Sanctions diffuses. Sarcasmes, rires, mépris - article ; n°4 ; vol.31, pg 591-607
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Revue française de sociologie - Année 1990 - Volume 31 - Numéro 4 - Pages 591-607
Ruwen Ogien : Diffuse sanctions. Sarcasm, laughter and contempt...
The division made between diffuse and organized sanctions can be attributed to Durkheim. However, Durkheim limited the scope of his discovery by presenting diffuse sanctions as attenuated copies of legal sanctions. It is not impossible to show that between these two types of sanctions there exist irreducible differences. It therefore follows that Durkheim's division can be saved from Durkheim, despite the high cost involved, as placing the specific properties of diffuse sanctions in the fore, entails a paradox. It is difficult to explain precisely what diffuse sanctions enable us to identify or to characterize : informal social order (the alleged « order of interaction »).
Ruwen Ogien : Diffuse Bestrafung, Sarkasmus, Lachen, Verachtung, ...
Durkheim verdanken wir die Unterscheidung zwischen diffusen und organisierten Sanktionen. Durkheim begrenzt jedoch die Tragweite seiner Entdeckung, indem er die diffusen Sanktionen als abgeschwächte Kopien von gesetzlichen Sanktionen darstellt. Es ist nich unmöglich darzustellen, dass nicht umgehbare Unterschiede bestehen zwischen diesen beiden Sanktionsarten. Hieraus folgt, dass man die Durkheimsche Trennung selbst gegen Durkheim verteidigen kann, allerdings zu einem sehr hohem Preis, da die Zutagelegung der spezifischen Eigenschaften dieser diffusen Sanktionen ein Paradox nach sich zieht. Es ist uns nicht einfach zu erklären, was wir durch die diffusen Sanktionen identifizieren und charakterisieren können, namlich die informelle soziale Ordnung (die sogenannte « Interaktionsordnung »).
Ruwen Ogien : Sanciones difusas. Sarcasmos, risas, desprecio, ...
Es a Durkheim a quien se le debe la división entre las sanciones difusas y sanciones organizadas. Sin embargo, Durkheim a limitado el alcance de su descubrimiento presentando las sanciones difusas como copias atenuantes de las sanciones legales. No es imposible de probar, que existen diferencias irreductibles entre estos dos modos de sanciones. Esto implica, que podemos preservar la division de Durkheim contra Durkheim, aunque el costo de este rescate sea muy elevado, en la medida que la evidencia de las propiedades especificas de las sanciones difusas ocasione una paradoja. Tendremos dificultad en explicar lo que las sanciones difusas nos permiten caracterizar о identificar : el orden social informal (el pretendido « orden de la interacción »).
C'est à Durkheim que l'on doit la division entre sanctions diffuses et sanctions organisées. Cependant, Durkheim a limité la portée de sa découverte en présentant les sanctions diffuses comme des copies atténuées des sanctions légales. Il n'est pas impossible de montrer qu'il existe des différences irréductibles entre ces deux modes de sanctions. Il s'ensuit que l'on peut sauver la division de Durkheim contre Durkheim, bien que le coût de ce sauvetage soit très élevé, dans la mesure où la mise en évidence des propriétés spécifiques des sanctions diffuses entraîne un paradoxe. Nous aurons du mal à expliquer ce que les sanctions diffuses nous permettent d'identifier ou de caractériser : l'ordre social informel (le prétendu « ordre de l'interaction »).
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 68
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Ruwen Ogien
Sanctions diffuses. Sarcasmes, rires, mépris
In: Revue française de sociologie. 1990, 31-4. pp. 591-607.
Citer ce document / Cite this document :
Ogien Ruwen. Sanctions diffuses. Sarcasmes, rires, mépris. In: Revue française de sociologie. 1990, 31-4. pp. 591-607.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsoc_0035-2969_1990_num_31_4_2713Abstract
Ruwen Ogien : Diffuse sanctions. Sarcasm, laughter and contempt...
The division made between diffuse and organized sanctions can be attributed to Durkheim. However,
Durkheim limited the scope of his discovery by presenting diffuse sanctions as attenuated copies of
legal sanctions. It is not impossible to show that between these two types of sanctions there exist
irreducible differences. It therefore follows that Durkheim's division can be saved from Durkheim,
despite the high cost involved, as placing the specific properties of diffuse sanctions in the fore, entails a
paradox. It is difficult to explain precisely what diffuse sanctions enable us to identify or to characterize :
informal social order (the alleged « order of interaction »).
Zusammenfassung
Ruwen Ogien : Diffuse Bestrafung, Sarkasmus, Lachen, Verachtung, ...
Durkheim verdanken wir die Unterscheidung zwischen diffusen und organisierten Sanktionen. Durkheim
begrenzt jedoch die Tragweite seiner Entdeckung, indem er die diffusen Sanktionen als abgeschwächte
Kopien von gesetzlichen Sanktionen darstellt. Es ist nich unmöglich darzustellen, dass nicht umgehbare
Unterschiede bestehen zwischen diesen beiden Sanktionsarten. Hieraus folgt, dass man die
Durkheimsche Trennung selbst gegen Durkheim verteidigen kann, allerdings zu einem sehr hohem
Preis, da die Zutagelegung der spezifischen Eigenschaften dieser diffusen Sanktionen ein Paradox
nach sich zieht. Es ist uns nicht einfach zu erklären, was wir durch die Sanktionen identifizieren
und charakterisieren können, namlich die informelle soziale Ordnung (die sogenannte «
Interaktionsordnung »).
Resumen
Ruwen Ogien : Sanciones difusas. Sarcasmos, risas, desprecio, ...
Es a Durkheim a quien se le debe la división entre las sanciones difusas y sanciones organizadas. Sin
embargo, Durkheim a limitado el alcance de su descubrimiento presentando las sanciones difusas
como copias atenuantes de las sanciones legales. No es imposible de probar, que existen diferencias
irreductibles entre estos dos modos de sanciones. Esto implica, que podemos preservar la division de
Durkheim contra Durkheim, aunque el costo de este rescate sea muy elevado, en la medida que la
evidencia de las propiedades especificas de las sanciones difusas ocasione una paradoja. Tendremos
dificultad en explicar lo que las sanciones difusas nos permiten caracterizar о identificar : el orden
social informal (el pretendido « orden de la interacción »).
Résumé
C'est à Durkheim que l'on doit la division entre sanctions diffuses et sanctions organisées. Cependant,
Durkheim a limité la portée de sa découverte en présentant les diffuses comme des copies
atténuées des sanctions légales. Il n'est pas impossible de montrer qu'il existe des différences
irréductibles entre ces deux modes de sanctions. Il s'ensuit que l'on peut sauver la division de Durkheim
contre Durkheim, bien que le coût de ce sauvetage soit très élevé, dans la mesure où la mise en
évidence des propriétés spécifiques des sanctions diffuses entraîne un paradoxe. Nous aurons du mal
à expliquer ce que les sanctions diffuses nous permettent d'identifier ou de caractériser : l'ordre social
informel (le prétendu « ordre de l'interaction »).R. franc, sociol, XXXI, 1990, 591-607
Riwen OGIEN
Sanctions diffuses
Sarcasmes, rires, mépris, ...
Résumé
C'est à Durkheim que l'on doit la division entre sanctions diffuses et sanctions
organisées. Cependant, Durkheim a limité la portée de sa découverte en présentant
les sanctions diffuses comme des copies atténuées des légales. Il n'est pas
impossible de montrer qu'il existe des différences irréductibles entre ces deux modes
de sanctions. Il s'ensuit que l'on peut sauver la division de Durkheim contre Durkheim,
bien que le coût de ce sauvetage soit très élevé, dans la mesure où la mise en évidence
des propriétés spécifiques des sanctions diffuses entraîne un paradoxe. Nous aurons
du mal à expliquer ce que les nous permettent d'identifier ou de
caractériser : l'ordre social informel (le prétendu « ordre de l'interaction »).
On dit souvent de Durkheim qu'il donne trop d'importance à l'idée de
sanction. Il me semble plutôt qu'il n'en accorde pas assez. Durkheim se
contente de proposer une théorie « pauvre » ou « minimale » de la
sanction. C'est que, pour lui, toutes les sanctions, qu'elles soient formelles
ou informelles, positives ou négatives, doivent être réduites au modèle
étroit du châtiment légal.
Lorsque nous cherchons à comprendre ou à expliquer un phénomène
complexe, avons toujours la possibilité de le réduire à ce que nous
connaissons mieux. Durkheim n'hésite pas à employer ce bon procédé,
lorsqu'il s'efforce de définir l'ordre social informel au moyen de ces
châtiments aisément identifiables que sont le rire, le sarcasme, le mépris.
Mais réduire ne veut pas dire éliminer. Or, c'est à l'élimination de l'ordre
social informel qu'aboutit Durkheim lorsqu'il précise sa définition des
sanctions : les châtiments informels sont identiques en nature aux peines
légales et l'ordre social informel n'est qu'une copie atténuée (plus
« faible ») de l'ordre légal.
Le fait que la réduction de Durkheim élimine la spécificité de ce qu'il
veut expliquer suffit-il à ruiner toute sa théorie des sanctions ? Je ne le
pense pas. L'on peut fort bien admettre sa recommandation générale (« Si
vous souhaitez découvrir les règles de la vie morale, commencez par les
591 Revue française de sociologie
sanctions ») sans être obligé d'accepter sa réduction de toutes les formes
de à la sanction légale.
Il semble même que le meilleur moyen de suivre cette recommandation
générale consiste à refuser toute réduction hâtive de la variété des sanctions
et tout appauvrissement exagéré de la théorie des sanctions.
C'est cette idée qui me guide dans mon analyse des relations entre
« sanctions diffuses » et « ordre de l'interaction ». Tout d'abord, j'essaie,
à la manière de Durkheim, de réduire le problème de l'ordre de l'inte
raction au problème des sanctions diffuses. Puis je donne quelques
arguments pour expliquer mon refus de l'accompagner jusqu'au bout de
la réduction. Enfin, en m'attardant sur les propriétés des sanctions diffuses,
j'essaie de montrer l'intérêt (et les difficultés) d'une théorie des sanctions
« riche » ou « large » comme l'on voudra, une théorie qui préserve la
valeur des « sanctions diffuses » (1).
I. — Réduction du problème de Tordre de l'interaction
au problème des sanctions diffuses
L'on a beaucoup de peine à identifier les contours, plutôt vagues, de
ce que l'on nomme, au gré des humeurs théoriques, sociologie de l'inter
action, sociologie de la vie quotidienne, micro-sociologie, phénoménologie
du monde social, etc.
Il me semble qu'on y verrait un peu plus clair si l'on acceptait de
revenir, provisoirement, à la vieille idée de sanction diffuse que Durkheim
nous a léguée. Durkheim pensait qu'il n'était guère possible de donner une
bonne théorie de l'ordre social sans introduire une analyse des châtiments
informels tels que le rire, le sarcasme, le mépris. D'ailleurs, dès le début
des Règles de la méthode sociologique, Durkheim éprouve le besoin de
parler du rire, qui n'est pourtant pas son sujet favori.
Que dit-il ? « Si, en m'habillant, je ne tiens aucun compte des usages
suivis dans mon pays et dans ma classe, le rire que je provoque, l'éloi-
gnement où l'on me tient produisent, quoique d'une manière plus atténuée,
les mêmes effets qu'une peine proprement dite » (rms, pp. 4-5). Comme
tant d'autres, Durkheim considère que le rire châtie les mœurs, sanctionne
les infractions aux conventions et aux usages. Le rire a la même fonction,
(1) Je n'ai pas pu éviter de multiplier les que, Paris, Presses Un

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