Perception et fixation mnémonique - article ; n°1 ; vol.56, pg 1-11
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Description

L'année psychologique - Année 1956 - Volume 56 - Numéro 1 - Pages 1-11
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1956
Nombre de lectures 14
Langue Français

Extrait

P Fraisse
G. Florès
Perception et fixation mnémonique
In: L'année psychologique. 1956 vol. 56, n°1. pp. 1-11.
Citer ce document / Cite this document :
Fraisse P, Florès G. Perception et fixation mnémonique. In: L'année psychologique. 1956 vol. 56, n°1. pp. 1-11.
doi : 10.3406/psy.1956.8841
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1956_num_56_1_8841L'ANNÉE PSYCHOLOGIQUE
TOME LVI (Fascicule 1)
MÉMOIRES ORIGINAUX
Laboratoire de Psychologie expérimentale et comparée
de la Sorbonne
(École Pratique des Hautes Études)
PERCEPTION ET FIXATION MNÉMONIQUE1
par Paul Fraisse et César Florès
I. — Position du problème
Percevoir, c'est identifier des stimuli qui ont engendré des
processus sensoriels. La perception est une réponse dont nous ne
pouvons connaître la nature que lorsqu'elle s'extériorise par le
langage ou par le geste. Cette réponse intervient dans deux
situations différentes : dans la première l'objet perçu est encore
présent ; dans la deuxième il vient juste de disparaître. Cette
dernière situation correspond à toutes les stimulations (visuelles,
tactiles, auditives) de durée trop brève pour permettre à la
réponse de se produire avant leur extinction, et à toutes les
stimulations successives, particulièrement fréquentes dans le
domaine auditif.
Chaque fois que la réponse perceptive intervient après la
cessation de la stimulation on parle indifféremment de perception
ou de mémoire immédiate. Mais, malgré cette terminologie impréc
ise, il s'agit bien de perception, c'est-à-dire d'une réponse liée
directement aux processus perceptifs actuels déclenchés par l'ac-
1. Nous tenons à remercier M. le directeur L. Defond, qui nous a aimable
ment autorisés à réaliser cette recherche dans l'École Normale d'Instituteurs de
la Seine, et MM. Besse et Espieusas, professeurs de cet établissement, qui ont
très efficacement collaboré à l'organisation matérielle de l'expérience. M. Martin,
élève-maître, nous a aidés pendant toute la durée de notre travail. Nous lui
témoignons notre reconnaissance, ainsi qu'à tous les élèves qui ont bien voulu
y participer.
A. PSYCIIOI.. 50 1 MÉMOIRES ORIGINAUX 2
tion des stimuli et non de mémoire qui implique l'utilisation de
traces laissées par le passé.
Certes, il n'y a mémoire que parce que les perceptions passées
ont laissé une trace. La fixation est d'autant meilleure qu'il y a
perception répétée mais une seule appréhension, nous le savons,
peut suffire.
Si nous évoquons quelques minutes après la perception un
stimulus, cette conduite est donc mnémonique car elle implique
l'existence d'une trace ; si l'évocation a lieu immédiatement après
la présentation d'un stimulus, il y a une simple perception en
relation avec le processus déclenché par l'appréhension.
Le problème que nous posons alors est le suivant : la richesse
de la réponse perceptive détermine-t-elle la richesse de l'évocation ou,
si Von préfère, la tract mnémonique est-elle fonction du processus
perceptif? Notre hypothèse de travail postule l'indépendance
fonctionnelle entre ces deux processus.
Des observations psychiatriques et des résultats de travaux
de psychophysiologie animale suggéraient en effet ce point de vue.
Certains malades atteints d'amnésie de fixation — que
Jean Delay appelle amnésie antérograde — sont capables de
perception correcte alors que, quelques instants plus tard, ils ne
peuvent plus dire ce qu'ils ont vu ou entendu. En se référant à
ce genre d'amnésie, Jean Delay (2) affirme que « l'intégrité de la
mémoire immédiate témoigne de l'intégrité de la perception, mais
sans réciproque, Une perception correcte peut s'accompagner
d'une diminution considérable de la mémoire immédiate1 ».
Des expériences sur les réactions différées (delayed reaction)
chez les animaux apportent des résultats qui vont dans le même
sens. Par exemple, Jacobsen (5) a montré qu'après l'extirpation
bilatérale des aires frontales d'un chimpanzé, l'animal était
capable de choisir entre deux tasses renversées, celle sous laquelle
on venait juste de mettre sous ses yeux de la nourriture, mais
qu'il était incapable de ce choix s'il y avait un court délai
(2 secondes) entre la perception de la situation et la réponse. Le
chimpanzé normal, lui, est capable d'une telle réaction après un
délai supérieur à une minute. L'animal opéré perçoit donc corre
ctement mais ne peut conserver pendant quelques secondes le
souvenir d'un événement récent.
Ces faits nous ûnt suggéré qu'il était plausible de penser
1. Il est évident que Delay parle ici de mémoire immédiate non comme
synonyme de perception mais pour caractériser une évocation qui suit de 1res
près la perception. ■
FRAISSE ET C. FLORÈS. — ■ PERCEPTION ET FIXATION MNÉMONIQUE 3 P.
qu'il n'y a pas de liaison fonctionnelle entre la perception proprement
dite et la fixation du contenu de cette même chez l'homme.
Mais, pour éprouver la vraisemblance de cette hypothèse, il
fallait pouvoir dissocier expérimentalement ces deux processus.
Pour résoudre cette question, nous avons adopté comme critère
de la perception, la reproduction d'un stimulus immédiatement
après sa disparition, et comme critère de la fixation mnésique
consécutive à la perception, la reproduction différée de quelques
secondes. A ce dernier processus — parfaitement comparable aux
processus étudiés par Delay sur les amnésiques et par Jacobsen
sur les chimpanzés opérés — nous donnerons le nom de mémoire
à court terme, plutôt que celui de mémoire immédiate pour éviter
toute ambiguïté.
II. — Technique de l'expérience
Nous avons organisé l'expérience de la façon suivante :
Le matériel était constitué par trois types de stimuli présentés
aux sujets avec le tachistoscope à rideau de Michotte1 fonc
tionnant au 1/10 de seconde : des mots de 3 lettres, des nombres
de 2 chiffres et des dessins géométriques simples inspirés de ceux
du test de Benton (1).
Chacune des épreuves — de perception ou de mémoire à court
terme — comprenait 5 items successifs, l'item étant constitué
de triades de mots (par exemple : JUS CAR LIN) ou de nombres
disposés en triangle autour du point de fixation, ou de couples
de figures géométriques.
Pour les épreuves de perception, le sujet — qui déclenchait
lui-même le rideau après avoir assuré une bonne fixation —
devait reproduire immédiatement par écrit les stimuli qu'il avait
réussi à voir, tandis que les reproductions relatives aux épreuves
de mémoire à court terme intervenaient 12 secondes après la
chute du rideau. Dans cette deuxième épreuve, nous avons ren
contré une difficulté méthodologique sérieuse. Immédiatement
après la stimulation, il fallait éviter que le sujet donne une
réponse perceptive qui renforcerait le processus perceptif, car
l'on aurait pu se demander par la suite si la fixation mnésique
résultante était due à ce renforcement. A fortiori, il fallait éviter
que le sujet puisse évoquer les stimuli pendant l'intervalle de
12 secondes.
1. Cet appareil assure un excellent point de fixation et un éclairage iden
tique de la plage fixée par le sujet avant le déclenchement du rideau, et de celle
portant les stimuli. MEMOIRES ORIGINAUX
Pour empêcher ce renforcement, nous avons demandé au
sujet de porter ses yeux aussitôt après la chute du rideau du
tachistoscope sur des pastilles colorées (rouges, vertes, jaunes,
bleues) disposées en lignes sur une planche de carton située
au-dessus de l'appareil, et de nommer les couleurs dans l'ordre
des lignes ou des colonnes le plus rapidement possible (mais sans
imposition de rythme). Les 12 secondes étant écoulées, l'expér
imentateur arrêtait cette épreuve et le sujet écrivait alors (ou
dessinait) les stimuli perçus au tachistoscope. Il est légitime de
faire l'objection que la lecture d

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