Pourquoi la condition de l esclave s améliore-t-elle en régime despotique ? - article ; n°1 ; vol.39, pg 3-38
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Pourquoi la condition de l'esclave s'améliore-t-elle en régime despotique ? - article ; n°1 ; vol.39, pg 3-38

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Description

Revue française de sociologie - Année 1998 - Volume 39 - Numéro 1 - Pages 3-38
Alain Testart : Роr qué la condición de esclavo se mejora en un regimen despótico ?
Revisando la mayor parte de datos etnológicos e históricos, este artículo se propone mostrar la siguiente ley : en las sociedades despóticas o de tendencia despótica, la condición del esclavo tiende a mejorarse al menos en este aspecto : el amo déjà de tener derecho absoluto sobre la vida о la muerte de su esclavo.
Alain Testart : Warum verbessern sich die Daseinsbedingungen des Sklaven unter einem Despotenregime ?
Der Artikel überschaut die meisten der ethnologischen und historischen Daten und möchte folgendes Gesetz vorschlagen : in den despotischen oder despotischen tendierenden Gesellschaften neigen die Daseinsbedingungen des Sklaven insofern zur Verbesserung als der Sklavenhalter nicht mehr das absolute Recht über Leben und Tod seines Sklaven hat.
Alain Testart : Why does a slave's condition improve under a despotic regime ?
While examining most of the ethnological and historical data on this subject, this article undertakes to illustrate the following law : in a despotic society, or in one of despotic tendency, a slave's condition tends to improve, at least in one respect : the master no longer has an absolute right over his life or death.
Passant en revue la plupart des données ethnologiques et historiques, cet article se propose de montrer la loi suivante : dans les sociétés despotiques ou à tendance despotique, la condition de l'esclave tend à s'améliorer au moins sous cet aspect : le maître n'y a plus droit absolu de vie ou de mort sur son esclave.
36 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Alain Testart
Pourquoi la condition de l'esclave s'améliore-t-elle en régime
despotique ?
In: Revue française de sociologie. 1998, 39-1. pp. 3-38.
Citer ce document / Cite this document :
Testart Alain. Pourquoi la condition de l'esclave s'améliore-t-elle en régime despotique ?. In: Revue française de sociologie.
1998, 39-1. pp. 3-38.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsoc_0035-2969_1998_num_39_1_4776Resumen
Alain Testart : Роr qué la condición de esclavo se mejora en un regimen despótico ?
Revisando la mayor parte de datos etnológicos e históricos, este artículo se propone mostrar la
siguiente ley : en las sociedades despóticas o de tendencia despótica, la condición del esclavo tiende a
mejorarse al menos en este aspecto : el amo déjà de tener derecho absoluto sobre la vida о la muerte
de su esclavo.
Zusammenfassung
Alain Testart : Warum verbessern sich die Daseinsbedingungen des Sklaven unter einem
Despotenregime ?
Der Artikel überschaut die meisten der ethnologischen und historischen Daten und möchte folgendes
Gesetz vorschlagen : in den despotischen oder despotischen tendierenden Gesellschaften neigen die
Daseinsbedingungen des Sklaven insofern zur Verbesserung als der Sklavenhalter nicht mehr das
absolute Recht über Leben und Tod seines Sklaven hat.
Abstract
Alain Testart : Why does a slave's condition improve under a despotic regime ?
While examining most of the ethnological and historical data on this subject, this article undertakes to
illustrate the following law : in a despotic society, or in one of despotic tendency, a slave's condition
tends to improve, at least in one respect : the master no longer has an absolute right over his life or
death.
Résumé
Passant en revue la plupart des données ethnologiques et historiques, cet article se propose de
montrer la loi suivante : dans les sociétés despotiques ou à tendance despotique, la condition de
l'esclave tend à s'améliorer au moins sous cet aspect : le maître n'y a plus droit absolu de vie ou de
mort sur son esclave.R. franc, sociol. XXXIX-1, 1998, 3-38
Alain TESTART
Pourquoi la condition de l'esclave
s'améliore-t-elle en régime despotique?
RÉSUMÉ
Passant en revue la plupart des données ethnologiques et historiques, cet article
se propose de montrer la loi suivante : dans les sociétés despotiques ou à tendance
despotique, la condition de l'esclave tend à s'améliorer au moins sous cet aspect : le
maître n'y a plus droit absolu de vie ou de mort sur son esclave.
Cet article se propose de mettre en évidence une loi générale de socio
logie comparative, de la vérifier (ou, si l'on tient à un langage poppérien,
de la tester) autant que faire se peut, et d'en indiquer les raisons. Comme
il s'agit d'une loi de sociologie générale - nous entendons par «sociologie»
la science générale des sociétés - il n'est pas de données qui ne soient
mobilisables à son propos, et peu importe qu'elles proviennent d'observat
ions directes ou d'informations écrites, peu importe qu'il s'agisse
d'ethnographie ou d'histoire. C'est pure contingence que les sociétés
contemporaines ne figurent pas dans notre échantillon, seulement parce
que la question traitée, celle de l'esclavage, y est sans portée. Sans doute
les journaux à sensation font-ils à l'occasion grand tapage de ce qu'il existe
encore aujourd'hui de l'esclavage en certaines parties du monde actuel.
Mais c'est de toutes façons un esclavage caché et illégal, tandis que notre
question ne concerne que les formes légales de l'esclavage. Plus précisé
ment, la question est de savoir comment les contours juridiques de cette
institution varient d'une société à l'autre et pourquoi? On ne rencontre
plus aujourd'hui une seule société qui tienne l'esclavage pour légitime,
mais hier encore ces sociétés étaient légion. C'est ce passé, proche ou
lointain, que nous explorons.
Il est rare que les sources historiques nous permettent de saisir sur le
long terme une évolution indiscutable du droit relatif à l'esclavage; au
moins est-ce le cas de la Rome antique. Cet exemple, qui présente
l'avantage d'être familier au lecteur occidental, nous servira à introduire
notre propos. Mais l'opposition que nous voulons mettre en évidence ne
se donne pas seulement en diachronie, elle vaut également en synchronie :
le contraste entre deux sociétés de l'Afrique Noire précoloniale le montrera. française de sociologie Revue
La Rome antique (1) : les innovations de l'époque impériale
De toutes les formes d'esclavage que nous donnent à voir les peuples
anciens, celle de Rome nous apparaît comme une des pires. Dureté de la
loi tout d'abord, telle qu'en témoignent les textes juridiques : l'esclave
(servus) est défini comme res (2), homme sans droit, et le restera jusqu'à
la fin de l'Empire ou presque. Dureté des traitements, tels qu'en témoignent
les documents historiques et les textes littéraires : aux peines par le sup
plice bien connu de la croix, à l'enfermement dans l'ergastule, au travail
en équipe sur les latifundia, s'ajoutent les cruautés gratuites, et tristement
célèbres, des esclaves jetés aux murènes pour une faute légère ou suppliciés
pour rendre plus vivante une pièce de théâtre.
Le pouvoir du maître sur l'esclave semble avoir été discrétionnaire pen
dant toute l'époque de la République. Sans doute limité par la coutume
et par l'opinion publique, ce pouvoir ne fait pas l'objet de législation (3).
Tout change avec l'instauration de l'Empire (27 av. j.-c); ce changement est
d'autant plus spectaculaire qu'il suit de très près ce changement de régime.
(1) Au sein d'une bibliographie immense en français, avec les mots équivalents dans
sur l'esclavage dans le monde antique, citons diverses autres langues. »
seulement le livre classique mais insurpassé (3) Opinion convergente des anciens
de Buckland (1908) pour le droit, celui de Gaius (g.i. 52) ou des modernes (Buckland,
Wallon (1988/1847), avec une perspective op. cit., p. 36). Dans un livre dont nous sa
humaniste un peu vieillie mais contenant une luons par ailleurs les apports incontestables,
foule de renseignements et qui constitue une Dumont (op. cit.) nous semble aller trop loin
introduction encore actuelle sur le sujet. Bi en minimisant l'importance des innovations
bliographie dans Gaudemet (1982b) et sup de la période impériale. Sans doute existait-il
plément à Wallon (op. cit., p. 1009 sq). déjà dès la période républicaine, comme le
montre très bien cet auteur (ibid., pp. 137- (2) Nous ne revenons pas ici sur la ma
lencontreuse traduction de res par « chose », 154), asylie (droit d'asile dans certains temp
donnant l'impression que l'esclave romain les, comme en Grèce), blâme censorial (du
était vu comme une chose et non comme un censeur à rencontre de maîtres abusifs), ap
homme. Plusieurs romanistes se sont déjà éle pel au tribun ou même contrôle de fait par
vés contre cette interprétation abusive, en l'opinion publique. Sans doute les empereurs
particulier Veyne (1985, p. 62) : «Quoi que n'innoveront-ils pas dans un vide absolu : ils
l'on dise parfois, l'esclave n'est pas une prolongeront certaines tendances présentes
chose : on le considérait comme un être hu pendant la période républicaine. Mais en
main. Même ses "mauvais" maîtres qui le même temps, ils en transformeront profondé
traitaient inhumainement lui faisaient un de ment la teneur en donnant à cette protection
voir moral d'être bon esclave, de servir avec de l'esclave un caractère légal, obligatoire et
sanctionné par l'État - toutes choses qui, dévouement et fidélité. Or, on ne fait pas la
morale à un animal ou à une machine. » Voir dans l'état de notre documentation, faisaient
en tout dernier lieu la mise au point de défaut sous la République. Rien ne sert au
Dumont (1987, p. 97) qui nous paraît défini surplus d'invoquer le caractère lacunaire de
tive : « Le mot res revêt dans les textes juri cette documentation pour imaginer quelque
loi républicaine - inconnue de nous - qui audiques une valeur classificatoire et, selon
toute apparence, ne s'oppose jamais, dans la rait pu protéger l'esclave au même titre que
sémantique latine, au caractère

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