Regards froids sur l agriculture soviétique - article ; n°1 ; vol.12, pg 121-142
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Description

Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 1981 - Volume 12 - Numéro 1 - Pages 121-142
Les nombreuses présentations qui ont été faites d'e l'agriculture soviétique en réponse à la curiosité qu'elle a suscité à la suite de ses récents avatars (la mauvaise récolte 1979 et l'embargo céréalier nord-américain) reposent sur des méthodes d'évaluation discutables qui tendent à en donner une image contestable. Après avoir rappelé les grandes étapes du développement de ce secteur, un certain nombre d'idées reçues concernant le modèle mis en œuvre sont relativisées ou même remises en cause à partir des données disponibles, interprétées du point de vue de l'agronome : hyperindustrialisation, gigantisme, choix de la voie sèche pour l'alimentation animale, etc. Puis les résultats sont appréciés en tenant compte de leur évolution et en les restituant dans leur contexte et par rapport à ceux de pays ayant des conditions comparables. Ces résultats sont en progrès rapide et atteignent déjà un bon niveau malgré des faiblesses qui restent à combler.
La modernisation accélérée de l'agriculture soviétique actuelle tire sa nécessité autant du besoin d'améliorer l'approvisionnement du pays que de satisfaire l'exigence de conditions modernes de vie et d'activité pour les travailleurs et enfin de faire face à des perspectives démographiques très contraignantes.
Au total ce secteur est aujourd'hui en pleine mutation, selon les schémas qui paraissent loin d'être figés et monolithiques. Ses perspectives restent très ouvertes et semblent notamment liées à la place qui sera faite aux formes démocratiques de gestion.
Sur le plan de la méthode l'évolution d'une telle agriculture ne peut s'apprécier qu'en référence à sa propre cohérence et non pas à l'aide des modes d'évaluation élaborés pour les systèmes agricoles qui nous sont plus familiers.
A Hard Look at Soviet Agriculture.
The many studies of Soviet agriculture which have appeared in response to the curiosity aroused by its recent vicissitudes (the poor harvest of 1979 and the North American grain embargo) are based on questionable methods of evaluation which tend to produce a debatable view of the subject. Reference having been made to the main stages in the development of this sector, a certain number of received ideas relating to the model in operation are either improperly compared, or indeed called in question, on the basis of the available data, interpreted from the agronomist's point of view: hyperindustrialisation, gigantism, choice of the dry process for livestock feeding, etc. The results are then assessed, taking account of their development and returning them to their context, and in relation to results from other countries where natural conditions are comparable. These results show rapid progress, and have already reached a reasonable level, despite certain shortcomings which remain to be remedied.
The speedy modernisation of Soviet agriculture arises as much from the need to improve the country's food supplies, as from the necessity of meeting present- day requirements in living and working conditions for the workers, and ultimately in coping with the serious constraints of the demographic perspectives.
The entire agricultural sector at the moment is in a state of total change, in accordance with plans which are far from being fixed and monolithic. Its future prospects remain very open, and would appear to be particularly dependent on the provision which will be made for democratic forms of management.
As regards methods, the development of this form of agriculture can only be judged in terms of its own internal consistency, and not on the basis of modes of evaluation devised for agricultural systems which are more familiar to us.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

J. Casas
François Labouesse
Regards froids sur l'agriculture soviétique
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 12, 1981, N°1. pp. 121-142.
Citer ce document / Cite this document :
Casas J., Labouesse François. Regards froids sur l'agriculture soviétique. In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume
12, 1981, N°1. pp. 121-142.
doi : 10.3406/receo.1981.2329
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1981_num_12_1_2329Résumé
Les nombreuses présentations qui ont été faites d'e l'agriculture soviétique en réponse à la curiosité
qu'elle a suscité à la suite de ses récents avatars (la mauvaise récolte 1979 et l'embargo céréalier nord-
américain) reposent sur des méthodes d'évaluation discutables qui tendent à en donner une image
contestable. Après avoir rappelé les grandes étapes du développement de ce secteur, un certain
nombre d'idées reçues concernant le modèle mis en œuvre sont relativisées ou même remises en
cause à partir des données disponibles, interprétées du point de vue de l'agronome :
hyperindustrialisation, gigantisme, choix de la voie sèche pour l'alimentation animale, etc. Puis les
résultats sont appréciés en tenant compte de leur évolution et en les restituant dans leur contexte et par
rapport à ceux de pays ayant des conditions comparables. Ces résultats sont en progrès rapide et
atteignent déjà un bon niveau malgré des faiblesses qui restent à combler.
La modernisation accélérée de l'agriculture soviétique actuelle tire sa nécessité autant du besoin
d'améliorer l'approvisionnement du pays que de satisfaire l'exigence de conditions modernes de vie et
d'activité pour les travailleurs et enfin de faire face à des perspectives démographiques très
contraignantes.
Au total ce secteur est aujourd'hui en pleine mutation, selon les schémas qui paraissent loin d'être figés
et monolithiques. Ses perspectives restent très ouvertes et semblent notamment liées à la place qui
sera faite aux formes démocratiques de gestion.
Sur le plan de la méthode l'évolution d'une telle agriculture ne peut s'apprécier qu'en référence à sa
propre cohérence et non pas à l'aide des modes d'évaluation élaborés pour les systèmes agricoles qui
nous sont plus familiers.
Abstract
A Hard Look at Soviet Agriculture.
The many studies of Soviet agriculture which have appeared in response to the curiosity aroused by its
recent vicissitudes (the poor harvest of 1979 and the North American grain embargo) are based on
questionable methods of evaluation which tend to produce a debatable view of the subject. Reference
having been made to the main stages in the development of this sector, a certain number of received
ideas relating to the model in operation are either improperly compared, or indeed called in question, on
the basis of the available data, interpreted from the agronomist's point of view: hyperindustrialisation,
gigantism, choice of the dry process for livestock feeding, etc. The results are then assessed, taking
account of their development and returning them to their context, and in relation to results from other
countries where natural conditions are comparable. These results show rapid progress, and have
already reached a reasonable level, despite certain shortcomings which remain to be remedied.
The speedy modernisation of Soviet agriculture arises as much from the need to improve the country's
food supplies, as from the necessity of meeting present- day requirements in living and working
conditions for the workers, and ultimately in coping with the serious constraints of the demographic
perspectives.
The entire agricultural sector at the moment is in a state of total change, in accordance with plans which
are far from being fixed and monolithic. Its future prospects remain very open, and would appear to be
particularly dependent on the provision which will be made for democratic forms of management.
As regards methods, the development of this form of agriculture can only be judged in terms of its own
internal consistency, and not on the basis of modes of evaluation devised for agricultural systems which
are more familiar to us.Regards froids
sur l'agriculture soviétique
Joseph CASAS et François LABOUESSE*
La mauvaise récolte céréalière soviétique en 1979 puis l'embargo
partiel des Etats-Unis ont relancé les débats sur l'agriculture de ce pays
dans les milieux occidentaux. En France, il serait difficile de parler
de débats tellement la grande presse (et paradoxalement moins la télé
vision) a été unanime dans ses jugements ; quelques grands titres tirés
de quotidiens nationaux étaient révélateurs : le blé américain sauve
les Russes1, production de blé soviétique : trente ans de retard2, l'em
bargo américain contraint VU.R.S.S. à accélérer une course déjà ruineuse
à l'indépendance alimentaire?, la pénurie alimentaire : lot périodique
des Soviétiques*...
La plupart des analyses présentées font le diagnostic convergent
suivant :
— L'U.R.S.S. (et les autres pays de l'Est) s'efforce de s'assurer une
autonomie agro-alimentaire, mais n'y parvient pas — ses importations
dans ce domaine, de conjoncturelles, sont devenues structurelles —
malgré des efforts importants, voire gigantesques consentis notamment
en matière d'investissements.
— Cet échec s'explique pour deux raisons. La première est le choix
d'un modèle technique de développement criticablè basé sur la primauté
des céréales et leur utilisation massive pour les productions animales,
sur l'hyper-industrialisation et le gigantisme des exploitations et ateliers
de production, autant d'éléments à l'origine d'énormes gaspillages. La
* Institut National de la Recherche Agronomique, station d'Economie et Sociologie
Rurales, Montpellier.
(1) France Soir, 7-8 octobre 1979.
(2) Le Figaro, 11 janvier 1980.
(3) Le Monde, 29
(4) La Croix, 2 février 1980.
121 Joseph Casas et François Labouesse
seconde, qui renforce la première, est l'inefficacité d'une organisation
sociale de la production où le statut des travailleurs retire à ceux-ci tout
intérêt pour leur activité.
— Enfin, cette voie ruineuse sera poursuivie jusqu'à son terme et,
suite à l'embargo, on intensifiera les efforts pour se libérer au plus tôt
des pressions nord-américaines.
Un tel diagnostic est séduisant par sa cohérence, sa clarté et aussi
son accord avec l'image répandue non sans raisons d'une direction
soviétique volontariste, têtue et toute-puissante. Volontariste au point
de faire fi des conditions naturelles et des « faiblesses » humaines. Têtue
jusqu'à refuser la remise en cause d'éventuels mauvais choix. Toute-
puissante car capable de parvenir à ses fins quels qu'en soient les moyens.
Mais ce diagnostic ne résiste pas à un examen serré, étendu et sans
passion de l'information dont nous disposons maintenant en Occident
sur le sujet. Certes, cette information reste encore très incomplète, mais
elle est déjà importante. Elle ne permet pas de tout dire mais elle suffit
à cerner quelques problèmes essentiels et interdit des conclusions géné
rales trop hâtives. Globalement elle conduit à un diagnostic moins
précis, plus ouvert que le précédent, mais en tous cas incompatible
avec lui...
La raison de cette différence ne tient pas seulement aux préjugés
politiques et idéologiques qui sous-tendent bien des positions sur cette
question. On verra dans ces pages qu'elle est également très liée à
l'approche même du problème, à la méthode.
Petite histoire d'un cheminement5
Le cheminement technique de l'agriculture soviétique peut se caracté
riser par la succession de modèles techniques dont on ne donnera ici
qu'un bref aperçu historique destiné à introduire la discussion sur le
modèle actuel.
L'agriculture soviétique repose avant tout sur le trinôme céréales-
fourrages-productions animales qui a toujours représenté plus de 80 %
des surfaces emblavées (cf. tableau I) et presque autant du produit
agricole total. Jusqu'à la mort de Staline, ces trois productions s'étaient
développées de façon extensive, par défrichement de terres incultes
disponibles même dans les régions européennes les plus

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