Note sur l éducation des enfants arriérés à l École de la Salpêtrière - article ; n°1 ; vol.11, pg 83-93
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Note sur l'éducation des enfants arriérés à l'École de la Salpêtrière - article ; n°1 ; vol.11, pg 83-93

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Description

L'année psychologique - Année 1904 - Volume 11 - Numéro 1 - Pages 83-93
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1904
Nombre de lectures 19
Langue Français

Extrait

Meusy
Note sur l'éducation des enfants arriérés à l'École de la
Salpêtrière
In: L'année psychologique. 1904 vol. 11. pp. 83-93.
Citer ce document / Cite this document :
Meusy . Note sur l'éducation des enfants arriérés à l'École de la Salpêtrière. In: L'année psychologique. 1904 vol. 11. pp. 83-
93.
doi : 10.3406/psy.1904.3668
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1904_num_11_1_3668NOTES SUR L'ÉDUCATION DES ENFANTS ARRIÉ
RÉES A L'ÉCOLE DE LA SALPÊTRIÈRE '
Jusqu'à présent nulle loi n'est encore intervenue en France
pour assurer ou réglementer l'instruction des enfants arriérés,
ou bien, si la loi est la même pour tous et si l'instruction doit
être donnée à tous obligatoirement, il n'a pas été pourvu aux
voies et moyens d'arriver à ce résultat en ce qui les concerne.
Sauf de rares établissements d'éducation fondés pour eux par
l'initiative privée, les quelques écoles spéciales existant actuel
lement dans notre pays ont été créées par les soins de l'Assis
tance publique dans les hospices qui reçoivent des enfants
anormaux.
Parmi ces écoles, celle de la Salpêtrière, fondée en 1859, est
la plus ancienne.
Elle compte environ 150 élèves dont l'âge varie de 4 à 21 ans,
épileptiques, arriérées simples, infirmes ou non infirmes,
idiotes plus ou moins profondes, etc.
Parmi ces enfants, les arriérées non épileptiques sont, au
point de vue pédagogique, les plus intéressantes, parce que
les améliorations progressives que l'on peut en obtenir ont un
caractère de stabilité qui n'existe pas cfiez les autres.
Tout d'abord, l'arriéré est-il un être à part? Demande-t-il ime
1. C'est sur notre demande que M"10 Meusy, la très distinguée directrice
de l'École d'arriérées de la Salpêtrière, a bien voulu rédiger cette note.
Nous lui adressons nos vifs remercîments, ainsi qu'aux institutrices de
l'école qui lui ont prêté leur collaboration. 'L'école d'arriérées de la Sal
pêtrière est placée dans le service dii Dr Voisin, notre collègue, qui
nous a permis, avec sa courtoisie habituelle, de faire toutes ces études.
Lorsque le rapport de Mme Meusy fut terminé, je l'interrogeai en détail
sur quelques points importants, et ^"ai mis en note, sous ma signature,
ces renseignements complémentaire
II me semble que ce travail surf l'éducation des arriérées vient à son
heure; nous sommesenfin arrivés II une époque où les pouvoirs publics
s'intéressent vivement au sort «s arriérés de toutes sortes, et ont
compris la nécessité d'organiser pf ur eux des écoles spéciales. (A. Binet.) 84 MÉMOIRES ORIGINAUX
éducation spéciale? N'est-ce pas plutôt un être dont l'enfance
se prolonge un temps indéterminé1 ?.
Une personne atteinte de maladie aiguë réclamera des soins
médicaux particuliers, tandis qu'un être chétif, anémique, d'un
organisme débilité demandera une hygiène plus sévère, mais
non différente de celle des gens vigoureux et bien portants.
L'arriéré est, au point de vue intellectuel, cet être faible dont
l'éducation demandera plus de patience, plus de dévouement,
des efforts plus fréquemment répétés, un enseignement plus
simple, mais non différent de celui des enfants normalement
développés2.
1. Le rapport soulève ici une question d'une certaine gravité. D'après
une recherche que je viens de faire, avec le Dr Simon, sur le sort ulté
rieur des enfants qui quittent l'école d'arriérées de la Salpêtrière, les faits
suivants ont apparu en pleine lumière : sur 120 enfants, il y en a eu 55
qui étaient atteints d'épilepsie (épilepsie simple, 19; épilepsie avec débilité
mentale, 25; épilepsie avec idiotie ou imbécillité, 10) et 32 atteints de
débilité mentale, 11 d'idiotie, 5 d'imbécillité. Parmi les élèves sortis, un
bien petit nombre arrivent à exercer une modeste profession, à peine 12;
on peut en compter aussi 8 qui sont rendus améliorés à leur famille; cela
fait. 20 en tout, qui ont bénéficié de l'école. Pour le reste, les résultats
sont moins brillants : 20 enfants non améliorés sont rendus à la famille,
et 60 sont transférés dans les services d'aliénés, c'est-à-dire sont inutili
sables, et présentent une déchéance plus ou moins marquée. Or si, rap
prochant ces deux classifications, on recherche quels sont les enfants
qui ont réussi à acquérir une profession au sortir de l'école, on trouve
que les seuls dans ce cas sont les enfants atteints de débilité mentale et
d'épilepsie simple. Est-ce donc bien la peine de donner aux autres, pen
dant 10 et 15 ans parfois, une instruction de nature purement intellec
tuelle, dont ils ne profiteront dans presque aucune mesure, et ne vau
drait-il pas mieux, après examen individuel de chaque cas, occuper ceux
qui sont le plus gravement atteints par quelques exercices du travail
manuel le plus simple?
11 est surprenant que cette question n'ait pas encore été examinée, et
de très près, par des personnes ayant un peu d'esprit scientifique, ne
cherchant pas à faire mousser une école quelconque, et voulant juger les
œuvres par leurs conséquences sociales.
Dans cette enquête à laquelle je fais allusion, et dont j'ai résumé si
brièvement les résultats, je me suis aperçu combien il serait utile de
déterminer avec précision le degré d'intelligence et le degré d'instruc
tion des élèves, au moment de leur entrée dans une école, et au moment
de leur sortie. C'est le seul moyen de connaître le profit qu'ils ont retiré
de leurs études. Puisque je suis en train de formuler des vœux, en voici
un autre : que les administrations qui veillent sur les écoles spéciales y
fassent centraliser tous les renseignements possibles sur le sort ultérieur
des élèves, afin que les maîtres puissent toujours se rendre compte de
l'utilité de leur enseignement. A. B.
2. Le rapport tranche ici, d'une façon trop sommaire, une question
complexe. 11 ne faut pas oublier que les anormaux présentent parfois des
facultés spéciales assez bien développées; par exemple le chant, la
mémoire auditive, le goût de la musique. Ce sont ces facultés spéciales
qu'un bon éducateur d'anormaux doit chercher à reconnaître, pour en
favoriser l'essor. A. B. — L'ÉDUCATION DES ENFANTS ARRIÉRÉES 85 MEÜSY.
Tel arriéré doit-il être classé dans la catégorie des idiots
incurables? On ne pourra s'en apercevoir qu'après plusieurs
années de soins ininterrompus; il est impossible de formuler
au début un diagnostic infaillible; souvent des améliorations
imprévues se sont produites. Le point capital est d'éveiller
l'attention de l'enfant (le laps de temps nécessaire variera selon
les sujets), puis de la fixer.
L'éducation des sens s'abordera la première : on comprend
facilement que les sens sont très inégalement développés chez
chacun de nos élèves. L'un sera attiré par les sons, l'autre par
les couleurs, un troisième par le goût, un autre encore par le
mouvement. Il est essentiel de découvrir ce point d'attraction
et de s'en servir non seulement pour l'éducation du sens sur
lequel il s'exerce, mais encore par action réflexe sur les autres
sens; car le développement d'un organe ne saurait être isolé;
l'enfant excité par la vue d'une friandise se décide à tendre la
main pour la saisir et met en jeu le toucher pour servir le
goût. C'est ainsi que peu à peu l'éducation partie d'un point
spécial s'étend sur des sujets très variés.
L'enseignement des arriérés ne doit être ni purement collectif,
ni purement individuel; il doit participer de l'un et de l'autre.
Individuel, il s'efforcera de tirer le meilleur parti des apti
tudes de chaque enfant; collectif, il augmentera l'attrait du
travail et fera quelquefois luire

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