Pouvoir coercitif et interdépendance - article ; n°2 ; vol.69, pg 435-453
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Description

L'année psychologique - Année 1969 - Volume 69 - Numéro 2 - Pages 435-453
Résumé
On examine le modèle théorique du pouvoir présenté par Cartwright, et développé par French et Raven, dans le cas du pouvoir coercitif. 40 sujets travaillent en groupes formés de deux équipiers et un supérieur. Le supérieur accompagne ses ordres de menace d'amende, élevée dans la situation de forte coercition, et légère dans la situation de faible coercition. Dans la situation de forte interdépendance, chaque exécutant est informé que sa désobéissance entraînera des sanctions contre son coéquipier, alors que dans la condition de faible interdépendance cette clause est omise. Enfin dans la seconde moitié de chaque séance de travail toute possibilité de contrôle sur le travail des équipiers est retirée au supérieur. On compare ainsi les effets de la coercition et de l'interdépendance sur l'obéissance publique et l'obéissance privée des exécutants. On constate que seule la coercition a un effet significatif. L'obéissance privée est inférieure à l'obéissance publique, mais contrairement aux hypothèses de Raven et French, elle n'apparaît pas comme une fonction inverse de la coercition. On discute en conclusion les implications de ce résultat pour le modèle de Cartwright.
Summary
This study investigated the problem of coercive power (Cartwright, French and Raven). Forty subjects working in groups of three were used. In the high-coercion situation, disobedience of the group-leader on the part of one member provokes sanctions against the other member, while in the low-coercion situation this condition is omitted. In the second half of the testing session the group leader had no power whatsoever.
Coercion had a significant effect. Private obedience was inferior to public obedience but, in contradiction to the hypotheses of Raven and French, it was not an inverse function of coercion. The implications of this results for the model of Cartwright are discussed.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

J.-P. Poitou
Pouvoir coercitif et interdépendance
In: L'année psychologique. 1969 vol. 69, n°2. pp. 435-453.
Abstract
Résumé
On examine le modèle théorique du pouvoir présenté par Cartwright, et développé par French et Raven, dans le cas du pouvoir
coercitif. 40 sujets travaillent en groupes formés de deux équipiers et un supérieur. Le supérieur accompagne ses ordres de
menace d'amende, élevée dans la situation de forte coercition, et légère dans la situation de faible coercition. Dans la situation
de forte interdépendance, chaque exécutant est informé que sa désobéissance entraînera des sanctions contre son coéquipier,
alors que dans la condition de faible interdépendance cette clause est omise. Enfin dans la seconde moitié de chaque séance de
travail toute possibilité de contrôle sur le travail des équipiers est retirée au supérieur. On compare ainsi les effets de la coercition
et de l'interdépendance sur l'obéissance publique et l'obéissance privée des exécutants. On constate que seule la coercition a un
effet significatif. L'obéissance privée est inférieure à publique, mais contrairement aux hypothèses de Raven et
French, elle n'apparaît pas comme une fonction inverse de la coercition. On discute en conclusion les implications de ce résultat
pour le modèle de Cartwright.
Résumé
Summary
This study investigated the problem of coercive power (Cartwright, French and Raven). Forty subjects working in groups of three
were used. In the high-coercion situation, disobedience of the group-leader on the part of one member provokes sanctions
against the other member, while in the low-coercion situation this condition is omitted. In the second half of the testing session
the group leader had no power whatsoever.
Coercion had a significant effect. Private obedience was inferior to public obedience but, in contradiction to the hypotheses of
Raven and French, it was not an inverse function of coercion. The implications of this results for the model of Cartwright are
discussed.
Citer ce document / Cite this document :
Poitou J.-P. Pouvoir coercitif et interdépendance. In: L'année psychologique. 1969 vol. 69, n°2. pp. 435-453.
doi : 10.3406/psy.1969.27675
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1969_num_69_2_27675Laboratoire de Psychologie sociale
de la Faculté des Lettres et Sciences humaines d' Aix-en-Provence
POUVOIR COERCITIF ET INTERDÉPENDANCE1
par Jean-Pierre Poitou
SUMMARY
This study investigated the problem of coercive power (Cartwright,
French and Raven). Forty subjects working in groups of three were used.
In the high-coercion situation, disobedience of the group-leader on the
part of one member provokes sanctions against the other member, while in
the low-coercion situation this condition is omitted. In the second half
of the testing session the group leader had no power whatsoever.
Coercion had a significant effect. Private obedience was inferior to
public obedience but, in contradiction to the hypotheses of Raven and
French, it was not an inverse function of coercion. The implications of
this results for the model of Cartwright are discussed.
Cartwright (1959) a présenté un modèle théorique du pouvoir
inspiré de la théorie lewinienne du champ. Le pouvoir y est défini
de la façon suivante : le pouvoir d'une personne 0 sur une
personne P est le maximum de la force résultante que 0 peut
mettre en jeu sur P. Cette force résultante est déterminée par
les grandeurs relatives des forces d'obéissance et de résistance
activées par 0.
A partir du modèle de Cartwright, French et Raven (1959)
classent les différentes formes de pouvoir en cinq catégories :
pouvoir fondé sur la récompense, la punition, la légitimité, la
1. Nous tenons à exprimer notre reconnaissance au Pr D. Cartwright et
au Pr R. B. Zajonc pour leurs conseils au cours de cette recherche, ainsi qu'à
P. Headley pour son aide inappréciable dans la mise au point des programmes
d'ordinateur. Nos remerciements vont également à Leora Berns pour sa
collaboration dans la phase expérimentale de ce travail, ainsi qu'à la direction
du Mental Health Research Institute de l'Université de Michigan, pour
avoir bien boulu mettre à notre disposition un de ses ordinateurs. 436 MÉMOIRES ORIGINAUX
compétence, et enfin sur l'identification. En particulier, ils
avancent que les forces de résistance varient selon les différentes
catégories de pouvoir. Lorsque l'inférieur est soustrait au
contrôle du supérieur, dans certains cas tels que le pouvoir
coercitif, l'obéissance du subordonné décroîtra considérablement,
alors que dans d'autres, tels que le pouvoir légitime, l'obéissance
se maintiendra au même niveau. En effet, dans le premier cas,
l'obéissance repose uniquement sur l'emploi de renforcements
négatifs qui suscitent des forces de résistance élevées, tandis
que dans le second elle est fondée sur l'intériorisation d'une norme,
qui engendre peu ou pas de résistance. Ces hypothèses ont été
soumises ensuite à l'expérience (Raven et French, 1958 a et b ;
French, Morrison et Levinger, 1960). En fait, les résultats ne
montrèrent pas de différence au niveau de l'obéissance soumise
au contrôle du supérieur (obéissance publique) entre pouvoir
légitime coercitif et non coercitif, ni entre pouvoir illégitime
coercitif et non coercitif. En outre, il apparut que la coercition
n'avait pas d'effet significatif sur l'obéissance privée (soustraite
au contrôle du supérieur), et qu'elle ne diminuait pas non plus
la légitimité perçue, bien qu'elle diminuât l'attrait éprouvé par
les subordonnés pour le supérieur. Ces résultats remettent en
question le modèle de Cartwright et les hypothèses dérivées par
French et Raven. Il faut cependant remarquer d'abord qu'il
n'y avait pas de mesure directe de l'obéissance privée, et que les
mesures utilisées étaient peu satisfaisantes. Ensuite, il faut tenir
compte de diverses interprétations a posteriori avancées, mais
non éprouvées par Raven et French. Celles-ci se résument à
trois : 1) L'excès de zèle (overcompliance) ; 2) L'interdépendance
des subordonnés ; et 3) La légitimité de l'expérience. La première
consiste à supposer que le subordonné, soumis à une contrainte
trop forte, exprime sa résistance par un surcroît d'obéissance.
Mais ceci implique de puissantes forces de résistance qui devraient
apparaître lorsque le subordonné est soustrait au contrôle du
supérieur, donc se manifester par un écart extrême entre obéis
sance publique et obéissance privée. Dans la seconde on suppose
que les subordonnés conscients de la solidarité qui les lie dans le
travail collectif, opposent moins de résistance au supérieur de
crainte de nuire à leurs coéquipiers. Les recherches de Berkowitz
sur les comportements d'entraide (voir Schopler, 1965) ont
montré qu'un supérieur pouvait limiter l'usage de son pouvoir
pour aider un subordonné. Dans une expérience récente (Poitou,
1969) nous avons montré qu'un individu pouvait pour ne pas j.-p. poitou 437
nuire à son coéquipier, suivre des décisions dans lesquelles il
avait peu de confiance. On conçoit donc qu'un tel sentiment de
solidarité puisse réduire les forces de résistance et annuler les
effets différentiels de la légitimité et de la coercition.
Enfin la dernière interprétation revient à considérer que les
sujets ayant accepté de participer à l'expérience sont de ce fait
prêts à obtempérer à toute injonction (ou presque). Il est clair
qu'elle ne peut être prise en considération que lorsque toutes
les autres auront été rejetées.
Nous examinerons donc ici quels sont les effets de la coercition
sur l'obéissance tant publique que privée. Nous chercherons si
l'interdépendance des subordonnés entraîne une réduction de
leur résistance aux tentatives d'influence du supérieur, et s'il
existe un effet d'excès de zèle.
PLAN EXPÉRIMENTAL
Nous utilisons trois variables :
— la coercition (A) : le supérieur accompagne ses ordres de
menaces d'amendes soit fortes (niveau ax) soit faibles (n
iveau a2) ;
— l'interdépend

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