVIIIe siècles). In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 31e année, N. 1,
1976. pp. 29-50.
doi : 10.3406/ahess.1976.293699
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1976_num_31_1_293699A PARIS ( XVP -XVIIe -XVIIIe SIÈCLES) MOURIR
Réflexions préalables
Michel Vovelle a montré la voie '. Une enquête sur les attitudes devant la
mort à Paris aux xvie, xvne et xvine siècles a été lancée en 1971-1972. Les
dépouillements se poursuivent. Il était tentant de faire le point à mi-course. Le
colloque franco-britannique de Lyon 2 en a procuré l'occasion. Une cinquant
aine de personnes 3 ont, à des titres divers, dans le cadre du séminaire que je
dirige, participé à une recherche qui aboutira à la publication prochaine, nous
l'espérons, d'un Mourir à Paris 4. Le livre, l'image volante, le testament sur
tout apprennent comment on meurt à Paris. Nous avons vu près de
7 000 testaments, 3 000 sont en cours de dépouillement. Nous sommes loin
encore des 20 000 testaments provençaux de Michel Vovelle. Il est vraisemb
lable que nous nous tiendrons un peu en deçà de cette très ambitieuse visée,
préférant l'utilisation en profondeur d'un échantillon plus restreint.
Est-il besoin de le dire ? L'équipe du testament parisien a deux maîtres. A
Michel Vovelle revient l'incomparable mérite de la méthode 5 : appliquer au
testament l'approche quantitative. A Philippe Ariès 6 le mérite d'un système de
la mort dans notre civilisation occidentale. Faut-il rappeler encore, hier et
aujourd'hui, Emile Mâle, J. Huizinga, Alberto Tenenti, Panofski, Geoffrey
Gorer, Edgar Morin, François Lebrun 7 ?
Quels sont les historiens qui, depuis 7 à 8 ans,- n'ont été, un instant, attirés
par une étude sur la mort 8 ? Je me suis interrogé, déjà, sur cette curieuse
coïncidence 9 ; la conjonction des intérêts est trop massive pour être purement
fortuite. Superficiellement, elle découle de la place prise par la démographie
historique dans la recherche en France, en Belgique, en Italie et en Angleterre.
La démographie, à l'horizon de l'immédiat après-guerre (faut-il rappeler l'article
véritablement historique de Jean Meuvret ? 10) a été d'abord une démographie
de la crise, donc, de la mort. Pierre Goubert ' ' a construit un modèle en creux
de la démographie d'Ancien Régime, commandé plus par la mort que par la vie,
par la mortalité plus que par la natalité, considérée un peu comme un invariant.
Ce modèle a été utile, il rend compte de nombreux aspects de la réalité
démographique, nous en avons vécu, même s'il est, sur quelques points, AUTOUR DE LA MORT
aujourd'hui heureusement dépassé n. Dans une certaine perspective, la belle
thèse de François Lebrun ' 3 appartient à la génération des études sur la mort, en
prolongement et sur la lancée de la démographie historique. L'intérêt des
historiens pour les attitudes devant la mort plonge des racines profondes, elle a,
bien évidemment, des motifs plus larges et plus généraux.
J'ai eu l'occasion de rappeler l'importance des allers-retours entre courants
historiographiques et paysages sociaux et mentaux l4. Il y a une historiographie
de la crise de 1 929 et de ses prolongements, de même une de la
crise de civilisation et des mutations structurelles de la fin des années 60 et des
premières années 70. Ces corrélations sont responsables, à travers les médiateurs
assez évidents, de l'assaut récent du quantitatif au troisième niveau l5. Il était
normal que l'on cherchât à atteindre par une approche quantitative le contenu
des systèmes de civilisation. Notre enquête s'inscrit, plus ou moins
consciemment, dans ce courant.
Il ne s'agit pas d'épuiser le contenu d'une recherche qui n'est pas arrivée à
son terme. On ne peut étudier la mort à Paris, aux xvie, xvne et xvine siècles,
sans quelques réflexions préalables.
I
Mourir à Paris n'est qu'un chapitre d'une recherche plus vaste, qui ne
saurait incomber à une seule équipe.
Philippe Ariès 16 a dessiné un modèle en quatre temps qui s'applique aux
deux millénaires de l'histoire chrétienne du Bassin méditerranéen et de ses
prolongements. Une mort acceptée, une mort naturelle, et une mort attendue, la
vieille manière de mourir. Elle va des preux chevaliers des chansons de geste au
paysan de Tolstoï dont la mort calque celle des patriarches de l'Ancienne
Alliance. Je serais tenté de l'appeler la mort moins socialisée d'avant le tournant
fondamental xne-xnie siècles du 17. monde La Russie plein. Nous des paysans retrouvons de Tolstoï une fois est encore antérieure, la mutation dans une des
certaine manière, à nos cathédrales. Ni synchronie ni diachronie, donc, mais
achronie.
A partir du xine siècle de toutes les innovations créatrices, deux modèles se
succèdent, un modèle baroque et un modèle replié au for familial, la mort de soi
et la mort de l'autre.
La mort ancienne fait appel à l'appui communautaire, avec ses lignages, ses
groupes d'âge. On ne perçoit guère autour du mourant (mais que sont nos sour
ces ?) ni la famille étroite, ni l'Église dans sa hiérarchie cléricale. La mort
baroque est une mort-prédication, une mort-cohue, une mort accompagnée qui
laisse peu de place à la fantaisie et au hasard. On passe insensiblement du
modèle 2 (xvie-xvne siècle) au modèle 3 (xvnie-xixe siècle). Le modèle 3 culmine
sur l'intimisme faimlial de la fin des Lumières et de la délectation romantique.
Dans une certaine mesure, la vraie rupture est entre 1,2,3 pris globalement et
la mort interdite, la mort honteuse, obscène, dissimulée, refoulée des sociétés
post-industrielles, cabrées contre ce qui révèle leur impuissance et leur échec.
Mourir à Paris confirme le modèle de Ph. Ariès : il se place sur le plan 2 et à la
transition de 2 à 3.
Notre tâche était facile. Nous avions un modèle applicable à la longue durée, P. CHAUNU MOURIR A PARIS
une méthode adaptée pour une analyse structurelle de la mort « baroque ».
Tâche facile, donc tâche délicate. En bénéficiant de tout l'acquis, il nous faut
donc tenter d'élargir et d'approfondir.
Reprenons donc nos deux guides : Western attitudes towards Death ; Les at
titudes devant la mort d'après les clauses des testaments, donc, le même souci,
la rencontre n'est pas fortuite, Yattitude, les attitudes. Au vrai, comment aller
au-delà ? On ne peut, dans ce domaine, dépasser les apparences, et c'est bien
cela, l'ensemble des comportements sociaux, du discours social tel que le
testament le livre, qui est l'objet d'une étude originale. Les pensées sur la mort,
la mort dans la pensée théologique et philosophique ont fait l'objet de recherches
anciennes n. Le mérite de l'historiographie récente n'est-ce pas, précisément,
cette brusque intrusion du quantitatif au troisième niveau ? Nous allons pouvoir
envisager un aller-retour du geste aux pensées et des pensées au geste.
Roger Chartier et Daniel Roche, dans leurs études 19, ont élargi la voie déjà

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