Pour un recours à l histoire de l espace vécu dans l étude de l Égypte arabe - article ; n°3 ; vol.35, pg 436-451
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Pour un recours à l'histoire de l'espace vécu dans l'étude de l'Égypte arabe - article ; n°3 ; vol.35, pg 436-451

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Annales. Histoire, Sciences Sociales - Année 1980 - Volume 35 - Numéro 3 - Pages 436-451
Living space in Arab Egypt J.-C. Garcin Because of the restraints imposed by the physical unity of the Nile Valley, the organization of space in Egypt does not seem to have varied over the course of history. Nevertheless, an examination of the attention devoted to the problem of space in the various sources for the history of Arab Egypt permits us to distinguish three periods : the first, covering the 7th through the 1 lth century, during which the organization of living space in Upper and Lower Egypt were not the same ; during the second period, from the 11th through the end of the 14th century, all of Egypt can apparently be viewed as a unity in this respect ; during the third period, beginning with the late 14th century, one again encounters diversification. This evolution of living space (for which the author intends to study a possible analogous development in the evolution of urban and domestic space) can perhaps be used as an index for the rythm of the general evolution of the country.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 48
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Claude Garcin
Pour un recours à l'histoire de l'espace vécu dans l'étude de
l'Égypte arabe
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 35e année, N. 3-4, 1980. pp. 436-451.
Abstract
Living space in Arab EgyptJ.-C. Garcin Because of the restraints imposed by the physical unity of the Nile Valley, the
organization of space in Egypt does not seem to have varied over the course of history. Nevertheless, an examination of the
attention devoted to the problem of space in the various sources for the history of Arab Egypt permits us to distinguish three
periods : the first, covering the 7th through the 1 lth century, during which the organization of living space in Upper and Lower
Egypt were not the same ; during the second period, from the 11th through the end of the 14th century, all of Egypt can
apparently be viewed as a unity in this respect ; during the third period, beginning with the late 14th century, one again
encounters diversification. This evolution of living space (for which the author intends to study a possible analogous development
in the evolution of urban and domestic space) can perhaps be used as an index for the rythm of the general evolution of the
country.
Citer ce document / Cite this document :
Garcin Jean-Claude. Pour un recours à l'histoire de l'espace vécu dans l'étude de l'Égypte arabe. In: Annales. Économies,
Sociétés, Civilisations. 35e année, N. 3-4, 1980. pp. 436-451.
doi : 10.3406/ahess.1980.282645
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1980_num_35_3_282645POUR UN RECOURS A L'HISTOIRE DE L'ESPACE VÉCU
DANS L'ÉTUDE DE L'EGYPTE ARABE *
L'histoire des hommes dans la vallée du Nil ne se conçoit pas hors de
déterminations géographiques bien connues. L'idée vient assez naturellement à
l'esprit que les évolutions de tous ordres qui ont marqué le pays depuis la
conquête arabe en 640, ont été nécessairement vécues à travers le même cadre
naturel contraignant, semblablement appréhendé au cours des temps. Dans un
espace que les lenteurs des déplacements font encore sentir comme immensément
distendu, le Nil et ses canaux mettent cependant à portée de barque les parcelles
du terroir cultivé les plus éloignées. L'administration de la crue, par le système des
bassins, et l'exploitation fiscale du sol mis en valeur, par le cadastre, ont imposé
des habitudes unitaires entre la première cataracte et la mer, qu'aucune situation
politique ne peut remettre en cause. Qu'à l'intérieur de ce système hydraulique
clos, la plasticité possible de l'organisation du territoire dominé ait encore été
assez grande pour qu'aux temps préislamiques le site des capitales égyptiennes ait
considérablement varié ', est un fait qui ne semble pas devoir être rappelé depuis
que les conquérants arabes ont à nouveau installé les organismes de décision dans
le centre géographique privilégié du pays, à la pointe du Delta. Dès lors,
l'évolution politique complexe de l'Egypte arabe peut être analysée compte tenu,
bien entendu, du cadre géographique vécu supposé connu et évidemment
constant ; c'est-à-dire sans en tenir compte vraiment.
Le pays conquis a d'abord été administré dans la dépendance des pouvoirs
régissant l'empire musulman, toujours situés à l'est, à Médine, à Damas, à
Baghdad. Puis des formes d'autonomies sont apparues, concrétisées dans des
établissements dynastiques de gouverneurs, plus ou moins acceptées par le
califat: Tulunides d'abord (868-905), Ikhshidides ensuite (939-968). Dans
l'optique des historiens de l'Egypte, ces autonomies ont annoncé la restauration
d'un Etat égyptien, celui des Fatimides (969- 1171). A vrai dire, cet État ne fut pas
d'abord égyptien : il était plus vaste et ses bases étaient idéologiques (le shi'isme
* Cette hypothèse de travail a fait l'objet d'un exposé présenté au séminaire du GREPO
(Groupe de recherches et ďétudes sur le Proche-Orient) d'Aix-en-Provence ; on s'est efforcé de
réduire au maximum les références et justifications déjà présentées par ailleurs.
436 GARCIN UNE HISTOIRE DE L'ESPACE J.-C.
Les trois organisations de l'espace
(Les espaces figurés n'ont d'existence que pour ceux qui se trouvent situés à l'intérieur, et les traits
fléchés indiquent évidemment des lignes de force et non des axes de communications.)
437 L'ORIENTALISME AUJOURD'HUI
ismailien), non géographiques ; mais il le devint vite dans la mesure où l'Egypte
en fut la seule assise territoriale stable. Au bout de deux siècles, cette organisation
politique qui n'avait pas su se situer par rapport au grand problème de l'heure,
l'offensive de l'Occident croisé, fut remplacée en Egypte et vers l'est jusqu'à
l'Euphrate, par une formule très souple, celle de la confédération ayyubide (1171-
1 250) où tous les pays du champ de bataille se trouvaient confiés à la gestion de la
famille de Saladin, sous la lointaine tutelle du calife de Baghdad : l'Egypte y jouait
un rôle central, en raison de son poids économique et partant, militaire, même si
ce n'était pas un rôle absolument dominant. Ce rôle de choix, elle ne l'eut
vraiment au Moyen-Orient que lorsque ce système familial donna naissance à un
État militaire centralisé, celui des Mamluks ( 1 250- 1517) forgé dans la résistance à
l'agression mongole. L'installation au Caire du second califat 'Abbasside fut alors
la manifestation de la primauté de l'Egypte dans le nouvel empire de l'Islam.
Lorsqu'à son tour cette structure militaire se révéla incapable de défendre la
communauté sunnite contre les périls qui la menaçaient (les Portugais dans
l'océan Indien et un Iran shi'ite naissant allié à l'Occident), elle céda la place au
sultanat ottoman dans tout le Moyen-Orient. L'Egypte était redevenue une
province qui dépendait d'ailleurs. Cette situation de dépendance, le pays l'avait
connue avant 968, et il en fit à nouveau l'expérience après 1517, jusqu'au début
du xixe siècle. Tirera-t-on quelque profit à considérer qu'après avoir reçu, dans
une première période, les impulsions organisatrices d'une capitale extérieure à
son territoire, vers laquelle était envoyée une partie des fruits de la gestion de la
terre et de l'eau, le pays retrouva en un second temps, à partir de 968, son centre
propre de décision et ses ressources, avant de retomber après 1517, lors d'une
troisième époque, dans l'assujettissement primitif à une métropole lointaine ?
Mais si l'on doit s'en tenir à ce genre de considérations, n'est-il pas aussi acquis
depuis longtemps que sous les divers régimes qu'elle a connus, bien en-deçà des
jeux politiques des puissants, l'Egypte profonde est restée semblable à elle-même,
seulement tendue chaque année vers l'annonce de l'arrivée des eaux du sud ?
L'unité physique de l'Egypte n'est pas niable, imposée par les mécanismes de
l'exploitation de la crue, rendue sensible par la routine impérieuse de
l'administration fiscale et l'expédition vers la capitale du produit de l'impôt.
L'unité d'un espace égyptien global n'a qu'à de rares périodes, cessé d'être une
réalité. Il reste que, selon les époques, les hommes paraissent avoir pris en compte
différemment cet espace. Dans les témoignages écrits, l'attention portée à l'espace
varie, tantôt restreinte à une partie de l'Egypte, tantôt étendue à l'ensemble. Cette
géographie de l'attention vivante semble avoir changé un peu de la même façon,
aux mêmes époques. Bien des analyses restent à faire qui modifieront peut-être
cette première approche du problème. Néanmoins on croit pouvoir déceler, au
cours de l'histoire de l'Egypte arabe, la succession de ce qu'on pourrait appeler
trois organisations de l'espace, dont les limites chronologiques ne recoupent pas
tout à fait celles des constructions politiques. A une première période (jusqu'au
xie siècle) où l'espace égyptien semble avoir été vécu différemment selon les
régions, et qui co

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