Quel modèle de concurrence dans l'industrie bancaire ? - article ; n°2 ; vol.43, pg 229-260

Michel Dietsch

Description

Revue économique - Année 1992 - Volume 43 - Numéro 2 - Pages 229-260
The competition in commercial banking
The special characteristics of banking products — the deposits and the credits — determine the existence of sunk costs in banking production. This article discusses the nature of sunk costs in banking and analyses the impact of their existence on competition in banking products markets. It is shown that the existence of sunk costs, which act as barriers on entry in banking markets and determine the segmentation of theses markets conduct to an oligopoliste equilibrium. In that equilibrium, more than one bank might exist in a banking market even if some of the banks have cost disavantages.
Quel modèle de concurrence dans l'industrie bancaire ?
Les caractéristiques spécifiques des biens — les crédits et les dépôts — que produisent les banques sont telles que la production bancaire comporte des coûts non récupérables significatifs. L'article discute de la nature des coûts non récupérables dans la banque et envisage les effets de leur existence sur les formes de la concurrence entre banques. Il est montré que l'existence de ces coûts qui jouent comme des barrières à l'entrée sur les marchés locaux de produits bancaires et engendrent une segmentation de ces marchés détermine un équilibre oligopolistique dans lequel plusieurs banques peuvent exister sur un même marché même si certaines possèdent des avantages en matière de coûts.
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: REVUE_ECONOMIQUE
• Publié le: 01 janvier 1992
• Nombre de lectures: 84
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Monsieur Michel Dietsch
Quel modèle de concurrence dans l'industrie bancaire ?
In: Revue économique. Volume 43, n°2, 1992. pp. 229-260.
Abstract
The competition in commercial banking
The special characteristics of banking products — the deposits and the credits — determine the existence of sunk costs in
banking production. This article discusses the nature of sunk costs in banking and analyses the impact of their existence on
competition in banking products markets. It is shown that the existence of sunk costs, which act as barriers on entry in banking
markets and determine the segmentation of theses markets conduct to an oligopoliste equilibrium. In that equilibrium, more than
one bank might exist in a banking market even if some of the banks have cost disavantages.
Résumé
Quel modèle de concurrence dans l'industrie bancaire ?
Les caractéristiques spécifiques des biens — les crédits et les dépôts — que produisent les banques sont telles que la
production bancaire comporte des coûts non récupérables significatifs. L'article discute de la nature des coûts non récupérables
dans la banque et envisage les effets de leur existence sur les formes de la concurrence entre banques. Il est montré que
l'existence de ces coûts qui jouent comme des barrières à l'entrée sur les marchés locaux de produits bancaires et engendrent
une segmentation de ces marchés détermine un équilibre oligopolistique dans lequel plusieurs banques peuvent exister sur un
même marché même si certaines possèdent des avantages en matière de coûts.
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Dietsch Michel. Quel modèle de concurrence dans l'industrie bancaire ?. In: Revue économique. Volume 43, n°2, 1992. pp.
229-260.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1992_num_43_2_409351Quel modèle de concurrence
dans l'industrie bancaire ?
Michel Dietsch
Les caractéristiques spécifiques des biens — les crédits et les dépôts — que
produisent les banques sont telles que la production bancaire comporte des coûts
non récupérables significatifs. L'article discute de la nature des coûts non dans la banque et envisage les effets de leur existence sur les
formes de la concurrence entre banques. Il est montré que l'existence de ces
coûts qui jouent comme des barrières à l'entrée sur les marchés locaux de produits
bancaires et engendrent une segmentation de ces marchés détermine un équilibre
oligopolistique dans lequel plusieurs banques peuvent exister sur un même
marché même si certaines possèdent des avantages en matière de coûts.
Les changements récents observés sur les marchés bancaires ne peuvent être
compris que si l'on tient compte de leurs caractéristiques : les rendements
croissants et la concurrence imparfaite. L'objet de cet article est de décrire, à
l'aide des développements récents de la théorie de l'organisation industrielle, le
comportement des banques et le fonctionnement de l'industrie bancaire dans un
contexte de rendements croissants et de concurrence imparfaite.
Dans l'industrie bancaire, l'efficience productive peut être atteinte, soit en
recherchant les économies d'échelle, soit en recherchant les économies de
gamme. Pour obtenir les premières, la stratégie est une stratégie de croissance
et de concentration. Pour les secondes, la stratégie est la diversification. Ces
stratégies ont pour conséquence de rendre la concurrence imparfaite. La question
se pose alors de savoir si cette structure de imparfaite conduit
nécessairement à des résultats — des prix et des quantités d'équilibre —
différents de ceux de la concurrence parfaite. Pour la théorie conventionnelle de
l'organisation industrielle, une configuration industrielle imparfaite conduit à
une tarification non optimale ou à une situation de concurrence destructrice.
A l'inverse, pour la théorie des marchés contestables les résultats de la
concurrence parfaite subsistent dans une structure de marché imparfaite, à
condition que le marché soit « contestable », c'est-à-dire que les barrières à
l'entrée et à la sortie soient peu importantes, ou qu'un mécanisme de
* Cet article reprend le contenu d'un chapitre du rapport que nous avons
réalisé pour le Conseil national du crédit et la direction des Études de
l'Association française des banques (octobre 1990). Le contenu de l'article
n'engage que son auteur.
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Revue économique — N° 2, mars 1992, p. 229-260. Revue économique
coopération implicite entre offreurs existe. Pour étudier le fonctionnement des
marchés bancaires, il importe donc de connaître les caractéristiques de la
fonction des coûts bancaires et de déterminer l'existence de barrières
concurrentielles.
Nous développerons ici l'idée que ces barrières proviennent du caractère
« spécial » de la production bancaire. La spécificité de l'intermédiation bancaire
réside dans le caractère optimal des contrats de dépôt et de crédit. Deux aspects
importants de ces contrats peuvent être à l'origine de barrières concurrentielles.
En premier lieu, ces sont fondés sur des relations de long terme entre
la banque et ses clients dans lesquelles interviennent au premier plan des
facteurs de confiance et de réputation. En second lieu, le risque de faillite de la
banque tend à peser en grande partie sur l'ensemble des déposants et non sur ses
seuls actionnaires. Ces caractéristiques des contrats bancaires sont à l'origine de
coûts non récupérables qui agissent comme des barrières à la sortie de
l'industrie bancaire et peuvent déterminer l'apparition de stratégies offensives
sur les marchés bancaires, génératrices le cas échéant d'une concurrence
destructrice.
Dans une première section, nous verrons comment le modèle conventionnel
de la théorie de l'organisation industrielle (le modèle structure-comportement-
performance) fournit un cadre général pour l'étude de la concurrence bancaire.
Nous verrons que ses principales limites tiennent, d'une part, aux difficultés à
appréhender dans ce cadre la dimension multiproduit de la production bancaire,
d'autre part, à l'impossibilité de conclure que les imperfections de marché
n'empêchent pas nécessairement l'industrie de parvenir à des résultats proches
de ceux de la concurrence parfaite. La concurrence destructrice semble être la
conséquence inévitable des imperfections de marché dans ce modèle
conventionnel.
Dans une seconde section, nous discuterons de la pertinence et de la portée
de la notion de coûts non récupérables dans la banque. Cette notion est centrale
dans la théorie des marchés contestables. La présence ou l'absence de ces coûts
délimite donc le champ d'application de cette théorie dans le domaine bancaire.
Or le niveau des coûts non récupérables varie d'une activité bancaire à l'autre.
La distinction habituelle entre les activités d'intermédiation classique et les
activités de marché dans les banques recoupe, en effet, largement une distinc
tion entre des activités caractérisées par la présence de coûts non récupérables
élevés et des par l'absence ou la faiblesse relative de tels
coûts. En conséquence, la concurrence prend une forme différente d'un marché
bancaire à l'autre.
Dans une troisième section, nous montrerons que le modèle des marchés
contestables constitue un modèle pertinent pour décrire les mécanismes de la
concurrence sur les marchés des produits — tels les valeurs mobilières et les
titres négociables — dont la production n'implique pas l'existence de coûts non
récupérables élevés, à condition que la concurrence y soit « soutenable ». Or
cette dernière condition est difficile à réaliser en pratique. Ainsi, même en
l'absence de coûts non récupérables élevés, les marchés bancaires peuvent
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connaître une alternance de périodes de guerre de prix et de périodes d'entente.
Enfin, la dernière section sera consacrée à la description du fonctionnement des
marchés bancaires sur lesquels des coûts non récupérables élevés jouent un rôle
de barriè