Ombres et lumière d une expansion linguistique. Les attitudes des Diola et des Peul d Oussouye à l égard du wolof - article ; n°1 ; vol.68, pg 63-88
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Ombres et lumière d'une expansion linguistique. Les attitudes des Diola et des Peul d'Oussouye à l'égard du wolof - article ; n°1 ; vol.68, pg 63-88

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Description

Langage et société - Année 1994 - Volume 68 - Numéro 1 - Pages 63-88
Malgré l'appropriation généralisée du wolof dans les centres urbains sénégalais, les identités linguistiques restent opérantes dans les zones rurales et les petites agglomérations. L'enquête sur les attitudes linguistiques à Oussouye (Casamance) auprès des sujets diola (ethnie localement majoritaire) et peul montre que si l'expansion nationale du wolof est accepté par le moitié des enquêtes de chaque groupe, l'attitude à l'égard de son usage familial est défavorable et son acquisition apparaît moins désirable que celles des langues ethniques et du français. L'expansion du wolof est vue comme une menace sur l'identité ethnique.
Moreau Marie-Louise - Shadows and lights of a linguistic expansion. The attitudes of Oussouye Diolas and Peuhls to Wolof.
In spite of the widespread appropriation of Wolof in the Senegalese urban centers, linguistic identities remain dynamic in the rural zones and the small towns. A durvey of language attitudes among the locally dominant Diolas and among the Peuhls of Oussouye (Casamance) shows that, though the national extension of Wolof has been accepted by near 50% of the respondents of each group, attitudes concerning its use within the family are unfavorable and that learning it appeals less desirable than learning local ethnic language and French. The expansion of Wolof is perceived as a threat to linguistic identity.
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marie-Louise Moreau
Ombres et lumière d'une expansion linguistique. Les attitudes
des Diola et des Peul d'Oussouye à l'égard du wolof
In: Langage et société, n°68, 1994. Le plurilinguisme au Sénégal. pp. 63-88.
Résumé
Malgré l'appropriation généralisée du wolof dans les centres urbains sénégalais, les identités linguistiques restent opérantes
dans les zones rurales et les petites agglomérations. L'enquête sur les attitudes linguistiques à Oussouye (Casamance) auprès
des sujets diola (ethnie localement majoritaire) et peul montre que si l'expansion nationale du wolof est accepté par le moitié des
enquêtes de chaque groupe, l'attitude à l'égard de son usage familial est défavorable et son acquisition apparaît moins désirable
que celles des langues ethniques et du français. L'expansion du wolof est vue comme une menace sur l'identité ethnique.
Abstract
Moreau Marie-Louise - Shadows and lights of a linguistic expansion. The attitudes of Oussouye Diolas and Peuhls to Wolof.
In spite of the widespread appropriation of Wolof in the Senegalese urban centers, linguistic identities remain dynamic in the rural
zones and the small towns. A durvey of language attitudes among the locally dominant Diolas and among the Peuhls of
Oussouye (Casamance) shows that, though the national extension of Wolof has been accepted by near 50% of the respondents
of each group, attitudes concerning its use within the family are unfavorable and that learning it appeals less desirable than
learning local ethnic language and French. The expansion of Wolof is perceived as a threat to linguistic identity.
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Moreau Marie-Louise. Ombres et lumière d'une expansion linguistique. Les attitudes des Diola et des Peul d'Oussouye à l'égard
du wolof. In: Langage et société, n°68, 1994. Le plurilinguisme au Sénégal. pp. 63-88.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lsoc_0181-4095_1994_num_68_1_2657OMBRES ET LUMIERE D'UNE EXPANSION LINGUISTIQUE
LES ATTITUDES DES DIOLA
ET DES PEUL D'OUSSOUYE À L'ÉGARD DU WOLOF *
Marie-Louise MOREAU
Université de Mons-Hainaut
Les Wolof ont été les premiers colonisés et ils
ont pris les manières des blancs : ils nous ont
colonisés et ils nous ont imposé leur langue.
Un adolescent peul
Acteurs et observateurs de la vie sociolinguistique sénégalaise s'accor
dent pour constater l'expansion du wolof bien au-delà de l'aire
qu'il occupait au début du siècle, par exemple (Calvet et Wioland,
1967 ; Calvet et al, 1985 ; Dumont, 1983 ; Faye, 1987 ; Juillard, a).
Pour incontestable qu'il soit, le phénomène connaît toutefois aussi
ses limites, qui commandent de nuancer les descriptions.
- S'il est clair que les villes sénégalaises sont largement wolofisées,
elles ne présentent toutefois pas, sous ce rapport même, un profil
uniforme : ainsi, Ziguinchor maintient un plurilinguisme dont
Dakar n'a pas vraiment l'équivalent (Drivaud, 1992 ; Juillard,
1990a, 1990b, a) ; à Ziguinchor, en outre, les quartiers ne sont pas
analogues et l'appartenance à un quartier détermine le répertoire
* Ce travail a été rendu possible grâce au concours du Commissariat général aux
relations internationales de la Communauté française de Belgique.
© Langage et société n° 68 - juin 1994 64 MARIE-LOUISE MOREAU
des individus (Juillard, a) ; c'est donc de manière à chaque fois diffé
rente qu'elle définit les espaces occupés par le wolof.
- La wolofisation en cours concerne les grandes agglomérations ;
mais les zones rurales maintiennent généralement l'usage des
langues ethniques ; on n'a qu'une vue très fragmentaire sur ce qui
se passe dans le cas intermédiaire des petites agglomérations. S'il
est vrai que souvent, l'évolution des miKeux urbains, et surtout de
la capitale, dicte celle de l'ensemble du pays, il est tout aussi avéré
que la province, l'arrière-pays, représentent parfois un important
contre-poids aux tendances qui prévalent dans la capitale.
- Les différentes ethnies sénégalaises ne paraissent pas réagir de la
même façon à l'évincement de leur langue propre par le wolof. En ce
sens, à côté des Serer, par exemple, dont beaucoup ont abandonné
leur langue de groupe, les Diola, les Manding et les Peul semblent
adopter, à l'égard du wolof, une attitude empreinte de diverses rét
icences. Chaque ethnie pourrait par ailleurs marquer de son sceau la
manière dont elle réagit à la langue wolof.
- Enfin, le brassage de populations qui caractérise les grandes villes
contribue à la dissolution des cultures spécifiques de chacun des
groupes, et à une certaine mise en veilleuse des identités ethniques.
Là où elles s'affirment davantage, on devrait voir aussi un plus fort
attachement à la langue identitaire et une plus grande réserve par
rapport au wolof.
A titre d'illustration de ces divers points, le présent travail s'int
éressera aux attitudes par rapport au wolof de deux des groupes
ethniques d'Oussouye (Casamance) : les Diola et les Peul.
OUSSOUYE
Oussouye est une petite commune de 4 600 habitants 1, située à
40 km de Ziguinchor. Sans avoir la taille ni les équipements des
grandes agglomérations sénégalaises, elle est dotée d'un certain
1. Le recensement de 1988 compte 3 849 habitants (Ministère de l'Economie, s.d.); le
chiffre de 4 600 dont on fait état correspond à l'estimation sur laquelle le budget
d'Oussouye a été calculé pour 1993. OMBRES ET LUMIERE D'UNE EXPANSION LINGUISTIQUE 65
nombre de structures administratives (préfecture, gendarmerie,
PTT, maison d'arrêt, service d'assistance vétérinaire, agronomique,
dispensaire, etc.), culturelles (écoles primaires et secondaires),
et économiques (marché, boutiques...), qui la font échapper à la
catégorie des villages.
La commune connaît un certain brassage ethnique - facteur
favorable à l'extension de la langue véhiculaire- mais sur une
bien moindre échelle que Dakar ou Ziguinchor, par exemple ; par
ailleurs, les deux communautés qu'on y a étudiées gardent un
ancrage plus ou moins solide dans leur culture traditionnelle
propre - ce qui devrait être favorable au maintien des vernacu-
laires et défavorable sinon à l'expansion du véhiculaire, du
moins à son usage dans les contextes privés. On a donc affaire
à une configuration particulière, à laquelle on ne peut généraliser
ce qu'on sait des grandes villes d'une part, des villages d'autre
part.
Les principaux groupes en présence dans la commune 2 peuvent
être ainsi caractérisés.
a. Les Diola
Oussouye est située sur le territoire de l'ethnie diola à laquelle
appartient la majorité de ses habitants (73.4 % 3), qui tirent leurs
ressources principales de la culture, du petit élevage, des retom
bées directes et indirectes du tourisme (Nicolas et Gaye, 1988).
- L'Islam a peu pénétré cette société, qui compte beaucoup de
chrétiens, et qui, surtout, se rattache à une culture animiste toujours
2. La description ne tiendra pas compte d'un nombre pourtant important de cas
particuliers, qui ne se regroupent pas en une ou des communautés homogènes et
qui se prêtent mal à une description systématique : Peul du Sénégal septentrio
nal ou oriental, Manding, Manjak, Balante, Bambara, etc., installés à Oussouye
pour des raisons très diverses : affectation dans la fonction publique, mariage,
embauche comme gardien de troupeau, possibilité d'exercer comme artisan,
commerçant, marabout, etc.
3. Source : Ministère de l'urbanisme, de l'habitat et de l'environnement, Direction
de l'urbanisme et de l'habitat, Plan directeur d'urbanisme d'Oussouye; rapport de
présentation. Document ronéotypé, octobre 1982. MARIE-LOUISE MOREAU 66
très actuelle (Diatta, a ; Girard, 1969 ; Thomas, 1959, a). Les lieux
du culte traditionnel jalonnent tous les itinéraires, les sacrifices
cultuels et les libations à caractère religieux relèvent de la pra
tique quotidienne, les rites initiatiques sont pratiqués par tous
dans le respect de la tradition, et les institutions mêmes de l'orga
nisation sociale et religieuse se perpétuent 4.
- La société, égàlitaire, est organisée selon des schémas propres
(Nic

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