Proprioception et gestion de la motricité chez le bébé : peut-on répondre à Claparède ? - article ; n°4 ; vol.94, pg 593-606
15 pages
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Proprioception et gestion de la motricité chez le bébé : peut-on répondre à Claparède ? - article ; n°4 ; vol.94, pg 593-606

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Description

L'année psychologique - Année 1994 - Volume 94 - Numéro 4 - Pages 593-606
Résumé
S'interrogeant, il y a presque un siècle dans L'Année Psychologique sur les sensations proprioceptives, le statut des informations dont elles sont source et leur rôle dans l'organisation des postures et des gestes, Claparède suggérait que le bébé apprend à gérer ses positions dans l'espace à partir de connaissances visuelles et de transformation des impressions de mouvement en représentations imagées.
Bien que la proprioception reste un domaine encore peu exploré aux âges précoces, on dispose de données diverses issues de deux sortes d'études : celles du développement moteur d'enfants privés de vision ou / et d'autres sensibilités extéroceptives ; celles, plus directes et expérimentales, tirées d'analyses de mouvement.
Ces données néanmoins, lacunaires, sont examinées ici et amènent à conclure qu'en l'état actuel des connaissances, les questions posées par Claparède demeurent pendantes.
Mots-clés : proprioception, mouvements dirigés, dominance sensorielle, nourrisson.
Summary : Proprioception and motorfunction in infancy : can we respond to Claparède ?
Almost one century ago, Claparède asked in « l'Année Psychologique » whether or not proprioceptive sensations could provide efficient information on body and limb positions in space. Claparède suggested that infants have to learn to interpret proprioceptive information through reference to other perceptual-particularly visual - knowledge and to imaged representations. Proprioception is still poorly investigated in infancy. However, two categories of data are available. Some data corne from stu-ies of motor development in cases of exteroceptive sensory deprivation. Other data corne from experimental research within the theoretical frame-work of « dynamic systems » and from biomechanical movement analyses. A review of these two categories of data leads us to consider that the questions asked by Claparède remain pertinent and still have no conclusive response.
Key words : proprioception, directed movements, sensory dominance, infancy.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 142
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

H. Bloch
Proprioception et gestion de la motricité chez le bébé : peut-on
répondre à Claparède ?
In: L'année psychologique. 1994 vol. 94, n°4. pp. 593-606.
Résumé
S'interrogeant, il y a presque un siècle dans L'Année Psychologique sur les sensations proprioceptives, le statut des informations
dont elles sont source et leur rôle dans l'organisation des postures et des gestes, Claparède suggérait que le bébé apprend à
gérer ses positions dans l'espace à partir de connaissances visuelles et de transformation des impressions de mouvement en
représentations imagées.
Bien que la proprioception reste un domaine encore peu exploré aux âges précoces, on dispose de données diverses issues de
deux sortes d'études : celles du développement moteur d'enfants privés de vision ou / et d'autres sensibilités extéroceptives ;
celles, plus directes et expérimentales, tirées d'analyses de mouvement.
Ces données néanmoins, lacunaires, sont examinées ici et amènent à conclure qu'en l'état actuel des connaissances, les
questions posées par Claparède demeurent pendantes.
Mots-clés : proprioception, mouvements dirigés, dominance sensorielle, nourrisson.
Abstract
Summary : Proprioception and motorfunction in infancy : can we respond to Claparède ?
Almost one century ago, Claparède asked in « l'Année Psychologique » whether or not proprioceptive sensations could provide
efficient information on body and limb positions in space. Claparède suggested that infants have to learn to interpret
proprioceptive information through reference to other perceptual-particularly visual - knowledge and to imaged representations.
Proprioception is still poorly investigated in infancy. However, two categories of data are available. Some data corne from stu-ies
of motor development in cases of exteroceptive sensory deprivation. Other data corne from experimental research within the
theoretical frame-work of « dynamic systems » and from biomechanical movement analyses. A review of these two categories of
data leads us to consider that the questions asked by Claparède remain pertinent and still have no conclusive response.
Key words : proprioception, directed movements, sensory dominance, infancy.
Citer ce document / Cite this document :
Bloch H. Proprioception et gestion de la motricité chez le bébé : peut-on répondre à Claparède ?. In: L'année psychologique.
1994 vol. 94, n°4. pp. 593-606.
doi : 10.3406/psy.1994.28792
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1994_num_94_4_28792psychologique, 1994, 94, 593-606 L'Année
NOTE THÉORIQUE
Laboratoire de Psycho-Biologie du Développement, EPHE,
CNRS URA 315'
Affilié à V1NSERM
PROPRIOCEPTION ET GESTION
DE LA MOTRICITÉ CHEZ LE BÉBÉ :
PEUT-ON RÉPONDRE À CLAPARÈDE ?
par Henriette Bloch
SUMMARY : Proprioception and motorfunction in infancy: can we
respond to Claparède ?
Almost one century ago, Claparède asked in « l'Année Psycholo
gique » whether or not proprioceptive sensations could provide efficient
information on body and limb positions in space. Claparède suggested
that infants have to learn to interpret proprioceptive information through
reference to other perceptual-particularly visual - knowledge and to ima
ged representations. Proprioception is still poorly investigated in infancy.
However, two categories of data are available. Some data come from stu
dies of motor development in cases of exteroceptive sensory deprivation.
Other data come from experimental research within the theoretical frame
work of « dynamic systems » and from biomechanical movement anal
yses. A review of these two categories of data leads us to consider that
the questions asked by Claparède remain pertinent and still have no
conclusive response.
Key words : proprioception, directed movements, sensory dominance,
infancy.
1. 41, rue Gay Lussac, 75005 Paris. 594 Henriette Block
L'intérêt porté à la motricité, qui s'est notablement accru
au cours de la dernière décennie, a rouvert un débat quelque
peu assoupi : celui de la proprioception. On ne s'étonnera guère
qu'il importe aux spécialistes du développement. En effet, la dé
couverte d'une mobilité spontanée précoce, riche et plus struc
turée qu'on n'avait cru (Prechtl et Nolte, 1984 ; Cioni, Ferrari
et Prechtl, 1989 ; Mellier, 1990), la présence de mouvements
dirigés, tels que l'ont attestée les recherches sur les interac
tions et coordinations sensori-motrices chez le bébé (Cf. Bloch
et Bertenthal, 1990) suscitent nombre de questions au sujet de
la proprioception et d'abord celle-ci qui oriente toutes les
autres : Comment le tout-petit, dont la motricité dans ses com
posantes statiques et dynamiques est néanmoins bien immat
ure, dont la croissance suit un rythme particulièrement ra
pide et est faite d'allométries qui varient dans le temps, perç
oit-il les positions et mouvements de ses propres segments
corporels ? Les sensations internes qu'il a de ses mouvements
et déplacements segmentaires sont-elles suffisamment structu
rées et précises pour l'aider à situer les parties mobiles de son
corps dans l'espace ou bien le déplacement perçu est-il référé
aux sensations extéroceptives et aux effets qu'il peut procu
rer ? Autrement dit quel rôle joue la proprioception dans la
détermination d'un mouvement propre, l'ajustement ou le cal
cul des projections de nos membres dans l'espace ?
Quand Sherrington invente le terme de proprioception
(1906), il l'entend comme un vaste domaine de sensations com
prenant les messages issus des tensions musculaires, du jeu des
articulations, des récepteurs cutanés. Autrement dit, la proprio
ception inclut, dans sa conception, les sensations dites kinesthé-
siques, ainsi que les sensations cutanées de pression, contact
et température. Or, en 1911, l'Année Psychologique publie un
important article de Bourdon sur cette question, intitulé « La
perception des mouvements de nos membres» (Bourdon, 1911).
Bourdon y présente un examen du rôle joué par les sensations
kinesthésiques. Cet article fait écho à un article paru, onze ans
avant, dans la même revue. C'était Claparède (1900) qui alors
se demandait « Avons-nous des sensations spécifiques de posi
tion de nos membres ? ». Il remarquait qu'à la différence d'au
tres sensations correspondant, pour ainsi dire, aux excitants
qui agissent sur nos organes sensibles, la position « n'est pas
une donnée simple, absolue, élémentaire », mais une relation.
Cette relation n'est pas inscrite dans la sensation et il faut Proprioception et motricité chez le bébé 595
donc supposer que (si) « ces impressions nous font connaître
plus que ce qui est donné en elles-mêmes, c'est qu'elles évo
quent des images étrangères à leur propre contenu » (p. 249).
On saisit bien, dès cette phrase, quelle importance revêt cette
hypothèse dans le domaine du développement. À partir de sen
sations dont nos membres sont le siège — et qui restent à pré
ciser — l'enfant doit construire une connaissance de position
qui n'est pas de l'ordre de la perception directe : « l'enfant
nouveau-né... acquerra la notion de la position de ses memb
res » (p. 250). Claparède admet que, selon les valeurs angul
aires d'un déplacement, les sensations musculo-articulaires
puissent différer qualitativement. Mais, prises une à une, elles
seraient incapables de fournir une échelle complète des dépla
cements du membre considéré et de localiser la sensation com
me un degré de cette échelle. Ce rapport, selon lui, « ne pour
ra se réaliser que lorsque, à la suite d'un grand nombre d'ex
périences, chacun des termes sensitifs aura acquis une place
déterminée » (sous entendu : dans la série ordonnée des dépla
cements) (p. 251). Tourner la tête vers une source de stimul
ation, ramper, marcher, atteindre un objet paraissent requérir
ce type d'évaluation. Selon Claparède (1897), une telle évaluat
ion ne peut résulter du seul « sens musculaire ». Elle réclame
une adéquation entre le sens musculaire et l'effet produit qui
imposerait une image du déplacement qui lui est lié. La posi
tion serait donc de l'ordre du jugement (1897), terme auquel il
préfère substituer en 1900 celui d'infér

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