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UNIVERS IT E DE PARIS I II-SORBONNE NOUV ELLEINST ITU T DES HAUT ES E TUDE S DE L’ AMERIQUE L ATIN E-IHEA LTHES E DE DOCTORATDiscipline : Anth ropologieSandrine REVET ANTHROPOLOGIE D’UNE CATASTROPHE. Les coulées de b oue de 1999 sur le Littoral Cen tral vénézuélien.Résumé de la thèse5 pagesThèse dirigée par Michel AGIERSoutenue le 13 décembre 2006Membres du jury :Michel Agier, anthropologue, directeur d’études à l’EHESSElisabeth Claverie, anthropologue, directrice de recherche au CNRSChristian G ros, professeur de sociologie à l’université Paris 3-IHEALSerge Paugam, s ociologue, directeur d’études à l’EHESSJohanna Siméan t, professeure de s cience politique à l’université Paris 11En décembre 1999, des pluies continues se sont abattues sur toute la côte Nord du Venezuela, provoquant, dans la nuit du 15 au 16 décembre, le débordement de nombreux fleuves, des inondations dans huit Etats du pays et des dégâts importants dans les Etats de Vargas, Miranda, Falcón et Zulia. Vargas a été le plus touché par ce phénomène. Les inondations s’y sont transformées en coulées de boue d’une force exceptionnelle. Des fleuves de boue, de pierres et d’arbres se sont déversés sur ce littoral en grande partie urbain, détruisant une proportion import ante des constructions et provoquant des dégâts exceptionne ls et de nombreux morts. Cette catastrophe est désignée au Venezuela sous le nom de « La 1Tragedia », l’expression et la majuscule marquant le caractère funeste ...

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UNIVERS IT E DE PARIS I II-SORBONNE NOUV ELLE
INST ITU T DES HAUT ES E TUDE S DE L’ AMERIQUE L ATIN E-IHEA L
THES E DE DOCTORAT
Discipline : Anth ropologie
Sandrine REVET
ANTHROPOLOGIE D’UNE CATASTROPHE.
Les coulées de b oue de 1999 sur le Littoral Cen tral vénézuélien.
Résumé de la thèse
5 pages
Thèse dirigée par Michel AGIER
Soutenue le 13 décembre 2006
Membres du jury :
Michel Agier, anthropologue, directeur d’études à l’EHESS
Elisabeth Claverie, anthropologue, directrice de recherche au CNRS
Christian G ros, professeur de sociologie à l’université Paris 3-IHEAL
Serge Paugam, s ociologue, directeur d’études à l’EHESS
Johanna Siméan t, professeure de s cience politique à l’université Paris 1
1En décembre 1999, des pluies continues se sont abattues sur toute la côte Nord du
Venezuela, provoquant, dans la nuit du 15 au 16 décembre, le débordement de nombreux
fleuves, des inondations dans huit Etats du pays et des dégâts importants dans les Etats de
Vargas, Miranda, Falcón et Zulia. Vargas a été le plus touché par ce phénomène. Les
inondations s’y sont transformées en coulées de boue d’une force exceptionnelle. Des fleuves
de boue, de pierres et d’arbres se sont déversés sur ce littoral en grande partie urbain,
détruisant une proportion import ante des constructions et provoquant des dégâts exceptionne ls
et de nombreux morts. Cette catastrophe est désignée au Venezuela sous le nom de « La
1Tragedia », l’expression et la majuscule marquant le caractère funeste et tout à fait
exceptionnel de l’événe ment.
Cette thèse s’attache à comprendre comment un phénomène destructeur de l’amp leur de
celui qui a frappé Vargas en 1999 est affronté, absorbé, assimilé, transformé, signifié,
dépassé, par la société qui le subit. L’événem ent ne se situe pas, loin s’en faut, dans un état
d’apesanteur sociale, qui perm ettrait de le co mprendre « en soi ». Il survient dans un contexte.
Ce contexte est d’abord local. La Tragedia, si elle a touché toute la région côtière nord est en
effet connue comme La Tragedia de Vargas. Evéne ment global également, relayé par les
médias vers le reste de la planète, la catastrophe donne aussi lieu au déploiement d’un
système d’as sistance organisé au niveau mondial. Finalem ent, La Tragedia prend un sens
particulier lorsqu’on l’observe à partir de l’échelle nationale, dans la mesure où l’année 1999
correspond à la première année du gouvernement du président Hugo Chávez et le 15
décembre 1999, jour de la catastrophe, coïncide avec l’organisation du référendum organisé
par le gouvernemen t pour faire approuver la nouvelle Constitution.
La première partie de la thèse situe la catastrophe de 1999 dans une longue lignée de
e
catastrophes « naturelles » qui se sont déroulées sur le Littoral vénézuélien depuis le XVI I
siècle. La vulnérabilité construite au fil des siècles sur cet espace, de même que les réponses
institutionnelles à la catastrophe (la prise en charge des victimes, la reconstruction) et
symboliques (signifier l’événe ment, l’expliquer) qui se mettent en place en 1999 plongent
leurs racines dans cette histoire. La perspective historique adoptée dans cette première partie
permet de dégager les similitudes des catastrophes précédentes avec celle de 1999 et de
révéler dans le même temps le caractère tout à fait singulier de La Tragedia, événement que
son traitement humanitaire et médiatique ancre profondément dans la contemporanéité. Le
regard historique confirme aussi que l’anal yse des temps de crise permet de faire surgir les
cadres de pensée qui s’imposent à une époque donnée. L’anal yse de la façon dont s’organise
la prise en charge des victimes en fonction des époques concerne également l’influenc e de
cette prise en charge sur la condition des victimes. A une prise en charge longtemps fondée
sur le principe de charité dispensée à des victimes souffrantes a succédé au cours de la
e
seconde moitié du XX siècle une prise en charge publique de victimes « sociales », établie sur
la notion de solidarité. Le choix d’une période relativement longue –trois siècles et demie
séparent la première catastrophe étudiée ici (1641) et les coulées de boue de 1999- rend en
outre lisible les transformations dans les cadres de pensée en fonction des époques. Dans cette
première partie, enfin, nous interrogeons le rapport ambigu de la société vénézuélienne à la
mémoire, à la fois profondément ancrée dans la M odernité et tournée vers l’avenir, et
produisant un discours coupable sur l’oubli.
La deuxième partie de la recherche est une tentative d’ethnographie du désastre, à partir
de ce qui est raconté de l’événe ment a po steriori. Les récits de la catastrophe, s ous toutes leurs
formes –témoignages, déclarations, articles de presse, livres- permettent de plonger dans
1 La Tragédie
2l’univers du désastre et d’en tenter la reconstitution. Cette approche met en lumière les trois
moments qui forment le temps de l’urgence, que nous analysons en regard des différents
niveaux de réponses sociales qu’ils suscitent. Celles-ci ne se situent nullement en dehors de
l’organisation sociale « ordinaire », mais elles y puisent à l’inverse leurs motivations et leur
articulation.
Le prem ier moment –la survie- se situe dans les prem ières heures de l’événem ent, et me t
en scène la façon dont les personnes font face au phénomène naturel et s’organisent dans
l’im médiat pour y survivre. L’anal yse révèle que ce moment s’articule principalement autour
de la notion d’entraide, et qu’il fait surgir ce que j’ai appelé la communauté de survie, une
communauté qui se forme dans la situation exceptionnelle de la catastrophe autour de la
nécessité du maintien de la vie, et dans laquelle les intérêts du groupe et les intérêts
individuels se rejoignent pour un temps. C’est aussi au cours de ce premier moment que ce
situent les actes de « pillages » que nous analysons à partir d’une double perspective, en nous
penchant d’abord sur la façon dont ils sont racontés par des acteurs y ayant participé puis en
regardant comment la presse a traité ces « pillages ». Il s’agit de se dégager des explications
qui classent les « pillages » dans la catégorie des actes « irrationnels », « barbares » ou
« inhumains », et de se distancier d’un quelconque jugement moral, afin de saisir ces actes
dans toute la comp lexité de leurs en jeux s ociaux et sy mboliques.
Le deuxième moment –les secours- est également d’une temporalité courte. L’opération
d’évacuation de la zone en constitue l’élé ment central. Il fait intervenir les différents corps de
métiers dont la mission est le sauvetage : pompiers, Defensa Civil, militaires. Les récits des
secours, qu’ils proviennent des rescapés, des secouristes ou de la presse, font surgir des héros
divers, dont nous étudions la fonction symbolique et les usages politiques. Le moment des
secours renvoie aux notions de sauvetage, de protection et d’héroïsme. Mais les secours sont
également caractérisés par les mesures exceptionnelles et massives prises pour gérer les
évacuations tout comme le traitement des cadavres, mesures qui se fondent sur le caractère
inhabituel de la situation et sur le fait que la vie est mena cée.
Le troisième moment de l’urgence –l’assistance- est d’une temporalité plus longue,
puisqu’elle dure plusieurs mois. Les acteurs qui se partagent alors la scène sont les
volontaires, les Organisations Non Gouvernem entales nationales et internationales, et l’Etat à
travers notamment les militaires. Ce moment est analysé à partir des récits mais aussi de
l’observation que j’ai pu en faire lors de ma participation à l’assistance humanitaire dans les
refuges au cours de l’année 2000, en tant que chef de mission d’une ON G française. Au
niveau des pratiques, la charité est le ressort essentiel de cette phase de l’assistance, alors que
les discours de la plupart des acteurs tentent de s’appu yer sur la notion de solidarité. C’est au
cœur de cette tension entre d’une part des pratiques humanitaires qui sont caractérisées par un
traitement à la fois bio-politique et charitable et, d’autre part, une rhétorique qui ne mentionne
pas ce traitement

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