Quelques notes sur le Gabon. - article ; n°1 ; vol.1, pg 58-70
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Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1890 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 58-70
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1890
Nombre de lectures 29
Langue Français

Extrait

Dorlhac de Borne
Quelques notes sur le Gabon.
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, IV° Série, tome 1, 1890. pp. 58-70.
Citer ce document / Cite this document :
Dorlhac de Borne . Quelques notes sur le Gabon. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, IV° Série, tome 1, 1890.
pp. 58-70.
doi : 10.3406/bmsap.1890.3400
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1890_num_1_1_3400. SÉANCE DU 16 JANVIER 1890. 58
sements et sont quelquefois mortels aux Européens qui ne
prendraient pas cette précaution.
Ensuite, on les emploie comme pommes de terre, et, une
fois cuits, ils rivalisent de bon goût et de finesse avec nos
meilleurs tubercules,
Dans la prochaine séance, j'espère pouvoir présenter quel
ques-unes de ces momies nobles possédant encore leurs
enveloppes tissues de paille,
M. le Président. Des lettres de remerciement seront
envoyées aux membres du comité de la Bolivie.
GOMMUMC.vnONS.
Quelques notes sur le Gabon ;
PAR M. DORLHAC DE BORNE.
(Lu par M. Manouvrier.)
Le Gabon est traversé par la ligne équatoriale et se trouve
compris entre le 69 et le 10e degré de longitude E., le 3e de
gré de latitude N. et le 5e de latitude S. ; son chef-lieu, Li
breville, est exactement situé par 23' de latitude N. et 7°6'
de longitude E.
C'est la langue anglaise qui est parlée dans certaines dé
pendances de Libreville, à Glass notamment; ce sont les pro
duits anglais qui servent principalement aux transactions
entre Européens et indigènes ! Ce regrettable état de choses
sera, sans aucun doute, modifié par la création récente d'une
ligne de paquebots français, et il est permis d'espérer que
les étrangers ne profiteront plus seuls à l'avenir des sacri
fices de la métropole.
De ce que le Gabon est situé directement sous l'équateur,
il ne faudrait pas conclure que ce soit un des pays les plus-
chauds du monde; la température du Sénégal, qui est c
ependant par )5 degrés de latitude N,, est beaucoup plus
élevée ; j'ai pu, d'ailleurs, me convaincre de ce fait par le sé
jour que j'ai fait à Dakar, en septembre 1887, DE BORNE. — NOTES SUR LE GABON. 50 DORLHAC
II est très rare que le thermomètre s'éJève ici au-dessus de
31 degrés; pendant la saison des pluies, qui vient de se te
rminer et qui a été d'une chaleur exceptionnelle, on a observé
sept fois seulement une température de 32 degrés. La cha
leur, au soleil, est de 43 degrés environ.
La température la plus basse est observée pendant la saison
sèche; le thermomètre descend à 23 degrés,
Les saisons sont, au Gabon, très bien tranchées : du mois
de mai au mois d'octobre, c'est la saison sèche.Le ciel, presque
continuellement voilé de nuages, ne laisse échapper de temps
en temps que quelques rayons de soleil. Pendant toute cette
période, il ne tombe pas une goutte de pluie ; tous les ruis
seaux tarissent ; les arbres, sans perdre leur verdure, pâlis
sent; la brousse, c'est-à-dire l'herbe haute des plaines, se
dessèche, le sol se fend : c'est la bonne saison du Gabon. On
peut, sans crainte, entreprendre les lointaines excursions ;
c'est le moment favorable pour parcourir les mille sentiers
de la brousse, visiter les villages voisins et vivre, pour quel
ques jours, de la vie africaine.
Annoncée par de violents orages, la saison des pluies corn»
mence dès les pre'miers jours du mois d'octobre; elle pré
sente deux périodes distinctes ; la première s'étend d'octobre
à décembre. A ce moment, se produit la petite saison sèche,
sorte de trêve dans le déluge de novembre; elle dure un mois
environ, présentant les mêmes caractères que la «aiaon sèche
ordinaire, bien qu'elle soit plus chaude et plus ensoleillée,
puis fait place à la deuxième période de la saison des pluies,
qui se termine à la fin du mois d'avril. Ce serait une erreur
de croire, par suite de cette dénomination de saison des
pluies, que cette époque de l'année soit marquée par des
chutes d'eau non interrompues : en même temps que le nom
de saison pluvieuse, elle mérite également la désignation de
saison du soleil. II ne pleut en effet que la nuit, et la chaleur
du jour n'en est que plus terrible ; chaleur humide, lourde,
qui fatigue et anémie promptement, et à laquelle il faut
attribuer, surtout au début des pluies, l'accroissement des SEANCE DU 16 JANVIER 1890. 60
maladies et de la mortalité chez les Européens. Il est facile
de comprendre que, dans un pays où la végétation est d'une
richesse inouïe, où le sol est sans cesse détrempé par les
pluies nocturnes que l'ardent soleil du jour transforme en
vapeurs brûlantes, il doit se produire une fermentation in
tense de matières organiques; des miasmes putrides s'en
dégagent et répandent sur tout le Gabon la fièvre et son triste
cortège. Peu d'Européens peuvent se flatter d'échapper au
fléau ; ils ne meurent pas tous heureusement, mais tous sont
frappés et frappés souvent d'une manière si inattendue, si
violente, qu'on n'est, pendant cette cruelle période, jamais
sûr du lendemain.
On distingue, au Gabon, deux sortes de fièvres : 1° la fièvre
paludéenne ordinaire, qui présente un caractère intermit
tent, reparaît, selon les individus, de quinze en quinze jours
ou de mois en mois, et n'a pas habituellement de trop graves
conséquences ; 4° la fièvre bilieuse hématurique, qui ne
frappe en général que ceux dont le séjour sur la côte occi
dentale d'Afrique se prolonge trop, ou ceux dont le tempé
rament est déjà affaibli par de trop nombreux accès palu
déens. Cette maladie a fait à Libreville un grand nombre de
victimes et est, à juste titre, la plus redoutée.
Les accès pernicieux, jusqu'ici très rares au Gabon, ten
dent à devenir plus fréquents ; il en est de même des cas de
dysenterie.
Quant à l'anémie, conséquence inévitable d'un long sé
jour dans les pays chauds, elle est d'autant plus à craindre
ici que les moyens de la combattre manquent ; la viande est,
à Libreville, de mauvaise qualité; elle fait souvent défaut,
ainsi que les légumes frais.
Les affections du foie, bien que moins nombreuses qu'au
Sénégal, sont cependant à redouter au Gabon.
Parmi les maladies communes aux noirs, il faut citer en
première ligne la phtisie, qui fait, sous le climat de l'équa-
teur, des progrès extrêmement rapides chez les sujets qui en
sont atteints ; à signaler également les différentes formes de DE BORNE. — NOTES SUR LE GABON. 61 ĎORLHAC
l'éléphantiasis, le béri-béri, la maladie du sommeil, etc., ete.
Primitivement habité par la pure race gabonaise, le Gabon
(j'entends par là les rives de l'estuaire) est aujourd'hui envahi
par de nombreuses peuplades que la pauvreté et l'appât d'un
gain facile ont fait grouper autour de Libreville : Gabonais,
Pahouins, Bakélais, Boulous, Galois, Cap-Lopez, Loangos,
vivent là à peu près en bonne intelligence, conservant les
mœurs qui leur sont propres. Avant d'entreprendre la des
cription de ces races diverses, il y a lieu de poser une chose
en principe : c'est que le noir du Gabon prend, au contact
des blancs, les vices nouveaux qui lui sont apportés en même
temps qu'un bien-être qui lui était jusqu'alors inconnu ; sou
vent très intelligent, capable de se perfectionner, il préfère
s'endormir dans sa paresse native.
Les purs Gabonais ou M'Pongoués sont aujourd'hui peu
nombreux ; répandus dans les villages voisins de Libreville,
on ne les trouve sans mélange que dans'un village de la rive
gauche de l'estuaire. Ce sont les descendants des Gabonais
dont le chef était, vers 1840, le vieux roi Denis, qui a fort
ement contribué à l'établissement des Français à Libreville et
dont le souvenir est encore très vivant chez les indigènes.
Autrefois riches et maîtres de tout le trafic des rivières voi
sines, ils ont conservé de leur ancienne puissance un immense
orgueil et se croient les vrais et les seuls possesseurs du ter
ritoire gabonais. Considérant le travail comme un signe d'es
clavage, ils croiraient perdre de leur dignité s'ils employaient

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