Rappel et reconnaissance : les processus d encodage et de recherche - article ; n°2 ; vol.80, pg 501-521
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Description

L'année psychologique - Année 1980 - Volume 80 - Numéro 2 - Pages 501-521
Résumé
Depuis un peu plus d'une décennie, deux grandes conceptions théoriques ont tenté d'intégrer les différences empiriques observées entre le rappel et la reconnaissance. La première classe de théories nie, ou minimise, l'existence d'un processus de récupération de l'information en reconnaissance. La seconde classe de théories insiste, au contraire, sur l'unité fondamentale des activités d'encodage et de récupération mises en œuvre dans le rappel et la reconnaissance. L'interprétation « moniste » est aujourd'hui largement dominante. Tulving a d'ailleurs été jusqu'à déclarer que la distinction entre le rappel et la reconnaissance avait perdu toute utilité. Cette conclusion est peut-être prématurée. Notre argumentation se fondera sur les deux propositions suivantes : 1) il existe des faits expérimentaux qui incitent à penser qu'il y a des différences, dont la signification théorique n'est pas encore parfaitement élucidée, entre les processus de récupération qui caractérisent la reconnaissance et ceux qui se manifestent au rappel; 2) les processus de récupération en reconnaissance semblent impliquer une activité de recherche mnêsique intentionnelle et conditionnelle. On peut se demander si la nature des opérations de recherche ou la nature des informations mnésiques concernées est la même en rappel et en reconnaissance. Nous présenterons ici une solution du problème qui semble corroborée par des résultats expérimentaux que nous avons obtenus récemment. Nous postulons en effet que la recherche mnêsique en reconnaissance se fonde sur un processus d'associations « en chaîne » dont le point d'origine est constitué par le contexte même de la reconnaissance et dont l'objectif est de parvenir à l'évocation mentale d'un nouveau contexte susceptible d'élever la familiarité globale de la situation de reconnaissance.
Summary
For a bit more than ten years, two major theoretical conceptions have attempted to reconcile the empirical differences between recall and recognition. The first family of theories negates or minimizes the existence of a process of information retrieval in recognition. The second group, on the other hand, stresses the basic unity of the encoding and retrieval activities utilized in recall or in recognition. The monist position is largely dominant today. In fact, Tulving went so far as to declare that the distinction between recall and recognition has lost all usefulness. This conclusion is perhaps a bit premature and our arguments are based on the following two propositions. First, experimental evidence exists which leads one to think that there are differences, whose theoretical significance is not yet completely elucidated, between the processes of retrieval which characterize recognition and those which operate during recall. Secondly, the retrieval processes in recognition include an intentional and conditional search activity. We may ask if the nature of the search operations or the nature of the mnesic data concerned is the same in recall and in recognition. We present here a solution to this probiem which appears to be substantiated by recent experimental results. We postulate that mnesic search in recognition is based on « chain » associations whose starting point is the actual context of the recognition and whose purpose is to mentally evoke a new context which can increase the overall familiarity of the recognition situation.
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Guy Tiberghien
Rappel et reconnaissance : les processus d'encodage et de
recherche
In: L'année psychologique. 1980 vol. 80, n°2. pp. 501-521.
Citer ce document / Cite this document :
Tiberghien Guy. Rappel et reconnaissance : les processus d'encodage et de recherche. In: L'année psychologique. 1980 vol.
80, n°2. pp. 501-521.
doi : 10.3406/psy.1980.28336
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1980_num_80_2_28336Résumé
Résumé
Depuis un peu plus d'une décennie, deux grandes conceptions théoriques ont tenté d'intégrer les
différences empiriques observées entre le rappel et la reconnaissance. La première classe de théories
nie, ou minimise, l'existence d'un processus de récupération de l'information en reconnaissance. La
seconde classe de théories insiste, au contraire, sur l'unité fondamentale des activités d'encodage et de
récupération mises en œuvre dans le rappel et la reconnaissance. L'interprétation « moniste » est
aujourd'hui largement dominante. Tulving a d'ailleurs été jusqu'à déclarer que la distinction entre le
rappel et la reconnaissance avait perdu toute utilité. Cette conclusion est peut-être prématurée. Notre
argumentation se fondera sur les deux propositions suivantes : 1) il existe des faits expérimentaux qui
incitent à penser qu'il y a des différences, dont la signification théorique n'est pas encore parfaitement
élucidée, entre les processus de récupération qui caractérisent la reconnaissance et ceux qui se
manifestent au rappel; 2) les processus de récupération en reconnaissance semblent impliquer une
activité de recherche mnêsique intentionnelle et conditionnelle. On peut se demander si la nature des
opérations de ou la nature des informations mnésiques concernées est la même en rappel et
en reconnaissance. Nous présenterons ici une solution du problème qui semble corroborée par des
résultats expérimentaux que nous avons obtenus récemment. Nous postulons en effet que la recherche
mnêsique en reconnaissance se fonde sur un processus d'associations « en chaîne » dont le point
d'origine est constitué par le contexte même de la reconnaissance et dont l'objectif est de parvenir à
l'évocation mentale d'un nouveau contexte susceptible d'élever la familiarité globale de la situation de
reconnaissance.
Abstract
Summary
For a bit more than ten years, two major theoretical conceptions have attempted to reconcile the
empirical differences between recall and recognition. The first family of theories negates or minimizes
the existence of a process of information retrieval in recognition. The second group, on the other hand,
stresses the basic unity of the encoding and retrieval activities utilized in recall or in recognition. The
monist position is largely dominant today. In fact, Tulving went so far as to declare that the distinction
between recall and recognition has lost all usefulness. This conclusion is perhaps a bit premature and
our arguments are based on the following two propositions. First, experimental evidence exists which
leads one to think that there are differences, whose theoretical significance is not yet completely
elucidated, between the processes of retrieval which characterize recognition and those which operate
during recall. Secondly, the retrieval processes in recognition include an intentional and conditional
search activity. We may ask if the nature of the search operations or the nature of the mnesic data
concerned is the same in recall and in recognition. We present here a solution to this probiem which
appears to be substantiated by recent experimental results. We postulate that mnesic search in
recognition is based on « chain » associations whose starting point is the actual context of the and whose purpose is to mentally evoke a new context which can increase the overall
familiarity of the recognition situation.L'Année Psychologique, 1980, 80, 501-521
NOTES THÉORIQUES
Département de Psychologie, Université de Paris VIII1
RAPPEL ET RECONNAISSANCE :
LES PROCESSUS D'ENCODAGE
ET DE RECHERCHE
par Guy Tiberghien*
SUMMARY
For a bit more than ten years, two major theoretical conceptions
have attempted to reconcile the empirical differences between recall
and recognition. The first family of theories negates or minimizes the
existence of a process of information retrieval in recognition. The
second group, on the other hand, stresses the basic unity of the
encoding and retrieval activities utilized in recall or in recognition.
The monist position is largely dominant today. In fact, Tutving
went so far as to declare that the distinction between recall and
recognition has lost all usefulness. This conclusion is perhaps a bit
premature and our arguments are based on the following two
propositions. First, experimental evidence exists which leads one to
think that there are differences, whose theoretical significance is not
yet completely elucidated, between the processes of retrieval which
characterize recognition and those which operate during recall. Second
ly, the retrieval processes in recognition include an intentional and
conditional search activity. We may ask if the nature of the search oper
ations or the nature of the mnesic data concerned is the same in recall
1. 2, rue de la Liberté, 93200 Saint-Denis.
2. Cet article reprend le texte de l'exposé, fait par l'auteur, lors de la soutenance
d'une thèse de doctorat d'Etat présentée, conjointement, par Pierre Lecocq et
Guy Tiberghien à l'Université de Paris VIII le 10 mars 1980. Le jury était
composé de S. Ehrlich, C. Florès (président), J.-F. Le Ny (directeur), G. Noizet
et J.-F. Richard. 502 G. Tiberghien
and in recognition. We present here a solution to this problem which
appears to be substantiated by recent experimental results. We
postulate that mnesic search in recognition is based on « chain »
associations whose starting point is the actual context of the recog
nition and purpose is to mentally evoke a new context
which can increase the overall familiarity of the recognition situation.
Sous l'influence d'une conception méthodologique dominante, la
psychologie expérimentale s'est parfois limitée à une stricte description
des phénomènes observables et de leurs relations. Mais une
empirique, aussi précise soit-elle, ne suffit pas à constituer une
science. L'objectif de la psychologie, comme de toute autre activité
scientifique, ne consiste donc pas à accumuler des faits. L'objectif
prioritaire de la psychologie consiste, à partir d'une observation aussi
rigoureuse que possible, à construire des entités permettant d'intégrer
un nombre croissant de phénomènes en une représentation simplifiée
susceptible de nous donner à voir une réalité insoupçonnée. Les
« données », comme leur nom l'indique, ne sont que la matière
première de l'investigation scientifique et ce qui nous intéresse
fondamentalement c'est toujours ce que l'on peut en inférer. D'ailleurs
l'analyse des données n'est-elle pas, elle-même, le résultat d'une
inference dont la nature statistique ne peut évidemment pas dissimuler
le fait qu'elle renvoie à une distribution, c'est-à-dire à un modèle de
la réalité qui n'est pas directement observable ? Un tel contexte
épistémologique justifie l'importance que l'on peut accorder à la
notion d'indicateur psychologique. On sait qu'un indicateur est
un comportement observable qui nous informe sur les propriétés
d'un processus psychologique hypothétique. Mais un ne
se constate pas, d'une certaine manière il s'invente. Définir ou
isoler l'indicateur activité psychologique hypothétique, c'est
définir également certaines des propriétés de cette activité inobser
vable. Mais il est tout aussi évident que c'est la représentation
théorique momentanée d'une activité psychologique non observable
qui nous incite à sélectionner, dans le champ empirique, certains
faits de préférence à d'autres. L'indicateur psychologique, comme
l'indicateur physico-chimique d'ailleurs, ne permet pas d'affirmer
l'existence d'un processus ou d'une activité particulière, il en constitue
plutôt un indice. Par ailleurs, les variations corrélatives de plusieurs
indicateurs ne permettent pas d'affirmer automatiquement qu'ils ren
voient à une même réalité non directement observable ; symétriquement
d'ailleurs, leur indépendance apparente ne permet

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