Pour une analyse démographique de la Hongrie médiévale - article ; n°6 ; vol.24, pg 1299-1312
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1969 - Volume 24 - Numéro 6 - Pages 1299-1312
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Eric Fugedi
Pour une analyse démographique de la Hongrie médiévale
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 24e année, N. 6, 1969. pp. 1299-1312.
Citer ce document / Cite this document :
Fugedi Eric. Pour une analyse démographique de la Hongrie médiévale. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 24e
année, N. 6, 1969. pp. 1299-1312.
doi : 10.3406/ahess.1969.422168
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1969_num_24_6_422168une analyse démographique Pour
de la Hongrie médiévale
Un historien qui, il y a cinquante ans, aurait étudié les conditions démogra
phiques de l'Europe orientale médiévale, commencé par y distinguer
deux portions de territoires, en deçà ou au delà des versants des Carpathes,
et aurait insisté sur les comportements différents de ces deux zones du fait des
invasions se dirigeant, soit vers l'Italie, soit vers Byzance. Ces grandes migra
tions durèrent longtemps, jusqu'au IXe siècle sur les territoires du Sud : peuples
germains, puis invasion rapide des peuples slaves, et ensuite des peuplades de
cavaliers nomadisants turcs, tels que Huns, Avars, Bulgares, Hongrois ou Petche-
nègues. Sur les territoires du Nord, cependant, une région slave unifiée put se
constituer après íe passage des Germains. L'immigration des Occidentaux, début
ant au XIIe siècle, présente aussi des caractéristiques différentes selon les
régions : au Nord, nous ne trouvons que des roturiers et des colons allemands ;
au Sud, il y a aussi des immigrants latins. La-Hongrie représente dans cette phase
une étape de transition, car elle accueillit, outre les Allemands, des colons latins
et des ordres de chevalerie d'Occident.
Pour l'historien d'aujourd'hui, qu'intéressent les problèmes de la démographie,
la partie méridionale de l'Europe orientale est celle qui présente le plus d'intérêt,
mais les problèmes à résoudre y sont bien plus complexes et difficiles que dans
le Nord. Un argument d'ordre pratique nous a décidés en faveur du Sud ; nous
pouvons y disposer d'informations plus riches, bien qu'encore insuffisantes.
Nous nous attacherons d'abord à tracer à grands traits son histoire.
A la fin du IXe siècle, les Hongrois font irruption dans le bassin des Car
pathes. Ils liquident les différents petits États qu'ils y trouvent (le Grand Empire
Moravě). Ils fondent un État s'étendant sur tout le bassin, mettant ainsi fin à
l'éparpillement antérieur. Au tournant du XIe siècle, cet État se transforme en
un royaume chrétien et persiste, comme tel, sous une forme presque inchangée,
jusqu'au début du XVIe siècle. Le royaume hongrois traverse une période cr
itique au cours des XIe et XIIe siècles. Bien que christianisé par Etienne Ier, fidèle
à Rome, le pays continuait à appartenir, du point de vue économique, à l'Eu-
1299 STRUCTURES ET COMPORTEMENTS DÉMOGRAPHIQUES
rope orientale, dont Byzance et Kiev formaient le centre. En même temps, l'inva
sion des Barbares continuait. Le pays fut attaqué à plusieurs reprises par des peu
plades de cavaliers nomades venus d'Orient. L'attaque des Petchenègues et des
Comans fut cependant repoussée, et une partie de ces peuples se sédentarisa
en Hongrie. La sédentarisation des Comans fut liée à la dernière grande vague
des migrations, l'invasion des Mongols (en 1242). Les Mongols occupèrent
une partie considérable du pays, et il pouvait sembler que l'État hongrois allait
disparaître après deux siècles d'existence. Mais à cette époque la Hongrie était
déjà en grande croissance démographique, et les conséquences de ce change
ment furent considérables. Au cours du XIIe siècle, le pays, jusque-là hostile à
toute pénétration occidentale, fut traversé par des armées de croisés, derrière
lesquelles vinrent des colons. Le XIIe et le XIIIe siècle virent se transformer le
réseau d'agglomérations du pays, qui s'étendirent sur tout le territoire du bassin
des Carpathes : il s'agissait de villes et villages analogues à ceux de l'Europe
occidentale, dominés, comme à l'Ouest, par l'Église féodale et par une aristocratie
laïque.
Ce cadre historique délimite nos recherches démographiques. Nous essaie
rons de répondre aux questions suivantes : quel était le nombre des Hongrois
arrivant dans le bassin des Carpathes ? Quelles étaient l'importance numérique
et la composition des peuples qu'ils trouvaient sur ce territoire ? Quel fut le
mouvement démographique naturel des Hongrois grâce auquel ils réussirent à
peupler tout le bassin ? Comment se répartissaient les habitants au cours du
Moyen Age ? Une fois trouvées les réponses pour l'ensemble du royaume hon
grois au Moyen Age, nous nous attacherons à une enquête analogue pour le
territoire de la Pologne et des Balkans.
Le nombre des Hongrois arrivant dans le bassin des Carpathes à la fin du
IXe siècle a été estimé à 400 000 par Gyôrffy (1963) : les sources arabes
indiquent, en effet, qu'un duc hongrois disposait de 20 000 cavaliers, ce qui
nous donne un total de 500 000 personnes; l'attaque des Petchenègues, précé
dant de peu la conquête du pays, infligea aux Hongrois une perte de 1 00 000 pe
rsonnes environ.
Au moment de la conquête du pays par les Hongrois, la composition ethno
graphique du bassin des Carpathes était extrêmement variée. La partie nord-
ouest et la majeure partie de la Transdanubie étaient occupées par des Slaves
occidentaux. La région située au delà de la Tisza était habitée par des
bulgares. La région boisée et marécageuse de l'ouest de la Transdanubie accueill
ait un groupe composé de fragments d'ethnies décimées par des migrations
de peuples; ce groupe devait être composé, en premier lieu, par une ethnie
apparentée aux Hongrois, les Avars ; on croit y retrouver aussi des Gépides, et,
en certains points, des éléments romans. Au cours des cent cinquante années
qui suivirent la conquête du pays, les Hongrois réussirent à assimiler ces peuples
sur la région s'étendant jusqu'aux contreforts des montagnes. De ce fait, Szabó
déduisait déjà, en 1941, que le nombre des aborigènes devait être bien inférieur
à celui des Hongrois. Il est estimé par Gyôrffy (1963) à 200 000. La rapidité
de l'assimilation suscite d'autres hypothèses. Il se peut que le nombre des Avars
fût plus élevé de ce que l'on avait cru d'abord, et ce fait a pu faciliter l'assimi
lation. Un autre facteur favorable à l'assimilation fut que les habitants du bassin
des Carpathes de la fin du IXe siècle adoptèrent le système social féodal en
même temps que les Hongrois.
Cette situation ethnographique très variée, à laquelle aboutissait la conquête
1300 DÉMOGRAPHIE EN HONGRIE MÉDIÉVALE E. FUGEDI
du pays, ne cessa de se compliquer pendant le siècle qui s'écoula, jusqu'à la
formation du royaume hongrois. Nous disposons de sources sur l'immigration
de Bulgares du Danube, de Kwarezmiens et d'autres groupes musulmans, puis
de Petchenègues. Ces renseignements permettent à Gyôrffy (1963) d'estimer
que le nombre des habitants du pays s'élevait à 1 million vers l'an mille.
Szabó (1966) aborde le problème démographique posé par la formation
du système des villages et constate que les villages du XIe et du XIIe siècle étaient
très petits. D'après les résultats des fouilles et d'après les sources écrites, il appar
aît que le nombre moyen de ménages par village ne devait pas dépasser 35 ou 36,
ce qui donne 1 80 habitants environ. Szabó et Gyôrffy comptent 5 personnes
par ménage, Éry et Kralovánszky en comptent 7.
Les méthodes traditionnelles de l'historiographie doivent être complétées
par celles d'une branche nouvelle de la science : la paléo-démographie. Les
démarches de celle-ci sont très simples : d'abord préciser le sexe et l'âge des
squelettes trouvés dans les cimetières; puis établir des tables de mortalité; on
aura ainsi des éléments d'appréciation qui permettront de tirer des conclusions
démographiques.
Cette méthode, au vrai, n'est point nouvelle. L'anthro

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