Pensée conceptuelle et langage. Performances comparées de sourds-muets et d entendants dans des épreuves de classement multiple - article ; n°1 ; vol.51, pg 89-120
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Pensée conceptuelle et langage. Performances comparées de sourds-muets et d'entendants dans des épreuves de classement multiple - article ; n°1 ; vol.51, pg 89-120

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Description

L'année psychologique - Année 1949 - Volume 51 - Numéro 1 - Pages 89-120
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1949
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Pierre Oléron
VII. Pensée conceptuelle et langage. Performances comparées
de sourds-muets et d'entendants dans des épreuves de
classement multiple
In: L'année psychologique. 1949 vol. 51. pp. 89-120.
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Oléron Pierre. VII. Pensée conceptuelle et langage. Performances comparées de sourds-muets et d'entendants dans des
épreuves de classement multiple. In: L'année psychologique. 1949 vol. 51. pp. 89-120.
doi : 10.3406/psy.1949.8496
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1949_num_51_1_8496VII
Laboratoire de Psychologie expérimentale
de l'École des Hautes Études.
PENSÉE CONCEPTUELLE ET LANGAGE.
PERFORMANCES COMPARÉES DE SOURDS-MUETS
ET D'ENTENDANTS DANS DES
ÉPREUVES DE CLASSEMENT MULTIPLE1
par Pierre Oléron
I. — Introduction.
Les différentes recherches visant à une estimation des capac
ités intellectuelles des sourds-muets ont abouti à des résultats
qui tendent à montrer que ces sujets souffrent d'un handicap
d'autant plus marqué, par rapport aux individus normaux,
que les épreuves utilisées sont de type plus abstrait2. Ceci est
d'ailleurs conforme à ce qu'on peut attendre, puisque les fonc
tions plus abstraites sont davantage tributaires du langage et
par conséquent se trouvent amenées à souffrir particulièrement
des altérations atteignant celui-ci.
Dans la mesure donc où l'on s'adresse aux sourds-muets
afin de préciser, sur un point défini, l'apport du langage au
développement et au fonctionnement des activités intellectuelles,
il est logique de considérer avec attention les capacités que
l'on peut désigner comme abstraites. Parmi celles-ci on peut
faire figurer en premier lieu celles qui correspondent à l'appréhen-
1. La recherche et les interprétations exposées ci-dessous ont fait l'objet
d'une communication à la Société française de Psychologie le 3 février
1951.
2. Voir sur ce point (7). C'est Drever qui a indiqué le premier, semble-t-il,
que le handicap des sourds-muets dépend du degré d'abstraction des
tâches (3). MÉMOIRES ORIGINAUX 90
sion et à l'utilisation des concepts. En premier lieu, parce que,
du point de vue logique au moins, d'autres opérations, telles
que le raisonnement, portent en dernier ressort sur des concepts
et que d'autres, telle l'abstraction, interviennent dans la consti
tution et l'appréhension de ceux-ci. Il est donc normal de s'i
ntéresser d'abord au domaine de la pensée conceptuelle.
Ce domaine est évidemment complexe et, en fait, mal déter
miné. A considérer, cependant, les choses sous l'aspect le plus
élémentaire et surtout sous l'angle des opérations nécessaires
pour des déterminations expérimentales, un concept est d'abord
un principe de classification en vertu duquel des objets peuvent
être groupés selon une certaine similitude qu'ils présentent.
Mais tout classement n'est pas une opération de nature concept
uelle; ne l'est pas, par exemple, le groupement d'objets réalisé
en vertu de ressemblances globales ou d'adhérences d'origine
perceptive ou pratique. Ne le sont en fait que les classements
qui s'effectuent à partir d'un caractère bien défini, abstrait de
l'ensemble des données présentes. Tout classement sélectif,
cependant, n'est pas encore conceptuel, car des facteurs extra
intellectuels, prédominance d'un élément perçu, intérêt, besoin,
peuvent déterminer un choix parmi les données présentes. Ce
qui paraît constituer la marque de la pensée conceptuelle, c'est
la possibilité de ne pas être absorbé par un seul point de vue,
mais d'en envisager une pluralité, la possibilité, par conséquent,
dans les faits, de passer d'un système de classement à un autre.
Lorsque cette possibilité existe, il est sûr que le choix n'est
pas seulement déterminé par la prégnance d'un caractère ou
d'un intérêt et on peut le considérer comme de l'ordre de l'i
ntelligence et de nature vraiment conceptuelle. C'est une carac
téristique généralement reconnue par les auteurs qui ont apporté
une contribution positive à la psychologie de la pensée concept
uelle; ils font du shifting, passage d'un point de vue à un autre,
la caractéristique essentielle permettant de reconnaître celle-ci
(voir par exemple Goldstein (4)).
En circonscrivant ainsi les notions de concept et de pensée
conceptuelle — et sans prétendre naturellement qu'elles se
réduisent à ces seuls aspects — on est amené directement à
une méthode qui en permet l'étude expérimentale : ce sont les
épreuves de classement multiple, c'est-à-dire des épreuves cons
tituées par un matériel pouvant être considéré sous plusieurs
points de vue, chacun de ces points de vue permettant un mode
de classement défini, et donnant par conséquent la possibilité OLÉRON. PENSÉE CONCEPTUELLE ET LANGAGE 91 P.
de passer d'un point de vue à un autre. Ce type d'épreuve est
bien connu; le modèle classique en est constitué par le test forme-
couleur de Weigl (13); des épreuves de principe identique ont
été employées plus récemment par Heidbreder pour étudier
1'« atteinte » des concepts (5) et par Berg (2) pour la
flexibilité de la pensée. Le test de classement d'objets de Gold
stein et les épreuves dérivées appartiennent également à cette
catégorie.
Pour diriger le choix d'une épreuve, il semble intéressant de
tenir compte de la complexité du matériel, c'est-à-dire du
nombre de classement auquel il se prête; il faut que cette comp
lexité soit suffisante et à cet égard le test forme-couleur de
Weigl paraît un peu trop simple. D'autre part, il paraît utile
■d'employer un matériel aux caractères schématiques, fournis
sant des catégories bien définies a priori, car les types de réponses
sont ainsi bien déterminés et la notation et l'interprétation des
résultats se trouvent facilitées.
II. RÉALISATION DE INEXPÉRIENCE.
Deux conditions préliminaires à la réalisation de l'expérience
doivent être envisagées.
Détermination du niveau mental. — Parmi les sujets sourds-
muets en figurent un certain nombre qui souffrent d'une atteinte
de l'intelligence; il est nécessaire d'éliminer ces sujets anormaux.
Comme l'examen de l'étiologie ne fournit pas de données suff
isantes (8), il convient de recourir à un examen mental à l'aide
d'un test de valeur éprouvée, permettant de constituer deux
groupes, entendants et sourds-muets, de niveau équivalent. On
disposait pour la plupart des sujets des notes au test des Progres
sive Matrices (7), mais, outre que ces étaient relativement
anciennes, cette épreuve, d'après les résultats obtenus, paraît
défavoriser les sourds-muets et par conséquent risque de rendre
leur sélection trop étroite. On a finalement recouru aux cubes
de Kohs, dont on connaît la valeur et qui, se présentant sous
une forme concrète, peuvent donner matière à des comparaisons
intéressantes avec une épreuve de pensée conceptuelle.
Compréhension de la consigne. — Afin d'éviter les risques
d'incompréhension de la consigne par les sujets sourds-muets, et
comme il paraît impossible de supprimer tout recours au langage
dans l'administration de celle-ci, il est nécessaire de faire précé- 92 MÉMOIRES ORIGINAUX
der l'épreuve proprement dite d'épreuves préliminaires devant
familiariser les sujets avec la signification des termes employés
et le sens général de la tâche à accomplir. Le choix de sujets
suffisamment âgés et possédant des connaissances verbales assez
développées constitue également une condition favorable de ce
point de vue. Les épreuves préliminaires devant différer suffisa
mment quant au matériel des épreuves définitives, pour éviter un
transfert trop aisé, la comparaison des résultats obtenus avec
les deux types d'épreuves peut également apporter des informa
tions utiles.
Matériel et techniques.
Matériel. — Le matériel c

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