Revue générale sur la graphologie - compte-rendu ; n°1 ; vol.4, pg 598-616
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Description

L'année psychologique - Année 1897 - Volume 4 - Numéro 1 - Pages 598-616
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1897
Nombre de lectures 37
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Alfred Binet
Revue générale sur la graphologie
In: L'année psychologique. 1897 vol. 4. pp. 598-616.
Citer ce document / Cite this document :
Binet Alfred. Revue générale sur la graphologie. In: L'année psychologique. 1897 vol. 4. pp. 598-616.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1897_num_4_1_2994XII
MOUVEMENTS
REVUE GÉNÉRALE SUR LA GRAPHOLOGIE
Qu'est-ce que la graphologie? A cette question, il semble exact de
répondre : la graphologie est l'étude de récriture. Les adeptes
diront plus volontiers : « La graphologie est la science de l'écriture. »
Et il semble que la proposition est très correcte et n'a pas besoin
d'autre démonstration. Pourquoi en effet n'y aurait-il pas une science
de l'écriture, comme il y a une science de la physionomie, par
exemple? L'écriture est un phénomène tangible, qu'on peut étudier,
dont on peut analyser les éléments et dégager les lois. Une science
de l'écriture est donc chose fort légitime.
11 y a quelque temps, un physiologiste distingué, M. Héricourt, qui
est probablement graphologue à ses moments perdus, a écrit sur la
graphologie comme science un article dans la Revue philosophique ; il
compare l'écriture au geste; l'écriture serait une série de gestes
appris, et dont la trace resterait sur le papier. Au moyen de cette
comparaison ingénieuse, juste au fond, quoiqu'on l'ait peut-être
poussée trop loin, M. Héricourt a tenté de faire entrer la graphologie
dans le domaine de la physiologie, qui comprend l'étude du geste, et
d'une manière plus générale, l'étude du mouvement. Ces idées ont eu
beaucoup de succès auprès des graphologues, cela va sans dire; ils
les ont reprises, chacun à sa manière, et la comparaison de l'écri
ture avec le geste est devenue classique pour eux; elle pénètre main
tenant toutes les graphologies, et plus d'un graphologue est tenté de
déclarer fièrement : je fais de la physiologie !
Ces cependant une erreur, une erreur grossière.
La définition de la graphologie que nous venons de donner, pour
nous conformera l'usage, estime définition illusoire ; la graphologie,
telle qu'on la pratique aujourd'hui partout, n'est point une étude de
l'écriture. Elle a des visées plus hautes ; elle a un but plus précis ;
sa véritable définition est l'étude du caractère d'une personne par son
écriture.
Qu'on ouvre n'importe quel traité de graphologie, le plus ancien
comme le plus récent, on verra que c'est là la préoccupation unique REVUE GÉNÉRALE SUR LA GRAPHOLOGIE 599
des graphologues ; il ne s'agit pas pour eux de faire une analyse de
l'écriture comme mouvement graphique ; ce qu'ils recherchent c'est
à découvrir dans l'écriture les signes du caractère intellectuel et
moral ; ils prennent un à un tous les éléments de l'écriture, toutes;
les modifications individuelles qu'elle peut présenter, et ils mettent
en regard de chacun de ces signes graphiques une qualité particulière
de l'esprit. Ce signe, nous disent-ils, signifie de la franchise, cet autre
signe de la bonté, ce troisième de la colère, ce quatrième de l'hypoc
risie, et ainsi de suite. Le graphologue trouverait donc dans l'écriture
une description de l'état d'âme de celui qui l'a tracée.
M. Crépieux-Jamin qui est incontestablement le plus intelligent des
graphologues, a donné à son traité un titre bien caractéristique ; il
l'appelle V Écriture et le Caractère. Son gros volume, de plus de
400 pages, contient l'énurnération souvent curieuse de tous les signes
graphologiques et de leur explication : il y en a 200 !
Nous allons en donner un aperçu, en feuilletant le volume de
Crépieux-Jamin.
L'écriture montante signifie ardeur, activité, ambition, tandis que
Vécritude descendante veut dire tristesse ; car dans cet état nous évi
tons l'activité, nous courbons le corps, notre tête s'affaisse.
L'écriture grande veut dire orgueil. Elle peut signifier générosité,
grandeur d'âme, aspirations élevées, car l'ampleur dans les gestes
donne l'idée de puissance, de grandeur, d'élévation.
L'écriture petite signifie mesquinerie. Les gens mesquins font leurs
délices de petites choses, de petites idées, de petites manières, de
petits gestes. Chez eux, tout est diminué.
L'écriture anguleuse, celle de P. Mérimée par exemple, signifie
fermeté. Cette forme de volonté devient facilement de l'entêtement,,
surtout chez les gens communs. La dureté est la conséquence forcée
des manifestations trop anguleuses.
L'écriture modérément arrondie veut dire douceur. Elle marque la
grâce chez l'homme supérieur et constitue une faiblesse chez l'homme
inférieur; au point de vue artistique, la courbe joue un rôle considé
rable ; c'est donc une des conditions du beau. L'écriture arrondie est
donc un signe du sens esthétique.
L'écriture sobre, celle de Zola, marque un mouvement de retenue,,
de réserve. C'est l'un des signes les plus importants de la supériorité,,
parce qu'il indique l'attention volontaire, c'est-à-dire la coordination
des impulsions instinctives et leur direction.
L'écriture mouvementée, celle de Gambetta, est une marque d'imagi
nation, d'exaltation. ornée est un signe de prétention, car l'homme simple
parle, marche et écrit simplement.
L'écriture inclinée, celle de Lamartine, veut dire tendresse.
On voit d'après ces citations à quelles conclusions le graphologue
cherche à nous amener ; on voit aussi comment il procède, quelle est 600
sa méthode, quelle est sa manière d'argumenter. Sans doute il n'affirme
pas sans preuves ; il ne déclare pas d'un ton tranchant que telle
manière de barrer les t est un signe de scélératesse. Il cherche des
arguments pour chacune de ses assertions. Nous venons d'en avoir
des exemples. Le plus souvent, il procède par analogie ; l'analyse
invoquée est celle de l'écriture et du geste. Le graphologue admet
comme démontré qu'il existe un rapport entre le caractère et le geste,
et que comme l'écriture peut être considérée comme composée par
da nombreux petits gestes, il existe le même rapport entre l'écriture
et le caractère. C'est du moins le principe le plus élevé de la graphol
ogie, celui qui récemment est formulé par Crépieux-Jamin.
Voilà le point de départ ; voilà la méthode qui permet à nos grapho
logues d'affirmer que l'écriture inclinée est celle d'une âme tendre,
que les angles aigus indiquent de la volonté et de la brutalité ; c'est
l'analogie avec le geste qui est sans cesse invoquée ou sous-entendue.
Il est inutile d'insister longtemps pour montrer combien ces analo
gies sont vagues et trompeuses. Il y en a même un bon. nombre qui
sont purement verbales ; elles rappellent un peu, disait M. Marion,
ces associations d'idées dont parle Stuart Mill, qui font croire aux
paysans que les liqueurs fortes rendent fort.
Les graphologues ajouteront sans doute que si ce ne sont là que des
hypothèses, ils peuvent du moins invoquer, une démonstration plus
précise; cette démonstration, ce sont les expériences de tous les jours.
Donnez-leur une écriture, et ils décrivent le caractère du scriptéur*
de manière à satisfaire complètement ceux qui connaissent bien ce
caractère.
A mon avis, il faut accorder très peu de créance à ces petits exer
cices de devinette, parce qu'ils sont faits dans des conditions qui
n'ont rien de scientifique. Gomme les objections se pressent en foule
quand on étudie la question un peu sérieusement! Vous donnez une
lettre à un graphologue, vous voulez savoir de lui quel est le caractère
de votre correspondant. Et d'abord, vous, connaissez-vous bien ce
caractère? Savez-vous ce qu'un caractère a de complexe? 11 ne s'agit
pas là de quelque chose de simple, d'un fait extérieur que tout le
monde constate, voit et touche. On peut se mettre d'accord sur la
taille et le poids d'une personne; la toise et la balance donnent des
mesures précises. Mais son caractère? Est-ce là quelque

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