Pour un atlas des terroirs africains - article ; n°1 ; vol.4, pg 56-72
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Description

L'Homme - Année 1964 - Volume 4 - Numéro 1 - Pages 56-72
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Gilles Sautter
Pierre Pelissier
Pour un atlas des terroirs africains
In: L'Homme, 1964, tome 4 n°1. pp. 56-72.
Citer ce document / Cite this document :
Sautter Gilles, Pelissier Pierre. Pour un atlas des terroirs africains. In: L'Homme, 1964, tome 4 n°1. pp. 56-72.
doi : 10.3406/hom.1964.366609
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hom_0439-4216_1964_num_4_1_366609UN ATLAS DES TERROIRS AFRICAINS POUR
Structure -type d'une étude de terroir
par
G. SAUTTER et P. PÉLISSIER
L'Afrique Noire a longtemps été considérée comme un domaine exclusivement
voué à l'agriculture itinérante dont les techniques expéditives ne laissent partout
que les mêmes traces éphémères et anonymes. Mais l'examen des photographies
aériennes, dont on dispose depuis quelques années, révèle une diversité considé
rable des paysages ruraux africains. En même temps, les analyses approfondies
à la suite d'enquêtes sur le terrain prouvent l'existence de types très variés d'amé
nagements agraires, qui comportent toutes les formes de passage entre les clai
rières les plus discrètes ouvertes dans la forêt, les paysages définitivement trans
formés par une sélection volontaire opérée au sein de la végétation naturelle et
les terroirs les plus authentiquement construits. La diversité de ces paysages n'a
d'égale que la variété des climats, la brutalité des contrastes opposant les densités
de population, la richesse de la gamme des civilisations rurales. Alors qu'en
Amérique intertropicale les vraies paysanneries occupent une position marginale
en altitude ou aux confins du désert, qu'en Asie des Moussons s'impose la marque
prépondérante de la riziculture inondée, l'Afrique Noire doit son originalité
essentielle à des terroirs enracinés, consacrés à ces cultures sous pluie que l'on
désigne de coutume et non sans paradoxe sous le nom de « cultures sèches ».
Assorti de techniques spécifiques assurant la pérennité de l'exploitation, ce
caractère distinctif ne prive cependant l'Afrique ni des formes banales de l'agr
iculture à longues jachères, ni des paysages agraires stabilisés grâce à une sub
mersion périodique, notamment sous la forme de rizières inondées, ni des enclaves
homogènes introduites dans la forêt spontanée par les plantations.
C'est l'étude systématique de cette diversité des terroirs qu'on souhaiterait
mener à bien en s' appuyant sur les collections existantes de photographies
aériennes et en multipliant sur le terrain les enquêtes spécialisées. Cette recherche POUR UN ATLAS DES TERROIRS AFRICAINS 57
se fera dans un esprit géographique impliquant l'analyse du paysage humanisé,
à l'intérieur d'un espace nettement circonscrit. Ainsi conçue, chaque étude de
terroir prendra le caractère d'une monographie. Élaborés suivant une méthode
commune, respectant le même plan général et publiés dans le cadre d'une collec
tion homogène, ces travaux constitueront, dès qu'ils seront suffisamment nomb
reux, un Atlas des terroirs africains où viendront progressivement figurer des
exemples représentatifs de toute la variété des paysages agraires africains, les
documents de base d'une typologie des formes d'occupation du sol. A cette fin, des
recherches ont déjà eu lieu en Afrique même, sous la forme de missions organisées
et financées par l'École Pratique des Hautes Études (6e Section). D'autres sont
en cours. La collection que nous lançons est ouverte à tous les chercheurs animés
de la même curiosité à l'égard des terroirs africains, qu'ils opèrent pour leur
propre compte ou à des fins pratiques, qu'ils travaillent isolément ou au sein
d'organismes spécialisés1. Il leur est seulement demandé de soumettre leurs
enquêtes et les travaux qui en résulteront à un certain nombre de normes suscept
ibles d'assurer l'unité de la collection et de faciliter les indispensables comparais
ons. C'est notamment à leur intention que ce texte a été rédigé, compte tenu
de l'expérience acquise à l'occasion de recherches antérieures.
I. — Le domaine d'étude : le terroir
II convient, avant tout, que soit nettement délimité le terrain de chaque
enquête monographique. D'emblée entrent ici en jeu la notion de terroir et les
relations entre terroir et communauté rurale. Sans vouloir régler le problème
au fond, on entend communément sous le premier vocable la portion de territoire
appropriée, aménagée et utilisée par le groupe qui y réside et en tire ses moyens
d'existence. Le terme ne convient, bien entendu, que dans la mesure où le sol fait
l'objet d'une exploitation de caractère agricole. La marque de celle-ci dans le
paysage peut, du reste, aider grandement à reconnaître les limites d'un terroir
en l'individualisant par rapport à la nature vacante ou vis-à-vis des cellules
rurales voisines. Mais est-il toujours possible d'isoler pour l'étudier un espace
répondant à cette définition empirique ? Déjà, il arrive souvent qu'aucune
discontinuité bien visible n'attire l'attention sur la ligne ou la frange de contact
entre deux terroirs contigus. Il faut alors se fier à des indices ténus et pousser
i. A l'organisation de ces recherches se trouve associé, d'autre part, M. Jean Hurault,
Ingénieur en chef à l'Institut Géographique National, dont on connaît les importants travaux
en Afrique et en Guyane.
Nous tenons également à mentionner ici le nom de M. J.-L. Chambard, à qui nous devons
l'idée initiale d'une recherche, qui n'est à vrai dire que l'application aux conditions par
ticulières de l'Afrique tropicale d'une méthode dont ce chercheur a brillamment posé les
bases et prouvé l'efficacité dans l'Inde. 58 G. SAUTTER ET P. PÉLISSIER
l'enquête sur le plan historique, agricole ou foncier pour avoir les bases objectives
d'une démarcation. Dans nombre de cas, enfin, on se heurte à une difficulté de
principe : ouvert, morcelé, flottant ou discordant avec l'habitat, l'espace exploité
n'offre plus les caractères associés à l'idée même de terroir. Des solutions de
remplacement sont alors à prévoir.
A. — Les cas litigieux.
a) La notion de terroir ne se concrétise de façon évidente qu'en fonction
d'un habitat groupé. Or, si le village constitue, en Afrique Noire, la forme de
peuplement de loin la plus courante, il n'est pas rare que la population se disperse
sur une partie de l'espace exploité ; il arrive même qu'elle soit totalement dissé
minée. Quand la collectivité rurale est émiettée en hameaux, voire en fermes
familiales, les contours du terroir s'estompent inévitablement et l'existence de ce
dernier peut être mise en cause.
b) L'expression de « terroir » recouvre habituellement un territoire continu,
tout entier soumis, selon une intensité et des modalités variées, à l'exploitation
agricole. Mais une situation moins simple résulte parfois de la présence de cultures
nouvelles introduites par l'économie de marché au sein d'agricultures demeurant
largement vivrières. Cette présence peut prendre la forme de secteurs de product
ion spécialisés, nettement isolés dans l'espace bien que relevant de la même
collectivité ou du même village. Des difficultés particulières seront soulevées par
l'étude de ces véritables terroirs dissociés.
c) Inversement, les espaces exploités par deux ou plusieurs communautés
voisines se présentent fréquemment en partie ou totalement imbriqués. On est
alors fort en peine pour décider où commence le domaine de chaque village. Une
difficulté analogue apparaît loisqu'un groupe d'agriculteurs a reçu collectivement
une dotation de terres (ou simplement le droit de cultiver) à l'intérieur de l'espace
contrôlé par une communauté antérieurement installée, tout en conservant son
autonomie sociale, voire sa personnalité ethnique. On pourrait alors parler de
terroirs emboîtés.
d) Les formes les plus extensives de l'exploitation agricole en Afrique s'accom
pagnent souvent, aujourd'hui encore, d'u

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