Recherches sur la sensibilité tactile pendant l état de distraction - article ; n°1 ; vol.6, pg 405-440
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Recherches sur la sensibilité tactile pendant l'état de distraction - article ; n°1 ; vol.6, pg 405-440

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Description

L'année psychologique - Année 1899 - Volume 6 - Numéro 1 - Pages 405-440
36 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1899
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Alfred Binet
Recherches sur la sensibilité tactile pendant l'état de distraction
In: L'année psychologique. 1899 vol. 6. pp. 405-440.
Citer ce document / Cite this document :
Binet Alfred. Recherches sur la sensibilité tactile pendant l'état de distraction. In: L'année psychologique. 1899 vol. 6. pp. 405-
440.
doi : 10.3406/psy.1899.3115
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1899_num_6_1_3115VI
RECHERCHES SUR LA SENSIBILITÉ TACTILE PENDANT
L'ÉTAT DE DISTRACTION
I
Les expériences très sommaires que j'ai faites sur la sensibil
ité tactile dans les écoles n'avaient qu'un but : rechercher si
la sensibilité tactile peut différencier, en groupes, les sujets in
telligents et les sujets inintelligents. Ce but, je crois l'avoir
atteint, et j'ai fait la démonstration cherchée, en ce qui con
cerne les onze sujets s'étant prêtés à mes expériences. Cette
étude a soulevé en outre beaucoup de problèmes à côté, et
parmi ces derniers, il en est un qui m'a vivement intéressé ;
quelle est l'influence d'un état de distraction du sujet sur les
réponses qu'il fait lorsqu'on éprouve sa sensibilité tactile par
la méthode du compas ?
C'est cette question, accessoire à l'étude précédente, mais
réellement très curieuse par elle-même, que j'ai essayé de r
eprendre et d'analyser de près. L'étude expérimentale de la dis
traction chez les sujets normaux est en ce moment à l'ordre du
jour dans les laboratoires américains ; mais il semble que les
psychologues de ce pays, malgré de louables efforts, ne sont
encore parvenus qu'à se convaincre de la difficulté de provoquer
volontairement un état continu de distraction. Si j'excepte les
recherches très suggestives de Solomons et Stein, qui se sont
inspirés, à ce que je présume, de mes propres recherches da
tant de quelque dix ans, tout le reste de la littérature améri
caine est consacré à la poursuite des meilleures méthodes de
distraction ; et chaque méthode éprouvée paraît avoir eu l'i
nconvénient de ne donner que des distractions intermittentes.
Malgré cet insuccès, j'ai voulu reprendre la question sur un.
enfant, jeune fille de 14 ans 6 mois, qui depuis longtemps sert
à mes recherches de psychologie expérimentale, et que j'appel
lerai Marguerite. 406 MÉMOIRES ORIGINAUX
La méthode que j'ai employée pour provoquer la distraction
n'a rien de nouveau ; c'est l'addition. Le sujet additionne à
haute voix une série de chiffres ; à un signal convenu, je lui
donne un chiffre quelconque, par exemple 18, et il doit cont
inuellement ajouter 7, en faisant toute l'addition à haute voix,
afin que je puisse la vérifier; ainsi le sujet dira à voix :
« 48 et 7 font 55 ; 55 et 7 font 62 » et ainsi de suite. Je trouve
un avantage à cette traduction verbale du calcul, car je puis me
rendre compte du moment où se fait le plus grand effort
mental ; il est probable en effet que lorsque l'addition est
effectuée et que le sujet en énonce le total, il y a un petit rel
âchement de l'attention ; puis elle reprend, et c'est au moment
où le sujet dit le mot: « font... » ou quelques secondes aupa
ravant, que l'effort d'attention me paraît être le plus grand.
J'ai donc, aussi souvent que je l'ai pu, fait les contacts tactiles
au moment où le sujet cherchait le total, ce que je devinais
facilement à l'hésitation de la voix, qui est très nette à ce mo
ment là chez cette enfant. D'ordinaire je faisais un contact pour
2 ou 3 additions.
Les contacts ont été faits en employant la même technique
qui m'avait déjà servi à l'école primaire l ; je rappelle donc sim
plement que chaque série d'expériences comprenait 42 contacts,
faits sur la face dorsale de la main gauche, et transversalement,
en changeant le siège du contact le plus souvent possible; au
cune autre explication n'a été donnée au sujet que celle-ci: « tu
sentiras tantôt une pointe, tantôt deux ; tu dois donc répondre,
suivant ce que tu percevras, 1 ou 2. » En réalité, le sujet a quel
quefois ajouté à sa réponse : « je n'en suis pas sûr » ; nous
avons alors inscrit à côté de sa réponse un point d'interroga
tion. Le sujet a gardé la main complètement immobile, et n'a
jamais fait de mouvements pour se rendre compte de la nature
des pointes.
Toutes les expériences ont été faites sans fou-rire, avec le
plus grand sérieux ; mon sujet, dont je suis le professeur, a
l'habitude de travailler depuis bien des années sous ma direc
tion; son caractère est grave et réfléchi. Le but de l'expérience
ne lui a jamais été expliqué. Les réponses du sujet, soit « 1 »,
soit « 2 » étaient presque toujours données aussitôt après le
contact; j'entends par là que le sujet interrompait une seconde
(1) Je renvoie à l'article précédent pour tout ce qui concerne la nature
des pointes, le temps s'écoulant entre deux contacts successifs, etc. BI.NET. — RECHERCHES SUR LA SENSIBILITÉ TACTILE 407 A.
son addition pour donner la réponse; et cette réponse ne lui a
jamais fait perdre le fil de son calcul. Il est important, je crois,
d'ajouter, que bien que je n'aie fait sur ce point aucune recom
mandation, le sujet donnait le meilleur de son attention au
calcul mental ; et c'était surtout pour ses additions qu'il cher
chait à éviter les erreurs. C'est ce qu'il m'a affirmé à plusieurs
reprises, dans des interrogatoires que je transcris plus loin.
Cette circonstance a dû, je pense, contribuer à rendre assez
profond l'état de distraction par rapport aux sensations de
contact. Nous sommes là, je crois, au cœur de la question, et
nous croyons utile d'insister. Un fait bien caractéristique s'est
produit. Entre deux séances que je vais décrire, je me suis
demandé s'il ne serait pas possible d'étudier l'influence de la
distraction sur les localisations de sensations de contact, en
employant la méthode imaginée par M. Victor Henri, et qui
consiste à repérer les contacts sur une photographie de la
région ; je fis donc une première expérience de tâtonnement
avec mon sujet, et je le priai simplement de retrouver, les yeux
fermés, le point de sa main que je venais de toucher, puis de
refaire la même opération pendant un état de distraction pro
duit par le calcul ; le sujet se soumit à cette expérience prél
iminaire, puis il me déclara aussitôt après un essai qu'il lui
était impossible de localiser un contact sans y faire attention
et interrompre son calcul d'addition ; d'où je conclus que lors
qu'il s'agit simplement de distinguer 1 ou 2 pointes, le sujet
peut le faire sans y prêter attention, d'abord parce que le
a telles et telles dispositions mentales, de nature inconnue, qui
lui permettent de le faire, et ensuite parce que l'opération qui
consiste à distinguer \ pointe de 2 pointes est relativement
assez simple pour ne pas exiger de sa part un bon effort d'at
tention. Le sujet m'a encore appris que pendant les expériences
de distraction, il n'attendait jamais le contact avant que
celui-ci se produisit ; ce défaut d'attente est bien caractéris
tique, je crois, et montre qu'il n'y avait pas d'attention fixée
fortement sur la sensibilité tactile.
J'ai alterné les expériences d'attention et les expériences
de distraction pour éviter que l'entraînement du sujet portât
sur l'un seulement de ces deux genres d'expérience; à ce point
de vue, j'ai fait effort pour toujours égaliser les conditions.
Toutes les recherches peuvent être réparties en deux groupes,
et ont été faites successivement d'après deux méthodes; je sui
vrai, dans mon exposition, l'ordre chronologique. 408 MEMOIRES ORIGINAUX
II
Méthode des cas justes, et faux.
C'est la méthode que j'avais déjà employée h l'école pr
imaire ; elle a donné lieu à 10 séries d'expériences, chaque série
comprenant 42 contacts ; ces séries se sont réparties en
trois séances distinctes qui ont eu lieu à trois jours différents,
dans le cour

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