Rôle des forces externes dans la distribution de l habitat rural: l exemple de la Basse Kabylie - article ; n°51 ; vol.13, pg 603-619
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Rôle des forces externes dans la distribution de l'habitat rural: l'exemple de la Basse Kabylie - article ; n°51 ; vol.13, pg 603-619

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Description

Tiers-Monde - Année 1972 - Volume 13 - Numéro 51 - Pages 603-619
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 55
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Peillon
Rôle des forces externes dans la distribution de l'habitat rural:
l'exemple de la Basse Kabylie
In: Tiers-Monde. 1972, tome 13 n°51. pp. 603-619.
Citer ce document / Cite this document :
Peillon Pierre. Rôle des forces externes dans la distribution de l'habitat rural: l'exemple de la Basse Kabylie. In: Tiers-Monde.
1972, tome 13 n°51. pp. 603-619.
doi : 10.3406/tiers.1972.1874
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1972_num_13_51_1874ROLE DES FORCES EXTERNES
DANS LA DISTRIBUTION
DE L'HABITAT RURAL :
L'EXEMPLE DE LA BASSE KABYLIE
par Pierre Peillon*
Etudier l'habitat dans une zone déterminée pourrait apparaître comme
une entreprise quelque peu désuète et témoigner d'un demi-siècle de retard
dans le mode d'approche des faits géographiques. Mais, si on ne se limite pas
à considérer l'habitat (i) comme un épiphénomène des structures agraires,
si on estime que « c'est sous la croûte de l'apparence qu'il convient de trouver
le principe et les déterminations concrètes de la vie des sociétés » (2), on se
trouve alors face à un problème moderne, en ce sens qu'il peut permettre une
appréhension globale de la vie d'une société et de ses fondements économiques.
En effet, l'analyse du peuplement et de l'habitat montre bien la dépendance
étroite de ce phénomène à l'égard des divers aspects du donné physique, des
héritages historiques, de l'organisation sociale et de l'activité économique. La
distribution des populations et de leurs habitations sur un certain espace
témoigne de réalités aussi diverses que les possibilités naturelles du milieu,
les moyens techniques dont dispose une société pour en tirer parti, et les
modèles socio-culturels présidant à Г « action humaine » qui a transformé un
milieu naturel en un espace géographique. Les phénomènes d'habitat dépen
dent également des activités économiques et du volume d'emploi qu'elles
assurent, ainsi que des rapports de force entre groupes sociaux ou ethniques,
des conditions politiques, et de la dynamique démographique et sociale, tout
* Ancien professeur à l'Institut d'Urbanisme d'Alger.
(1) Le terme général d'habitat recouvre en réalité trois notions :
— la distribution des maisons sur un espace économique : c'est le problème de l'habitat
stricto sensu ;
— la forme, le type de l'habitation et les conditions de logement : c'est le problème de
l'habitation ;
— l'activité socio-économique consistant à édifier une maison : c'est le de la
construction.
(2) J. Duvignaud, Introduction à la sociologie, Paris, Gallimard, p. 40 (coll. « Idées »).
603 TIERS MONDE
Chaînon montagneux
llliLUU Zone ďétude
== Principale route DELLYS
10 km
Carte. — Basse Kabylie. Situation régionale
ceci bien entendu devant être perçu dans une perspective diachronique qui
permette d'en saisir les tendances évolutives.
Dans une telle conception, l'habitat apparaît comme la cristallisation
apparente de rapports complexes et hétérogènes; il constitue un cas carac
téristique où « des situations donnent lieu à des affleurements extériorisés, qui
tombent sous le coup de l'observation, tout en restant, pour l'ensemble,
du ressort de l'enquête, de la statistique, ou de la recherche de labo
ratoire » (i).
En outre, on s'est jusqu'à maintenant limité à considérer l'habitat comme
une fonction, comme la résultante d'un certain nombre de phénomènes, ce qui
est le point de vue habituel des géographes; mais il constitue également une
variable, un élément déterminant de mise en valeur. A la fois indice d'un cer
tain système socio-économique et composante du cadre d'aménagement, sa
place est essentielle dans la planification régionale.
(i) P. George, Les méthodes de la géographie, Paris, Presses Universitaires de France,
1970, p. 19 (coll. « Q.S.-J. ? »).
604 DOCUMENTATION
La zone sur laquelle une étude conçue dans cette perspective a été réalisée
commence à 3 5 km à l'est d'Alger (à l'oued Bououaou) ; s'organisant autour
des trois petits centres urbains de Thénia (Ménerville), Bordj-Ménaïel et
Dellys, elle comprend les basses vallées de Tisser et du Sebaou ainsi que le
croissant montagneux qui les cerne, et constitue ainsi la charnière entre la
riche plaine de la Mitidja et les hautes montagnes kabyles. A ce titre, elle appar
aît comme une région intermédiaire, un espace marge entre ces deux ensembles
physiques et humains si nettement individualisés qui, l'un et l'autre, se pro
longent ici par de petites unités en rappelant les paysages, mais amenuisés et
présentant des caractéristiques souvent dégradées. Ainsi la plaine de l'oued
Isser, assez large, avec son paysage humain de gros villages, de larges parcelles
géométriques de vigne, ponctuées de fermes coloniales et de petits hameaux
autochtones, évoque tout naturellement celui de la Mitidja. En revanche le
massif des Flissa, avec ses forêts de chênes-lièges, ses petits champs d'oliviers,
ses villages de pierre serrés, surmontant des jardins bien travaillés, est assez
semblable au massif de Larbaa Nath Iraten (Fort-National).
A ceux-ci s'ajoute un autre type de paysage, assez spécifique de la région,
constitué par des collines argileuses (marnes de l'époque tertiaire), délites-
centes, souvent entaillées par l'érosion, siège de cultures annuelles (blé, melons,
pastèques) ; ce type de terrains existe certes ailleurs, il se développe par exemple
largement entre Tizi-Ouzou et Azazga, mais en Basse Kabylie, pays, on l'a
dit, aux ensembles physiques menus et de petite taille, les ondulements colli-
naires y représentent proportionnellement une part notable de la superficie.
Enfin rappelons, pour clore cette mise en place régionale, la proximité de
l'agglomération algéroise. Bordj-Menaïel, centre de la zone d'étude, est à
70 km de la capitale, mais à moins de 45 km de la zone industrielle Rouiba-
Reghaia. C'est peu dans un pays où, par exemple, les migrations quotidiennes
acceptées par les travailleurs semblent supérieures à celles des nations
industrialisées.
Donc cette Basse Kabylie apparaît comme une zone de transition mal
cernée; un espace hétérogène aux forts contrastes internes, un ensemble
d'unités physiques exiguës — déterminant par là même de nombreuses lignes
de contact — , et peu typiques, surtout en comparaison avec les grandes régions
voisines bien individualisées. C'est tout le contraire d'une « région géogra
phique » au sens traditionnel du terme, puisqu'elle se caractérise plus par son
opposition aux zones avoisinantes que par son unité interne.
L'intérêt sera précisément de montrer comment l'organisation de cet
espace par les sociétés humaines a abouti à un aménagement différentiel de
celui-ci, en fonction de la diversité des aptitudes naturelles, mais aussi au sein
de zones physiquement homogènes. Ainsi apparaîtra la part des forces d'ori
gine interne et de celles d'origine externe dans l'aménagement de cet ensemble,
605 MONDE TIERS
lequel ne manquera pas de se traduire par une certaine organisation de l'habitat.
Car aucun espace n'est fermé : « Toute société vit dans un milieu plus vaste
qu'elle-même et certains éléments fondamentaux de la vie sociale s'expliquent
normalement par la présence, aux frontières de la société étudiée, d'une autre
société » (i). Aucune région, même la mieux intégrée, où la centr alité est la
plus poussée — ce qui n'est d'ailleurs pas le cas ici — , ne constitue un orga
nisme indépendant; elle fait toujours partie d'un système. En l'occurrence,
il s'agissait hier de celui de l'Algérie coloniale, plus ou moins branchée, selon
les lieux, sur l'ensemble économique français, donc aujourd'hui de celui d'un
pays qui, quoique décolonisé, est héritier, en matière d'habitat en particulier,
d'une longue et complexe histoire.
Or, dans les pays sous-développés — et au premier chef dans ceux ancien
nement coloni

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