Nicaragua - article ; n°1 ; vol.72, pg 242-249
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Description

Journal de la Société des Américanistes - Année 1986 - Volume 72 - Numéro 1 - Pages 242-249
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 16
Langue Français

Extrait

Philippe Bourgois
3. Nicaragua
In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 72, 1986. pp. 242-249.
Citer ce document / Cite this document :
Bourgois Philippe. 3. Nicaragua. In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 72, 1986. pp. 242-249.
doi : 10.3406/jsa.1986.1018
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1986_num_72_1_1018242 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES
nomique et social ; il est mis l'accent sur le problème de la distribution des
marchandises produites, sur le désir que l'utilisation des aides officielles soit
supervisée par les autorités traditionnelles, et enfin sur la nécessité que les
organismes financiers accordent des crédits adaptés aux conditions particul
ières des communautés ;
— le rejet d'une législation faite par les non-Indiens au profit des non-Indiens ;
la reconnaissance de lois et normes orales, traditionnelles, parfaitement adapt
ées aux formes de vie et de pensée indiennes ;
— Le rejet de Г elector alisme des partis politiques traditionnels ;
— la neutralité en face « des deux armées », i.e. militaires et guerrilleros ; la
démilitarisation des territoires indiens, notamment dans le sud du pays où la
situation est en permanence explosive ;
— la dénonciation des pratiques ethnocidaires des « Églises catholique et pro
testante » ; le Congrès répudie la présence du Summer Institute of Linguist
ics et demande la révocation définitive de son contrat avec l'État ;
— sur le terrain éducatif, la propagation des expériences bilingues biculturelles
aux zones encore assujetties au régime national ; l'unification des normes
alphabétiques, trop souvent disparates car tributaires des institutions concur
rentes ; la collaboration avec les deux Universités qui délivrent une maîtrise
en linguistique aborigène ;
— l'encouragement à la création de stations radiophoniques en langues vernacu-
laires qui, contrairement aux media actuels, diffusent des contenus capables
de sensibiliser les Indiens ;
— la récupération de la médecine traditionnelle et l'utilisation de la médecine
officielle sans que cela suppose la dépendance dans laquelle beaucoup de
communautés sont tenues aujourd'hui.
François QUEIXALOS.
3. — NICARAGUA
Guerre, négociations et autonomie : la question de la Moskitia.
La lutte armée entre un secteur important des Indiens Miskito et le gouverne
ment sandiniste au Nicaragua alimente une âpre polémique sur le plan interna
tional. Malheureusement, le manque d'information accessible au débat public
oblige la plupart des personnes intéressées à ne former leur opinion sur cette
question qu'en fonction de leurs propres partis pris politiques et a priori théo
riques. Cette courte note a pour buts d'actualiser les développements complexes
de la situation sur la côte atlantique — la Moskitia — et tenter de « dé
politiser » les polémiques en montrant les racines historiques du conflit.
Une compréhension « anthropologique » de l'origine du peuple miskito et
une analyse historique de son insertion dans les hiérarchies régionales des classes CHRONIQUE D'INFORMATION SUR LES AMÉRINDIENS 243
et des ethnies — les Métis, les Créoles (« noirs »), les Sumu, les Rama, les Gari-
funa — , qui prédominent dans la Moskitia depuis les derniers deux siècles, per
mettent de penser qu'il aurait suffi de peu d'erreurs de la part des sandinistes
pour que les Miskito prennent pareillement le maquis. Guère besoin non plus de
beaucoup de ruse de la part de la CIA nord-américaine pour que la confronta
tion dans la Moskitia se perpétue en un carnage atroce, comme ce fut le cas
entre 1982 et 1984. Les tensions structurelles entre la minorité amérindienne et la
majorité métisse au Nicaragua sont en effet si chargées historiquement qu'il ne
faut pas s'étonner de l'éruption de conflits violents entre ces deux groupes, peu
après que la révolution sandiniste eut créé une ouverture démocratique en dépo
sant l'ancien dictateur Somoza en juillet 1979. En revanche, les récentes initiati
ves (depuis 1985), telles que le cessez-le-feu, la reconnaissance par le gouverne
ment de la légitimité des revendications indiennes, la discussion au niveau natio
nal concernant la mise en place d'une autonomie de la Moskitia et l'auto
critique sandiniste auraient pu offrir la possibilité d'une solution pacifique au
conflit. Tragiquement, après la décision prise durant l'été 1986 par le Congrès
des États-Unis en vue de renouveler et d'augmenter l'aide militaire aux « con
tras », un tel règlement négocié paraît de moins en moins probable.
La situation actuelle.
— 1981-1984 : de la confrontation politique à l'affrontement militaire.
Un certain nombre de leaders sandinistes (mais pas nécessairement tous)
reconnaît aujourd'hui que la politique originalement suivie vis-à-vis des minorit
és ethniques était profondément erronée. En 1981, ils réagirent au mécontente
ment manifesté par les Miskito (ainsi que par une partie importante des autres
groupes ethniques de la Moskitia, spécialement les Créoles et les Sumu) en fonc
tion de la menace militaire qui, épaulée par les États-Unis, commençait à se
développer au Honduras, réduisant les possibilités d'un dialogue et d'un com
promis négocié dans la Moskitia. Le climax fut atteint fin 1981 -début 1982 avec
l'évacuation des communautés frontalières établies le long du rio Coco et la des
truction de l'infrastructure locale et des ressources, du bétail, des vivres, des
maisons, des églises. Ces déplacements répondaient, d'une façon que rétrospect
ivement l'on peut juger démesurée — voire tragique, à une série de raids violents
effectués à partir du Honduras par de petites brigades de jeunes Miskito que la
« contra » était alors en train de recruter. A la même époque, quelques cen
taines de leaders communautaires, dont la plupart n'étaient que marginalement
liés à l'opposition armée — quand ils l'étaient, furent emprisonnés. Les sandi
nistes espéraient ainsi priver le mouvement armé miskito naissant de la base
sociale et logistique nécessaire à sa transformation en une armée de guérilla.
Ce fut le contraire qui se produisit. Les rangs et la légitimité de l'opposition
armée se virent renforcés par l'afflux de nombreux réfugiés en colère. Dans les
deux années qui suivirent, la Moskitia fut convertie en zone de guerre. Les
sérieuses violations des droits de l'homme — selon les enquêtes de différentes
organisations *, des dizaines de personnes furent tuées ou portées disparues — 244 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES
commises par les troupes gouvernementales, composées en majorité de métis,
eurent pour effet de radicaliser davantage la population locale. A tel point que
les tortures, les viols et les exécutions sommaires perpétrés par des rebelles mis-
kito sur des sandinistes faits prisonniers comme sur des employés publics (dont
des dizaines furent tués et/ou maltraités par les forces indiennes, selon les
mêmes organisations humanitaires) en vinrent à être considérés comme un
recours légitime face à la violence de l'armée.
— 1985-1986 : retour au politique ?
A partir de la fin 84, le gouvernement nicaraguayen commença à reconnaître
qu'il y avait eu violations des droits de l'homme sur la côte atlantique, et cer
tains soldats et officiers gouvernementaux furent poursuivis et emprisonnés. Fin
84 toujours, une amnistie fut déclarée et pratiquement tous les prisonniers mis-
kito furent relâchés ; le gouvernement entreprit des négociations de paix avec les
différentes factions de l'opposition armée miskito. Un cessez-le-feu était signé en
mai 1985 avec les chefs régionaux de Misura (l'unité des Miskito, Sumu et
Rama), considéré comme le plus extrémiste et le plus dogmatique des deux grou
pes armés. Cette même trêve fut semi-officiellement reconnue par la deuxième
organisation armée, Misurasata2 (l'unité des Miskito, Sumu, Rama et sandi
nistes).
A la même époque, le gouvernement annonça un programme qui devait inst
itutionnaliser l'autonomie régionale de la Moskitia. Parmi d'autres réformes et
initiatives politiques en vue de regagner la confiance de la popul

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