Nouvelles recherches sur la musique dans le Neveu de Rameau - article ; n°1 ; vol.20, pg 57-74
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Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie - Année 1996 - Volume 20 - Numéro 1 - Pages 57-74
Jean-Christophe Rebejkow : New work on music in Rameau 's Nephew.
Questions of musical aesthetics are at the heart of Rameau 's Nephew. This article places certain aspects of the theories of Jean-Francois Rameau, who is here Diderot 's mouthpiece, in their musical context. After relating the nephew's theories concerning stress and declamation to the debate on French and Italian music, with the help of Rousseau's Dictionnaire de musique, we show how they were mainly inspired by Praetta (Sofonisba in particular) whose type of declamation was adapted by Philidor or Gréty to the resources of the French language. But French airs that the nephew sings is not a complete invention ; it can also be seen in Voltaire and echoes a type of comic opera to be found in the théatre de la foire and in ballet-comedies, in particular in Jean-Philippe Rameau (L'Endriague).
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 53
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Christophe Rebejkow
Nouvelles recherches sur la musique dans le Neveu de Rameau
In: Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie, numéro 20, 1996. pp. 57-74.
Abstract
Jean-Christophe Rebejkow : New work on music in Rameau 's Nephew.
Questions of musical aesthetics are at the heart of Rameau 's Nephew. This article places certain aspects of the theories of
Jean-Francois Rameau, who is here Diderot 's mouthpiece, in their musical context. After relating the nephew's theories
concerning stress and declamation to the debate on French and Italian music, with the help of Rousseau's Dictionnaire de
musique, we show how they were mainly inspired by Praetta (Sofonisba in particular) whose type of declamation was adapted by
Philidor or Gréty to the resources of the French language. But French airs that the nephew sings is not a complete invention ; it
can also be seen in Voltaire and echoes a type of comic opera to be found in the théatre de la foire and in ballet-comedies, in
particular in Jean-Philippe Rameau (L'Endriague).
Citer ce document / Cite this document :
Rebejkow Jean-Christophe. Nouvelles recherches sur la musique dans le Neveu de Rameau. In: Recherches sur Diderot et sur
l'Encyclopédie, numéro 20, 1996. pp. 57-74.
doi : 10.3406/rde.1996.1322
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rde_0769-0886_1996_num_20_1_1322Jean-Christophe REBEJKOW
Nouvelles recherches sur la musique
dans Le Neveu de Rameau
parole été recherches, conceptions Rameau, si d'une riche, remarquablement La façon dans musique Philidor, que qu'il le de originale. de Neveu2, Diderot n'est nouvelles Duni, dans analysées plus Les par Le ou ou rapport théories possible de Gluck1. Neveu recherches Jean-François par à de Daniel musicales d'aborder Mais la musique Rameau permettent le Heartz, contexte Rameau, cette exposées de a relativement fait l'époque. question de musical mieux souvent l'objet dans sans En le au préciser de Neveu à son Neveu effet, l'éclairer celles tant porte- ceront les est de de
tains points restent obscurs. Ne rencontre-t-on pas, dans l'opéra italien, le
type de déclamation que le neveu préconise : « II nous faut des exclamat
ions, des interjections, des suspensions, des interruptions, des affirmations,
des négations » (Lew., X, 389) ?
Des convergences apparaissent toutefois entre les théories du Neveu et
l'opéra séria italien, en particulier en ce qui concerne la déclamation. Les
conceptions de Diderot sur la déclamation doivent être replacées dans leur
contexte. De même leurs relations avec la querelle sur la musique françai
se et la musique italienne doivent être précisés.
Comment comprendre par ailleurs ce mélange d'italien et de français
dans la grande pantomime du neveu, qui entasse et brouille «ensemble
trente airs, italiens, français, tragiques, comiques »3 ?
Avant d'aller plus loin en ce qui concerne la musique dans Le Neveu,
il faut tenir compte de deux points importants :
1. Cf. D. Heartz, «Diderot et le théâtre lyrique: le "nouveau stile" du Neveu de
Rameau», Revue de musicologie, 1978, 229-251.
2. On sait que le véritable neveu, Jean-François Rameau, prit la défense de son oncle
dans la Raméide (Paris, 1766), face aux attaques de Rousseau, contrairement à l'image reçue
que donne de lui Le Neveu. La question, nous le verrons, est plus complexe.
3. Nous renvoyons à l'édition du Neveu, qui reprend le texte édité par Jean Fabre
(Genève, Droz, 1950), in Diderot, Œuvres complètes, publiées sous la direction de Roger
Lewinter, Paris, 1969-73, tome X, p. 384 (Lew., X, 384).
Recherches sur Diderot et sur Y Encyclopédie, 20, avril 1996 JEAN-CHRISTOPHE REBEJKOW 58
— Le fait qu'il s'agit d'une satire4. La musique n'est cependant pra
tiquement pas touchée par cet aspect, peut-être parce que Le Neveu, malgré
certaines réticences apparentes de Diderot vis-à-vis de Rameau, réconcilie
finalement la musique française et la musique italienne. Lui ne donne
qu'incidemment un coup de patte aux «musiciens décriés» (Lew., X, 357)
ou ironiquement aux «auteurs de l' Opéra-Comique, leurs acteurs et leurs
actrices; et plus souvent leurs entrepreneurs Corbi, Moette... tous gens de
ressource et d'un mérite supérieur ! » (Lew., X, 362). Lui s'en prend aussi
à la monomanie de Jean-Philippe Rameau, lorsque il l'imagine assistant
aux obsèques de sa femme et de sa fille : « Sa femme et sa fille n'ont qu'à
mourir, quand elles voudront ; pourvu que les cloches de la paroisse, qu'on
sonnera pour elles, continuent de résonner la douzième et la dix-septième
tout sera bien» (Lew., X, 305). On aura reconnu ici la théorie de la réso
nance naturelle qui fonde le système de la basse fondamentale de Rameau5.
En fait, en ce qui concerne la musique, le terme satire est à prendre dans
son acception étymologique : la satura désignait autrefois un spectacle où
intervenaient la danse et la pantomime6.
— Le Neveu est également un dialogue, où Diderot a confié à lui le
soin de présenter le «nouveau style» musical auquel il aspire; Jacques
Chouillet a d'ailleurs souligné que lui devient porte-parole du clan ency
clopédique dans le Neveu7. Moi apparaît ainsi en retrait (tout comme le moi
des Entretiens sur le fils naturel vis-à-vis de Dorval). Son seul «jugement »,
en matière de musique, concerne Duni et Jean-Philippe Rameau. Dans le
Neveu, moi s'en prend à la personne de Rameau, qu'il considère comme
«un homme dur, [...] sans humanité, [...] avare [...], mauvais père, mauv
ais époux; mauvais oncle [...] il n'est pas assez décidé que ce soit un
homme de génie ; qu'il ait poussé son art fort loin, et qu'il soit question de
ses ouvrages dans dix ans » (Lew., X, 307). Moi n'attaque pas frontalement
Rameau: si la musique de Duni «est sublime, il faut que celle du divin
Lulli, de Campra, de Destouches, de Mouret, et même soit dit entre nous,
celle du cher oncle soit un peu plate » (Lew., X, 380). C'est, avec la des
cription des opéras de Rameau au début de l'œuvre8, la seule opinion de
moi sur les musiciens français dans Le Neveu.
4. Sur ce terme, voir Jaucourt, l'article satyre (poésie) de l'Encyclopédie (XIV, 697b-
702b). Dans l'article suivant satyre (Art dramatique), Jaucourt, qui se réfère à V Art poé
tique d'Horace, précise: «Si l'on veut composer des drames satyriques, il ne faut pas
prendre dans la partie que sont les satires la couleur ni le ton de la tragédie, il ne non plus le ton de la comédie (idem, 703a).
5. On renverra, par exemple, à l'article fondamental de D'Alembert dans
l'Encyclopédie, (Enc, t. VII, 54b-63b).
6. Sur la pantomime chez Diderot, v. notre article, « Diderot et la pantomime : vers un nouveau "genre" musical», Francofonia, automne 1990, 61-73.
7. V. J. Chouillet, Formation des idées esthétiques de Diderot, Armand Colin, 1972,
p. 531.
8. Selon Daniel Heartz « Diderot avait exagéré de façon à affimer son idée de l'inexo-
rabilité du changement d'un style donné éclipsant rapidement le précédent» (o.c, 230). NOUVELLES RECHERCHES SUR LA MUSIQUE 59
Après ces préliminaires, il est tout d'abord nécessaire, pour bien com
prendre la réflexion du neveu sur le chant, de rappeler comment on envisa
geait à l'époque la déclamation, et de montrer comment cette question est
étroitement liée à celle du problème général des rapports entre la musique
française et la musique italienne, par l'intermédiaire de celle des accents :
l'opposition de la française et de la musique italienne tient en par
ticulier à la déclamation — mais aussi à la langue et au goût — et les
accents chers à Diderot sont en effet le point faible du français. Car c'est ici
que sont soulevées les questions de la déclamation et de l'accent musical,
comme le souligne B. Didier : « C'est l'accent qui est, pour Diderot comme
pour Rousseau, la source de la beauté mélodique ; c'est par l'accent égale
ment que musique et déclamation se rencontrent »9. Nous verrons comment
l'accent concourt à traduire l'expression des passions.
Les écrits de Rousseau, qui présentent sur ce point des idées assez
proches de celles du Neveu, vont nous aider dans cette entreprise.
La déclamation
Dans Le Neveu, la déclamation joue un rôle capital, car c'est, selon
lui, un des modèles essentiels du musicien : « Quel es

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