Mutations agricoles et transformations des paysages en Europe - article ; n°1 ; vol.173, pg 173-193
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Description

Norois - Année 1997 - Volume 173 - Numéro 1 - Pages 173-193
Les paysages ruraux de l'Europe changent. Leur dynamique traduit la place laissée par l'agriculture à d'autres activités. Trois types de paysages nouveaux apparaissent : ceux des espaces de mise en culture intensive, ceux qui correspondent à la transformation des anciens bocages et ceux des campagnes méridionales.
Les mutations agricoles et rurales sont-elles suffisamment profondes pour bouleverser totalement l'ancienne trilogie des structures agraires ?
The everchanging rural landscapes show that agriculture gave way to other activitis. Three new types can be distinguished : the intensive farming space ; landscapes steeming grom the transformation of the old bocages and the southern french farming landscapes.
Can the agricultural and rural transformation disrupt the three types of land categorization ?
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 83
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Huguette Flatrès
Pierre Flatrès
Mutations agricoles et transformations des paysages en Europe
In: Norois. N°173, 1997. Crises et mutations agricoles et rurales. pp. 173-193.
Résumé
Les paysages ruraux de l'Europe changent. Leur dynamique traduit la place laissée par l'agriculture à d'autres activités. Trois
types de paysages nouveaux apparaissent : ceux des espaces de mise en culture intensive, ceux qui correspondent à la
transformation des anciens bocages et ceux des campagnes méridionales.
Les mutations agricoles et rurales sont-elles suffisamment profondes pour bouleverser totalement l'ancienne trilogie des
structures agraires ?
Abstract
The everchanging rural landscapes show that agriculture gave way to other activitis. Three new types can be distinguished : the
intensive farming space ; steeming grom the transformation of the old bocages and the southern french farming
landscapes.
Can the agricultural and rural transformation disrupt the three types of land categorization ?
Citer ce document / Cite this document :
Flatrès Huguette, Flatrès Pierre. Mutations agricoles et transformations des paysages en Europe. In: Norois. N°173, 1997.
Crises et mutations agricoles et rurales. pp. 173-193.
doi : 10.3406/noroi.1997.6779
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/noroi_0029-182X_1997_num_173_1_67791997, Poitiers, t. 44, n° 173, p. 173-194 Norois,
Mutations agricoles et transformations
des paysages en Europe
par Huguette et Pierre FLATRÈS
RÉSUMÉ
Les paysages ruraux de l'Europe changent. Leur dynamique traduit la place
laissée par V agriculture à d'autres activités. Trois types de paysages nouveaux
apparaissent : ceux des espaces de mise en culture intensive, ceux qui
correspondent à la transformation des anciens bocages et ceux des campagnes
méridionales.
Les mutations agricoles et rurales sont-elles suffisamment profondes pour
bouleverser totalement l'ancienne trilogie des structures agraires ?
ABSTRACT
The everchanging rural landscapes show that agriculture gave way to other
activitis. Three new types can be distinguished : the intensive farming space ;
landscapes steeming grom the transformation of the old bocages and the southern
french farming landscapes.
Can the agricultural and rural disrupt the three types of land
categorization ?
Depuis les années 1950, des mutations sans précédent secouent le
monde agricole. Sous la pression de bouleversements économiques qui les
dépassent, les agriculteurs sont amenés à transformer les systèmes
agricoles qu'ils pratiquent. Il en résulte des modifications dans les
structures agraires et donc un remaniement des paysages ruraux. Toutefois
les transformations du paysage se font de manière inégale : certains
paysages anciens sont effacés totalement ; d'autres sont en voie de
transformation ; d'autres, après transformation, semblent réintégrer des
formes rappelant les paysages anciens ; II en est, enfin, qui sont demeurés
inchangés. L'« ordre éternel des champs », bien que mythique, est ressenti
par les populations comme perturbé. La brutalité des changements suscite
les passions : inquiétude, colère même chez certains, satisfaction chez les
autres. Pourquoi ces transformations ? Quelles sont les modalités des
changements ? Les mutations agricoles sont-elles seules à les provoquer ?
On présentera brièvement l'état des paysages ruraux européens avant
leurs transformations ; puis la première vague des transformations (années
50-80) ; enfin la nouvelle problématique paysagère des années 90 (à la fois
un certain retour en arrière et l'apparition d'autres paysages).
Mots-clés : Mutations agricoles. Paysages. Remembrements. P.A.C.
Key words : Agricultural transformations. Landscapes. Regrouping of lands. C.A.P. 174 HUGUETTE ET PIERRE FLATRÈS
I. — LES HÉRITAGES PAYSAGERS
Les campagnes européennes conservent encore de vastes ensembles
paysagers anciens, dont les limites ne coïncidaient pas avec celles des
États, mais qui étaient l'indice de très vieilles civilisations agraires.
Simple rappel.
A) LES BOCAGES DE LA FAÇADE ATLANTIQUE DE L'EUROPE
De la Norvège de la Galice, ils englobent Irlande, Ecosse, Pays de
Galles, Cornouaille, Devon et Massif armoricain. Ils sont caractérisés par
un habitat dispersé : fermes isolées ou petits groupements. Les structures
agraires sont de deux types : soit des ensembles de parcelles ouvertes (les
« agras » de Galice, les « méjou » de Bretagne, les « maes » du Pays de
Galles), soit des espaces bocagers, de très loin les plus étendus : champs
enclos de talus arborés ou non, couverts parfois d'ajoncs. La surface
usuelle de la parcelle enclose était d'un demi-hectare environ, le «journal
de terre » correspondant à la journée de labour. Les formes des parcelles
étaient proches du carré, à l'exception des anciens « méjou » embocagés
qui ont gardé leur forme rectangulaire originelle. La lande à ajonc et à
bruyère était incluse dans les systèmes agricoles (très largement dominés
par une polyculture associant cultures céréalières et élevage) et labourée.
L'espace bocager, considéré dans son aspect visuel, étaient assez peu pris
en considération par les populations locales et, pour les paysans, il était,
avant tout, l'outil de travail. Il a assez peu inspiré les peintres,
probablement à cause de son caractère fermé, ses talus et ses haies qui
empêchent le recul nécessaire à l'émergence d'un paysage. Même à partir
de points hauts, la vision panoramique des bocages, du moins là où ils sont
les plus denses est celle d'un moutonnement assez monotone sans lignes
directrices très marquées.
B) L'EUROPE DES VILLAGES ET DES CHAMPS OUVERTS
Jusqu'au XVIIIe siècle, des limites ouest et nord de l'Angleterre aux
confins polonais, cette Europe couvre le Bassin Parisien et l'Alsace, une
partie de la Belgique, le Luxembourg, le « Mittelland » suisse,
l'Allemagne moyenne et méridionale. L'agriculture, à dominante
céréalière, et les aménagements agraires y présentaient des traits quasi
uniformes. D'abord, un habitat groupé en assez gros villages, un finage
divisé en trois soles, dont les parcelles, ouvertes, étaient souvent laniérées
à l'extrême, à la suite de multiples, partages successoraux. Chaque
exploitant villageois détenait des parcelles sur chacune des trois soles et
était astreint à l'assolement triennal. Ce système a subi ici ou là quelques
transformations : en Angleterre, aux XVHF et XIXe siècles, on passe du
paysage ouvert à un paysage bocager à très larges mailles trapues et à
haies d'aubépine (« enclosures »). En Allemagne l'évolution fut
différente : maintien de l'assolement triennal et d'un laniérage. Toutefois AGRICOLES ET TRANSFORMATIONS DES PAYSAGES EN EUROPE 1 75 MUTATIONS
au cours des XVIIIe et XIXe siècles, dans différents États, on assiste à des
réaménagements permettant le désenclavement des parcelles et à la liberté
des systèmes de cultures. Mais, si une grande partie de l'Allemagne fut, en
matière parcellaire, moins novatrice que l'Angleterre, elle le fut plus que
la France. Excepté les plaines de l'Ile-de-France et de très rares
remaniements parcellaires, le Bassin Parisien et la plaine d'Alsace restent
jusqu'au milieu du XXe siècle terres de villages et de champs ouverts
lanières. Dans tous ces cas, les openfield fournissent au regard des
paysages très dégagés, avec des perspectives lointaines, à perte de vue et
des panoramas tous azimuts à peine coupés par quelques parcelles boisées
ou par les villages. Par ailleurs, le tracé des parcelles au sol, leur
groupement en quartiers ou leur extraordinaire étirement offrent un
remarquable dessin. Paysage monotone et vide pour les uns, paysage
majestueux, voire grandiose pour d'autres.
C) DIVERSITÉ ET COMPLEXITÉ DES PAYSAGES DE L'EUROPE DU
SUD
L'Aquitaine ne présente pas les schémas classiques des paysages plus
septentrionaux. Elle a un habitat en majorité dispersé dans un paysage
assez ouvert et, de plus, assez arboré. D'autre part, c'est le midi océanique
(vignoble de plaine, maïs-grain, arbres fruitiers).
Quant aux systèmes agraires et aux paysages des pays méditerranéens
- Espagne (nord-ouest excepté), Languedoc, Provence, Italie

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