Roumanie : une agriculture de survie, après l industrialisation forcée
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Description

Avec une politique d'industrialisation et de développement des infrastructures, la population urbaine a triplé pendant le régime communiste et sa part dans le total de la population a progressé. À partir de 1996, le flux migratoire s'est inversé. Ce retour à la campagne est à relier à la contraction de l'emploi dans les secteurs secondaires et tertiaires et à la restitution de terres. Au cours de la transition vers l'économie de marché, les revenus réels ont connu une baisse rapide liée à l'inflation. Le désordre économique général et la baisse de la production ont aussi participé à cette baisse rapide des revenus réels. L'existence d'une économie souterraine qui s'est développée dans des proportions généralement considérées comme préoccupantes a eu une forte influence sur le niveau (à la hausse) et la distribution des revenus (hausse des inégalités). Le régime communiste avait assuré un logement à pratiquement tous les citoyens roumains. Ces logements ont été vendus à leurs occupants à des conditions avantageuses après 1989. Ainsi, aujourd'hui, 95 % des ménages possèdent leur propre logement. Mais la baisse de la construction dans les années 1990 fait qu'à présent, la demande de logement est bien supérieure à l'offre, surtout pour les logements sociaux. Les conditions de logement restent médiocres en particulier dans les zones rurales en raison de l'absence d'équipements publics. Dans les zones urbaines, l'augmentation rapide du prix des charges a coïncidé avec une baisse de la capacité pécuniaire des ménages et les logements qui ne sont plus raccordés aux réseaux publics sont de plus en plus nombreux. L'incidence de la pauvreté est tout particulièrement élevée dans les zones rurales où bas revenus, faibles dotations et mauvaise conditions de confort affectent une part importante des ménages. La pression de difficultés financières grandissantes, due au chômage ou à la faiblesse des retraites, marque aussi la vie d'une part importante des ménages urbains.

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Langue Français

Extrait

INTERNATIONAL
Roumanie : une agriculture de survie,
après l’industrialisation forcée
Viorica Duma, Maria Molnar, Filofteia Panduru et Daniel Verger*
Suite à une politique soutenue d’industrialisation et de développement des
infrastructures, la population urbaine a triplé pendant le régime communiste et sa part
dans le total de la population a progressé de 24,7 % en 1950 à 54,3 % en 1990. À partir
de 1996, le flux migratoire s’est inversé. Ce retour à la campagne est à relier à la
contraction de l’emploi dans les secteurs secondaires et tertiaires et à la restitution de
terres. Au cours de la transition vers l’économie de marché, les revenus réels ont connu
une baisse rapide liée à l’inflation. Le désordre économique général et la baisse de la
production ont aussi participé à cette baisse rapide des revenus réels qui a touché en
pratique toutes les catégories sociales. L’existence d’une économie souterraine qui s’est
développée dans des proportions généralement considérées comme préoccupantes a eu
une forte influence sur le niveau (à la hausse) et la distribution des revenus (hausse des
inégalités).
Grâce à un programme extensif de construction de grands ensembles, principalement
dans les zones urbaines, le régime communiste avait assuré un logement à pratiquement
tous les citoyens roumains. Ces logements, propriété d’État, ont été vendus à leurs
occupants à des conditions très avantageuses après 1989. Ainsi, aujourd’hui, 95 % des
ménages possèdent leur propre logement. La baisse de la construction dans les années
1990 a cependant mené à une crise dans ce domaine. À présent, la demande de logement
est bien supérieure à l’offre, particulièrement en ce qui concerne les logements sociaux.
Les conditions de logement restent médiocres en particulier dans les zones rurales en
raison de l’absence d’équipements publics (eau courante, gaz naturel, chauffage, etc.).
Dans les zones urbaines, l’augmentation rapide du prix des charges a coïncidé avec une
baisse de la capacité pécuniaire des ménages. Dans ces conditions, les logements qui ne
sont plus raccordés aux réseaux publics (soit sur demande expresse des ménages, soit
suite à des impayés) sont de plus en plus nombreux. L’incidence de la pauvreté est tout
particulièrement élevée dans les zones rurales où bas revenus, faibles dotations et
mauvaise conditions de confort affectent une part importante des ménages. La pression
de difficultés financières grandissantes, due au chômage ou à la faiblesse des retraites,
marque aussi la vie d’une part importante des ménages urbains.
* Viorica Duma et Filofteia Panduru sont membres de l’Institut National de Statistique, Maria Molnar appartient à l’Ins-
titut de l’Économie Nationale et Daniel Verger appartient à l’Insee.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 383-384-385, 2005 193a Roumanie est sortie du régime commu- mie de marché, la détérioration des conditions
niste avec une économie aux performances de vie de la population et, particulièrement,L
modestes et présentant d’importants déséquili- l’amplification des difficultés rencontrées par
bres structurels. Le niveau de vie moyen de la les jeunes familles, ainsi que la tendance à adop-
population était relativement bas. Dans ce con- ter les comportements démographiques spécifi-
texte, le passage d’une économie planifiée à une ques aux sociétés modernes ont entraîné une
économie de marché s’est accompagné d’une baisse continue de la natalité (2). (1) (2)
crise profonde caractérisée principalement par
un déclin continu du Pib, une inflation impor-
Influencé par les mêmes facteurs, le nombre de
tante et une chute brutale des niveaux de vie.
mariages a baissé de 193 000 en 1990 à 130 000
en 2001, et le taux de nuptialité, de 8,3 ‰ à
Cette baisse des niveaux de vie, due à des pertes 5,8 ‰. L’âge moyen au premier mariage a
de revenu, et accompagnée d’une diminution du connu une augmentation entre 1990 et 2001 que
pouvoir d’achat a affecté toutes les catégories ce soit pour les hommes (25 à 27,2 ans) ou pour
de la population. Toutefois, dans ce cadre géné- les femmes (22 à 23,9 ans). L’âge moyen des
ral, certaines catégories ont été plus touchées mères à la naissance a d’abord baissé de 25 ans
que d’autres, et n’ont plus pu couvrir leurs en 1990 à 24,3 ans en 1993, puis est remonté à
dépenses élémentaires. Ainsi, la pauvreté a aug- 25,8 ans en 2001. Le pourcentage des enfants
menté et le sentiment de pauvreté s’est répandu nés de mères de plus de 24 ans a augmenté de
dans une majorité de la population. 40,1 % en 1990 à 51,6 % en 2001. L’âge moyen
à la première naissance est passé de 21,8 ans en
1990 à 23,9 ans en 2001. Le nombre des nésDéclin continu de la population
vivants pour 10 000 femmes de 15 à 49 ans a
baissé de 562 en 1990 à 378 en 2001. Entre cesEn juillet 2001, la population de la Roumanie
deux dates, le nombre de ceux nés de mèresétait de 22,4 millions d’habitants. L’évolution
âgées de 15 à 19 ans a baissé de 515 à 358, celuide la population au cours de la décennie 1990
de mères âgées de 20 à 24 ans de 1452 à 822 ets’est caractérisée par une diminution continue
l’indice conjoncturel de fécondité a baissé ded’une année à l’autre, avec un rythme moyen
1,8 à 1,2. Les difficultés concernant le soin etannuel de - 0,3 % (1). Cette tendance fait suite à
l’éducation des enfants expliquent l’orientationune période de plus de deux décennies durant
vers des familles moins nombreuses (3). Parmilesquelles l’évolution de la population a été
les enfants de moins de 24 ans vivant dans leurinfluencée par la politique démographique pro-
famille, la part des troisièmes enfants et ceuxnataliste de l’ancien régime. Dans les années
d’un rang plus élevé représentait 27,5 % en1970 et 1980, la population a enregistré un
1990 et seulement 19,3 % en 2001. Les aînésaccroissement d’environ trois millions d’habi-
sont passés de 43,5 % à 51,1 % entre ces deuxtants, mais l’intensité de l’accroissement a
même dates. De plus, en 2001, 27 % des nais-connu un fort déclin : si sur la période 1971-
sances ont lieu hors mariage (contre seulement1980, le taux de croissance annuel a dépassé
17 % en 1993).0,9 %, sur la période 1981-1990, celui-ci n’a été
que de 0,4 %.
La hausse de la mortalité a commencé à se
La baisse de la population a pour causes l’émi- manifester au milieu des années 1970, en lien
gration et l’évolution du solde naturel. Si en avec le processus de vieillissement de la popu-
1991, les migrations ont été la cause principale lation. L’accroissement du nombre de décès a
de cette baisse, c’est dès 1992 le solde naturel
négatif qui est devenu le facteur majeur de con-
1. Conformément aux résultats du recensement de mars 2002,traction de la population. La natalité, qui était de
la population de la Roumanie était, au 18 mars 2002, de
16,0 ‰ en 1989, a ainsi baissé de 13,6 ‰ en 21,7 millions d’habitants, soit 1,1 millions de moins que le recen-
sement de janvier 1992, ce qui représente une baisse en taux1990 à 9,8 ‰ en 2001 alors que dans le même
moyen annuel de - 0,5 % durant la période 1993-2002.
temps la mortalité passait de 10,6 ‰ à 11,6 ‰ 2. Ces facteurs agissent à la baisse avant même que le planning
familial n’ait obtenu une reconnaissance légale (de 18 ‰ en 1980(cf. graphique I).
à 14,3 ‰ en 1983 et 16 ‰ en 1989).
3. La Roumanie, tout comme la Bulgarie et la Russie, se carac-
térise par la proportion croissante des familles de descendanceDans les premières années suivant le change-
finale ne comportant qu’un seul enfant (Sobotka, 2003). L’auteurment du régime politique (1990-1992), l’allège- interprète cette évolution dans ce pays comme l’effet des condi-
tions économiques très dures de la transition vers le marché. Ilment des contraintes imposées par la politique
oppose ces pays à ceux de l’Europe centrale où la m

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