Nouvelle carte de la fréquentation du lac de Paladru à l époque gallo-romaine, par J.-F.DECLE et E.VERDEL. In : L habitat fortifié médiéval de Colletière à Charavines (lac de Paladru, isère).sous la direction de M.COLARDELLE et E.VERDEL Rapport 2012
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Nouvelle carte de la fréquentation du lac de Paladru à l'époque gallo-romaine, par J.-F.DECLE et E.VERDEL. In : L'habitat fortifié médiéval de Colletière à Charavines (lac de Paladru, isère).sous la direction de M.COLARDELLE et E.VERDEL Rapport 2012

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Publié le 07 septembre 2013
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LAC PALADRU ANTQ RAPPORT 2 2012 Une nouvelle carte de la fréquentation du lac de Paladru à l'époque galloromaine. Le conditionnement du matériel archéologique stocké à Colletières a permis de dresser une nouvelle carte de la fréquentation des rives du lac à l'époque galloromaine et d'entrevoir peutêtre certaines données architecturales inattendues. La plus grande partie des matériels galloromains a été récoltée lors de prospections subaquatiques ou terrestres, notamment à l'occasion des prospections systématiques de 1983 (COLARDELLE 1983) . Le restant provient de quelques interventions sur chantier et de quelques trouvailles fortuites. L'essentiel des artefacts recueillis – en terme de volume et de masse – est constitué de terres cuites architecturales , tegulae en fragments (une seule entière, par reconstitution, de La Bourgealière) et d'imbrices ( 3 entiers, par reconstitution, de La Véronnière) . Pour ce dernier type de TCA, le ramassage s'effectue souvent de façon plus sélective sur les sites, faute de perspectives d'interprétations fiables. Pour le reste, de la céramique commune claire et sombre , et même sigillée, mais peu abondante et très fragmentée, Pas de métal ni de monnaie (sauf sur le site médiéval de Colletière, mais qui constitue un cas à part. voir infra). Le relevé des localisations des récoltes , complété par la consultation des précédents rapports de prospections , dont le volumineux et très documenté rapport 1983 , luimême faisant état de prospections antérieures effectuées par les préhistoriens dans les années 1970, le recours au Daf de 1993 ( COLARDELLE, VERDEL 1993) et aux deux volumes de la Carte Archéologique de la Gaule consacrés à l'Isère (PELLETIER et al.1994 ), dont le plus récent (BERTRANDY et al.2011 ) concerne la zone du lac , a permis d'actualiser la précédente carte (1993) de la fréquentation humaine au lac de Paladru à l'époque galloromaine.
Carte R.Heulin 2012
Le terme « site » utilisé désigne ici une localisation d'artefacts recueillis ou observés ( DJINDJIAN 2011, p.289290) . Il ne préjuge pas de la nature du bâti à l'époque galloromaine, habitation ou installation fonctionnelle, ni même d'une construction . Les situations sont diverses . Si à La Bourgealière , on est incontestablement sur un site d'habitation ( matériel tégulaire, céramiques de types divers, statuette de Sucellus), près de la fouille médiévale de Colletière , le « site » consiste en un tas d'épierrement de la période antique, indice d'une activité agricole . Inversement le site médiéval de Colletière qui a livré quelques artefacts le plus souvent recherchés pour leur témoignage chronologique ( ainsi des monnaies) ne figure pas comme site galloromain parce que la fouille n'a montré la présence d' aucune installation de cette période à cet endroit et qu'il est très probable qu'il s'agit dans ce cas d'un dépôt secondaire, le matériel ayant été rapporté (et peutêtre utilisé) par les médiévaux d'un lieu ou de lieux probablement proches, mais inconnus à ce jour. Globalement on considèrera donc qu' audelà de leurs particularités matérielles et informatives , ces artefacts relevés et localisés constituent un ensemble qui atteste d'un peuplement du terroir du lac de Paladru à époque galloromaine – modeste probablement, mais plus important sans doute qu'on ne le pensait à en juger par les cartes de 1983 et de 1993.
Toutes ces cartes mettent en évidence le fait que , sur l'ensemble géographique que peuvent constituer ces anciennes vallées glaciaires séparées de collines morainiques, du point de vue du peuplement, les cours d'eau et les vallées constituent des zones attractives, de préférence aux versants et aux sommets. On ne se trouve donc pas ici dans le cas d'une occupation territoriale à situation ou à motivation défensive (où on exploite de quoi survivre en haut et en bas, mais où on vit en haut) , mais productive (où on exploite de quoi survivre , mais aussi de quoi vendre, en haut et en bas, et où l'on vit de préférence en bas) . On peut y exploiter ainsi à la fois l'ager,lesaltuset lasilva la proximité de l'eau (pêche, roseaux par, et même les ressources permises,chanvre) dans un contexte de réseau économique facilité par la possibilité de voies de communication praticables.
Mais la zone manifestement la plus attractive s'avère la frange littorale du lac et son pourtour immédiat, soit une quinzaine de sites répertoriés à ce jour. Il faut tenir compte aussi , comme toujours, de la disparition des constructions de bois et de terre, très forte dans les zones humides, et particulièrement dans la zone littorale du lac, où aux effets habituels des variations de niveau d'eau et du batillage s'ajoutent des phénomènes érosifs qui peuvent atteindre une ampleur importante. Les éboulements de 1870, par exemple, conséquence combinée des travaux d'installation de la vanne régulatrice de Colletière de 1868 et de la période de sécheresse qui a suivi , ont ainsi provoqué autour du lac la disparition de berges en une quinzaine d'endroits, sur une superficie cumulée d'un hectare et demi. C'est ainsi que le site médiéval d'Ars s'est retrouvé englouti à 18 m de profondeur, ou encore qu'a glissé dans l'eau noire une partie des vestiges antiques du David (1) ( SYNDICAT DES USINIERS DE LA FURE 1875 ).
On observe aussi une répartition irrégulière des sites sur le pourtour littoral du lac . Sans doute des zones s'avèrent peu favorables à une installation , comme celle des bas de collines tombant en fortes pentes dans le lac , tant en rive droite qu'en rive gauche (2). Étrangement c'est la zone nord est, ca e qui révèle la plus importante concentration de smitaersé.Étgraunsgeeemnecnotreenjcuosrqeued'daautnrseslezsoannenséqesu'o1n97p0o,urraitjugerplusfavorables,n'ontpasrévélédetraces d'installation galloromaine. Ainsi le site néolithique des Baigneurs dont la plage devait être exondée ( le niveau d'eau antique est estimé à 1.5 /2.5m plus bas qu'aujourd'hui) et les vestiges sans doute apparents (3).
Enfin il avait été évoqué dans les rapports 2008 et 2011 l'hypothèse d'une lecture sociologique de la répartition des constructions des deux rives. Sans doute le pourtour du lac ne comportait pas d'habitation luxueuse, de villa , comme Chélieu ou Sermorens. Mais à une rive droite protégée des vents du nord et d'ouest, et donc moins soumise aux effets négatifs de la dynamique lacustre, correspondraient des habitats moins rustiques (comme La Bourgealière) que ceux d' une rive gauche moins favorable à l'occupation (comme La Véronnière). La céramique et les TCA peuvent contribuer à étayer cette hypothèse.
En effet la plus grande quantité (très modeste en absolu, il est vrai ) de céramiques récoltées se trouve sur cette rive droite (Le Calatrin, OurcièreCH13, et La Bourgealière), on y a trouvé même de la céramique de service ( à La Bourgealière). De même, seule cette rive droite a fourni quelques fragments de tegulae revêtues d'enduit ocrebrun (Le Calatrin), une tuile de rive ( Le Calatrin) et une tegula entière ( La Bourgealière) (figure 1) de bonne qualité d'exécution . Enfin le site du Calatrin et de La Bourgealière sont les plus importants fournisseurs de fragments de tegulae présentant leur rebord (15 et 12). Ce qui a sans doute son importance si l'on songe qu'un certain nombre d'installations n'ont laissé aucune trace matérielle lorsque la couverture de ces constructions de terre et de bois était réalisée en matière végétale (chaume , roseaux) , au lieu de matériel tégulaire.
L'attractivité du lac , même si elle n'est perceptible que dans des installations au luxe inégal et, de toutes façons, relatif, n'en est pas moins réelle à en juger par le nombre de sites repérés. Sur des bases aussi ténues , une interprétation ne peut être qu'hypothétique. En termes de ressources, outre la pratique agricole révélée par l'empierrement de Colletière, et notamment la culture et le traitement du chanvre , on peut ajouter la pêche (pirogue, poids de filet) et probablement l'exploitation des roselières. De plus les éléments de confort ou de luxe, dans leur modestie relative, on l'a vu, ne sont pas absents de certaines installations, ce qui n'exclut pas, sinon la villégiature, tout au moins la prise en considération d'uneamoenitas vicinitatis aquae.
Ainsi, malgré la ténuité des vestiges , la nouvelle carte de la fréquentation du lac de Paladru à l'époque galloromaine enrichit notre connaissance sur cette période. Elle rend aussi conscient de la modestie des résultats. Mais elle témoigne surtout du travail accompli depuis une quarantaine d'années aussi bien en recherches sur le terrain et que dans la transmission des informations par les rapports successifs .
Notes
1 « On a trouvé dans l'importante corrosion n° 3 [Le David] , six grandes et fortes tuiles anciennes, dont quelquesunes étaient encore entières, avant l'éboulement , elles étaient enfouies sous plus de 3 m de hauteur de terre, et se trouvaient engagés dans le talus , audessus d'un sol non remué , un peu en contrehaut des basses eaux d'alors (cote 498 m environ). » DES SYNDICAT USINIERS DE LA FURERapport d'experts [sur les éboulements du lac de Paladru].Carton n° 5, dossier n° 2, liasse n° 3, pièce n ° 7. 1875.p.3132
 2 On désignera ainsi par rive droite et rive gauche les rives ouest et est du lac, par commodité pratique, compte tenu de la forme longiligne du lac, de l'existence d'un courant nordest / sudouest qui amène l'eau aux vannes de Colletière, audelà desquelles l'eau qui court est qualifiée de rivière sous le nom de Fure. Ce faisant, on reprend la même terminologie en la matière que celle d'un des frères TERCINET, propriétaires de la moitié du lac en 1870, dans une lettre de cette même année, où il évoque l'effondrement des berges : « (…) Quand sont les pluies devenues abondantes fin
Octobre et courant Novembre les nombreux effondrements ont eu lieu sur la Rive gaucheemportantetc (...) »  3 La fouille du site néolithique des Baigneurs dirigée par A.BOCQUET n'a relevé aucune trace de construction ultérieure à l'occupation préhistorique ( BOCQUET A.Les Oubliés du lac de Paladru.Livre et DVD. Editions La Fontaine de Siloé. Montmélian, 2012 ) . La récolte d'un fragment isolé de céramique commune sombre dite allobroge, au fond marqué FEC.VALLO , de même que la présence d'une embarcation d'époque galloromaine dans la même zone, les situent hors contexte.  4 Attestés historiquement. Voir SYNDICAT DES USINIERS DE LA FURE 1875. SYNDICAT DES USINIERS DE LA FURERapport d'experts[sur les éboulements du lac de Paladru].Carton n° 5, dossier n° 2, liasse n° 3, pièce n ° 7. 1875.  5 Voir les précédents rapports , DECLE 2008 ; DECLE, LAURENT 2010 ; DECLE, VERDEL 2011 ; Bibliographie ADAM 1984. ADAM J.P. La Construction romaine, Matériaux et techniques, Editions A et J. PICARD, 1984 . 3 La charpente de couvertures. BERTRANDY et al.2011. BERTRANDY F. BLEU S. JOSPIN J.P. ROYET R.  Carte archéologique de la Gaule38/2. Académie des Inscriptions et Belles Lettres. Paris, 2011. BOCQUET A.  Les Oubliés du lac de Paladru. Livre et DVD. Editions La Fontaine de Siloé. Montmélian, 2012 CHOISY 1873. CHOISY A. L'art de bâtir chez les Romains, Paris, 1873 COLARDELLE 1983. COLARDELLE M. dir.  Charavines (Isère). Habitat médiéval de Colletière. Rapport de recherches 1983. Centre d'Archéologie Historique des Musées de Grenoble et de l'Isère ( CAHMGI ) et Société Alpine de Documentation et de Recherche en Archéologie Historique, 1983. COLARDELLE et VERDEL 1993. COLARDELLE M. et VERDEL E. (dir.) Les habitats du lac de Paladru (Isère) dans leur environnement, La formation d'un terroir au XIème siècle, Documents d'Archéologie Française 40, Editions de la Maison des Sciences de l'Homme, 1993. COUTELAS 2003 COUTELAS A. – Pétroarchéologie du mortier de chaux galloromain, essai de reconstitution et d’interprétation des chaînes opératoires : du matériau au métier antique, Thèse de doctorat, Université Paris 1, non publiée .2003. p.345 , 2.3.2. Les mortiers de toiture. DECLE 2008. DECLE J.F. Un gisement galloromain à la Véronnière. In : COLARDELLE M. et VERDEL E. (dir.),L'habitat fortifié médiéval de Colletière à Charavines (lac de Paladru, Isère). Rapport intermédiaire 2008, pp.3032. DECLE LAURENT 2010 DECLE J.F. , LAURENT F.,  site antique de La Véronnière Le :. In COLARDELLE M. et VERDEL E. (dir.),L'habitat fortifié médiéval de Colletière à Charavines (lac de Paladru, Isère). Rapport d'opérations 2010, pp.1213.
DECLE, VERDEL 2011. DECLE J.F. , VERDEL E.  Les terres cuites architecturales gallo romaines de la Véronnière COLARDELLE M. et : E. (dir.), VERDEL. InL'habitat fortifié médiéval de Colletière à Charavines (lac de Paladru, Isère). Rapport d'opérations 2010, pp.1213. DJINDJIAN François – Manuel d'archéologie, Armand Colin, Paris, 2011.Le concept de site archéologique p.289290. FFTB, CTTB 1972. Fédération des Fabricants de Tuiles et de Briques. Centre Technique des Tuiles et Briques.  Les Matériaux de terre cuite. Caractéristiques et mise en oeuvre. Société Editeb. Paris, 1972. GUT 1998 GUT P. La Charpente , Centre de Coopération Suisse pour la Technologie et le Management (SKAT) . Bureau International du Travail BIT). Série Pédagogique TFM / TVM. Outil 24. 1998. OUZOULIAS P et TRANOY L. dir.  Comment les Gaules devinrent romaines. La Editions Découverte, Paris. 2010 PELLETIER et al. 1994. PELLETIER A. DORY F. MEYER W. MICHEL J.C.  Carte archéologique de la Gaule38/1. Académie des Inscriptions et Belles Lettres. Paris, 1994. PHALIP 2004. PHALIP Bruno Charpentiers et couvreurs. L'Auvergne médiévale et ses marges. Documents d'Archéologie en RhôneAlpes et en Auvergne, n°26, Association pour la promotion de l'archéologie en RhôneAlpes, Lyon 2004
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