Production et diffusion des matériaux de construction en terre cuite dans le monde romain: l exemple de la Tarraconaise d après l épigraphie - article ; n°1 ; vol.29, pg 51-86
37 pages
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Production et diffusion des matériaux de construction en terre cuite dans le monde romain: l'exemple de la Tarraconaise d'après l'épigraphie - article ; n°1 ; vol.29, pg 51-86

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Description

Mélanges de la Casa de Velázquez - Année 1993 - Volume 29 - Numéro 1 - Pages 51-86
36 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

M. Christian Rico
Production et diffusion des matériaux de construction en terre
cuite dans le monde romain: l'exemple de la Tarraconaise
d'après l'épigraphie
In: Mélanges de la Casa de Velázquez. Tome 29-1, 1993. pp. 51-86.
Citer ce document / Cite this document :
Rico Christian. Production et diffusion des matériaux de construction en terre cuite dans le monde romain: l'exemple de la
Tarraconaise d'après l'épigraphie. In: Mélanges de la Casa de Velázquez. Tome 29-1, 1993. pp. 51-86.
doi : 10.3406/casa.1993.2639
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/casa_0076-230X_1993_num_29_1_2639PRODUCTION ET DIFFUSION DES MATERIAUX DE CONSTRUCTION
EN TERRE CUITE DANS LE MONDE ROMAIN :
L'EXEMPLE DE LA TARRACONAISE D'APRÈS L'ÉPIGRAPHIE
Christian RICO
Membre de l'EHEH
Rien de plus commun, à l'époque romaine, que la tuile, la brique et leurs
nombreux dérivés ; c'est par eux que l'on identifie généralement, à défaut de tout
autre matériel, un site antique lors d'une prospection de surface ; c'est par centaines
de fragments que les fouilles les extraient régulièrement du sous-sol. Cela n'a pas
suffi pourtant à provoquer le déclic nécessaire chez l'archéologue. Leur très grande
fréquence sur nos sites a même eu l'effet contraire, déviant ainsi l'intérêt du
chercheur sur d'autres productions, comme les céramiques dites "de luxe" ou les
amphores. Comment, d'ailleurs, ces matériaux, sobres, ingrats même et le plus
souvent anonymes, pourraient-ils supporter la comparaison face à ces dernières ?
Conséquence, l'activité artisanale, pour ne pas dire "industrielle", qui a laissé les
traces peut-être les plus tangibles et en tout cas sans doute les plus nombreuses de
la période romaine dans nos régions, n'a pas encore trouvé sa véritable place, faute
de programmes de recherche archéologique qui lui soient entièrement consacrés,
dans l'histoire économique du monde antique.
Il serait bien sûr aussi faux qu'exagéré de dire que rien n'a jamais été fait dans
ce domaine. Certaines équipes, en Italie, en France, sont à la pointe de la recherche ;
mais leurs travaux constituent encore des exceptions dans un panorama qui
continue à négliger autant qu'il ignore la production de matériaux d'architecture en
terre cuite, et à travers elle, inévitablement, ses acteurs et ses structures. Il faut
saluer alors ici les recherches aussi difficiles qu'exemplaires réalisées par Fanette
Laubenheimer et son équipe sur le centre de production d'amphores et de
matériaux de construction de Sallèles d'Aude. Pour la première fois, une fouille,
menée sur plusieurs années, a visé à la compréhension d'un centre de potiers dans
son intégralité, étudiant son organisation et son fonctionnement internes, ses struc
tures, les différents types de produits fabriqués, son évolution, enfin, sur plus de
Mélanges de la Casa de Velâzquez (MCV), 1993, XXIX (1), p. 51-86. 52 CHRISTIAN RICO
Carte. 1 : Répartition des estampilles sur tuiles en Catalogne et Levant.
I. Une marque ; II. 2 à 4 marques différentes ; III. 5 à 9 marques différentes ; IV 10 marques et plus.
1 . Carthagène 1 1 . Alcudia 21. Blanes
2. Elche 12. Tarragone 22. Llafranc
3. Alicante 13. Albinyana 23. L'Estartit
4. Villajoyosa 14. St. Père de Ribes 24. Viladamat
5. Dénia 15. Vilafranca del Penedès 25. Ampurias
6. Bocairent 16. Barcelone 26. Besalû (Can Llandric)
7. Valence 17. Palau Solità (Sabadell) 27. Vilauba
8. Sagonte 18. Badalona 28. Porqueres
9. Palma 19. St Ginès de Vilasar 29. Puigpalter
1 0. Santanyi 20. Matarô 30. Gérone PRODUCTION DES MATÉRIAUX DE TERRE CUITE EN TARRACONAISE 53
deux siècles d'activité1. C'est un cas unique ; il faut bien voir en effet que les (rares)
recherches qui sont effectuées sur des tuileries antiques se limitent bien trop
souvent encore à la seule fouille des fours, au détriment alors de toutes ces instal
lations annexes qui constituent un atelier de potier.
Pour qui étudie les grandes "industries" céramiques du monde romain,
l'Espagne représente évidemment un terrain d'étude des plus favorables. On
regrettera pourtant que la recherche se soit focalisée sur la production amphorique,
dans laquelle se sont spécialisées deux grandes régions aux premiers siècles de
notre ère, la Bétique d'une part et la frange côtière de la province de Tarraconaise
de l'autre ; elle a pu peut-être négliger par là même les matériaux de construction
en terre cuite, dont la fabrication apparaît pourtant en bien des cas liée à celle des
amphores. De l'archéologie on ne peut donc pratiquement rien attendre aujourd'hui,
si ce n'est la mise en route, un jour, de programmes de recherche spécifiques.
Aussi, à défaut de données de fouilles et de prospections, faut-il recourir à d'autres
documents qui permettent d'approcher un tant soit peu les structures internes de la
production de matériaux destinés à la construction.
Ce sont les timbres épigraphiques apposés par les potiers sur les matériaux
avant leur cuisson. Ce sont des documents pour le moins difficiles à manier,
parfois d'interprétation délicate, ce qui ne parvient pas à leur enlever leur intérêt
parce qu'ils touchent directement aux acteurs principaux de l'artisanat de la terre
cuite architecturale. L'Espagne n'est certainement pas d'une richesse surprenante
en marques de tuiliers ; elle se maintient sans doute au même niveau que la France
et l'Afrique du Nord, l'Italie demeurant évidemment une exception par le nombre
considérable d'estampilles actuellement connues . La Tarraconaise tranche
cependant sur le reste de la Péninsule, avec plus de 70 marques différentes
réparties essentiellement sur la côte méditerranéenne, de la Catalogne au Levant,
entre Ampurias et Carthagène, sans oublier les îles Baléares3 (carte 1). Leur étude
présente de fait un double intérêt : d'une part, elles permettent une approche directe
des problèmes que posent les structures de la production céramique, ce sur quoi j'ai
déjà insisté, de l'autre elles conduisent à une intéressante réflexion sur la diffusion
des matériaux de terre cuite dans cette partie de l'Espagne romaine et sur ses
mécanismes, réflexion qui dépasse très largement, on aura l'occasion de le voir, les
frontières de la Tarraconaise.
Fanette Laubenheimer, Sallèles d'Aude. Un complexe de potiers gallo-romain : le quartier
artisanal (Documents d'Archéologie Française, 26), Paris, 1990 (= Laubenheimer, Un complexe
de potiers).
11 suffit de parcourir le volume XV, 1 , du Corpus Inscriptionum Latinarum ne serait-ce que pour
se faire une idée de ce que la seule ville de Rome a produit comme marques sur tuiles et briques.
Ce corpus a été réuni à partir du dépouillement systématique des ouvrages et des périodiques
touchant à l'histoire et à l'archéologie antiques de ces deux régions ; j'ai pris le parti de vérifier
le matériel chaque fois que c'était possible dans les musées locaux et régionaux, ce qui a apporté
parfois des surprises (marques mal lues ou inédites). J'en profite ici pour adresser mes plus
sincères remerciements aux conservateurs qui m'ont ouvert leurs portes et très souvent facilité
la tâche. 54 CHRISTIAN RICO
Ce sont ces deux points qui, inséparablement liés, seront abordés tout au long
de ce travail, dans un dessein de contribuer, aussi modestement soit-il, à l'histoire
économique de la Tarraconaise et, plus généralement, du monde romain.
LE MARQUAGE DES MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION EN TERRE
CUITE : UNE PRATIQUE NON SYSTÉMATIQUE
C'est le constat qui s'impose dès que l'on aborde le problème, complexe, de
la signification de l'usage des marques dans les officines de production céramique
antiques. C'est d'ailleurs plus une impression qu'un constat puisqu'il est difficile,
pour ne pas dire impossible, de présenter des données chiffrées. Je prendrai alors
quelques exemples en dehors du cadre géographique ici fixé.
Munigua (Castillo de Mulva) et Italica (Santiponce), deux villes de
l'ancienne province de Bétique, ont particulièrement usé et abusé de la brique dans
leur

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