Pour une sémiotique de la Réforme : le Consensus Tigurinus (1549) et la Brève résolution... (1555) de Calvin - article ; n°2 ; vol.39, pg 265-285
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Pour une sémiotique de la Réforme : le Consensus Tigurinus (1549) et la Brève résolution... (1555) de Calvin - article ; n°2 ; vol.39, pg 265-285

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Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1984 - Volume 39 - Numéro 2 - Pages 265-285
Towards a Semiotic Analysis of the Reformation
The aim of this study is twofold: the XVIth-century Reformation involved not only a shift in the outward expression of piety, and a growing dissatisfaction with Roman rites - classified as idolatry -, but it also emphasized a change in perception. The Lord's Supper was a case in point, and Calvin's agreement with the other Swiss reformers - known as Consensus Tigurinus - showed the basic need for a redefinition of that sacrament. A sacrament is a sign... but what is sign after all ? Calvin's approach was linguistic : a sign should not be mixed up with its meaning. Using Saussure and Jakobson, this article demonstrates Calvin's seminal role in widening the gap between words and things.
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bernard Cottret
Pour une sémiotique de la Réforme : le Consensus Tigurinus
(1549) et la Brève résolution... (1555) de Calvin
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 39e année, N. 2, 1984. pp. 265-285.
Abstract
Towards a Semiotic Analysis of the Reformation
The aim of this study is twofold: the XVIth-century Reformation involved not only a shift in the outward expression of piety, and a
growing dissatisfaction with Roman rites - classified as idolatry -, but it also emphasized a change in perception. The Lord's
Supper was a case in point, and Calvin's agreement with the other Swiss reformers - known as "Consensus Tigurinus" - showed
the basic need for a redefinition of that sacrament. A sacrament is a sign... but what is sign after all ? Calvin's approach was
linguistic : a sign should not be mixed up with its meaning. Using Saussure and Jakobson, this article demonstrates Calvin's
seminal role in widening the gap between words and things.
Citer ce document / Cite this document :
Cottret Bernard. Pour une sémiotique de la Réforme : le Consensus Tigurinus (1549) et la Brève résolution.. (1555) de Calvin.
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 39e année, N. 2, 1984. pp. 265-285.
doi : 10.3406/ahess.1984.283055
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1984_num_39_2_283055UNES MIOTIQUEDELA FORME POUR
Le Consensus Tigurinus 1549 etla Brève résolution. 1555 de Calvin
conomie des signes et signes de économie
puration des édifices rejet de adoration des espèces répudiation du
sacrifice de la messe adoption des langues vernaculaires. quelques aspects
parmi tant autres du fait protestant Je souhaiterais montrer ici que la
Réforme se livra une véritable révolution du signe bien entendu je ne récuse
en aucune fa on les autres explications du phénomène et je ne voudrais pas que
on interprète ma démarche présente en un sens réducteur Il me semble sim
plement que on ne saurait suffisamment insister sur le caractère symbolique
de manifestations dont la ferveur iconoclaste constitue un des extrêmes1 Ce
rapport nouveau au signe vient ailleurs être souligné récemment par la syn
thèse de Pierre Chaunu tant en ce qui concerne le ministère pastoral que dans
la quotidienneté du geste Il note en effet comment dans administration du
sacrement le ministre efface devant le signe2 ou encore combien le
refus du geste qui est considéré comme idolâtre son prix3 Pierre Chaunu
poursuit ailleurs4
Europe protestante pose la valeur sacrale du non-geste
Pour le protestant fran ais et le puritain refus donc du signe de croix pour
le quaker refus de saluer même le Roi On ne retire son chapeau que devant
ternel Pour les anabaptistes refus de porter les armes Geste en creux ges-
tuaire donc du non-geste
Ces quelques exemples ont une valeur illustrative et posent selon moi la
valeur une anthropologie différentielle du rapport au signe qui permettrait de
rendre compte également des spécificités des divers courants issus de la
Réforme ou plutôt des réformes comme préférait écrire Lucien Febvre5 La
querelle des surplis la question de agenouillement sont débattues en Angle
terre instar des grandes questions ecclésiologiques telles le rôle des évêques
et il serait fallacieux de ne pas accorder toute leur importance historique des
formes extérieures en apparence qui pesaient un tel poids pour les contem
porains
265 RELIGION ET SOCI
Sans vouloir entrer dans le détail une riche diversité je pense que on
peut formuler ici un double constat part la Réforme protestante dans sa
pluralité opère une réduction du nombre des signes ce dont témoigne en parti
culier le rejet des sept sacrements au profit des deux seuls qui ont une base stric
tement scripturaire le baptême et la sainte cène étant entendu que Luther
garde un demi-sacrement de la pénitence Cette parcimonie des signes étend
ailleurs ensemble du culte et contraste avec exubérance romaine qui gère
un nombre impressionnant intermédiaires du sacré encore que sans doute
des mécanismes acculturation sélectifs aient opéré en milieu catholique6
autre part une fois constaté cette baisse numérique des signes sans doute
faut-il interroger en se demandant il pas également une modification
de la nature même du signe
En autres termes est-ce pas ensemble du système sémique qui est
affecté Il semblé que la définition que donne Saussure du signe était opé
ratoire et je reprendrai ici les mises au point André Martinet7
Tout signe linguistique comporte un signifié qui est son sens ou sa valeur et
on notera entre guillemets ...) et un signifiant grâce quoi le signe se mani
feste et on présentera entre barres obliques ... est au signifiant que
dans le langage courant on réserverait le nom de signe
Cette dernière remarque applique ailleurs au texte de Calvin qui bien
entendu emploie le mot signe au sens de signifiant dans les textes sur
eucharistie que je vais citer
Pourquoi adopte-t-on certains signes En quoi les modifie-t-on Quelle est
la raison de exclusion un certain nombre autres Cette question de la légi
timité du signe renvoie deux corrélats la présence attestée dans le corpus du
texte biblique le rapport qui lie le signifié au signifiant
En bref la represen tat vité et la represen tation
Si nous adoptons donc la définition saussurienne du signe quitte la modi
fier ailleurs ultérieurement sur un point nous sommes même de rendre
compte de trois grands cas de figure
idolatrie qui droit exécration unanime des réformateurs pour
être sans cesse reprochée Rome et ses adeptes Le signifiant déborde sur le
signifié occulte le dissimule en empare finit par le supplanter la majesté
divine est confisquée par la statue le saint en effigie devient thaumaturge la
simonie se saisit du salut on se prosterne devant hostie Il est certain que
explication de la Réforme par les abus ecclésiastiques plus cours et elle
jamais été satisfaisante Il ne faudrait pas cependant négliger importance
qui pu attacher ce qui paraissait comme une subversion du signe et enva
hissement anarchique de au-delà par la colonisation des indulgences
Les adiaphora développées par Mélanchthon certains signes ne sont
pas rejeter tout prix ils sont indifférents Le rapport entre le signifiant et le
signifié est alors relativement neutre On peut se passer de ces signes certains
ont recours Notons quand même ambiguïté du concept qui il conduit
irénisme risque également aboutir la dissimulation ainsi que le signalait
historien italien Carlo Ginzburg8 Or même si Calvin se défiait des nicodé-
mites de ceux qui tel le Nicodème de vangile Jean III 21 venaient
trouver Jésus de nuit et dans le secret si donc Calvin admettait mal une inter-
266 MIOTIQUE DE LA FORME COTTRET
prétation permissive des adiaphora cela ne empêchait pas de tolérer en parti
culier dans le cas de la Réforme anglaise et pour des raisons la fois politiques
et pédagogiques le maintien de certains signes inutiles ailleurs Ainsi dans une
lettre Edouard VI de janvier 1551 Calvin constatait deux choses9
quant la réformation commune elle est pas encore si bien establie il ne
soit mestier de passer plus oultre de faict il seroit bien difficile de purger en
un iour un si grand abisme de superstitions qui est en la Papauté
titre transitoire Calvin admettait donc une certaine latitude il
poursuivait10
Vray est Sire il des choses indifférentes on peut liciter souffrir
mais si nous faut tousjours garder ceste regle qui dit sobriété mesure aux
cérémonies en sorte que la clarté de vangile en soit obscurcie comme si
nous estions encore sous les ombres de la loy
Reste le troisième cas de cette brève typologie celui dans lequel le rap
port du signifié au signifiant est la fois licite et nécessaire est ce troisième
aspect le seul véritablement positif que je retiendrai ici quitte éclairer éven
tuellement les deux premières figures un jour légèrement différent Je me ser
virai tout particulièrement pour cela de exposé que fait Calvin de eucharistie
est en effet au sujet de la cène que se trouve posée la question du signe la
fois dans son aspect singulier la communion et général le rapport la révéla
tion si nous admettons la belle formule de Pierre Chaunu criture-
eucharistieu
Du scandale au consensus
Je souhaiterais privilégier dans cette étude deux textes complémentaires de
Calvin
accord passé et conclu touchant la matière des sacrements entre les
ministres de église de Zurich et maîtr

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