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Publié par | POPULATION0 |
Publié le | 01 janvier 1973 |
Nombre de lectures | 129 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 1 Mo |
Extrait
Jacques Houdaille
Quelques données sur la population de Saint-Domingue au
XVIIIe siècle
In: Population, 28e année, n°4-5, 1973 pp. 859-872.
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Houdaille Jacques. Quelques données sur la population de Saint-Domingue au XVIIIe siècle. In: Population, 28e année, n°4-5,
1973 pp. 859-872.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1973_num_28_4_15523Résumé
Alors que la population du Canada français a pu être suivie dès son début, les données
démographiques sur les Antilles avant la Révolution sont rares et incertaines en particulier pour la
population noire. Et cependant Saint-Domingue était estimé par les économistes et politiques très au-
dessus du Canada car il rapportait sous la forme de « produit net », bien davantage. Des registres
paroissiaux étaient cependant établis, mais les troubles entraînèrent d'importantes destructions. M.
Jacques Houdaille, chargé de recherches à l'INED, a dépouillé des registres paroissiaux et présente ici
sur la population de Saint-Domingue différentes données en partie inédites en particulier sur la mortalité
des Blancs et des libres ou affranchis.
Abstract
SUMMARY The purpose of this paper is to estimate the number of French people who died in Saint-
Domingue {now Haiti) from 1710 to 1803. Despite their poor quality, parish registers are used since
those which have been lost or destroyed can be completed with population counts. Nearly 60 % of the
100 000 Frenchmen who left for that colony and did not return to France were from the South West
(Poitou and Aquitaine). The part played by Marseille and its vecinity became important in the last
decades of the \%th century. Among early settlers, there was a sizeable number of people from other
French colonies {especially Saint Kitts). Some 200 Acadian réfugiées died in Saint Domingue after
1760. The scarcity of white women brought about much racial intermixture. Light skinned Creoles were
becoming an important social group on the eve of the French Revolution. From 1794 to 1803 vital
events of former slaves were recorded but few registers have been preserved for that period. As the
African origins of these former slaves are mentioned, comparisons can be made with those of Africans
who were granted freedom before the Revolution. The number of soldiers in General Leclerc's
expedition, who died from yellow fever in 1802 and 1803, had to be estimated from other sources.
Resumen
RESUMÉN Se trata de estimar aqui cuantos franceses se murieron en Santo Domingo {hoy en dia
Haiti) en el sigh xvni. A pesar de ser muy incompletos, los registros parroquiales se pueden utilizar ya
que existen otras fuentes estadisticas que indican el numero de los habitantes blancos en la mayoria de
las parroquias. El 60 % de los 1 00 000 franceses que se murieron alii eran del Suroeste (Poitou y
Aquitaine). Sin embargo, Marseille desempeňó un papel importante a fines del siglo xvni como puerto
de salida hacia las Antillas. Entre los primeros colonizadores se encuentran hombres y mujeres nativos
de otras colonias (especialmente San Cristoforo). Unos 200 refugiados de Acadia se murieron en Santo
Domingo des pues de 1760. La falta de mujeres blancas dió origén a muchos mezclos de raza : los
criollos de tez clara llegaron a ser un grupo social de mucha impor- tancia en vis per as de la
Revolución. De 1794 a 1803, se registraron las muertes de toda la población pero pocos documentes
del registro civil referentes a ese periodo han sido conservados. Los origenes de los africanos son
mencionados de modo que se puede hacer comparaciones con los africanos emancipados antés de la
Revolución. Para estimar el numero de los soldados pertenecientes a la expedición del general Leclerc
que se murieron de la fiebre amarilla en 1802 y 1803, se han utilizado otras fuentes que los
documentos del registro civil.QUELQUES DONNEES
SUR LA POPULATION
DE SAINT-DOMINGUE
AU XVIIIe SIÈCLE
suivie Alors dès que son la début, population les données du Canada démographiques français a pu sur être les
Antilles avant la Révolution sont rares et incertaines en par
ticulier pour la population noire. Et cependant Saint-Domingue
était estimé par les économistes et politiques très au-dessus
du Canada car il rapportait sous la forme de « produit net »,
bien davantage.
Des registres paroissiaux étaient cependant établis, mais
les troubles entraînèrent d'importantes destructions.
M. Jacques Houdaille, chargé de recherches à l'INED,
a dépouillé des registres paroissiaux et présente ici sur la popul
ation de Saint-Domingue différentes données en partie
inédites en particulier sur la mortalité des Blancs et des libres
ou affranchis.
Découverte par Christophe Colomb à son premier voyage, l'île
d'Hispaniola fut occupée par les Espagnols, mais, dès le début du
xviie siècle, sa partie Ouest et, en particulier, l'île de la Tortue servirent
de repaire aux boucaniers. En 1654, un groupe de Français s'établit sur
la côte nord et réussit à s'y maintenir, malgré une expédition espagnole
qui saccagea leurs villages. A partir de 1660, quelques engagés de la
Rochelle s'embarquèrent pour Saint-Domingue et, en 1661 (1), le roi
nomma un gouverneur de cette colonie, dont la possession fut reconnue
à la France, en 1697.
Au cours du xviiie siècle, Saint-Domingue connut une grande
prospérité, grâce à la culture de la canne à sucre et, à partir de 1760,
(11 G. Debien, Les engagés pour les Antilles, 1639-1715, Paris 1951, p. 99.
Nous remercions l'auteur de cet ouvrage qui a bien voulu relire le présent
article et nous suggérer d'importantes corrections. 860 LA POPULATION DE SAINT-DOMINGUE
du café. Selon le premier recensement en 1687, il n'y avait que 8 000
habitants dont 4 500 Blancs. A la veille de la Révolution, on y dénombra
28 000 Blancs, 30 000 libres et affranchis et 406 000 esclaves, pour la
plupart noirs. Le chiffre relatif à la population des libres et affranchis
(noirs et métis) était très controversé. Par crainte de l'influence politique
de ce groupe social, les statistiques officielles tendaient probablement à le
sous-estimer ni.
La population indigène des Arawaks avait à peu près disparu. Dès
1570, l'administration espagnole ne dénombrait plus qu'une centaine
d'Indiens, dans toute l'île, contre une trentaine de mille, en 1514, lors
des premières estimations, non fondées sur de simples impressions (2).
Quelques uns s'étaient réfugiés dans les montagnes du centre de l'île.
D'autres s'étaient mêlés aux esclaves noirs importés à Hispaniola, dès
1520, à raison de 4 000 par an. Les Espagnols avaient d'ailleurs déporté
d'autres Indiens des Antilles, notamment des Caraïbes (31. Les registres
paroissiaux de la fin du xvnie siècle mentionnent quelques Indiens (4),
mais il est difficile de savoir s'il s'agit des descendants des Arawaks ou
d'immigrés plus récents. Les inventaires de plantations font état de
quelques esclaves indiens. Tout porte à croire qu'ils étaient pris sur
place car, à l'inverse des Africains, leur ethnie ou « nation » n'est jamais
précisée.
П| Selon l'état général de la population (Bibliothèque Moreau de Saint-Méry,
12, 31), «dans la population des gens de couleur, le nombre des femmes est de
beaucoup supérieur à celui des hommes » et « les données sur cette partie » sont
très incertaines (Document communiqué par Mmp Thésée).
<2> Voir S.C. Cook et W. Borah. Essays in Population History, 1971, p. 399.
(3) D'après J. Alvarez, Studies on the blood factors... in the Dominican
Republic, American Journal of Physical Anthropology, 1951, 127-148, l'analyse
des groupes sanguins en République dominicaine indique que les Indiens ont
contribué à la formation de la population de cette région. La composition ethnique
de celle-ci serait la suivante: Noirs, 43%, Blanc 40%, Indiens 17%. Les
groupes О et M, caractéristiques des Amérindiens, seraient particulièrement fré
quents dans la région de Bahoruco, à proximité de la frontière haïtienne, où les
indigènes se défendirent contre les Espagnols jusque vers 1530. On sait que
l'analyse des groupes sanguins ne permet pas de connaître exactement la compos
ition ethnique d'une population puisqu'ils peuvent être liés à une prédisposition à
certaines maladies. Ces résultats prouvent, cependant, que les Arawaks ne dispa
rurent pas complètement, m