Psycholinguistique et psychologie du langage - article ; n°2 ; vol.72, pg 487-517
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Description

L'année psychologique - Année 1972 - Volume 72 - Numéro 2 - Pages 487-517
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 51
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Danièle Dubois
Psycholinguistique et psychologie du langage
In: L'année psychologique. 1972 vol. 72, n°2. pp. 487-517.
Citer ce document / Cite this document :
Dubois Danièle. Psycholinguistique et psychologie du langage. In: L'année psychologique. 1972 vol. 72, n°2. pp. 487-517.
doi : 10.3406/psy.1972.27960
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1972_num_72_2_27960PSYCHOLINGUISTIQUE
ET PSYCHOLOGIE DU LANGAGE
par Daniele Dubois
Laboratoire de Psychologie, Université de Paris VIII, et
Department of linguistics
University of California, San Diego (Etats-Unis)
Les développements de la psycholinguistique au cours des années 1960
se sont effectués en référence aux analyses linguistiques apportées par
la grammaire generative et transformationnelle. En première approxi
mation, on postule que la grammaire constitue un modèle abstrait du
langage qui permet de générer l'ensemble infini des phrases grammati
cales de la langue. Cette tente de rendre compte d'une
grammaire « mentale », ou encore « compétence linguistique » des sujets
qui parlent. Ces postulats se trouvent résumés dans l'expression sui
vante (d'après Watt, 1970, p. 141) :
GRAMMAIRE MENTALE
= COMPÉTENCE LINGUISTIQUE
= GRAMMAIRE LINGUISTIQUE
Le signe = traduit l'équivalence.
Le = l'isomorphisme ou encore l'axiomatisation.
A partir de ces postulats, la tâche du psycholinguiste s'applique
alors ultérieurement à l'élaboration de la grammaire linguistique : elle
consiste à définir un modèle de performance qui tiendra compte des
« contraintes introduites par les variables psychologiques » (Jakubowitz,
1970). On a ainsi, selon un schéma défini par Bever (1970) :
GRAMMAIRE LINGUISTIQUE
+ PRINCIPES DE PERFORMANCE
= COMPORTEMENT VERBAL
Ainsi, c'est à partir de critères linguistiques que les expérimentations
se sont efforcées de mettre en évidence la « réalité psychologique » des
descriptions et des règles syntaxiques et sémantiques dégagées par la
grammaire. Ce concept de réalité psychologique des structures linguis- 488 REVUES CRITIQUES
tiques se trouve déjà largement illustré et analysé dans les articles et
livres de Deese (1970), Dixon et Horton (1968), Garrett et Fodor (1968),
Hayes (1970), Jakubowitz, Segui et Peterfalvi (1969), Jakubowicz (1970),
Mehler (1968, 1969), Osgood (1968), Slobin (1971) et enfin Watt (1970).
Nous n'évoquerons donc, ici, que la démarche expérimentale que
cette conception de la psycholinguistique implique, et noterons les
difficultés auxquelles elle s'est trouvée confrontée.
Nous insisterons ensuite, davantage, sur les très récentes recherches
et résultats expérimentaux qui, soit établissent de nouveaux rapports
entre la théorie linguistique et les expérimentations, soit s'inscrivent en
marge — voire en rupture — avec la théorie linguistique. Ces recherches
s'articulent autour de deux thèmes :
— Comment est stocké en mémoire et utilisé le « matériel-langage »
et en particulier, quel pourrait être un modèle de l'organisation sémant
ique de la mémoire humaine ?
— Quelles sont les stratégies et plus généralement les activités
psychologiques mises en œuvre dans la communication verbale : percept
ion, compréhension et production du langage ?
COMPLEXITÉ SYNTAXIQUE
ET DIFFICULTÉ DE PERFORMANCE
A partir de 1960, un grand nombre d'expérimentations contribuent
à l'élaboration d'un modèle de performance du langage, sur la base des
analyses développées par Chomsky dans Structures syntaxiques (1957).
A partir du postulat d'une relation plus ou moins directe entre les
descriptions linguistiques et les performances des sujets qui parlent, la
complexité syntaxique d'une phrase se trouve définie en fonction du
nombre des transformations facultatives appliquées à la phrase noyau.
Ainsi peuvent être ordonnées les phrases ne possédant qu'une tran
sformation (interrogatives, passives, négatives), puis les phrases à deux
transformations (interro-négatives, interro-passives, passives-négatives),
puis les phrases à trois transformations (I.P.N.). Sur le plan psycholo
gique, « la charge en mémoire pour chaque indexation (marque de la
transformation opérée) serait équivalente et la quantité d'espace
mnémonique requise par chacune d'elles serait additive » (Mehler, 1968).
Citons en référence, les expérimentations de Clifton, Kurtz et Jen
kins (1965), Gough (1965), Mac Mahon (1963), Mehler (1963), Miller et
McKean (1964), Savin et Perchonoch (1965), Slobin (1966).
A la suite de ces travaux, trois types de difficultés ne se trouvaient
cependant pas résolues :
1) Les prédictions du modèle linguistique ne sont pas vérifiées pour
tous les types de transformations et, en particulier, pour les transfor- D. DUBOIS 489
mations qui font intervenir outre des modifications de la structure
syntaxique, des variations dans la signification des énoncés1.
2) Les résultats ne sont pas homogènes au travers des différentes
activités psychologiques : l'ordination des énoncés en fonction de leur
complexité de performance n'est pas la même dans les épreuves de
mémorisation, de compréhension ou de vérification, d'appariement, de
temps de réaction ou encore de production2.
3) Ces expériences sont centrées sur le traitement de l'information
syntaxique d'énoncés isolés où les fonctions sémantiques sont mini
misées3.
L'hypothèse d'une correspondance simple entre le modèle linguis
tique et la régularité des comportements verbaux avait ainsi suggéré
une méthode nouvelle dans la recherche psycholinguistique ; elle ne
pouvait plus cependant prétendre être interprétative des résultats.
L'alternative était alors la suivante :
— ou mettre l'accent sur les variables de performance qui provoquaient
ces distorsions par rapport au modèle de compétence ;
— ou, si le postulat d'une relation simple entre et perfor
mance était gardé, modifier la grammaire ou en utiliser une autre
(cf. Watt, 1970, p. 143 et suivantes).
L'évolution même de la linguistique (cf. schéma flg. 1) offrait alors
de nouvelles possibilités d'interprétation des « incohérences » constatées
dans les résultats expérimentaux : dans Aspects d'une théorie de la
syntaxe, Chomsky (1965) abandonne le concept de transformation
facultative appliquée à une phrase noyau. « Les phrases (de la famille
IPN) sont le résultat de l'application de règles syntagmatiques qui
introduisent un morphème (interrogatif ou passif) dans la dérivation
de la phrase. On postule encore l'existence des transformations mais
elles sont cette fois obligatoires, applicables seulement aux séquences
ayant la dérivation syntagmatique appropriée, et non plus à une suite
terminale unique. Leur rôle est essentiellement de modifier l'ordre des
1. L'analyse des divergences entre les prédictions du modèle linguistique
et les variables comportementales se trouve détaillée dans les travaux de
Jakubowicz (1970) et Watt (1970).
2. L'ordination des énoncés en fonction de leur complexité de perfo
rmance n'est pas la même entre :
— les épreuves de mémorisation (Mehler, 1963 ; Savin et Perchonoch, 1965) ;
— - les de compréhension ou de vérification (Gough, 1965 ;
McMahon, 1963 ; Slobin, 1966) ;
— les épreuves de d'appariement temps production de réaction (Jakubowicz, (Miller moteur et McKean, (Clifton, 1968). Kurz 1964) et ; Jenkins, 1965) ;
3. Après les travaux de Sachs (1967), on sait que l'information syntaxique
n'est, en fait, « traitée » que dans un intervalle temporel très court et que
seul le contenu du message est retenu. '
490 REVUES CRITIQUES
éléments de la séquence et d'effacer certains de ces éléments » (traduit
d'après Clifton et Odom, 1966). En aucun cas, les transformations ne
peuvent modifier l'interprétation sémantique de la phrase qui intervient
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syntagmatique Grammaire
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— Schémas des formes générales de la grammaire pour (a) Chomsky Fig. 1.
(1957) ; (b) Chomsky (1965); (c) Chomsky (1970) et (d) L'éco

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